ארכיון יומי: 5 במרץ 2023


Joseph Dadia-les soupes-premiere partie 

les soupes 

O myrrhe ! Ô Cinname !

Nard cher aux époux !

                                               Victor Hugo

 

Le nard et le safran sont des plantes botaniques, d’où sont extraites des essences aromatiques.

Dans la Bible hébraïque, seul le Cantique des Cantiques les mentionne : – Le safran, une fois ; – le nard, trois fois, dont une fois au pluriel. Le nard et le safran sont mentionnés dans le Talmud et dans la littérature rabbinique. Dans Michna Kéritut 6, 1 : ils font partie des onze plantes aromatiques pour la combustion des parfums sur l’autel des sacrifices.

Originaire du Népal et des environs de l’Himalaya, le nard est arrivé dans le bassin méditerranéen via l’Inde et la perse. Son nom botanique est Nardostachys jatasna et N. Grandifolia.

Le nard est employé par les femmes pour parfumer la chevelure.

Originaire de l’Asie Centrale, le safran est une épice fort onéreuse, c’est le Crocus Sativus. Sur la Terre d’Israël, poussent sept espèces de safran, en arabe za’âfrane. En Inde, le Curcuma longa, employé comme condiment de base dans les recettes de cuisine, est connu en arabe sous le nom de kherqoum, curcumin. 

Quand je pense à mon passé marrakchi, ce sont les soupes qui tiennent une place privilégiée dans mes souvenirs. Il faudrait écrire un jour la légende des soupes.

Ma préférée parmi les soupes est la soupe de pois chiches, parfumée d’un bouquet de qezbor (coriandre), soupe traditionnelle du vendredi soir, servie avec les délicieuses boulettes de viande cuites au céleri branches, en arabe : el-krafs oul kouaré. C’est un mets exquis dont nous  gardions l’eau à la bouche durant le shabbat et au-delà. Le jour du shabbat a un goût de paradis, c’est l’antichambre du monde à venir. Ces deux plats étaient servis d’une façon régulière chaque vendredi soir, nous transportant hors du quotidien et nous font oublier, l’espace d’une journée, les tracasseries de la semaine. Merci Yahvé notre Saint Seigneur de noua voir sanctifiés par l’observance de la Reine Shabbat.

Cette soupe aux pois chiches était parfois servie certain  soir de la semaine, en hiver, mais elle n’avait pas le goût du vendredi soir. Noblesse oblige ! Certaines familles préparaient pour le premier soir de Roch-Hachana, le Nouvel An juif, une soupe de pois chiches et au potiron.

Au Maroc, la hrira est une soupe nationale : la hrira aux pois chiches, la hrira marrakchia, sans viande, aux fèves sèches et sans peau. La hrira serait la soyeuse, du mot hrir qui veut dire soie en arabe. Durant le Ramadan, le musulman casse le jeûne en buvant cette soupe, accompagnée de dattes et de gâteaux.

La soupe au potiron ne faisait pas partie de mes soupes préférées. Maman le savait bien. Cela ne l’empêchait pas de la servir comme repas certains soirs de rude hiver marrakchi pour nous réchauffer et nous donnait des forces. Pour la rendre plus exquise, maman aromatisait cette soupe d’une poignée de pois chiches écrasés à la cuillère et de quelques petits morceaux de viande. Le goût de cette soupe gagnait en saveur et elle apparaissait plus appétissante à nos yeux et plus savoureuse dans notre délicat palais. Cette soupe, on dirait, faisait partie des repas des personnes nécessiteuses. Et pourtant, le potiron plante potagère de la famille des cucurbitacées, trône fièrement sur notre table les deux soirs de Nouvel An en présence d’autres fruits et légumes à valeur symbolique, de souche noble, comme les raisins, la grenade et les dattes, dont le nom évoque le bonheur d’une année heureuse. Ce même potiron est affectueusement associé à d’autres légumes pour composer, en leur agréable compagnie, la prestigieuse soupe aux sept légumes de Roch Hachana, en arabe sbè’ khdari. Ces ingrédients symbolisent la douceur et la joie de vivre. Dans la famille de maman, Dar Ben Tuizer, la Maison des Tuizer, cette soupe aux sept légumes faisait partie d’une tradition ancestrale qui consistait à coudre par un fil les sept légumes durant leur cuisson. Du côté de mon père, les sept légumes retrouvaient dignement leur place dans le royaume d’un couscous, plat dont les racines sont ancrées solidement dans les traditions culinaires de la famille Dadia.

