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Le bateau Egoz – ses traversées et son naufrage-Meir Knafo- Les réactions en Israël sur le naufrage d'Egoz-Dr Yaron Tsour

Les réactions en Israël sur le naufrage d'Egoz

Dr Yaron Tsour

Et quelles furent les réactions en Israël à propos de la catastrophe? Comment est- ce que le Egoz et son naufrage permirent le lien entre l'immigration du Maroc et le mythe de l'immigration clandestine d'Europe avant la création de l'état d'Israël? Le Dr Yaron Tsour se penche sur ces questions dans son étude "L'immigration clandestine et l'élaboration de la société nationale", qui traite de l'influence de l'immigration secrète du Maroc jusqu'à la relation entre Israël et les juifs du Maroc. Plus loin, un fragment de cette analyse.

La catastrophe d'Egoz suscita en Israël un large écho. A partir du 12 janvier 1961, nous fumes témoins d'un nombre non négligeable d'informations et de réactions dans les journaux sur la catastrophe, qui générèrent un large écho publique. Malgré le caractère sensible de l'évènement d'un point de vue politique internationale, même le gouvernement fut contraint de réagir, quand bien même fut-ce de façon assez retenue. Golda Méir, alors ministre des affaires étrangères, fit une condamnation à la Knesset du pouvoir marocain qui empêchait la libre immigration. Dans ses propos elle s'adressa aux juifs du Maroc, déclara l'identification du peuple en Israël avec eux et leur douleur, et elle promit "qu'ils ne sont pas seuls dans le combat" (le sujet mériterait une analyse en soi et il est préférable, dans ce contexte, de comparer l'écho que provoqua la catastrophe d'Egoz avec celui que provoqua une autre catastrophe qui endeuilla l'immigration nord-africaine dans la période légale, "la catastrophe d'Oslo" (20.11.1949). Dans cette catastrophe périrent dans un accident d'avion vingt-sept enfants juifs en route vers un centre médical en Norvège, et de là ils étaient censés immigrer en Israël dans le cadre de l'immigration de la jeunesse.

Malgré ces protestations, des voix se sont élevés en Israël faisant allusion à la réaction officielle et publique sur la catastrophe Egoz qui d'après eux fut assez limitée. Cette relative réserve, fut dictée probablement par une politique orientée, qui priorait d'eviter une réaction acerbe et qui serait susceptible, plus tard, de constituer un obstacle dans l'élargissement de l'immigration en provenance du Maroc. Les réactions du publique israélien sur la catastrophe d'Egoz, aussi peu nombreuses qu'elles furent, reflétèrent justement la contrepartie positive qui s'était opérée dans le statut de l'immigration du Maroc en comparaison à celui qui prévalait dans les premières années de la création d'Israël, l'endroit ici n'est pas propice pour présenter et disséquer en détail les réactions des journaux et du publique sur la catastrophe. Nous préciserons seulement, que pour la première fois de son histoire, l'immigration marocaine devint le foyer d'inquiétude et d'identification générale. En cela, un fait bien sûr aida à ce que la catastrophe maritime se lia à la conscience publique comme l'un des mythes centraux de la lutte nationale sur le chemin de la fondation du pays – le mythe de l'immigration clandestine, c'est-à-dire, les efforts souterrains héroïques et martyrs pour parvenir à la terre d'Israël.

Dans ce contexte s'esquissèrent, consciemment ou non, des fondations supplémentaires dans le développement de l'organisation de l'Alyah du Maroc: d'une entreprise dominée par le département de l'immigration de l'agence juive l'un des bras de l'institution sioniste qui ne jouissait pas d'un prestige particulier à une entreprise dominée par le "Mossad', peut-être le bras le plus prestigieux des institutions de l'état dans la conscience du public israélien; d'une immigration qui entre par irruption et en nombre d'immigrants important, dont le statut dans la hiérarchie "de l'image de marque" qui se développait en Israël était des plus bas, à "l'immigration de sauvetage", certes naturellement réduite, de juifs qui ne demandaient qu'à se libérer du joug d'une vie dans un pays arabe.

L'immigration secrète et la catastrophe maritime qui l'endeuilla contribuèrent, cependant, à l'élévation du statut de l'image de l'immigration en provenance du Maroc dans la société nationale qui se développait en Israël. De façon paradoxale, la catastrophe remplit un rôle positif dans le rapprochement du judaïsme marocain vers l'homme de la rue israélien.

On peut résumer en disant que nous avons devant nous un exemple de la façon dont contribua l'immigration clandestine du Maroc, grâce à son caractère particulier, secret et "sécuritaire', à apaiser le conflit intérieur qui rendait difficile la creation de l'homogénéité et de l'harmonie dans la société israélienne. De cet exemple, il est peut-être possible d'apprendre sur le potentiel enfoui dans l'immigration clandestine en général, en tant que catégorie particulière d'immigration, pour l'apaisement des conflits semblables et le rapprochement des immigrations dites non élitistes dans la société nationale.

Cette nuit, vous êtes enfin arrivés chez vous

Tsiona Sher

En décembre 1992, furent rapatriés du petit cimetière d'Aluceimas au Maroc les ossements de 22 victimes d'Egoz, et furent inhumés au mont Hertzl, à Jérusalem. A la cérémonie nationale d'inhumation furent présents des dizaines de membres de la Misguéret, qui vinrent leur témoigner un dernier hommage. Parmi les présents, se trouvait Tsiona Sher, l’épouse de Hertzel Sher, qui était chef de la Misguéret à Gibraltar pendant la période des opérations du bateau Egoz.

