.Une histoire de familles-J.Tol


Bessis-Besnano-Betito

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BESSIS

Nom patronymique vraissemblablement d'origine hébraïque, dérivé de la racine bassissa, qui a pour sens écrasé, concassé. Ce fut le nom donné au repas solennel organisé à l'inauguration du Second Temple reconstruit par les exilés revenus de Babylonie au mois de Nissan, le mois prédestiné à la délivrance dans la tradition juive. Le nom de ce plat a persisté dans les communautés juives de Tunisie et de Lybie, accopampgant jusqu'à nos jours la célébration du premier jour du premier mois l'ancien calendrier hébarïque, le mois de Nissan, à base de céréales concassées, la Bsissa. Autre explication possible, altération de Bashish patronyme porté chez les Musulmans comme indicatif d'un trait de caractère: l’homme joyeux, gai. Le rabbin Eisenbeth y voit plus simplement une ethnique de lieu, une des bourgades portant ce nom du du Djebel Nefoussa en Tripolitiane qui avait abrité de prospères communautés juives jusqu'à la fin du XVème siècle. Au XXème siècle, nom peu répandu, porté essentiellement en Tunisie (Tunis, Sousse, Sfax, Nabeul) mais également en Algérie (Constantinois, Algérois).

  1. YEHOSHOUA (1763-1858): Le plus célèbre des rabbins de Tunisie de deux derniers siècles, connu dans toute l'Afrique du Nord pour son érudition, sa piété et les miracles attachés à son nom. La tradition rapporte que dès sa naissance dans une famille très pauvre, le grand rabbin de Tunis, rabbi Messod Elfassy vint avertir ses parents qu'ils venaient de donner le jour à un prodige, une réincarnation de l'âme de rabbi Itshak Lourié, le Ari Hakadoch, le fondateur à Safed au XVIème siècle de la Kabbale pratique. Effectivement, l'enfant grandit dans l'étude et l'extrême piété et fut tout naturellement élu grand rabbin de Tunis et président du tribunal rabbinique. Il attacha un soin particulier à la propagation de l'étude de la Torah, n'hésitant pas à donner une partie de son propre salaire aux étudiants nécessiteux auquels il versait une pension hebdomadaire. Son amour pour la diffusion de l’étude était tel que la tradition rapporte qu'un jour un talrnid hakham jaloux vint dénoncer son compagnon, affirmant l'avoir vu gaspiller la pension hebdomadaire en friandises pour lui et sa famille. Rabbi Yéhoshoua ne réagit pas à cette dénonciation, mais la semaine suivante quand vint le tour de l'étudiant prodigue de toucher son argent de poche, il lui alloua une somme supérieure, expli­quant au dénonciateur interloqué qu'il était bien obligé d'augmenter sa pension au vu de ses besoins gourmands et ceux de sa famille ! Aux riches de la ville il demandait de prendre en charge l'entretien de ses étudiants pauvres, leur expliquant que de cette manière ils participaient eux- mêmes à la mitsva d'étude de la Torah. Unanimement loué par ses contemporains, sa réputation d'érudition dépassa la Tunisie s'étendant au-delà de l'Afrique du Nord, à l'Europe. Son grand ouvrage "Abné Tsedek", les pierres de la justice, parut en deux tomes à Tunis. Le premier, sur le "Yoré Déa" et le second conjointement avec le livre de rabbi Nathan Borgel "Méorot Nathan". Rabbi Yéshoua occupe une place spéciale dans la mémoire collective des Juifs tunisiens pour son extrême bonté, sa sagesse, son érudition, sa piété et son humilité. Après sa mort, sa tombe était devenu un lieu de pèlerinage et il est resté dans la mémoire collective comme un des saints les plus vénérés.
  2. YAACOB: Rabbin né à Tunis qui décida à la fin de sa vie de monter en Terre Sainte. Il s'installa à Tibériade où il mourut en 1910.