Le premier jour de la fête du Nouvel An, ma grand-mère maternelle Messaouda nous faisait apporter par un messager spécial un plat de couscous relevé au curcumin. C’était la seule occasion de l’année où je voyais ce type de couscous. La couleur éclatante du curcumin enduisant le couscous m’impressionnait. Ce couscous de ma grand-mère préparé dans les cuisines de Dar-Ben-Tuizer représentait le niveau social aisé de la famille de ma mère.  L’enfant Le couscous au curcumin appartenait aux couches élevées, pensait au fond de lui-même l’enfant que j’étais. Je n’ai pas vu cette catégorie de couscous ailleurs. Peut-être que mes cousins Tuizer respectent-ils encore cette admirable recette de cuisine. Je leur poserai la question à la première rencontre entre nous. Cette question me vient à l’esprit au moment où je saisis ce passage sur l’ordinateur. Je n’ai jamais songé à cette question auparavant.

Il y a des images de ce genre qui émergent soudainement du fond de notre mémoire. Je revois alors maman penchée sur ses fourneaux à mon retour de l’office du matin de Roch Hachana, particulièrement long pour les enfants que nous étions, mais fiers d’avoir été à la synagogue avec les parents. Elle était tout occupée à surveiller l’omelette dite mhemmer,  faite avec des œufs  mélangées à la cuillère, du persil et autres ingrédients selon le goût de chaque famille.

Maman, comme la plupart de ses coreligionnaires, disposait d’un matériel tout à fait rudimentaire pour confectionner cette omelette,  que mon épouse Martine appelle omelette marocaine, étant elle-même très experte en ce plat que nous aimons. Maman mettait l’omelette sur un plateau en terre cuite qu’elle posait sur une marmite sans couvercle où cuisait un autre mets de la fête. Ensuite elle couvrait le plateau de l’omelette d’une plaque de fer rectangulaire sur laquelle elle étalait des braises de charbon ardent. C’était astucieux et intelligent à la fois. L’omelette cuisait et prenait des couleurs à petit feu, grâce à la vapeur qui s’exhalait du mets de la marmite et à la chaleur qui se propageait de la plaque. Elle se servait d’une serviette en toile pour suivre la cuisson et déplacer la plaque. Maman éprouvait beaucoup de plaisir à nous préparer tous ces plats qui faisaient notre joie de vivre. 

Derrière la maman, il y avait la femme, l’épouse et la ménagère qui, seule, récurait, nettoyait, épluchait et allumait le kanoun, un ustensile de cuisine de taille inférieure à l’omniprésent el mezmer, au pluriel el mzamer, mot difficilement traduisible en français. C’est une espèce de réchaud ou de braséro pour cuire les aliments, fait d’argile séché ou de terre cuite, de couleur cendre, ayant des orifices vers le haut pour permettre de le déplacer, de servir de soupape d’aération au cours de son allumage, et d’y introduire légèrement le soufflet qui avivera la flamme du charbon de bois, communément utilisé comme combustible. La langue arabe, tout comme l’hébreu, est une langue éminemment savoureuse dont les mots sont imprégnés de poésie et de musicalité. Chaque terme utilisé pour désigner les récipients de cuisine a un sens précis en fonction de son usage et de son utilité. Mzmer n’est pas  à confondre avec kanoun. Aussi bouzoual, autre terme de cuisson, servait-il pour la lessive.

 

דוד גדג'-מבוא היסטורי, תרבותי ולשוני על יהדות מרוקו במאות ה־19 וה־20-פעילותה של חברת כל ישראל חברים

מבוא היסטורי, תרבותי ולשוני

ד. פעילותה של חברת כל ישראל חברים

חברת כל ישראל חברים נוסדה בפריז ב־17 במאי 1860 על ידי שבעה עשר יהודים במטרה לאגד יהודים ממדינות שונות למען מאבק משותף לקידום ענייניהם. בארצות האסלאם שאפה כי״ח לבטל את מעמד הד׳מי הנחות ולהעניק ליהודים שוויון זכויות עם האוכלוסייה המוסלמית. החברה מיעטה לפעול מול שליטי ארצות האסלאם, ונציגיה פנו בעיקר למעצמות אירופיות בבקשה שיעניקו חסות או אזרחות ליחידים או לקהילות בארצות האסלאם, וכך יוציאום מתחום השיפוט של השלטונות בארצות המוסלמיות. בדרך זו קיוותה אפוא כי״ח לבצע תהליכי אמנציפציה, אקולטורציה ואינטגרציה של יהודים בארצות האסלאם לא בחברת הרוב המקומי הערבי אלא בחברה האירופית. ירון צור הגדיר מהלך זה ״המוטציה הקולוניאלית של הרפורמיזם המערבי״: להבדיל מהרפורמיזם המערבי, שביקש לשלב את יהודי מערב אירופה כלכלית ותרבותית בחברת הרוב, כי״ח שאפה לשלב את יהודי ארצות האסלאם כלכלית בחברת הרוב המקומית אך תרבותית בחברה האירופית הקולוניאלית. כך בדיעבד הרחיקה, חברתית ותרבותית, את היהודים מסביבת מגוריהם.