Hertzel. mon mari, était parti seul en émissaire à Gibraltar. Notre fille et moi- même sommes restées en Israël. Pendant une longue période nous avons reçu des cartes postales, jusqu'au jour tant espéré où nous sommes parties en bateau le rejoindre à Gibraltar. Là-bas nous étions l'unique famille israélienne. Hertzl se trouvait souvent en déplacement, et moi j'étais l'unique gardienne du feu à cet endroit. Je faisais de mon nieux afin que les activités se poursuivent. Les jours les plus difficiles étaient les dimanches et les jours de fête. Gibraltar se vidait alors de ses habitants et tout le monde s'enfuyait en Espagne. A la naissance de notre petite fille, j'étais présente jour et nuit à la base et je faisais le travail qu'il m'incombait de faire. Notre maison servait de lieu de passage à ceux qui arrivaient et à ceux qui partaient, et nous nous sommes efforcés de leur donner le sentiment d'une maison bonne et chaleureuse.

Je me souviens particulièrement du naufrage d'Egoz, quelques jours avant la catastrophe Haïm Serfaty et son amie étaient nos hôtes pour un déjener à la maison. Nous savions que c'était sa dernière traversée, et qu'après, ils se marieraient. Mais la fin. nous la connaissons, c'était effectivement sa dernière traversée.

Par la suite, sont arrivés à Gibraltar les familles de Yéhuda Alboher et de Ehud Daivis, des gens merveilleux. Le jour de l'arrivée des cercueils sur le mont du "repos étemel" à Jérusalem, était pour moi la fermeture d'un cercle. J'étais arrivée seule à la cérémonie, mon mari n'était déjà plus parmi les vivants. Il n'a pas eu le mérite de voir comment ces gens merveilleux ont été conduits à leur dernière demeure en Israël dont ils avaient tant rêvé. Mais voilà, ils sont finalement arrivés, après de grands efforts. Ça m'a été difficile. Difficile aussi pour les familles et toute la population d'Israël, en ce jour de deuil national, "reposez en paix dans vos dernières demeures" avais-je murmuré au moment de l'inhumation, alors que j'essayais de reconstituer dans ma mémoire la dernière fois que j'avais rencontré Haïm Serfaty dans notre maison de Gibraltar: le dimanche 8.1.1961, était arrivé chez nous, pour déjeuner, un jeune couple. L'homme, c'était Haïm Serfaty, et l'avait accompagné son amie. Ils nous avaient amené un cadeau, un ouvre bouteille en forme de goéland. Lorsque nous avons vu l'ouvre-bouteille, nous avons échangés, mon mari et moi, des regards. Pendant le repas, nous avons appris que le jeune couple s'apprêtait bientôt à se marier, et que c'était la dernière traversée de Haïm avant qu'il ne quitte la Misguéret, il se mariera et fondera un foyer en Israël.

A partir de ce moment, lorsque Hertzl et moi avions l'occasion de voir des goélands près de la plage, je pouvais distinguer dans ses yeux un regard de tristesse. Un jour il m'a raconté la légende sur les goélands qui est racontée parmi les marins: "les marins, à leur noyade et pendant leur descente vers les fonds de mer – leur âme s'envole et pénètre dans un goéland.'

En réfléchissant à ce qui s'est passé, nous avons reçu de Haïm le goéland, et ensuite – comme tout le monde le sait – tous les immigrants clandestins d'Egoz et avec eux Haïm, sont descendus vers les abîmes, et nous, nous sommes restés avec l'ouvre-bouteille, avec le goéland et avec la légende.

J'ai décidé de remettre ce même ouvre-bouteille en forme de goéland à l'organisation des membres actifs de la clandestinité et des Prisonniers de Sion d'Afrique du Nord, car je crois que c'est l'endroit le plus respectable pour détenir cet objet.

Le bateau Egoz – ses traversées et son naufrage-Meir KnafoLes réactions en Israël sur le naufrage d'Egoz-Dr Yaron Tsour page 413

La signification extrême de l'affaire d'Egoz d'un point de vue éducative et sioniste

 

La signification extrême de l'affaire d'Egoz d'un point de vue éducative et sioniste

Professeur shlomo Ben Ami, ministre des Affaires Etrangères d'Israël

Passage d'un discours lors de la cérémonie annuelle commémorant la clandestinité et l'immigration illégale d'Afrique du Nord et le souvenir des victimes du bateau Egoz, Ashdod, 11.1.2000. 

Le judaïsme nord africain possède plusieurs visages. Il y a le visage de la tradition, du travail agricole, du service militaire dans Tsahal – et aussi il y a le visage de l'aspiration à Sion, d'un point de vue de l'aspiration messianique. Peut-être que nous n'avons pas toujours réussi dans l'affaire de l'immigration clandestine, et l'affaire du bateau Egoz nous permet d'essayer de comprendre que l'immigration des juifs d'Afrique du Nord en Israël n'était pas un déroulement messianique d'un acte unique.

