Il etait une fois le Maroc-D. B.


Il etait une fois le Maroc david bensoussanTemoignage du passe judeo-marocain David Bensoussan

 

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Temoignage du passe judeo-marocain

David Bensoussan

Un adage bien connu veut que l'histoire soit de la polémique, mais que l'inverse ne soit pas fondé. Cela s'applique tout particulièrement à l'historiographie marocaine qui est, le plus clair du temps, teintée d'idéologie : une pléthore d'essais datant de l'ère coloniale, essais dans lesquels, le plus souvent, les simplifications, les réductions des données en matière d'information et le il etait une foistoncondescendant ne font que corroborer les préjugés.

Quand la piraterie cessa-t-elle?

L'avance technologique des forces navales franchises et britanniques permit l'introduction de canons de haut calibre et de plus grande portee et l'augmentation substantielle de la puissance de feu. Ces puissances avaient alors une force d'intimidation et de represailles que les pirates ne pouvaient plus ignorer.

Y eut-il des pirates juifs?

Nous aurons l'occasion d'en traiter lorsque nous aborderons la saga des freres Pallache. Commencons par mentionner le role militaire qu'assumerent les Juifs dans les villes portuaires.

Aussi etrange que cela puisse paraitre, des Juifs defendirent les interets du Portugal au Maroc. Ainsi, Samuel Valenciano vint avec ses navires secourir la ville de Safi assiegee depuis plusieurs mois. En 1539 les freres Zamirou dirigerent une sortie reussie sur l'ennemi avec 200

 Juifs, mettant ainsi fin au siege de la ville. II faut toutefois noter que le Portugal defendit les droits des Juifs en dehors du Maroc alors meme que l'lnquisition y sevissait. Ceci laisse a penser que la Cour portugaise laissa l'lnquisition se repandre dans son pays par impuissance et probablement contre son gre. II faut egalement garder a l'esprit qu'a la suite des predications incendiaires d'Al-Maghili, les Juifs du Touat furent extermines en 1492.

Aussi il est probable que des Juifs aient pu envisager de maniere positive les interventions des Portugais limitees aux seuls ports du Maroc. Pour en revenir a l'lnquisition, lorsque les inquisiteurs apprirent que des marranes se rendaient au Maroc pour embrasser leur religion premiere, ils tenterent de restreindre les deplacements des Juifs en dehors des enclaves portugaises en sol marocain et ils y depecherent des juges. Toutefois, il semblerait que l'autorite de ces derniers fut faible. Les Juifs assumaient le role par excellence d'intermediaires entre Chretiens et Musulmans et leurs talents furent des plus apprecies. Ainsi, Abraham Ibn Zamirou, rabbin de la ville de Safi, fut l'interprete du roi du Portugal Emmanuel Ie au cours de la premiere moitie du XVIe siecle. En 1524  un traite de paix fut ratifie entre le sultan Mohamed Al-Arj et les gouverneurs portugais de Safi et de Mazagan. Lorsqu'en 1578 le roi du Portugal Don Sebastian fut defait dans la celebre bataille des trois rois, le Juifs du Maroc, celebrerent l'evenement en observant une fete annuelle, le Purim de los Cristanos

Pour en revenir aux loups de mer juifs, ils ne pesaient pas beaucoup dans la balance surtout lorsque l'on sait que la piraterie faisait rage en Mediterranee, dans 1'Atlantique et meme en Mer du Nord. Les dizaines de fregates, chebecs et galiotes barbaresques sillonnaient les mers. Ils avaient a bord un nombre considerable de renegats constituant leur equipage et des centaines d'esclaves chretiens enchaines aux rames. Jusqu'au XIXe siecle, ils avaient fini par incarner la terreur meme. On plaignait tant les captifs des Maures qu'on leur souhaitait plutot la mort.

Dans les villes marocaines, il etait possible de reconnaitre les exiles musulmans venus d'Andalousie, les membres des tribus environnantes, les Juifs maghrebins surnommes Toshavim, les Juifs exiles d'Espagne ou Megorashim, des commergants des pays de la chretiente, des esclaves noirs, des captifs chretiens et des pretres venus negocier des rancons avec les autorites pour racheter la liberte des naufrages ou celle des captifs des corsaires. La piraterie s'estompa avec l'avenement des navires a vapeur autrement plus rapides que les vaisseaux a voiles et a rames.

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Temoignage du passe judeo-marocain

Le MarocDavid Bensoussan

Un adage bien connu veut que l'histoire soit de la polémique, mais que l'inverse ne soit pas fondé. Cela s'applique tout particulièrement à l'historiographie marocaine qui est, le plus clair du temps, teintée d'idéologie : une pléthore d'essais datant de l'ère coloniale, essais dans lesquels, le plus souvent, les simplifications, les réductions des données en matière d'information et le ton condescendant ne font que corroborer les préjugés.

LES NAUFRAGES

II existe une litterature abondante emanant d'anciens marins dont le navire a echoue sur les cotes marocaines

II existait une autre forme de piraterie. Si par malheur un vaisseau s'echouait sur la cote marocaine, ses passagers devenaient les esclaves de ceux qui les trouvaient. Ainsi, en 1784 M. Follie rapporta comment les membres de son equipage de son navire echoue furent distribues entre les Berberes et comment ces derniers s'entretuerent pour le partage des esclaves et du butin. Constamment rosse de coups, sous-nourri et traits de la facon la plus inhumaine, M. Follie changea trois fois de maitre avant d'etre rachete dans la ville de Goulimine par M. Mure, vice-consul de France dans l'Empire du Maroc pour etre ramene a Mogador et de la, regagner la France. Dans un recit similaire que publia en M Saugnier, compagnon d'infortune de M. Follie, M. Saugnior raconte comment il voulut faire fortune dans les colonies et s'installer au Senegal et comment il devint esclave des Maures apres que son navire eut echoue. Toutefois, apres son retour en France, il devint marchand d'esclaves au Senegal et consigna moult observations de ses peregrinations.

James Grey-Jackson vecut 16 ans au Maroc. II fut agent consulaire hollandais a Agadir puis a Mogador. II publia en 1809 l'ouvrage: An account of the Empire of Morocco and the district of Sus and Tafilalet. II precisa que cela prenait un a deux mois avant que l'on apprenne la nouvelle d'un naufrage a Mogador et qu'il fallait compter une rangon de 150 dollars par personne. Ceux qui reunissaient ces sommes n'avaient pas de garantie de remboursement de la part des gouvernements europeens. II rapporta qu'entre 1790 et 1806 32 navires echouerent sur la cote atlantique, sans compter ceux qui furent engloutis par les flots : 17 britanniques, 5 frangais, 5    americains et 3  d'autres nationalites. A titre d'exemple, sur les200   Britanniques echoues sur la cote marocaine, 40 perirent noyes ou encore des mains de leurs captifs sur le rivage, 40 autres perirent suite a leur captivite, 40 autres furent disperses dans le desert sans jamais etre revus et 80 furent rachetes apres une captivite pouvant durer jusqu'a cinq ans, parfois plus.