הערת המחבר: המחקר הראשון המקיף על כי״ח נכתב על ידי נשיא החברה נרסיס לוון במלאת חמישים שנה לפעילותה. הספר תורגם על ידי אברהם אלמאליח; ראו לוון, חמישים. מחקר נוסף כתב אנדרה שוראקי במלאת מאה שנים לפעילות החברה. המחקר נכתב בצרפתית ולא תורגם לעברית. ראו שוראקי, מאה. במלאת מאה וחמישים שנה להקמת החברה יצא לאור ספר עב־כרם בצרפתית בעריכת אנדרה כספי, ובו מאמרים רבים, תעודות וסטטיסטיקות; ראו כספי, כי״ח. לשני מחקרים מקיפים על כי״ח ראו רודריג, חינוך; בר־חן, למען. רודריג כתב מחקר נרחב על פעילותה של כי״ח באימפריה העות׳מאנית; ראו רודריג, תורכיה. למחקר מקיף על כי׳׳ח במרוקו ראו לסקר, כי״ח2, וכן עבודת הדוקטור המפורטת אף יותר מהספר שפורסם בעקבותיה: הנ״ל, כי״ח.

כי״ח חרתה על דגלה גם את שיפור רמתם המוסרית של היהודים בארצות האסלאם על ידי הנחלת נורמות, ערכים והתנהגויות אירופיים. לתכלית זו הקימה החברה רשת בתי ספר שהתפרסה בקהילות צפון אפריקה, המזרח והבלקן. בבתי הספר עוצבה השקפת עולמם של התלמידים והוקנו להם ערכים, שפה ותרבות אירופיים, וליתר דיוק צרפתיים. בית הספר הראשון של כי״ח הוקם בתטואן שבצפון מרוקו בשנת 1862. אחריו נפתחו בתי ספר בדמשק ובבגדאד ב־1864, בוולום (Volos, היום ביוון) ב־1865 ובאדירנה ב־1867. בשנת 1913 ניהלה החברה 183 בתי ספר שבהם התחנכו 43,700 תלמידים. במרבית בתי הספר הוענק חינוך יסודי, אך בנוסף הקימה כי״ח בתי ספר מקצועיים וחקלאיים, ובמקרים ייחודים הקימה תלמודי תורה ואף שני בתי מדרש רבניים, אם כי אלה לא האריכו ימים.

בכל בתי הספר הונהגה מערכת הוראה אחידה בצרפתית שנקבעה על ידי הוועד המרכזי של החברה בפריז. תוכנית הלימודים כללה צרפתית כתובה ומדוברת, חשבון, גאוגרפיה, היסטוריה כללית, יסודות בפיזיקה ובמדעי הטבע, כתיבה תמה בצרפתית, עברית, תולדות עם ישראל בתקופה המקראית והבתר־מקראית ולימודי יהדות. על פי רוב הופקדו לימודי העברית ותולדות עם ישראל בידי רבנים מקומיים ולא בידי מורי כי״ח. בראשית פעילותה של הרשת נשלחו המורים מצרפת, אולם עם התרחבותה החלה החברה לבחור את המצטיינים שבתלמידי בתי הספר במזרח התיכון ובצפון אפריקה והכשירה אותם במשך ארבע שנים בבית המדרש École normale israélite orientale, שהוקם לשם כך בפריז ב־1867. בתום לימודיהם נשלחו המורים לקהילות שונות באגן הים התיכון, הפיצו תוכני לימוד אחידים בצרפתית והיו הלכה למעשה שליחים של כי״ח בקהילותיהם. בקהילות הם זכו ליוקרה רבה ונתפסו כבעלי סמכות. מעבר להיותם מורים ומחנכים הם שימשו כעין עובדים סוציאליים, כבעלי השפעה אפשרית על השלטונות, וכגורם מקשר בין הקהילות לגורמים אירופיים, כמו קונסולים.