Les juifs d'Afrique du Nord ne se sont pas levés – principalement les juifs du Maroc – un beau matin clair, et allèrent à Sion seulement parce qu'ils eurent un quelconque dévoilement messianique, ainsi que beaucoup le pense. L'Alyah était aussi un acte sioniste dans le plein sens du terme, acte sioniste-politique, et pas seulement un acte religieux. Et ceci a une conotation qui va beaucoup plus loin, car le bateau Egoz et l'histoire de l'immigration clandestine du Maroc place l'immigration d'Afrique du Nord dans un angle que le public israélien n'est pas habitué à voir. Le public israélien est accoutumé à voir l'immigration d'Afrique du Nord comme quelque chose qui s'est produit en un jour, sans qu'il y ait eu de mouvements de jeunesse sionistes, sans qu'il y ait eu d'éducation intérieure profonde dans son sens politique.

Le judaïsme d'Afrique du Nord, et du Maroc en particulier, fait partie de l'expérience sioniste de la renaissance du peuple d'Israël des temps nouveaux. Ce n'est pas seulement un acte religieux, c'est aussi un acte religieux. C'est pourquoi la signification d'Egoz – d'un point de vue pédagogique, d'un point de vue éducatif, d'un point de vue sioniste – repousse plus loin les bornes. Nous respectons la religion et la tradition, et ils sont un des aspects essentiels dans l'identité de la communauté juive nord-Africaine, mais elle possède en outre d'autres aspects: même celui de la lutte politique de la renaissance d'Israël, même la lutte pour la fondation d'une agriculture moderne dans les régions du Lakhish, du Adoulam, des tanakhim et aussi pour l'indépendance d'Israël – avec des jeunes qui, lorsqu'ils sont descendus du bateau à Haïfa, la première chose qui se produisit fut qu'ils reçurent en main un fusil et allèrent dans les combats sanglants à Latrun. Même cela est l'immigration nord-Africaine. L'Alyah nord-Africaine est les villes de développement, la deuxième étape dans l'esprit pionnier sioniste, Dimona et Yérouham, Nétivot et Kiriat-Shmona – et non seulement monter se recueillir sur les tombeaux des saints. C'est une emtreprise sioniste unique sur la ligne frontalière, sur la ligne de l'histoire sioniste, même ceci fut, et est l'esprit pionnier. C'est pourquoi, les membres de l'organisation des actifs de la clandestinité, de l'immigration clandestine et des Prisonniers de Sion en Afrique du Nord méritent un merci particulier pour leur importante contribution au véritable héritage de l'immigration juive nord-africaine.

Vous faites une très grande œuvre en ceci que vous conservez la flamme du flambeau du souvenir, de l'expérience sioniste en Afrique du Nord. Vous contribuez d'une façon considérable à placer à l'endroit exacte la communauté juive du Maroc dans la mosaïque israélienne, et c'est sa place exacte. C'est une communauté qui possède plusieurs faces, dont la contribution à la renaissance du peuple d'Israël dans ces temps nouveaux est plus grande que celle que les jeunes générations en ont conscience. Il faut introduire cela dans les livres d'école, et il faut introduire ceci dans l'action sociale.

Je vous remercie pour cet évènement et je vous adresse mes bénédictions pour le travail qui a été accompli et je sais qu'une grande partie de ce travail n'est pas visible aux yeux du public.

Méir Knafo a rappelé la publication d'un livre, qui décrira neuf ans d'actions au Maroc et la part prise par les émissaires et ceux qui ont été enrôlés dans cette action. Nous parlons de livres, d'études, de séminaires, de journées de consultation, de symposiums – tentative réelle d'un groupe de volontaires qui désire transmettre, à travers le travail qu'il effectue, non seulement la mémoire ponctuelle des immigrants clandestins d'Egoz, mais aussi, ainsi que je l'ai dit, la place particulière de l'immigration nord Africaine – avec un accent particulier pour l'immigration du Maroc. Il n'y a rien à faire: lorsque l'on parle de l'immigration des juifs d'Afrique du Nord, on parle principalement des juifs du Maroc, qui représentent la communauté juive la plus importante. Vous faites ici un travail très important et je salue les personnes qui le font.

Je m'incline, ensemble avec vous, au souvenir des victimes du bateau Egoz. Je serre dans mes bras, ensemble avec vous, les familles endeuillées, et je souhaite pour nous tous des jours meilleurs d'unité en Israël, de paix courageuse qui comprend la sécurité et la justice sociale.

Voici les noms des 44 immigrants clandestins d'Egoz

[entre parenthèses – l'âge des disparus. C.T.I: corps transporté en Israël]

Azoulay Hanania (44 – C.T.I.)

Edery Chaba (32)

Azoulay Zazou (17 – C.T.I.)

Edery Mordehaï (13)

Azoulay Shalom (9 – C.T.I.)

Edery Rosa (9)

Azoulay Yaffa (7)

Edery Anette (7)

Azoulay Méir (5 ־ C.T.I.)

Edery Marcelle (5)

Azoulay Rachel (1 – C.T.I.)

Edery Haïm (4)

Edery Albert (2)

Benharoch Raphaël (53 – C.T.I.) Benharoch Tamar (45 – C.T.I.)

Elkouby David (14)

Benharoch Jack (27 – C.T.I.) Benharoch Denise-Dina

Elmaliah Izak-Itzhak (40)

(Barchechet) (22 – C.T.I)

Elmaliah Alia (32 – C.T.I.)

Benharoch Jacqueline (20 – C.T.I.)

Elmaliah Albert (12)

Benharoch Gabriel (14 – C.T.I.)

Elmaliah Simon Shimon (10)

Elmaliah Suzanne (4)

Benlolo Rachel (70-C.T.I.)

Elmaliah Messodi (2 – C.T.I.)