ALBERT (1885-1972): Le premier juif de Tunisie nommé ministre par la Tunisie indépendante. Nommé en octobre 1955 ministre de l'Urbanisme et de l'Habitat par le premier ministre Tahar Ben Arnmar. Né à Tunis, il fit de brillantes études de Droit à Paris. De retour dans sa ville natale, il s'inscrivit au barreau dont il fut bâtonnier dans les années trente. Il fut élu en 1934 comme représentant de la communauté israélite au Grand Conseil de Tunisie. Reconduit à ce poste jusqu'à sa disparition en 1952, il y assuma les rôles de rapporteur général du budget et de président de la Commission Législative. Il fut ensuite appelé à siéger comme représentant de la population juive au Comité des 40 désigné par le Bey en 1952 pour délibérer de l'avenir des relations avec la France. Il participa comme expert à la délégation tunisienne qui négocia l'auto­nomie interne avec la France en 1955 en tant que ministre du premier gouvemment tunisien de l'indépendance. Il fit partie de l'Assemblée Nationale de 1955 à 1969, date à laquelle il renonça à briguer le renouvellement de son mandat en raison de son âge. Sur le plan communautaire, il oeuvra activement au sein de l’Alliance et de l'ORT-Tunisie dont il assuma la présidence en 1962. Il prit sa retraite en France et mourut à Paris en 1972. ALBERT: Un des dirigeants les plus marquants de la communauté juive d'Alger dans les années quarante.

MARCEL: Fils de Victor Bessis, viticul­teur. Médecin et universitaire français né à Tunis en 1917. Professeur agrégée de médecine de l'Uniyersité de Paris. Directeur des laboratoires de recherche du Centre National de Transfusion Sanguine. Directeur de 1966 à 1986 du Centre d’Etiologie cellulaire. De 1946 à 1980 il collabora et fut le rédacteur en chef de la "Nouvelle Revue d'Hématologie". Membre de l'Académie Française des Sciences.

Auteur de nombreux travaux sur le sang, la leucémie et la microscopie.

PIERRE SAMUEL: Fils de Joseph Bessis, directeur de sociétés. Adminis­trateur, né à Tunis en 1931, Après son agrégation de philosophie, il se tourna vers la formation et fut notamment responsable de la formation profesionnelle des cadres de l'E.D.F. et G.D.F. En 1966, il créa sa propre entreprise, l'Institut Pierre Bessis, consultant d'entreprises en marketing. Membre de l'Association pour le Dévelo- pement des techniques de marketing et de l'Furopean Society fpr Opinion and Marketing Research. Auteur de nombreuses études parues dans les revues spécialisées et d'un ouvrage intitulé, "Qu'est-ce que la créativité ?"

JULIETTE SAADA:  Historienne

française d'origine tunisienne. Auteur de plusieurs ouvrages sur la Tunisie, dont: "La Méditerrannée fasciste; l’Italie fasciste et la Tunisie (Paris, 1981); "Les fondateurs: index biographiques des cadres syndicalistes de la Tunisie coloniale, 1920- 1985 (Paris, 1985).

SOPHIE: Fille de Juliette, Journaliste, historiénne et économiste française origi­naire de Tunisie. Spécialiste des problèmes du Tiers-Monde, elle l’auteur de nombreux ouvrages, dont "L'arme alimentaire" (Paris, 1979); "La dernière fontière" (1983); "La fim dans le monde" (1991); en collabo­ration avec S. Belhacen une biographie du leader de la Tunisie moderne, Habib Bourguiba en deux tomes (1988); et "Femmes du Maghreb: l'enjeu".

BESNAINO

Nom patronymique d'origine arabe, formé de l’indice de filiation abou et de "snaïno", ses dents, l'homme qui a toutes ses dents, sobriquet donné sans doute pour indiquer un trait de caractère: celui qui manage à belles dents, le glouton, ou pour désigner un homme qui a encore toutes ses forces. Au XXème siècle, nom très peu répandu, porté en Tunisie.