Alors qu'il etait sous les ordres du capitaine James Riley, le vaisseau Commerce en route pour le Cap Vert echoua au Cap Bojador. Le contenu de la chaloupe de sauvetage fut pille et les Maures se disputerent la possession des matelots. Un vieillard proposa a Riley de l'amener a Mogador contre rancon. Riley ecrivit aux consuls et aux marchands de Mogador, II fut accueilli par le consul anglais de la ville, M. William Willshire. Sidi Hamet, le vieillard en question plus haut, lui decrivit la ville – consideree alors comme mythique – de Tombouctou. Ce serait son ouvrage Narrative of the Loss of the American Brig Commerce qui aurait influence le president americain Abraham Lincoln a combattre "'esclavage. L'ecrivain Dean King refit le periple de Riley qu'il publia dans l'ouvrage Skeletons on the Zahara : A True Story of Survival en 2004.

Camille Douls se fit debarquer en 1887 au Sud de la cote atlantique et espera pouvoir traverser le Sahara en se faisant passer pour un naufrage musulman. II fut neanmoins traite avec cruaute. II fit de nombreuses observations de nature geographique et ethnographique. Arrive a Marrakech, il fut mis aux fers pour avoir feint d'etre Musulman mais fut libere apres l'intervention de M. Lacoste, consul d'Angleterre a Mogador.

Les recits des naufrages sur la c6te Atlantique sud du Maroc sont nombreux. Le nombre de naufrages n'a pas fait 1'unanimite aupres des chercheurs. L'ethnologue espagnol Caro Baroja a estime le nombre de naufrages a 40 pour les annees 1812-1837

 Olivier Vergniot quant a lui, decompta 32 naufrages entre les annees 1768 et 1892

Revue de l'Occident musulman et de la Mediterranee, 1988' 48-1

Compte tenu d'un equipage d'une douzaine d'hommes par embarcation le nombre de naufrages atteignit en toute vraisemblance quelques centaines etant donne que seule une partie d'entre eux survecut au naufrage.

Comment les naufrages etaient-ils percus par les habitants?

« C'est un bien que Dieu nous envoie. Nous prenons ce que Dieu nous envoie.» Selon les temoignages rapportes par les naufrages, c'est ainsi que ces derniers etaient consideres par le Maures qui souvent s'en disputaient la propriete. Le sultan Mohamed Ben Abdallah decida en 1775 de liberer les marins du batiment francais la Louise a titre de cadeau diplomatique. Par l'intermediaire de son ambassadeur Fennich Tahar, il proposa au roi Louis XVI d'echanger a l'avenir captif pour captif ou de convenir d'une rangon de 100 piastres par captif chretien male. Le roi de France refusa cette offre, ne voulant voir dans la question des naufrages qu'un aspect relevant du secours humanitaire.

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Les sultans etaient-il maitres des captifs?

Ce fut generalement le cas. La periode de captivite pouvait durer plusieurs annees. Ainsi, un captif Chretien pouvait etre revendu plusieurs fois avant d'etre rachete par un representant de son pays d'origine. Le representant consulaire ne pouvait agir en toute liberte car le sultan Mohamed Ben Abdallah se considerait comme le seul proprietaire des naufrages. Le chef berbere Bayreuk qui avait developpe une certaine independance par rapport au sultan negocia directement le rachat des captifs, ce qui dans certains cas, fut la cause de complications et de liberations plus tardives. II en alia ainsi sous les regnes des sultans Abderrahmane et Mohamed IV ou Bayreuk eut les mains libres. Apres les expeditions militaires de Moulay Hassan dans le Sous, ce fut au tour du chef berbere Ma'al Al-'Aynayn de negocier directement la liberation des otages avec les Espagnols tout en proclamant le djihad contre les Francais, ce qui lui donna une certaine notoriete a la cour marocaine. De fait, a partir du sultan Abdelaziz, les souverains n'intervinrent plus dans la liberation des otages. Apres l'abdication de Moulay Abdelhafid, Al- Hiba fils de Ma'al Al-'Aynayn succeda a son pere, revendiqua le sultanat, mais echoua car la France reussit a s'imposer militairement au Maroc. Au debut du Protectorat et jusqu'en 1930 certains atterrissages forces dans le Sahara occidental donnerent lieu a d'apres negociations de rachat de captifs.  

A t'on des esclaves?

En 1790 , le sultan libera des naufrages anglais pour obtenir en echange la venue d'un chirurgien. Ce fut William Lempriere, medecin militaire anglais en poste a Gibraltar qui regut l'ordre de soigner le fils du sultan a Taroudant. II resta au Maroc plusieurs mois. Ses memoires furent consignees dans Voyages dans I'Empire du Maroc et le royaume de Fez pendant les annees 1790  et 1791 . Voici comment il par la des Maures : « On ne prend aucun soin de leur education… II n'est pas douteux qu'un soleil brulant qui relache toutes les fibres… n'ote a l'ame son energie. La plus forte des raisons sur leur stupide lachete, c'est l'effet d'une religion absurde qui n'est fondee sur aucun principe de charite… Si l'on considere que la jalousie et la faussete sont compagnes de la faiblesse et de la superstition, on ne sera pas surpris de voir de tels hommes toujours renfermes dans leur maison, et ne formant entre eux aucune de ces liaisons qui font le bonheur de la vie sociale.» II ajouta toutefois : » II y a des hommes dont les vertus privees feraient honneur aux peuples les plus civilises. II est facheux d'etre oblige de convenir qu'il y en a tres peu qui meritent cet eloge.»