Benlolo David (60 – C.T.I.) Benlolo Miriam (52 – C.T.I.)

Gozlan Fréha (70 – C.T.I.)

Benlolo Alice (18) 

Benlolo Yéochoua(16)

Libraty Esther (57 – C.T.I.)

Dadoun David (33)

Mamane Henri Aharon (42 – C.T.I.)

Dadoun Daniella (8)

Mamane Rivka (40 – C.T.I.)

Dadoun Jacky (6)

Mamane Gisèle (11)

Mamane Florence (13 – C.T.I.)

Dahan Yéhuda (19 – C.T.I.)

Mamane Haïm (5)

Edery Nessim (36)

Serfaty Haïm (28)

Que leur mémoire soit bénie !

 

 

 

Un cierge à la mémoire des quarante-quatre qui immigrèrent clandestinement mais dont le voeu n'a pas été exaucé Yoël RON

Un cierge à la mémoire des quarante-quatre qui immigrèrent clandestinement mais dont le voeu n'a pas été exaucé

Yoël RON

Une nuit… c'était une nuit comme les autres, les cieux étaient ensemencés de myriades d'étoiles scintillantes et brillantes, et c'était comme si chaque étoile rivalisait avec la suivante, en faisant des clins d'œil à la lune claire et sereine.

Une nuit d'espoir, une nuit d'amour. La mer est silencieuse et calme, tranquil­lement les vagues s'approchent de la plage, ici et là, s'élèvent au dessus de la mer des rochers à l'apparence de créatures vivantes, que les vagues viennent lécher amoureusement.

C'était une nuit comme toutes les autres nuits. Des dunes découvertes, ici ou là des taches sombres, arbustes dispersés et clairsemés. Ici et là, se dressent des arbres nus tels des créatures malheureuses, les branches étendues vers le ciel, telles des mains de personnes qui prient et demandent miséricorde et aide. C'était une nuit comme toutes les autres nuits. Un vent silencieux souffle, des hommes assis près de la route, bande noire et brillante, de temps à autre regardent leur montre, et un tremblement d'impatience traverse leur corps. Tension et attente, on entend le rugissement des voitures au loin, les hommes se dispersent chacun à sa place, prêts à l'action. C'était une nuit comme toutes les autres nuits. A intervalles réguliers, s'approchent les voitures, scintille­ment des phares, des portes qui s'ouvrent, des formes humaines qui sortent à l'extérieur et disparaissent dans la nuit.

Un vieil homme marche en Djellaba blanche, habits de fête, le visage rayon­nant et joyeux et ses yeux rivalisent avec les étincelles des étoiles du fir­mament. Dans l'une de ses mains, il porte ses maigres affaires, et dans sa seconde main il tient le plus petit de ses fils, et sa femme, qui est dans ses derniers mois de grossesse, se traîne derrière lui et encourage avec délica­tesse les autres enfants – pendant que dans leur cœur se mêlent l'espoir, la peur et l'anxiété.

C'était une nuit comme toutes les autres nuits, ils sont assis maintenant sur la plage. Ici un grand-père qui caresse la tête d'un enfant, là une grande sœur qui enlace le petit frère et là, une mère qui allaite son bébé. Silence absolu.

Y a-t-il un poète qui pourrait exprimer dans une poésie l'émotion qui étreint le cœur de ces gens-là? Y a-t-il un écrivain qui trouverait les mots et l'expres­sion des espoirs et des pensées qui traversent leur tête?

L'attente est longue, les yeux sont tournés vers la mer, quand viendra le ba­teau? Réussirons-nous à y monter?

C'était une nuit comme toutes les autres nuits. Soudain à l'horizon des lumiè­res s'allument, bleu, blanc, sont-ce les battements du bateau, ou est-ce une étoile qui embrase la mer?

La tension est grande, difficile à supporter. A nouveau des lumières, cette fois-ci, c'est évident. Les corps se redressent et les formes se relèvent. La souffrance se termine et l'exil prend fin. De loin, déjà, la terre promise et la patrie font des clins d'œil.

C'était une nuit comme toutes les autres nuits.

Non, ce n'était pas une nuit comme toutes les autres nuits! De lourds nuages

recouvraient les cieux, la fou­dre des éclairs et le fracas du tonnerre transgressaient l'har­monie de la nature. La mer re­joignait la colère des cieux, et des vagues immenses jouaient avec le bateau Egoz, jusqu'à son fracassement contre les rochers de la côte, sentence divine. La colère et la foreur ne serviront à rien, le bateau a fait naufrage et ses passagers se sont noyés.

Non, ce n'était pas une nuit comme toutes les autres nuits.

[Tiré du feuillet du kibboutz /Ifat]

 

Le bateau Egoz – ses traversées et son naufrage-Meir Knafo-Revelations inedites

 

DOCUMENTS

Révélations inédites!!!

[Une partie des documents qui apparaissent ici sont dévoilés pour la première fois. La chose sera précisée dans le titre de chaque document]

Le naufrage du bateau Egoz

Michel-Méir Knafo

Le Mossad se préoccupa de la destinée de la communauté juive du Maroc, et investit beaucoup de forces et de réflexion dans la défense des communautés juives et leurs institutions ainsi que dans l'organisation de l'immigration clandestine. Ces comptes-rendus nous montrent que le "Mossad" fit en sorte d'arriver à la vérité maximale dans l'enquête du naufrage du bateau Egoz.