BETITO

Nom patronymique d'origine espagnole, sobriquet indicatif d'une particularité physique, le petit de taille, altération phonétique de petito, devenu nom patronymique dans plusieurs communautés sépharades du Maghreb et des Balkans, équivalent de l'espganol Chiquito et de l'arabe As-sghir. Nous avons connu personnellement à Meknès un garçon court de taille appartenant à une famille Cohen que personne ne connaissait autrement que sous ce sobriquet – jugé par elle injurieux, alors que dans le même quartier vivait une respectacle famille portant avec fierté depuis fort longtemps le même patronyme! Autres orthographes: Btito, Betit, Betita, Petite. Au XXème siècle, nom très peu répandu, porté au Maroc (Marrakech, Meknès, Casablanca) et en Algérie (Oran, Constantine, Bône, Tébessa).

ITSHAK RAPHAËL: Notable de Marrakech installé à Jérusalem au milieu du siècle dernier. Il fit partie du premier comité de sept membres établi par rabbi David Bensim'on pour gérér la communauté maghrébine de Jérusalem qui venait d'acquérir son indépendance de la communauté sépaharade, en 1860.

  1. NAHMAN (1846-1915): à Marrakech en 1846, il monta encore enfant avec ses parents qui s'installèrent à Jérusalem. 11 soutint rabbi David Benshi- m'on dans sa lutte pour organiser la communauté maghrébine, qui de quelques dizaines était passée au milieu du siècle dernier à plusieurs centaines d’âmes et pour asseoir son indépendance de la communauté sépharade. En 1872, il se joignit à son tribunal. A la mort du fondateur du Comité de la Communauté Maghrébine, en 1880, rabbi Nahaman fut élu parmi ses sept dirigeants et en 1899 il fut porté la la tête de son tribunal. Connu pour son érudition, sa piété et sa douceur, il fut élu en 1909 grand rabbin sépharade de Jérusalem, Richon-Ie-Sion. De 1907 à 1912, il assura l'intérim du Hakham Bachi, le Grand Rabbin de Terre Sainte reconnu par les autorités ottomanes, avant la désignation du successeur officiel retardée par une grave controverse entre les candidats à ce poste. Sur le plan littéraire, il collabora avec rabbi Hizkiya Shabtaï à l'édition des commentaires du livre de l'Exode, dans le cadre des 24 volumes de commentaires traditionnels de la Bible en ladino "Méarn Lo'ez". Il publia également en 1910 un commentaire du livre de Ruth, "Din oumichpat". Sa fille, Miriam épousa le grand rabbin Nissim Ohana (voir Ohana).

HAY1M BENTOV: Professeur de Talmud à l'Université Bar-Ilan de Rarnat Gan. Né à Meknès, il étudia dans la yéchiva supérieure de Keter Torali dirigée par rabbi Itshak Sebbag. Auteur de nombreuses études sur sur le judaïsme marocain, notamment une histoire de la famille Ben Yuli, du conseiller du sultan Sidi Mohammed Ben Abdallah, Samuel Sumbal et de l'apport original dans le commentaire talmudique de rabbi Raphaël Berdugo. Il prépare avec son proche parent le professeur Henry Tolédano, l'édition des derniers écrits des rabbins de la famille Tolédano.

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Bettach-Bibas

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BETTACH

Nom patronymique d'origine arabe qui signifie le téméraire et par extension un trait de caractère: celui qui s’emporte vite, le coléreux. Sous cette forme le nom est aussi porté par les Musulamns (voir le tombeau du saint de la tribu des Zaers près de Rabat, Sidi Bettach ou Betas). Toutefois dans les écrits rabbiniques le nom est orthographié également "Bettaj", ce qui pourrait supposer une autre siginification: le porteur de la couronne. David Corcos se demande s'il ne s'agirait pas plutôt d'un nom d'homme d'origine arabo-espagnole sans donner plus de précisions. Ce patronyme était déjà porté en Espagne, à Saragosse et Tolède particulièrement et y est attesté depuis le XIIIème siècle sous les formes Betash et Abenbitas. Le nom est attesté au Maroc au XVIème siècle sur la liste Tolédano des patronymes usuels à l'époque, sous ses deux formes de Bettache et Betaj. Autres formes: Battash, Badach Au XXème siècle, nom très peu répandu porté au Maroc   (Meknes, Fès) et en Algérie, dans l’Oranais.