L'ESCLAVAGE

L'esclavage fut un commerce florissant

Les ports de la Mediterranee, furent les sites de ventes et de rachats d'esclaves avec l'Europe et I'Empire ottoman. L'ile de Malte, Tripoli, Tunis, Alger et Sale furent parmi les plus courus. D'une part, des caravanes de 1000  a 1500  esclaves noirs traversaient le Sahara dans des conditions terribles et seulement une partie du « betail humain » pouvait survivre. A titre indicatif, la ville de Tripoli vendit le chiffre record de  2555 esclaves entre fevrier et mai 1756  . L'esclavage d'Afrique noire en terre africaine fut le lot de plusieurs centaines de milliers de personnes, voire meme des millions. James Grey Jackson qui vecut 16 ans au Maroc de 1789 a 1806  comme agent consulaire hollandais et commercant, rapporta que 4000  esclaves etaient captures annuellement pour etre diriges vers l'Algerie et la Tunisie. Les prisonniers de la piraterie en Mediterranee ou en Atlantique devinrent automatiquement esclaves. Enfin, les naufrages constituerent egalement un bassin non negligeable d'esclaves.

Notons que le souverain marocain Mohamed Ben Abdallah Mohamed III ) signa des traites de paix avec une clause relative  a la liberation des captifs musulmans. Ainsi, il racheta 600 esclaves musulmans a Malte en 1789 : 57 Marocains et 7 autres autres Maghrebins furent rapatries vers Tanger et 536 autres vers Istanbul.

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Un adage bien connu veut que l'histoire soit de la polémique, mais que l'inverse ne soit pas fondé. Cela s'applique tout particulièrement à l'historiographie marocaine qui est, le plus clair du temps, teintée d'idéologie : une pléthore d'essais datant de l'ère coloniale, essais dans lesquels, le plus souvent, les simplifications, les réductions des données en matière d'information et le ton condescendant ne font que corroborer les préjugés.

II y avait aussi un commerce d'esclaves local

II y eut egalement un commerce d'esclaves seculaire d'Afrique noire. Une partie non negligeable de ces esclaves ne supportait pas les conditions difficiles de la traversee du Sahara et mourait en chemin. L'esclavage etait courant, specialement celui de jeunes filles dont beaucoup devenaient des concubines, evitant ainsi les depenses qu'encourrait le mari en epousant une femme de son rang. Ces concubines pouvaient etre abandonnees a leur sort au bon gre de leur mari, lequel, s'il le desirait, etait a meme de vendre les enfants nes de l'esclave. Les esclaves devenues meres acqueraient cependant une certaine respectabilite. II n'en demeurait pas moins qu'elles ne jouissaient d'aucun droit et qu'il arrivait que la femme legitime prise de jalousie incitat son mari a leur infliger des chatiments corporels particulierement cruels.

Les esclaves etaient vendus a la criee, presentes souvent nus, huiles et les mains ligotees. Le prix d'un esclave variait entre 60 et 90 ducats. Une minorite d'esclaves survivait a la castration qui constituait une « plus value» de la «marchandise.» Dans le cas d'une jeune africaine fraichement ramenee d'Afrique noire, le prix pouvait passer a 160 ducats, soit !'equivalent de 20  Livres sterling.

L'esclavage faisait partie des mceurs de l'epoque. Selon l'historien maghrebin Ibn Khaldoune, « Les seuls peuples a accepter l'esclavage sans espoir de retour sont les negres, en raison de leur degre inferieur d'humanite, leur condition etant la plus rapprochee du stade animal.» En arabe, le mot 'abid signifiant esclave est plus ou moins synonyme de noir (de peau).

Le sultan avait lui aussi ses esclaves

On dit qu'au dix-neuvieme siecle, le sultan possedait pres de 60000 esclaves et les Gouverneurs des provinces lui offraient regulierement des esclaves en grand nombre. Le harem royal comprenait quelques centaines de femmes reparties entre Fes, Meknes et Marrakech, mais il y avait quatre epouses officielles. II arrivait que le sultan et les Gouverneurs incluent des femmes de leur harem lorsqu'ils se faisaient mutuellement des cadeaux. Certains esclaves etaient destines a devenir des eunuques. Le docteur William Lempriere qui servit a la Cour au XVIIIe siecle en fit la description qui suit: «II est a observer que les eunuques charges specialement de la garde des femmes sont issus d'esclaves negres. La voix des eunuques a un accent particulier, elle ressemble un peu a celle des jeunes gens qui sont encore dans  l'adolescence. Enfin, ces etres mutiles offrent tout a la fois une image degoutante de faiblesse et de monstruosite. L'autorite qu'on leur donne sur un sexe qu'ils tyrannisent leur fait prendre un air d'importance, ils sont plus fiers et plus insolents qu'on ne saurait l'imaginer.»

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Un adage bien connu veut que l'histoire soit de la polémique, mais que l'inverse ne soit pas fondé. Cela s'applique tout particulièrement à l'historiographie marocaine qui est, le plus clair du temps, teintée d'idéologie : une pléthore d'essais datant de l'ère coloniale, essais dans lesquels, le plus souvent, les simplifications, les réductions des données en matière d'information et le ton condescendant ne font que corroborer les préjugés.

Les captifs des pirates et les naufrages avaient pour la plupart un statut d'esclave

Les prisonnieres et prisonniers faits par les pirates devenaient des esclaves. Certains furent condamnes aux travaux forces tout comme les  2000esclaves Chretiens qui participerent a la construction de la ville de Meknes sous Moulay Ismail. De plus, de nombreux marins qui echouerent sur la cote atlantique, specialement dans la region qui separe lies Canaries de la cote africaine, devinrent esclaves. Beaucoup de Juifs furent appeles a servir d'intermediaires afin de negocier les rancons de leur liberation.

L'Europe finit par interdire l'esclavage. Cela eut-il des repercussions au Maroc?

James Richardson vint au Maroc pour soumettre au sultan une retition de la Societe antiesclavagiste de Grande-Bretagne. Ses interlocuteurs juifs etaient partages entre ceux qui acceptaient l'esclavage et ceux qui pensaient qu'il etait temps que le monde suive l'exemple europeen. II fut dissuade par plusieurs de ses interlocuteurs musulmans a  en faire la lecture au sultan car cela contrevenait a la religion musulmane, sans compter les avantages commerciaux appreciables de I esclavage. En effet, certains versets du Coran admettent l'esclavage des Musulmans : « N'epousez pas les femmes idolatres tant qu'elles n'auront ras cru, une esclave croyante vaut mieux qu'ime femme libre non croyante (2-221

Dis aux croyantes de ne se montrer librement qu'a leur nari, a leurs ascendants, etc., ou aux eunuques affectes a leur service (24- 31); Si vos jeunes captives aspirent a conserver leur vertu, ne les contraignez pas a la prostitution (24-33).» II n'en demeure pas moins que le sultan Moulay Slimane qui regna de 1792  a 1822  tenta d'abolir 1 esclavage des chretiens. II racheta les naufrages chretiens de l'Oued 'Noun et du Sahara.