A quel point ses agents réussirent-ils à réunir toutes les informations sur cette tragédie, il est difficile de le savoir, comme il est difficile de savoir si nous possédons tous les comptes-rendus à ce sujet.

  • Après le naufrage d'Egoz et à ce jour, il n'y eut aucune initiative du "Mossad" d'effectuer des recherches et de localiser l'endroit du naufrage, je pense que ce n'est pas la fonction du "Mossad" – il ne peut être qu'un facteur d'assistance et de stimulation.
  • C'est pourquoi j'ai pensé qu'il était juste de m'adresser à deux officiers anciens des commandos de la marine expérimentés dans des recherches de ce type. Nous avons même trouvé un financier, dont l'unique condition était l'obtention d'une autorisation pour les recherches délivrée par les autorités marocaines, par l'intermédiaire du gouvernement israélien.
  • Ces officiers, ayant pris conaissance des documents et cartes géographiques en ma possession, dressèrent un programme de travail et son coût – programme qui reçut l'approbation de la marine israélienne, dans une rencontre triangulaire qui eut lieu avec le représentant du bureau du premier ministre et un des deux officiers de la marine. Lorsque je dis autorisation, je pense à une autorisation d'un programme professionnel, sans entrer dans son coût – car ce ne sont pas les affaires de la marine.
  • Le bureau du premier ministre prit sur lui d'arriver à une entente avec le royaume du Maroc, qui permettra des recherches pour localiser l'endroit du naufrage d'Egoz.
  • Nous, de notre côté, nous mîmes en action de la façon la plus discrète qu'il soit un homme, fidèle et fiable, qui visita plus d'une fois la région du naufrage du Egoz et vérifia des données particulières, à la demande des professionnels. Ces vérifications nous amenèrent presque avec certitude à l'endroit du naufrage.
  • Après que nous ayons obtenu un programme d'action fiable et aussi un financier, il nous manquait encore l'autorisation du royaume du Maroc et ceci resta sous la gestion du bureau du premier ministre.
  • Dans les contacts que nous avons eus avec ce bureau nous n'avons entendus à aujourd'hui que des explications du type: "nous sommes encore en train de vérifier', "le moment n'est pas encore venu", "on verra après les élections (de juillet 99)", "le sujet se trouve en traitement" et bien d'autres explications…
  • Au moment où sont écrites ces lignes, il n'y a aucun changement des autorités marocaines quand à l'obtention des autorisations exigées pour entamer des recherches. Je suis sûr qu'à leur obtention, la marine israélienne accepterait d'y participer.
  • DOCUMENTA Première révélation
  • Compte-rendu sur l'affaire "petit poisson'
  • 16 novembre 1958 à: Issar Harel
  • de: Dov (Bertchik) Maguen
  • Fin septembre 1958, j'ai reçu l'ordre du Mossad d'arriver à Gibraltar dans le cadre de l'opération "petit poisson"
  • Un homme qui nous était connu a acheté un moyen de navigation du genre "bateau de débarquement', et qu'il désire transporter des juifs du Maroc à Gi­braltar à un prix raisonnable.
  • D'après les données, tout était valable et en règle, et il m'incombait de vérifier ce bateau du point de vue de la conformité à la tâche assignée, la sécurité en mer. le nombre de passagers à chaque voyage, la météo et tout ce qui était lié a l'opération du point de vue maritime.
  • La date supposée pour le début de l'opération a été fixée pour le 11-12 octobre. Je suis arrivé à Gibraltar dans la nuit du 7 au 8 octobre. La première rencontre avec le propriétaire de la dite embarcation, a eut lieu le 11 octobre, pendant laquelle j'ai reçu des renseignements sur le bateau par l'homme qui tenait en main une lettre descriptive avec des données. Ce n'était pas un bateau ne débarquement mais des détails sur un bateau à moteur rapide qui a servi au sauvetage de pilotes en service à la R.A.F. Après avoir discuter sur différents détails il fut convenu, que l'homme arriverait avec le bateau à Gibraltar le 20 octobre, autant pour des réparations que pour la vérification. Après cela, et seulement alors, dans le cas où le bateau conviendrait, on examinerait les autres détails et engagements mutuels.
  • La date supposée pour le début de l'opération fut repoussée à la nuit entre le 26 et le 27 octobre.
  • Jusqu'à la date à laquelle nous avons attendu l'arrivée du bateau à Gibraltar, selon l'accord passé, j'ai cru en l'homme et en ses paroles – dans la mesure où on l'avait recommandé – mais le bateau n'arriva pas à Gibraltar comme convenu, non plus après d'autres accords pris lors de rencontres supplémentaires.
  • Il y avait différentes raisons: au début des difficultés pécuniaires et finalement à cause d'un manque d'attestations de vente et de propriété. Déjà le 23-24 octobre avait cessé ma confiance en cet homme, en raison de son comportement fuyant et son manque de sérieux, donc la possibilité de l'acquisition du bateau, n'existait qu'en théorie. J'ai continué à être en contact avec cet homme jusqu'à fin octobre. De par la puissante volonté d'agir, nous nous sommes bercés d'illusions, et c'est pourquoi je ne m'étais pas pressé de rompre le contact sans en connaître les raisons ultimes et claires. Notre annonce finale était: "Le bateau n'arrivera pas en raison d’un manque d'attestations de vente et de propriété".
  • Conclusions: j'ai quitté Gibraltar sans voir le bateau, sans savoir s'il existait seulement un bateau qui était la propriété de cet homme. Il n'y eut aucune étape à laquelle nous aurions pu être sûr de cette opération, sans que nous n'ayons vu en fait le bateau. Je ne connais pas la base sur laquelle les préparatifs de cette opération ont reçu une diffusion même à l'extérieur du cadre des hommes qui s'en occupaient directement. Je ne me suis pas étendu sur les détails du processus de négociations et la réflexion qui ont conduits aux décisions telles que nous les avons prises, car en fait il n'y eut aucun résultat.
  • Le bateau Egoz – ses traversées et son naufrage-Meir Knafo-Revelations inedites
  • Page 421

Le bateau Egoz – ses traversées et son naufrage-Meir Knafo-Revelations inedites

  •  

DOCUMENT B

[Compte-rendu qui a été envoyé par Hertzl SHER à l'état-major à Paris]

Première révélation!