MOCHE ALBATAX: Un des plus grands financiers et collecteurs d'impôts en Castille vers le milieu du XIVeme siècle.

HAROUN BEN BETTACH: Le seul Juif dans l'histoire du Maroc jamais parvenu au rang de Grand Vizir, grâce à un concours de circonstances unique. Le dernier sultan de la dynastie des Mérinides, Moulay Abdel Hak, n'était qu'un bébé à la mort de son père en 1421. Il fut proclamé roi par les vizirs de la famille des Wattas qui voulaient de cette manière continuer à accaparer tout le pouvoir. Devenu adulte, le souverain préféra dans un premier temps les joies du harem aux obligations du trône, mais en en 1458, il décida brusque­ment de reprendre les rênes du pouvoir. Pour se débarasser des Wattas, il en expulsa de Fès un grand nombre et fit assassiner les autres, ce qui entraîna un grand soulèvement de leurs partisans. Le souverain fit alors le serment que s'il l’emportait, il prendrait pour grand vizir un Juif afin de les humilier encore plus de leur perte de pouvoir. Il l’emporta et tint parole en désignant à ce poste son financier, un certain Haroun Bettach. Homme de caratctère et de bon conseil, Haroun avait réussi à se gagner la confiance totale du souverain et à devenir son conseiller intime. Devenu l'homme fort du royaume, pourvu de tous les signes extérieurs de la puissance, il était resté fidèle à la religion de ses pères. Cette élévation sans précédent d'un Dhimmi au-dessus de la noblesse de Fès, souleva un très vif mécontentement chez les anciens dirigeants qui comprirent qu’il ne leur restait que la carte religieuse pour abattre le sultan. Ils n'attendaient que l'occasion propice. Elle se présenta en 1465 quand le souverain et son conseiller quittèrent Fès pour une tournée d'inspec­tion en province. Avant son départ, Haroun avait délégué ses pouvoirs à son proche, Shaul Bettache. A la suite d'un regrettable incident, les opposants firent alors courir la rumeur que ce mécréant avait manqué de respect à une grande dame de la famille des chérifs, descendante du Prophète et l'avait même frappée. Menée par les chérifs et attisée par les sermons du fquih de la mosquée des Karaouines, la foule des bas-fonds de Fès se soulèva et contraignit les dirigeants religieux, les Oulémas, à proclamer la guerre sainte contre les Juifs et le sultan, puis se dirigea vers le Mellah et massacra toute la population à l'exception de quelques femmes. Il restait maintenant pour consolider la rébellion à se saisir de la personne du sultan. Pour le prendre au piège, ils usèrent d'un stratagème. Ils firent parvenir au sultan un message d'allégeance, l’invitant à retourner immédiatement dans sa capitale. Haroun qui sentit le piège, tenta de dissauder le sultan, mais celui-ci s’emporta, l'accusant avec véhémence d’être à l'origine de de tous ses malheurs. Un soldat zélé, devançant le désir du sultan, se précipita sur Haroun et le transperça d'un coup de lance. Moualy Abdel Hak, pressé de rentrer dans sa ville, maintenant qu'il était débarassé de son Juif haï, s'aventura au galop vers les remparts, sans même attendre sa garde. Dès son entrée dans la ville, il fut jeté de son cheval et égorgé comme un mouton aux abattoirs.

MOCHE: Un des chefs de la communauté des expulsés d'Espagne à Fès en 1492.

  1. YAACOB: Rabbin à Meknès au milieu du XIXème siècle. Auteur de commen­taires talmudiques encore manuscrits.
  2. SHEMAYA: Notaire au tribunal rabbinique de Meknès au début du siècle, Célèbre en son temps pour son érudition

MAXIME: Avocat à Paris. Il fut élu en 1990 président de l'association des Originaires des Meknès en France.