L'historien marocain du XIXe siecle Al-Nagiri, auteur de Kitab El Istiqca, se recriait en ces termes contre l'esclavageJe veux parler de cette plaie sociale qu'est l'esclavage des negres originaires du Soudan, qu'on a l'habitude d'amener chaque arrnee de leur pays, en grand nombre, comme des troupeaux, pour les vendre a la criee comme des betes de somme. Sans honte, les gens ferment les yeux sur ce crime qui se

 commet au grand jour depuis une longue suite de generations, a tel point que la masse du peuple croit que l'origine legale de l'esclavage consiste dans la noirceur du teint et la provenance du Soudan. En principe, tous les hommes sont, par nature, de condition libre et sont exempts par consequent de toute cause d'asservissement; quiconque, done, nie cette liberte individuelle, nie ce principe fundamental.»

Mais il faudra attendre 1920  pour que le marche des esclaves soit officiellement ferme au Maroc.

LES RENEGATS

Qui furent les renegats?

Le terme renegat designe generalement une persorme qui deserte sa religion et a une connotation negative. Dans les recits d'epoque, ce terme est traditionnellement associe a ceux qui ont renie leur foi chretienne pour se mettre au service des Mahometans. Ils furent suffisamment nombreux pour jouer un role militaire, beaucoup moins important que celui des Janissaires de l'Empire ottoman, mais cependant notable.

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Un adage bien connu veut que l'histoire soit de la polémique, mais que l'inverse ne soit pas fondé. Cela s'applique tout particulièrement à l'historiographie marocaine qui est, le plus clair du temps, teintée d'idéologie : une pléthore d'essais datant de l'ère coloniale, essais dans lesquels, le plus souvent, les simplifications, les réductions des données en matière d'information et le ton condescendant ne font que corroborer les préjugés.

LES RENEGATS

Qui furent les renegats?

Le terme renegat designe generalement une persorme qui deserte sa religion et a une connotation negative. Dans les recits d'epoque, ce terme est traditionnellement associe a ceux qui ont renie leur foi chretienne pour se mettre au service des Mahometans. Ils furent suffisamment nombreux pour jouer un role militaire, beaucoup moins important que celui des Janissaires de l'Empire ottoman, mais cependant notable.

Les janissaires (en turc Yeniçeri ,en turc ottoman يكيچري, yényitchéri, littéralement « nouvelle milice ») formaient une secte militaire très puissante composée d'esclaves d'origine chrétienne et constituant l'élite de l'infanterie de l'armée ottomane à l'apogée de l'Empire ottoman.

Les janissaires appartenaient à la classe des esclaves de la Porte, qui occupait les postes les plus influents dans l'administration et l'armée

Les memoires de Germain Menat titrees La vie aventureuse d'un enfant d'Auvergne jettent un eclairage sur le type de personnes qui s'exilaient pour se mettre au service des Mahometans. Ne en 1711

Germain Menat se trouva implique dans sa jeunesse dans une algarade ou il y eut mort d'homme. II prit la fuite, frequenta des mauvais garcons et fut recherche par la marechaussee de Guyenne. II s’embarqua dans un hauturier en partance pour les Indes, qui fut attaque par les pirates barbaresques. Ces derniers tuerent pres des trois quarts de son equipage et ramenerent Menat blesse a Mogador qui, a cette epoque, n'etait qu'un repaire de corsaires.

Pour ameliorer son sort et probablement echapper a l'esclavage, Menat se convertit a l'islam et se mit a la solde des pirates. II conta ainsi les fagons d'operer des pirates

 des qu'un bateau etranger etait repere par l'equipage de petites barques de surveillance, les bateaux corsaires qui etaient de grandes barques pontees a la rame et a la voile foncaient sur le bateau etranger et l'attaquaient de toutes parts au sabre et a la hache. Le butin etait partage par le ca'id de la ville qui se reservait deux grosses parts, dont l'une etait en principe remise au sultan. Chaque homme recevait une part, les blesses une part et demie a deux parts suivant la gravite de la blessure et les morts trois parts que le Cai'd conservait et destinait aux families des defunts.

Quant aux renegats, bien que convertis a l'islam, ils ne recevaient qu'une demi-part. Mais precisait Menat, au bout de peu de temps, d'excellents pretextes etaient inventes pour supprimer cette redevance. Menat prit femme. II survecut a une epidemie et decrivit l'effroyable misere qui sevit dans la bourgade, les cadavres devenant tout noirs et les gens des alentours n'apportant plus de victuailles tant ils craignaient la contagion. Au bout de quinze ans, Menat abandonna sa femme et ses deux enfants et revint en France. II fut rehabilite et condamne a lire chaque annee une messe a la memoire du guetteur de nuit decede lors de la rixe dans laquelle il avait ete implique dans sa jeunesse. Pour cela, il devait assister pieds nus, en chemise, la corde au cou et agenouille pendant la duree de 1'office. II finit ses jours en bon chretien repenti et ecrivit ses memoires.

suite……

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Un adage bien connu veut que l'histoire soit de la polémique, mais que l'inverse ne soit pas fondé. Cela s'applique tout particulièrement à l'historiographie marocaine qui est, le plus clair du temps, teintée d'idéologie : une pléthore d'essais datant de l'ère coloniale, essais dans lesquels, le plus souvent, les simplifications, les réductions des données en matièred'information et le ton condescendant ne font que corroborer les préjugés.

En se convertissant a l'islam, un captif ameliorait sa condition

Oui, sinon qu'en principe, il est impossible de se defaire de sa condition de musulman selon la juridiction musulmane en cours. Un musulman qui abjure est passible de mort. Lorsque le prince Mohamed Ben Abdallah (futur Mohamed III) rentra dans la ville de Sale en 1755 , il fit mettre aux fers des citadins importants qui avaient incite la ropulation a ne pas lui obeir tant que le souverain Moulay Abdallah etait encore en vie. Les chretiens de la ville furent emprisonnes pour avoir verse les frais de douane aux habitants rebelles de Sale. Realisant ces sevices, le vice-consul anglais prit peur et se fit musulman. Mohamed III offrit a l'Anglais de se recuser car il ne voulait pas d'une conversion imposee. L'Anglais ne se dedit pas, mais rentra chez lui et se pendit a une fenetre.