La deuxième traversée d'Egoz – 27-28.9.1960

  • Egoz a pris la mer de Gibraltar le 27.9.1960 à 12:30, le temps était beau et la mer était calme. Dans l'après-midi le vent commença à se lever. Selon le propriétaire du bateau, le vent qui souffle du côté de l'est ne gêne en rien la traversée en mer méditerranée (au détroit de Gibraltar la traversée serait un peu plus difficile).
  • Egoz revint le 28.9, à 13:15 avec 23 immigrants à bord. Suivant l'accord con­venu avec les autorités, j'ai amené un policier (l'officier de l'immigration) qui inscrivit les noms et le nombre d'immigrants qui étaient arrivés.
  • l'équipage était composé des mêmes personnes qui se trouvaient dans la pre­mière traversée.
  • Les immigrants, spécialement les femmes, étaient très fatiguées. Elles n’avaient pas mangé pendant toute la traversée et vomirent. Il faut préciser que les enfants s'étaient bien sentis.
  • Voici les détails du voyage tel que les a transmis Haïm Sarfati:

 14:15, un avion français a basse altitude a survolé quatre fois au dessus d'Egoz. Haïm est convaincu qu'il a vu le pilote  photographier le bateau. A 16:30, un avion anglais a photographié le bateau, lui aussi à basse alti­tude.

De 19:00 à 20:30, l'Egoz a été suivi par un contre-torpilleur français qui s'en est approché et a éclairé le bateau au moyen de puissants projecteurs. Du bateau, a été demandé (en parlant directement) en français d'identifier . Egoz. sa route et le but du voyage. Ils ont demandé à savoir exactement vers quel port ou lieu se rend l'Egoz. Haïm, qui a répondu aux marins du contre-torpilleur, leur a dit que le bateau a quitté Gibraltar et qu'il se dirige vers Al-Hoceima et que son but était de prendre des réfugiés juifs. Après cette explication, le bateau a été autorisé à continuer sa route.

Egoz est arrivé à sa destination afin d’embarquer les immigrants clan­destins. A 01:00, ont été aussitôt aperçus des signaux en provenance de la côte. L’embarquement dura environ une demi-heure. Le transfert  s'est terminé après trois voyages, y compris les valises.

Haïm a essayé de contacter la côte à l'aide de son poste radio M.K.6, mais  sans succès. Il n'en connaît pas la raison. Selon ses dires, il a commence a établir la liaison environ trois quarts d'heures avant qu'ils ne s'approchent de la côte.

Dans les environs il y avait beaucoup de barques de pêcheurs. Haïm ne pense pas qu'ils aient prêté attention à l'activité d'Egoz (c'est un senti­ment).

Les membres de l'équipage étaient fatigués du voyage et se sont plaint de la traversée difficile. D'autre part, le propriétaire du bateau a exigé de connaître la date de la prochaine sortie. Dès leur arrivée, ils sont rentrés chez eux en Espagne et demain j'aurai leur compte-rendu. S'il fallait juger en fonction de la réaction du capitaine avant la traversée, la conclusion serait que si nous travaillons à un rythme lent – une fois par semaine et avec un petit nombre d'immigrants – il serait obligé de trouver un autre travail. Même le propriétaire du bateau se plaint de la perte de bonnes journées de travail en cette période de l'année, il n'est pas certain qu'il y en aura de pareilles.

DOCUMENT D

[Traduit du document en hébreu. Nous possédons aussi la source en anglais]

Première révélation!

Les observations du capitaine de l'armée de l'air britannique sur le naufrage du Egoz (11.1.1961)

La situation météorologique pendant la nuit du 10 au 11 était ainsi qu'il est décrit ci-dessous:

Le vent – dans la région où s'est déroulé l'évènement, il y avait un vent nord- ouest, en direction de la côte de force 30-40 nœuds.

L'état de la mer – était difficile (agité).

Observations – la vue était de cinq miles marins.

Le temps – était brumeux.

A 10:30, le 11 janvier, à été reçu un appel au North Front, de la flotte royale qui annonçait qu'un bateau du nom de "Pisces" avait fait naufrage et qu'il était possible que 40 personnes aient perdu la vie. La localisation qui a été donné était 10 miles ouest de Cap Nuevo [signalé par un A sur la carte], A la suite de cet appel un avion a été dépêché dans la région, et un avion supplémentaire a décollé de North Front. Dans le même temps a pris la mer un bateau de sauvetage de la R.A.F.

A12:30, les deux avions sont arrivés au dernier lieu connu d'Egoz et ont commencé à effectuer des recherches de débris et de survivants.

