Les veilleurs de l'aube-V.Malka

LES VEILLEURS DE L'AUBE – VICTOR MALKA

רבי דוד בוזגלו מבדיל על הכוס 

On l'a parfois comparé à Ray Charles, en ver­sion orientale. Non seulement parce qu'il était aveugle mais aussi parce qu'il avait une voix qui réveillait les cœurs. Le rabbin David Bouzaglo (1903-1975) a été et continue d'être pour tous les juifs marocains, qu'ils soient installés en France, au Québec, en Israël ou au Maroc, un modèle et une référence.  

Chapitre IV L'héritage andalou

Évoquons d'abord la personnalité de celui qui va mar­quer très fortement ce type de littérature religieuse des juifs du Maroc : David Elkaïm. De tous les poètes qu'a connus, au cours des siècles, le judaïsme de ce pays, il est le plus doué, le plus prolifique, le plus puissant et sans doute le plus original. Il n'est pas une seule des nom­breuses anthologies consacrées à la production poétique de ces communautés – et singulièrement celle connue sous le nom Chir Yedidout, le chant de l'amitié – où ses œuvres ne figurent en grand nombre et au premier plan. Il aura, dans ses très nombreuses compositions, traité des sujets qui ont préoccupé les hommes et les femmes de son peuple et de son époque, vivant dans un environnement social difficile.

Nous sommes dans la deuxième moitié du xixe siècle. La ville de Mogador dans laquelle vit David Elkaïm constitue alors l'une des cités marocaines les plus dynamiques et les plus prometteuses. La communauté juive, notamment, y est ouverte à toutes sortes d'influences culturelles étrangères et d'abord européennes. On y ressent, légèrement certes, un souffle venu de l'étranger. On y parle de temps à autre d'idées qui ressemblent à ce qu'ailleurs on nomme les Lumières. De nombreux juifs qui y vivent sont des citoyens protégés par des ambasades étrangères. Les juifs de nationalité portugaise ou anglaise y sont nombreux. On reconnaît les derniers au grand nombre de locutions anglaises qu'ils utilisent dans leur conversation, même s'ils n'ont pas le moins du monde conscience de ce que les formules how do you do ou sit down ne sont pas du judéo-arabe (comme ils le croient souvent), mais appartiennent bien à la langue de Shakespeare

C'est peu de dire que David Elkaïm n'a pas une vie des plus faciles. Mais qui à l'époque, surtout parmi les juifs, peut en vérité se vanter d'être riche ou même simplement de vivre dans l'aisance ? David, lui, est, avec sa nom­breuse famille, en permanence dans le manque, dans « le rouge », presque au bord de la misère. Comme le furent, ailleurs et en d'autres temps, des poètes-philosophes tels que Salomon Ibn Gabirol ou Abraham Ibn Ezra. Dans la communauté juive de Mogador, on évoque, pour parler de David et de ses difficultés, un proverbe arabe selon lequel « on peut avoir sept occupations professionnelles et pas un sou pour sa subsistance »

Sept métiers ? Il faut dire que de nombreuses fées se sont incontestablement penchées sur le petit David à sa naissance. Il est, raconte-t-on dans la ville, doué dans bien des domaines. On lui prête, entre autres, le don de savoir dessiner, grandeur nature, des portraits, notamment ceux de jeunes couples au moment de leur mariage à la syna­gogue. Bien plus, il arrive que des gens lui demandent de dessiner, en se fiant à sa seule mémoire, le portrait d'un de leurs proches qui vient de disparaître.

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