Mais les renegats faisaient partie du contingent militaire marocain

Cela est exact. La plupart des renegats qui servirent le sultan lui offrirent une contribution militaire de prime importance et leur courage au combat fut souligne par de nombreux narrateurs. A titre d'exemple, le chirurgien anglais Lempriere rapporta a la fin du XVIIIe siecle : « Les renegats que l'on voit au Maroc sont presque tous des Espagnols qui se sont enfuis de Ceuta afin de se soustraire aux chatiments qu'ils ont nerites.» Le Frangais M. du Saulty, officier d'artillerie a Alger en 1840 s'enfuit avec la femme de son capitaine a Tunis puis se refugia a Tanger. I se mit au service du sultan Abderrahmane, se convertit et dirigea l'artillerie cherifienne.

L'ARMEE DE METIER AU MAROC

Comment etait articulee la levee de l'armee au Maroc?

 II faudrait bien comprendre la revolution qui se tint sous le regne de Moulay Ismail ( 1672 – 1727 )

 Ce fut une ere parmi les plus stables au Maroc et la puissance militaire du sultan joua un role determinant a cet egard. Traditionnellement, le contingent alaouite etait compose de .soldats issus de la region du Tafilalet d'ou naquit la dynastie. Rappelons qu'au XIe siecle, le Calife fatimide du Caire ne pouvant faire regner l'ordre au Maghreb, se defit de tribus arabes cantonnees en Haute Egypte, les Hillal, les Solem puis les Maqil. A ces derniers vinrent s'ajouter par la suite d'autres groupements affilies a la dynastie alaouite. Originaire de Yanbu en Arabie, le clan des Alaouites vint s'etablir au Maroc au XIIIe siecle. Ce clan beneficiait d'une aura mystique car sa genealogie remonterait au Prophete.

Pour revenir a la question posee, lors d'une expedition punitive, le sultan pouvait ordonner la levee d'une armee ou Harqa. Les tribus devaient lui fournir des combattants et assumer l'intendance. Les raids militaires assuraient des gains materiels, le butin, ou meme l'obtention de lots de terrain. Cependant, il n'y avait pas d'armee professionnelle. Les dynasties precedentes eurent recours aux services de renegats mercenaires, ou meme du jaish, c'est-a-dire un service militaire de membres d'une tribu qui recevaient en contrepartie des terres et des esclaves.

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Un adage bien connu veut que l'histoire soit de la polémique, mais que l'inverse ne soit pas fondé. Cela s'applique tout particulièrement à l'historiographie marocaine qui est, le plus clair du temps, teintée d'idéologie : une pléthore d'essais datant de l'ère coloniale, essais dans lesquels, le plus souvent, les simplifications, les réductions des données en matière d'information et le ton condescendant ne font que corroborer les préjugés.

Yanbu (en arabe : ينبع البحر, Yanbou° el-Baḥr, « source près de la mer ») est une ville d'Arabie saoudite située sur la mer Rouge.

Elle est réputée pour sa grande raffinerie, symbole de la puissance de l'industrie pétrochimique de l'Arabie saoudite. Les activités industrielles de cette ville, qui est située à 460 milles marins au sud du canal de Suez, s'étendent sur 24 kilomètres le long de la côte, et jusqu'à sept kilomètres dans les terres. AvecJubayl, Yanbu constitue la clé du plan d'industrialisation saoudien.

La ville est familièrement surnommée « Al Balad ».

Elle est desservie par l'aéroport de Yanbu, ouvert à l'international depuis décembre 2009

Quand commenga l'armee de metier au Maroc?

La confrontation avec les Ottomans qui occupaient 1'Algerie convainquit Moulay Ismail du besoin de se doter d'une armee professionnelle. Le sultan epousa la fille du cheikh Bukhar qui leva un jaish important. Prenant pour pretexte la necessite de se preparer au Jihad, la guerre sainte, Moulay Ismail abolit certaines exemptions dont beneficiaient des cherifs, des confreries et des etudiants en religion. La guerre contre les enclaves chretiennes au Nord du Maroc constituait un motif fonde pour une telle guerre. Moulay Ismail decida de creer le corps des 'Abid Al-Boukhari, armee d'esclaves noirs. On dit qu'il disposa de 14000 esclaves et Harratine. Ces derniers etaient les descendants d'esclaves Bambara originaires de l'Afrique noire, qui, bien qu'affranchis, etaient pour la plupart des ouvriers agricoles travaillant pour les Arabes et les Berberes dans le Sud Marocain, recevant un peu moins du cinquieme de la recolte en echange de leur labeur. On pense que leur arrivee au Maroc suivit l'expedition du sultan Moulay Rachid au XVIIe siecle, lequel avait poursuivi a Tombouctou un marabout rebelle d'llligh qui s'y etait refugie.

Moulay Ismail decida d'equiper les Boukharis et d'en faire une armee de metier qui lui fut devouee, pretant serment sur leur livre sacre ]ami' al-Sahih. La formation d'un soldat prenait sept ans. Ainsi, l'armee cherifienne n'avait pas d'allegeance tribale et, contrairement aux autres troupes, elle n'avait pas a se soucier de sa solde ou de son intendance. Les soldats etaient payes a meme la dime levee sur les populations ou a meme les revenus du rachat des Europeens captures par des pirates. En parallele, Moulay Ismail disposait d'une armee de renegats, le Jaish. La rumeur voulait qu'il ait eu une armee de

50.000 soldats en 1727. Le sultan pouvait compter egalement sur 1'allegeance des gouverneurs des regions, les khalifas, qu'il pouvait nommer ou revoquer en tout temps, d'autant plus que des garnisons de Boukharis etaient postees aupres des grands centres de population.

Il etait une fois le Maroc Temoignage du passe judeo-marocain David Bensoussan

Il etait une fois le Maroc

Temoignage du passe judeo-marocain

David Bensoussan

Un adage bien connu veut que l'hdavid bensoussanistoire soit de la polémique, mais que l'inverse ne soit pas fondé. Cela s'applique tout particulièrement à l'historiographie marocaine qui est, le plus clair du temps, teintée d'idéologie : une pléthore d'essais datant de l'ère coloniale, essais dans lesquels, le plus souvent, les simplifications, les réductions des données en matière d'information et le ton condescendant ne font que corroborer les préjugés.

 Une kyrielle d'archives locales n'ont pas été, à ce jour, encore pleinement explorées par la communauté des chercheurs. Lorsque tel est le cas, il est rare que l'analyse se détache d'une prise de position où prédomine l'anticolonialisme imputant tous les malheurs de l'histoire à la présence des colons. Un grand nombre d'archives juives sont éparpillées à travers le monde soit dans de nombreux instituts soit sont la propriété de particuliers, et les chercheurs n'ont pas encore eu l'occasion de pouvoir s'y pencher. Pour qu'elle soit fondée sur des écrits, la vérité historique, se situe à la croisée de l'ensemble de ces sources.