Jusqu'à environ 13:00, rien n'a été trouvé, lorsque l'avion numéro 71 a distingué un homme qui s'éloignait d'un groupe sur la côte et faisait des signes avec ce qui ressemblait à une ceinture de sauvetage orange [signalé par un B sur la carte]. En conséquence des signaux de l'homme – et pour la raison que le pilote ait observé un courant vers l'est – le pilote de l'avion 71 a décidé de chercher dans la baie d'Al- Hoceima, lorsque à 14:07 ont été observés trois corps et des débris.

Aussitôt, le pilote a appelé à la radio l'avion 72. En mer, ont été observés trois corps et quelque chose comme une surface blanche qui ressemblait au couvercle d'une ouverture. L'avion 71 a dirigé un bateau de garde-côte marocain et aussi un bateau de pêche vers l'endroit [signalé par un C sur la carte]. Après que les bateaux susmentionnés sont arrivés sur le lieu, huit bateaux ont pris la mer du port Al-Hoceima et ont apporté leur aide pour le rassemblement des corps. Environ 12 corps ont été retrouvés dans la baie. Dans ce même temps, la mer était houleuse voire agitée. A 16:55, lorsque tous les corps ont été rassemblés, toutes les forces de sauvetage parties de Gibraltar ont été appelées à rentrer.

Le bateau Egoz – ses traversées et son naufrage-Meir Knafo-Revelations inedites

Le bateau Egoz – ses traversées et son naufrage-Meir Knafo-Revelations inedites

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DOCUMENT E Révélation inédite!

La catastrophe d" Egoz – compte-rendu d'enquête de l'équipage du "Kabo־de־Gata'

  • Témoignage de Benyamin Rotem, alors officier de renseignements à l'état-major à Paris:

Le 14.1.1961, Hertzel Sher a pris contact avec le port de Alméria afin de se renseigner si le bateau de pêche susnommé, qui a repêché les trois membres de l'équipage d'Egoz, était rentré à port. Il s'est avéré que le bateau était revenu à la base avant le lever du jour. Dans la soirée de ce même jour, je suis arrivé à Alméria, et j'ai questionné le capitaine et les membres de l'équipage du bateau.

  • Témoignages du capitaine du "Kabo-de-Gata" et de l'équipage du bateau:

Dans la nuit du 10.1.1961 au 11.1.1961, avant le lever du jour, leur bateau pêchait avec d'autres bateaux aux alentours de la baie de Al-Hoceima. Etant donné que la tempête s'amplifiait, le capitaine a décidé de chercher un abri dans la baie. Il se sont approchés du port et ont jeté l'ancre au-delà du brise-lames [signalé par un b sur la carte plus loin]. Entre 05:30 et 06:00, le 11.1.1961, ils ont entendu des appels en provenance d'une barque à rames qui s'approchait de leur bateau. Sur la barque, il y avait trois espagnols. Après qu'ils aient été hissés à bord, ils on: raconté qu'à 10 miles de ce même endroit, en direction de Gibraltar, leur bateau, sur lequel se trouvaient 40 personnes, a fait naufrage.

Le capitaine a démarré aussitôt et navigué vers cet endroit [signalé par un C sur la carte]. Ils sont arrivés sur les lieux après environ une heure, sachant que la vitesse maximum est de 9 nœuds à l'heure. Pendant environ une demi-heure, ils ont tournes dans les parages dans lesquels, selon les rescapés, leur bateau a fait naufrage, mais n'ont aperçu ni bateau ni autres rescapés. A 07:30, le capitaine a décidé de faire un rapport et de demander de l'aide pour effectuer des recherches. Selon ses dires il a retardé l'appel pour la raison que les rescapés lui auraient raconté la nature c; leurs activités et le type de passagers transportés sur le bateau qui a fait naufrage. C'est pourquoi, il avait conçu d'essayer de sauver ces personnes et de les faire passer clandestinement dans un port espagnol. L'absence d'annonce immédiate de la catastrophe provenait de l'espoir qu'il avait, en conformité aux informations reçues par les rescapés, de pouvoir sauver les passagers, mais craignait que les pouvoirs marocains n’empêchent leur transfert vers un port espagnol. Cependant, après des recherches qui ont duré entre une demi-heure à trois-quarts d'heure, et ayant constaté qu'il n'avait réussi à trouver aucun des passagers du bateau, c'est pourquoi il a décidé de lancer un appel à l'aide et de faire un rapport sur la catastrophe et sur les trois rescapés. Ils ont continué à effectuer des recherches et entre-temps se sont joints à eux d'autres bateaux de pêche. Plus tard seulement, avant midi, sont arrivés deux avions de Gibraltar qui ont commencé à indiquer aux différents bateaux l'endroit où se trouvaient les victimes de la catastrophe. Selon les indications des avions il devait retourner en direction sud-est, jusqu'à proximité des îles Penon de Al-Huceima [signalé par un D sur la carte].

Jusqu'à la tombée de la nuit, ils ont trouvé les corps d'une femme et de quatre enfants. Les cinq victimes sont mortes de froid et non de noyade. Toutes portaient des ceintures de sauvetage et leur tête se trouvait au dessus du niveau d'eau. Tout au long de la journée, il y eut des appels radio du propriétaire du bateau à Alméria lui demandant de rentrer à ce port et non à Al-Hoceima. Du fait qu'en raison de la tombée de la nuit les recherches étaient interrompues, il a décidé de naviguer en direction de l'Espagne, le garde-côte de la police marocaine l'a poursuivi et l'a contraint à entrer au port de Al-Hoceima.