 

BIBAS

Nom patronymique d’origine espagnole, altération phonétique de Vivas, vivants, un des très nombreux noms votifs liés à la vie, équivalent de Hayim en hébreu et Aïsh en arabe. Le nom est attesté à Valence et Séville ainsi qu'au Portugal dès le XlVème siècle, mais il semble bien que la famille soit au départ originaire de Provence, ce qui expliquerait la transmission de génération en génération en son sein du prénom provençal typique, Vidal, comme chez les Sarfaty du Maroc. Après l'expulsion d’Espagne, on trouve des porteurs de ce nom au Maghreb et dans l’empire ottoman. Le nom s'est particulièrement illustré à Tétouan, porté par le premier grand rabbin de la communauté, et quatre siècle plus tard, par le dernier après lé grand exode des années soixante. Au XXème siècle, nom peu répandu, porté au Maroc (Tétouan, Salé, Rabat, Mogador, Casablanca, Tanger) et par emigration a Gibraltar et en Terre Sainte; en Algerie (Oran, Tlemcen, Saint-Denis du Sig, Alger), et en Tunisie (Tunis)

 

  1. ABRAHAM: Fils dé rabbi Shemtob, philosophe et prédicateur du début du XVèrne Siècle, né à Saragosse. Grand rabbin de Huescas. il participa aux disputations avec les théologiens catholiques sur le dôgmé de la Trinité. Auteur de nombreuses oeuvres en défense de la foi juive contré les attaqués de l'Eglise.

JUAN: Au montent de l'expulsion de 1492, il préféra avec les membres de sa famille se convertir (de façade) pour pouvoir rester en Espagne et conserver ses richesses dans sa ville natale de Valence. Dénoncé à l'Inquisition pour pratique Secrète du judaïsme, il fut brûlé sur l'autodafé à Valence en 1510.

  1. ABRAHAM: Rabbin de la première génération d'Expulsés à Fès où il participa à la controverse entre les nouveaux venus et les anciens habitants au sujet de la règle de l'insuflation dés poumons, la "Néfiha" dans l'abattage rituel (voir Gaguin).
  2. HAlM: Surnommé le Vieux. Sans doute fils de rabbi Abraham. Très érudit et versé dans la Kabbale, il arriva enfant d'Espagne à Fès avec ses parents. En 1530, il fut invité par la nouvelle communauté de Tétouan – la ville reconstruite ayant été réservée par le sultan aux expulsés d'Espagne juifs et musulmans ־ à lui servir de premier guide spirituel. Il y ouvrit une Yéchiva, fonda une synagogue et reçut pour lui et ses descendants le monolople, la "Sérara" de l'abattage rituel, la Shéhita. La synagogue qui portait son nom fut détruite en 1665 et reconstruite quelques années plus tard par ses descendants.
  3. YOSSEF: Fils de Rabbi Hayim le Vieux, il lui succéda à la tête du Tribunal, comme sohet et enseignant.
  4. HAYIM: Fils de Rabbi Yossef, il Succéda à son père comme guide Spirituel de la communauté, il laissa cinq fils, Itshak, Yossef, Yéhouda, Vidal et Eliahou qui furent tous des rabbins connus à Tétouan,
  5. ITSHAK: Fils de rabbi Hayim. Mort en 1703, Il succéda à son père comme guide spirituel et chef de la communauté. Eh 1700, il présida la délégation de la communauté qui se rendit à Fès pour solliciter l'aide de ses coreligionnaires pour payer les lourds impôts réclamés par l’empereur Moülay Ismael pour financer sa guerre contre les Turcs.
  6. YAACOB: Rabbin né à Tétouan, il fut appelé par la communauté de Salé à lui servir de guide spirituel, fondant ainsi une nouvelle et illustre branche de la famille. Après sa mort son tombeau est devenu un centre de pèlerinage local.
  7. HAYIM: Fils de rabbi Yaacob, il sucéda à son père dans ses fonctions, après avoir épousé la fille de rabbi Vidal Sarfati de Fès. Mort à Salé en 1733.