בפרק החמישי בספרו ״חינוך, חברה והיסטוריה: ׳כל ישראל חברים׳ ויהודי אגן הים התיכון 1929-1860״ דן אהרן רודריג בסוגיה שאותה הגדיר ״מלחמת השפות״. בראשית הפרק קבע, כי ״למרות דאגתה של כי״ח להרים את קרנם של לימודי היהדות בבתי־ספרה, לימודי העברית היו ונשארו בבחינת בעיה״. בדומה לחינוך המסורתי, באופן רשמי נלמדה העברית בבתי הספר כדי לאפשר לתלמידים לקרוא את כתבי הקודש והתפילות. בימים שכי״ח ייסדה את בתי הספר הראשונים שלה כבר הייתה תנועת ההשכלה העברית בדעיכה והתנועה העברית הלאומית החלה לפרוח, ולמרות זאת לא גילתה החברה עניין בהפצת העברית החדשה. אף שמורי הרשת למדו את השפה העברית ואת מקצועות היהדות בבית המדרש בפריז הם לא הוכשרו ללמד מקצועות אלה. בבתי הספר של כי״ח קיבלה הצרפתית את מרב תשומת הלב, ואילו העברית נדחקה לקרן זווית. בראשית המאה ה־20 התרחבה התנועה העברית החדשה באירופה והתפשטה גם לארצות האסלאם, אם על ידי רבנים או משכילים ואם לעיתים על ידי בוגרי כי״ח עצמם. אז החלה להישמע ביקורת כלפי רשת החינוך על הזנחת השפה העברית והתרבות העברית החדשה. בשנות השלושים נתנה הביקורת את אותותיה וכי״ח ביצעה פעולות לשיפור החינוך העברי, אך עיקר השינוי התרחש רק לאחר מלחמת העולם השנייה.

כאמור, בית הספר הראשון של כי״ח במרוקו הוקם בתטואן בשנת 1862, ובהדרגה נוסדו בתי ספר בקהילות האחרות. בשנת 1912 למדו בבתי הספר של הרשת במרוקו 5,036 תלמידים, ב־1939 למדו 18,612 וב־1954 למדו 31,639 תלמידים. מיכאל לסקר כתב ספר מעמיק על פעילותה הפילנתרופית, הפוליטית והחינוכית של כי״ח במרוקו. במחקרו נגע גם ביחסה לחינוך היהודי וללימוד השפה העברית. הוא הראה כי מנהיגים ורבנים בקהילות פנו כבר בראשית המאה ה־20 למרכז בפריז בבקשה להגדיל את מספר השעות שהוקדשו ללימוד השפה העברית ומקצועות היהדות. מאחר שכי״ח לא נתנה פתרון לבעיית החינוך העברי למדו תלמידים בחלק מהקהילות גם בתלמוד תורה מעבר לשעות הלימודים בבתי הספר של הרשת. לסקר אף דן בבעיית המלמדים במרוקו, אשר מרביתם, כפי שהראה חיים זעפרני, לא היו מוכשרים ללמד עברית. כמו כן הוא סקר את הניסיונות הכושלים של הקהילות ושל כי״ח להכשיר בשנות העשרים והשלושים מורים צעירים לעברית. לאחר מלחמת העולם השנייה הקימה החברה בקזבלנקה בית מדרש למורים לעברית (École normale hébraïque). דיון נרחב מוקדש לו בספר תוך התייחסות לעבודתו של לסקר. למחקר של לסקר על כי״ח בכלל ועל החינוך היהודי בפרט חשיבות רבה, והוא שימש בסים למחקרי. עם זאת הוא עוסק בנושא כחלק מדיון רחב יותר, ועל כן העיסוק בעברית אינו מקיף דיו ומסתמך על מקורות חלקיים בלבד. על אלה אני מוסיף מקורות חדשים שאיתרתי. עוד אני עומד על מקומם המרכזי של בוגרי כי״ח, אינטלקטואלים מתמערבים, פרנקופונים, שהשפיעו ופעלו להפצת השפה והתרבות העברית במרוקו. אני מסביר את המהלכים שהביאו למהפך ביחסה של כי״ח – שהייתה רשת חינוך בעלת תפיסה רפורמיסטית מערבית – לשפה ולתרבות העברית מאמצע שנות השלושים, וכיצד סייע השינוי להגברת התנופה בפעילות בשדה זה.

דוד גדג'-מבוא היסטורי, תרבותי ולשוני על יהדות מרוקו במאות ה־19 וה־20-פעילותה של חברת כל ישראל חברים.

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