A ce moment, un jeune homme espagnol a raconté aux membres de l'équipage avoir vu à 06:00 du matin sur la plage non loin de la ville, une ceinture de sauvetage du même type que celles portées par les victimes.

Aussi le médecin légiste me fit savoir que la femme repêchée par mon bateau était morte de froid deux heures environ avant son repêchement. Le médecin a raconté qu'en effet, l'un des corps trouvé par un autre bateau de pêche était encore chaud lorsqu'il a été retiré de l'eau. Les membres de l'équipage d'Egoz ont été arrêtés par la police. Le capitaine d'Egoz, frappé de stupeur, pleurait, et n'a formulé aucune demande à transmettre à ses proches.

  1. Compte-rendu de l'évènement raconté par le capitaine d'Egoz au capitaine de "Kabo-de-Gata'

(Le capitaine d'Egoz sera appelé Francisco):

A trois heures du matin du 11.1.1961, l'Egoz naviguait environ à 10 miles de Al-Hoceima en direction de Gibraltar, à une vitesse de cinq miles à l'heure. En raison du vent et des hautes vagues le capitaine a décidé de réduire sa vitesse, et d'attendre que se calme la tempête. Dans ce but, il a arrêté l'un des trois moteurs, et a fait fonctionner les deux autres à une vitesse de 900 tours minute, c'est-à-dire moins de la moitié maximum (2000 tours minute).

Soudain, l'un des membres de l'équipage s'est aperçu que de l'eau s'engouffrait par le fond du bateau. Francisco a activé les trois moteurs à la vitesse maximum et a dirigé le bateau en direction de la côte. Dans cet état, ils n'ont réussi à naviguer que quelques minutes seulement, alors que l'eau était arrivée à hauteur des moteurs qui ont cessé de fonctionner.

Francisco a alors ordonné aux quatre membres de l'équipage de descendre le canot de sauvetage qui était attaché au toit de la cabine des passagers jusqu'au pont, le radiotélégraphiste et le mécanicien sont descendus lancer des s.o.s et aider les enfants à mettre leurs ceintures de sauvetage. Francisco est retourné à la cabine de pilotage.

Le bateau a commencé à s'enfoncer de plus en plus vite. Deux membres de l'équipage ont eu le temps de descendre le canot en mer et de sauter dedans avant que le bateau ne s'enfonce totalement. Après le naufrage d'Egoz, les deux membres de l'équipage ont continué à appeler le capitaine, le radiotélégraphiste et le mécanicien et à les chercher. Après un certain temps, ils ont trouvé le capitaine [les membres de l'équipage du "Kabo-de-Gata" ont confirmé que Francisco était entièrement mouillé]. Ils ont continué leurs recherches sans trouver d'autres personnes et alors ils ont décidé de ramer en direction des lumières des barques de pêcheurs et demander de l'aide.

  • les observations du capitaine du "Kabo-de-Gata'
  1. Francisco s'est trompé dans l'indication de l'endroit de la catastrophe. Il est impensable qu'il se trouvait au moment du drame à 10 miles de notre bateau. Si en effet les heures indiquées par les rescapés sont exactes, c'est à dire: à 03:00 contatation du trou au fond du bateau. Ensuite Egoz navigue vers la côte jusqu'à 03:10 ou 03:15, l'heure à laquelle le bateau a coulé, et de 03:15 à 03:30 les recherches de rescapés sont effectuées et à ce moment ils décident de quitter les lieux afin de chercher du secours, donc ils ont réussi à ramer sur une distance de 10 miles dans une mer agitée et un violent vent de face pendant deux heures. Cela ne me parait pas plausible. A mon avis, l'Egoz a fait naufrage à un endroit beaucoup plus près [signalé par un E sur la carte]. Même l'endroit où l'on a trouvé les corps et également l'heure à laquelle le jeune espagnol a vu les ceintures de sauvetage prouvent que la catastrophe s'est produite beaucoup plus près de la côte.
  2. Un homme fort, qui sait nager, peut sauver sa propre vie et arriver à la côte par ses propres moyens.
  • Existence d'une possibilité de trouver des rescapés qui ont réussi à atteindre la plage:
  1. Si la ceinture de sauvetage qui a été vue sur la plage provient d'Egoz, on peut alors émettre l'hypothèse qu'elle est arrivée là-bas par l'un des rescapés. Selon les dires du capitaine, il est difficile de supposer qu'elle soit arrivée à l'aide de courant marin et qu'elle se trouvait déjà sur la plage à 06:00 du matin.
  2. Selon Hertzel Sher, l'un des pilotes d'avion qui a participé aux recherches lui a raconté qu'il a vu sur l'un des rochers un homme appeler à l'aide en agitant une chemise jaune. Le pilote a dirigé l'un des bateaux en direction de cet homme. Hertzl interrogera le pilote et vérifiera avec lui ce qu'il a vraiment vu.
  3. Le "Kabo-de-Gata" a pris une deuxième fois la mer, le 15.1.1961, pour se rendre à Al-Hoceima

Le bateau reviendra après 10 jours. Le capitaine avait promis qu'il rentrera au port et essaiera d'enquêter le plus possible sur les détails connus dans la ville à propos de la catastrophe. Lorsqu'il reviendra (25.1.1961) il nous fera part de ce qu'il a appris.

Le bateau Egoz – ses traversées et son naufrage-Meir Knafo-Revelations inedites

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