Y eut-il des resultats a cette levee d'une armee de metier?

Moulay Ismail commenca par securiser la region separant les villes de Fes et de Meknes du Tafilalet. II s'allia au clerge mais les ulemas de Fes refuserent d'approuver l'inscription des esclaves dans l'armee en 1708  sous pretexte qu'ils avaient ete illegalement confisques et que seules des personnes affranchies pouvaient se lancer dans la guerre sainte.

Cette attitude etait peut-etre une tentative de limiter l'independance du sultan. le dernier alla chercher l'appui des oulemas d'Orient. L'oulema Mohamad Jasus qui refusa d'obtemperer fut execute malgre sa grande popularite et Moulay Ismail assit son autorite de fagon incontestee.

En 1680 Mamora, Tanger et Larache furent repris a l'Espagne et les portes de la ville de Larache furent exhibees en grande pompe dans la ville de Meknes. La negociation qui suivit permit de liberer 1000   prisonniers maures qui furent egalement parades a Meknes. Mais le siege contre Ceuta qui dura pendant tout le regne de Moulay Ismail, n'aboutit jamais.

Dans l'histoire, le regne de Moulay Ismail a laisse dans les memoires marque de stabilite et de securite jamais connue par le passe. Son autorite fut reelle et sa cruaute envers ceux qui ne lui avaient pas obei a la lettre fut legendaire. II tuait lui-meme sur le champ ceux qu'il jugeait suffisamment prompts a obeir a ses ordres. Un chroniqueur musulman ajouta que du temps de Moulay Ismail, meme un Juif pouvait voyager en securite et que dans tout le Maghreb, on n'aurait pas trouve un voleur ou m coupeur de route…

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Mais ce corps de Boukhari devint tres puissant

II est vrai. On reproche a ce corps les desordres qui survinrent au cours des 30

  annees qui suivirent la mort de Moulay Ismail. En effet, les

Boukhari nommerent et deposerent des souverains a leur guise une

 douzaine de fois durant cette periode. Selon le chroniqueur Al-Zayyani, Moulay Ismail laissa cinq cents enfants d'age adulte, ce qui constituait an bassin de pretendants appreciable. Durant ces memes trente annees, certains d'entre eux connurent deux regnes et Moulay Abdallah en

 connut six a lui seul. Toujours selon le meme chroniqueur, les Boukharis proposerent deux fois a Sidi Mohamed de  deposer son pere Moulay .Abdallah mais il s'y refusa. En1728

, la guerre entre deux pretendants s accompagna d'une razzia du Mellah de Meknes faisant 180

morts et des centaines de blesses. Dans son ouvrage Kisse hamelakhim, le rabbin

Moshe Elbaz raconte " ils ont viole et torture leurs femmes et leurs filles et toutes les vierges sous les yeux de leurs parents et de leurs proches.

Mohamed III decida de reduire l'influence de la soldatesque noire. II reunit les troupes noires a Larache sans les prevenir de ce qui les attendrait. Une fois cela fait, les troupes furent encerclees par des soldats arabes auxquels le sultan offrit les soldats noirs, leurs enfants, leurs armes et leurs biens. Mais cette mesure ne fit pas long feu car, par la suite, les troupes noires se reconstituerent et protegerent les souverains suivants contre des rebelles. Dans les faits, l'influence des Boukhari s'accrut dans la seconde moitie du XIXe siecle et ils occuperent des positions importantes. Ainsi, Ahmed B. Mubarak fut un esclave affranchi qui devint vizir sous le regne de Slimane. Son fils Musa B. Ahmed fut egalement vizir de Mohammed IV et son autre fils Abdallah fut aussi Vizir, Gouverneur de Fes, puis Ministre de la Guerre sous Hassan Ie. Le fils d'Abdallah, Ba Ahmed, fut un veritable sultan et partagea avec ses freres les postes du gouvernement. A la fin du XIXe siecle, beaucoup de postes de confiance etaient tenus par des Boukharis, d'autres par les soldats du Jai'sh cantonnes a Fes.

SIDI MOHAMED BEN ABDALLAH

Sidi Mohamed Ben Abdallah est connu pour avoir signe de nombreux traites de paix avec les puissances europeennes.

 Sidi Mohamed Ben Abdallah, connu comme Mohamed III, succeda a son pere Abdallah en 1757

 Selon le chroniqueur Ezziani, il fit de nombreuses campagnes a l'interieur du Maroc pour asseoir son autorite en raison des rebellions de certaines tribus ou meme de la soldatesque des 'abids, l'armee des Boukharis censes etre a son service. II est reste celebre pour avoir fonde Mogador en 1760

et repris neuf ans plus tard la ville de Mazagan que les Portugais avaient occupee durant 250

ans. Alors qu'il etait encore prince, il s'impliqua personnellement dans les affaires consulaires. II s'arrangeait pour que les puissances d'Europe qui desiraient la paix lui livrassent de somptueux cadeaux (dont des maitres artisans et des prisonnieres musulmanes, algeriennes pour la plupart) ainsi que des armes et des munitions a profusion. C'est ainsi qu'il put constituer une flotte de 14 navires armes de 225 canons et equips de 1530  marins. C'est que la marine marchande europeenne redoutait grandement les pirates marocains et le sort reserve aux naufrages europeens echoues sur les cotes marocaines. II arriva meme qu'un bateau anglais qui deballait ses marchandises prit quinze Marocains en otage, jusqu'a ce que la transaction commerciale fut completee…

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David Bensoussan

david bensoussanComment abordait-on le souverain?

Quand un sultan convoquait un consul, il fallait que celui-ci se presente au souverain la seconde meme. Par contre, il pouvait parfois

attendre quelques heures ou encore l'audience pouvait etre reportee plusieurs fois. Lorsque le consul devait communiquer un message, il devait faire un present dont la valeur dependait de la faveur demandee. En sortant de l'audience, beaucoup de personnes le suivaient pour recevoir des sous, car c'etait apparemment leur seule source de revenus : le maitre des ceremonies, les valets, les gardiens des portes, etc. Un

visiteur rapporta qu'apres une audience, il dut payer les montants suivants en onces : 20 pour le responsable des audiences, 20  a son ecuyer,

10    au garde de la lance du sultan, 10  au valet de chambre qui fait son the, 20 a celui en charge des fusils, 5  au porteur de parasol, 10  au sellier, 5  au premier cocher, 5  a celui qui met les eperons au souverain, 10  au garcon qui le chausse, 5  a celui qui lui sert de l'eau, 5  au responsable de la rroprete des coussins, 5  a celui en charge de sa montre, 5 a celui en charge de son sabre, 5  au chasseur de mouches, 4  aux gardes des portes 4) par porte, il y en avait 10  a Marrakech), 10  au jardinier et 10  a 1 huissier.

