Il était une fois le Maroc…David Bensoussan- Abdelhafid succeda a Abdelaziz…

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LA TRANSITION

Abdelhafid succeda a Abdelaziz…

Lorsqu'on annonca au roi Abdelaziz que l'occupation du port de Casablanca n'etait que provisoire, il repondit, incredule : « Dieu crea aussi la terre a titre provisoire et il me semble que, jusqu'aujourd'hui, la Terre est toujours la et elle continue de tourner.» La revolution de palais que l'on pressentait deja se concretisa. Quatrieme fils de feu Moulay Hassan, Abdelhafid etait une personne raffinee, consideree comme un erudit en jurisprudence et en theologie islamique. Il jouissait du support du puissant et habile Madani Al-Glaoui de Marrakech qui usa de son influence et de celle des cai'ds Mtouggi et Al-Ayadi pour le faire accepter. Moulay Abdelhafid se fit proclamer sultan a Marrakech en 1907, s'opposant a la penetration franco-espagnole au Maroc consacree par le traite d'Algesiras. La raison islamique avancee pour la destitution de son frere Abdelaziz fut qu'il aurait vendu une terre musulmane en signant le Traite d'Algesiras. Mais la majorite des villes coheres demeurerent fideles au sultan Abdel'aziz. Il en fut de meme du puissant caid Tayeb Al-Goundafi dans le Haut Atlas.

La ville de Mogador resta fidele a Abdelaziz…

Abdelaziz demanda le concours de la France pour lutter contre Abdelhafid. Avec le concours des Francais, le Tangerois Qaddour Ben El Ghazi debarqua au port et occupa la ville de Mogador, car dans les faits, les villes de la cote resterent fideles a Abdelaziz. Le caid de la ville Ahmed Anflous se rallia alors a El Ghazi et ensemble ils repousserent les rebelles qui sympathisaient avec le sultan Abdelhafid. Le nouveau pacha El Ghazi fit fouetter en public le meneur des sympathisants du sultan Abdelhafid et substitua les hauts fonctionnaires soupconnes de le soutenir. El Ghazi mourut un an plus tard. Entre-temps, la ville de Fes puis celle de Tanger preterent allegeance au nouveau sultan Abdelhafid en 1908. Une guerre civile etait sur le point d'eclater a Mogador car le Makhzen (le gouvemeur de la region) soutint Abdelhafid publiquement au cours d'un grand rassemblement qui se tint sur l'avenue du Mechouar tandis que le corps de police demeura fidele a Abdel'aziz. Sitot que la garnison du Makhzen eut prete son allegeance envers le nouveau sultan Moulay Abdelhafid, Mohamed Essanoussi, pacha qui succeda a El Ghazi, alia se refugier en toute hate sur un navire en rade battant pavilion frangais. La guerre civile fut evitee de justesse. Le tout Mogador finit par se rallier a Moulay Abdelhafid, ce qui fut le cas dans la majorite du pays. Moulay Abdelaziz finit par abdiquer la meme annee, en 1908, apres que son armee fut defaite par celle d'Abdelhafid le 19 aout a Tamelelt, au Sud du fleuve Oum Er Rbia.

Qu'en fut-il a Fes?

Le mecontentement de la population et des notables etait grand a Fes apres l'imposition d'une nouvelle taxe. Ce furent les notables de la ville qui convoquerent une reunion des oulemas afin de decider de la procedure de deposition du sultan Abdelaziz. Les reproches faits a sa gouvernance inclurent l'incapacite de defendre le pays contre les conquerants etrangers au Touat, a Oujda et a Casablanca; la dilapidation du tresor public et l'utilisation a des fins personnelles de prets contractes a l'etranger a un taux excessif. Le cadi de Fes authentifia les temoignages et les notables retirerent leur allegeance a Abdelaziz pour faire appel a Abdelhafid. De son cote, ce dernier fit un appel aux armes : « L'ennemi a occupe nos villes; il cherche a nous imposer ses lois; votre devoir le plus pressant est de voler a la defense du pays, je vous ordonne de venir vous joindre a nous en Chaouia… Les hommes d'autorite ont decide de me confier la responsabilite de defendre les droits des Musulmans et de chasser l'etranger des villes qu'il a occupees.»

Ce fut une des rares fois dans l'histoire ou la transition de regime se fit de facon aussi pacifique. Toutefois, la nouvelle investiture fut accompagnee de conditions : le nouveau souverain s'engageait a mettre fin a la protection consulaire; liberer les deux villes occupees; reprendre les territoires perdus; abolir la taxe supplementaire (le meks); renforcer les institutions islamiques et, en cas de necessity, faire appel aux Ottomans. Ce dernier point etait nouveau, car jusque-la, le Maroc avait conserve son independance vis-a-vis de 1'Empire ottoman qui s'etendait jusqu'a l'Algerie avant que les Francais n'occupassent ce pays. Mais le sultan Abdelhafid ne recut la reconnaissance Internationale que le 5 janvier 1909, soit seulement apres qu'il eut souscrit au traite d'Algesiras dans son integrite.

Toutefois, le calme n'etait pas entierement revenu : pas moins de cinq pretendants au trone cherifien se succederent entre 1909 et 1912. Abdelhafid se montra d'une cruaute implacable envers ses opposants. De plus, Madani Al-Glaoui qui etait devenu son premier vizir, fut tres impopulaire, mais n'en demeura pas moins tres puissant.

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