Quelle sorte de personne etait-il?

Mohamed III etait tres interesse par ce qui se passait en Europe. II chassait le faucon, aimait les femmes et aimait etaler son savoir devant Les visiteurs. IL avait demande de recevoir un portrait du sultan de Constantinople ainsi que celui des douze plus belles femmes de son harem. II voulut pour cela depecher un peintre espagnol a la cour ottomane, faisant fi des interdits islamiques. Mohamed III etait un excellent cavalier, s'habillait fort simplement et se nourrissait sobrement. Il incarnait le pouvoir absolu. En comparaison avec des souverains qui favaient precede, il etait severe mais non pas cruel. II lui arrivait d'enfermer des gens en prison, les chargeait de fers jusqu'a les deposseder. Meme ses fils devaient satisfaire sa soif de l'or. On dit qu'il revendait aux Juifs les denrees qu'il achetait en Europe a 5  fois la valeur.

Quels furent les principaux traites de paix qu'il ratifia?

En 1752 Sidi Mohamed Ben Abdallah ratifia un traite de paix avec le Danemark. II permit aux Danois de construire un magasin a Santa Cruz Agadir) a des fins commerciales. Mais comme les Danois voulurent fortifier leur magasin pour se proteger des pillards, le sultan mit en esclavage tous les Danois. II envoya son conseiller juif Samuel Sumbel en mission chez Frederic V roi du Danemark pour se plaindre de ce qu'une maison commerciale se livre a la construction de fortifications.

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Temoignage du passe judeo-marocain

David Bensoussan

Les intentions danoises ayant ete eclaircies, le sultan libera tous les esclaves danois et se montra magnanime envers eux. Les Danois obtinrent le monopole du commerce du port de Safi en 1757 . L'envoye danois Georg Hast publia en 1792  le livre Den Marokenske Kaiser Mohamed Ben Abdallah's Historie qui contient moult renseignements decrivant avec detail les relations du Maroc et des puissances europeennes durant le regne de Mohamed III.

II en voulait a l'Angleterre et particulierement aux autorites de Gibraltar qu'il accusait d'armer les villes rebelles du Nord et de se livrer a la contrebande, apres que son pere Abdallah eut signe un traite de paix avec l'Angleterre en 1734  Aussi permit-il aux Saletins de capturer des navires anglais. En 1760  l'Angleterre paya 225000 piastres pour la liberation des esclaves anglais au Maroc et livra des canons et du materiel de guerre en vue de signer un traite de paix garantissant le ravitaillement de Gibraltar en eau et en vivres. Mohamed III se declara insatisfait et exigea en plus l'equipement de cinq navires de guerre sans quoi il declarerait la guerre a l'Angleterre. II interdit a ses sujets d'entrer dans les maisons appartenant aux commergants anglais de Mogador. II fit evacuer le consul d'Angleterre de Tanger, offrit sa maison au consul d'Espagne et chassa tous les Anglais de la ville. L'Angleterre negocia une prolongation de l'armistice puis fit maints beaux gestes pour rentrer dans les bonnes graces du sultan. Mais la mefiance ne disparut jamais entre les officiels marocains et anglais.

La paix fut signee avec la Suede en 1763  et ce pays s'engagea a livrer du materiel de guerre. La paix fut egalement signee en 1765  avec Venise en echange d'un payement de 48000 sequins et une annuite de 110000 sequins. Un traite de paix avec le Danemark fut ratifie en 1767  au terme duquel ce pays s'engageait a livrer une cinquantaine de canons, des gros cordages, du bois pour la construction de fregates et 6500  piastres. Les relations avec la Hollande etaient mauvaises – bien qu'un traite de paix et de securite ait ete ratifie en1750   car le sultan avait ete insulte de ce que les cadeaux offerts par la Hollande (des sabres sertis de pierres precieuses) etaient, a ses yeux, insuffisants. Le sultan declara le casus belli en 1774 

 . Les Hollandais envoyerent des fregates patrouiller le long des cotes marocaines. La paix fut signee en 1778  apres que les Hollandais eurent paye 50000 piastres pour la liberation de 55  Hollandais. La paix fut signee avec l'Autriche et la Toscane en 1782 , avec la Sicile en 1783  Par ailleurs, Mohamed III menaga de guerre les nations chretiennes qui oseraient transporter des pelerins musulmans a La Mecque.

Apres l'independance des Etats-Unis en 1776

les navires americains ne jouirent plus de la protection de la marine anglaise. Aussi, fut

il demande a Louis XVI d'intervenir et d’employer ses bons offices aupres de Mohammed III. De fait, le bateau Betsey qui
se rendait a Teneriffe fut capture par les corsaires marocains en 1784

Les Etats-Unis durent envoyer un representant officiel lequel negocia un traite de paix

  la cour marocaine en

En outre, les citoyens marocains blancs et de couleur captures en mer furent dispenses des mesures segregationnistes alors en vigueur aux Etats-Unis. Un autre traite de paix entre le Maroc et les Etats-Unis fut signe a Meknes en 1836.

Par ailleurs, les navires de guerre americains firent des expeditions contre Tripoli en 1804

 1815et contre Alger en

 pour se proteger contre la piraterie.

A partir de 1750  des negociants marseillais proposerent a Sidi Mohamed qui etait a cette epoque khalifa (vice-roi) a Marrakech un projet de traite avec la France, mais cela resta sans suite. Une autre tentative dans laquelle la France voulait s'attribuer la ville de Tanger, fut rejetee en 1764 . L'annee suivante, la France envoya une flottille qui bombarda !es reperes de pirates de Sale et de Larache et cela n'eut pas grand effet. Un traite de paix et d'amitie entre la France et le Maroc fut ratifie a Marrakech en 1767.  II prevoyait la liberte de commerce aux negociants francais, la protection contre les corsaires barbaresques et la preseance du Consul de France sur les membres consulaires des autres nations. Mais, dans la realite, il n'y eut pas grand-chose de change. En 1770 quand la France bombarda la ville de Sousse en Tunisie, Mohamed III : convoqua le consul Louis Chenier et exigea des explications convaincantes sans quoi il declarerait la guerre a la France. La France repondit qu'elle avait reagi a une provocation et Mohamed III se declara satisfait. Mohamed III pouvait se montrer parfois genereux envers la France. Ainsi, il envoya en mission en France le caid de Mogador accompagne de 20  esclaves frangais pour lesquels il ne demandait pas de :rancon ainsi que 6  beaux chevaux. Mais il n'en demeure pas moins qu'il voua un mepris ostentatoire envers le consul Chenier durant de longues anees.

Par ailleurs, Mohamed III etait obsede par la conquete de Ceuta :

occupee par l'Espagne et fit comprendre au roi d'Espagne que l'amitie entre leurs pays ne devrait pas souffrir de ce qu'il projetait de reprendre Ceuta et de fait, l'Espagne jouit meme d'un tarif douanier avantageux.

Pour cela, il offrit au dey d'Alger de faire alliance, de reprendre Ceuta pour ensuite liberer Oran egalement occupee par les Espagnols. Or ce demier se mefiait de Mohamed III. A raison, car le sultan marocain temoignait d'un grand mepris pour les Algeriens, qui a ses yeux

 n'etaient que des fourbes inconsistants. Bien que le traite de paix signe avec l'Espagne en 1767

 s'accompagnat de la liberation de tous les captifs marocains, Mohamed III mit le siege a Melilla en 1774

 car il considerait que le traite de paix etait valide sur mer mais non sur terre. L'Espagne

 declara un etat de treve jusqu'a ce qu'un nouveau traite fut ratifie en 1780

. Contrairement a ce qui avait ete convenu, le dey d'Alger n'attaqua

pas Oran. Aussi Mohamed III abandonna-t-il le siege de Melilla pour marcher contre l'Algerie. Les deux nations se mesurerent tels des chiens de faience.

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Temoignage du passe judeo-marocain

David Bensoussan

La conquete de Mazagan des mains des Portugais en1769  signifia la fin de la presence portugaise sur la cote marocaine. Rappelons que ce fut en 1578  que se tint la bataille fatidique qui prit le nom de Bataille des Trois  Rois suite a la campagne maladroite du roi Sebastien allie au sultan saadien dechu Al־Moutaoukil contre le sultan saadien Abdelmalek. Les Portugais subirent une defaite cuisante. Le roi Sebastien fut fait prisonnier, son allie fut tue et cette bataille mit fin aux ambition portugaises sur le Maroc. Seule Mazagan resta occupee de 1502 a 1769.  Par le passe, le Portugal avait conquis les villes portuaires du littoral mediterraneen de Ceuta  (1415) et Melilla (1497)  conquit puis perdit les villes du littoral atlantique d'Arzila  ,(1471-1550) Azemmour (1513-1541)  Safi (1508-1541)  Castelo Real alias Mogador  (1506-1510 Santa Cruz alias Agadir  (1505-1541) et Tanger (1471-1561) La paix fut signee avec le Portugal en 1774  annoncant un tournant important dans les relation; luso-marocaines. Elle fut suivie d'echanges de cadeaux et de prisonnier; entre les souverains ainsi que d'un accord sur la liberte de commerce. 

Louis Chenier fut consul de France de 1767  a 1781  Dans son ouvrage Recherches historiques sur les Maures et l'histoire du Maroc, il fit etat de; principaux traites signes entre le Maroc et les puissance; europeennes. La collection des trente-deux volumes du comte Henri de Castries intitulee Sources inedites de l'histoire du Maroc comprend des documents d'epoque qui font revivre l'histoire, les perceptions respectives, les alliances et les contre-alliances des puissances europeennes avec le Maroc.

Qu'en fut-il sur le plan interieur?

Sidi Mohamed Ben Abdallah mit au pas les habitants de Sale qui ne voulurent pas reconnaitre son autorite alors qu'il etait encore prince. A la mort de son pere, il mata la revolte que fomentait son oncle Moulay Moustadi. II invita des notables de Fes dont l'allegeance ne lui etait pas assuree a un grand festin et en en profita pour les mettre en prison sous pretexte d'irregularites au sujet de la surveillance du chateau de la poudre de la couronne. II reprima durement les revoltes.

Dans ses vieux jours, il modifia son comportement…

On dit du roi Sidi Mohamed III qui portait le titre de Sultan de Fes, Meknassa, Tangia, et souverain des pays El Mrgrab, Marocos, Sous, Dra et Soudan que la fin de son regne ne ressembla en rien a ses debuts. Arrive a un age avance, le sultan donna des signes d'incoherence et de suspicion. II donna des ordres contradictoires et multiplia les exigences  envers les pays etrangers. Ses enfants le visitaient en se prosternant et en disant Dieu sauve le roi.» II faisait gouter sa nourriture par ses ministres et ses enfants avant de se servir. II sortait avec de grandes escortes   et 6 chiens veillaient sur sa porte la nuit. Toute rebellion d'une province etait suivie de pillage et les chefs de la rebellion etaient amenes a Marrakech pour etre executes. D'autres recevaient la bastonnade. II  s'invita lui-meme au mariage d'un Maure opulent et en fut chasse avec un coup de pied. II convoqua ce Maure le lendemain et le punit en lui ־otant le bras et le pied qui l'avaient chasse. Un juif qui avait critique les actions du sultan fut ecartele vif et son corps donne a devorer aux chiens.  

Mohamed III declarait la guerre facilement aux nations de 1'Europe. Ainsi, quand des bateaux qui devaient transporter des cereales a  destination de Tripoli sans payer de douanes les vendirent a Malaga, il fut demande aux nations impliquees (Danemark, Hollande, Suede et Venise) que les capitaines de bateau devaient comparaitre devant lui a Marrakech sans quoi l'etat de guerre serait proclame. Mais cela eut peu de suites… En 1788 , il se declara etre en paix avec les pays Chretiens jusqu'au mois de mai suivant. Si les nations n'ecrivaient pas qu'elles desiraient la paix, elles devraient se considerer en guerre. II tenait a favoriser les pays musulmans, l'Algerie exceptee. II envoya des delegations racheter des captifs maures ou musulmans. II depecha des convois d'armements vers la Turquie durant la guerre russo-ottomane et -reprocha au Danemark d׳avoir appuye la Russie contre son voisin la Suede. Le consul danois dut expliquer que l'entente avec la Russie etait anterieure a la guerre russo-ottomane et Mohamed III proposa au Danemark et a la Suede de conclure la paix. II menaca de guerre l'ile de Malte et declara la guerre a Dubrovnik.

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