JOSEPH: Un des premiers Juifs de Tétouan installés à Gibraltar dès sa conquête par les Anglais en 1704. Au moment de l’expulsion des Juifs de la presqu'île en 1718, en application du traité d'Utrecht faisant obligation à l'Angleterre de chasser les Juifs et les Musulmans comme dans le reste de la péninsule ibérique, il fut un des rares commerçants autorisés à rester dans la colonie en raison des services rendus. Il donna naissance à une nouvelle et illustre branche de la famille.

  1. SHEMOUEL: Grand rabbin à Alger, réputé en son temps pour sa grande piété, son ascétisme et son érudition. Mort en 1790.
  2. YAACOB: Troisième grand rabbin de la nouvelle communauté de Mogador, fondée on le sait en 1766. Originaire de Rabat, il fut soutenu par Lévy Bensoussan et Lévy Ben Yuli pour succéder à rabbi Moché Elkeslassy. On lui désigna comme adjoint rabbi Yaacob Benbenisty de Marrakech.
  3. ABRAHAM: Rabbin à Tlemcen au XVIIIème siècle, auteur de l'ouvrage de commentaires et de morale "Dérekh Emouna".
  4. YEHOUDA (1777-1852): Le plus célèbre rabbin de la famille – confirmant le principe que dans le passé pour devenir célèbre un rabbin marocain devait avoir quitté son pays. Fils de Samuel, il est né en 1777 à Gibraltar dans une famille originaire de Salé, descendant par sa mère de rabbi Hayim Benattar, l'immortel auteur de "Or Hayim". Un des pionniers méconnus du sionisme politique. Il se destina au rabbinat, mais contrairement à la norme de son temps, après des études talmudiques, il se rendit à Londres et à Livourne pour se perfectionner dans l’étude des langues et des lettres classiques. Sa nationalité anglaise lui valut d'être nommé rabbin de l'autre côté de la Méditerrannée, en Grèce. Précurseur du sionisme politique, il fut le premier à proclamer que le peuple juif ne devait pas attendre passivement l’arrivée du Messie, expliquant que quand Dieu verrait les efforts déployés par les Juifs pour retrouver leur pays, il hâterait aussi la venue de son messie sur terre. "Le réveil d'En-Haut dépend du réveil d'en-bas". Il commença à propager ses idées à Corfou – alors colonie britannique – où il fut appelé par la communauté italienne à lui servir de rabbin. Après sept ans dans file, il revint à Livourne et fit en route la connaissance du grand rabbin de Sarajevo, rabbi Yéhouda Alcalay, qu'il convertit à ses idées et qui est resté dans l'Histoire comme le précurseur du sionisme religieux – pour avoir en fait propagé ses idées. 11 revint pour dix ans à Corfou où il réforma totalement le système éducatif religieux, introduisant l'étude de l'hébreu comme langue vivante, de l'italien, de l'anglais, de l'artisant et du calcul. Ses réformes trop hardies divisèrent la communauté en conservateurs et en réformistes appelés par leurs adversaires les "Marocains" – allusion à l'origine de leur chef. Il fit des tournées de conférences pour propager ses idées en Grèce, en Turquie et en Europe. Enthousiasmé par la lutte de libération nationale des Grecs contre les Turcs, il préconisa de même la formation d'une armée juive pour libérer le pays par les armes de l'occupation turque. En 1852, il décida de donner l'exemple et de monter en Terre Sainte. Il s'installa à Jaffa et mena une lutte acharnée contre le système de la Halouka (le partage des dons de la diaspora, seule ressource des habitants du vieux yichouv ) et en faveur du travail productif des Juifs qui doivent absolument selon lui vivre de leur propre labeur. Il mourut deux ans plus tard à Hébron. N'ayant pas laissé d'écrits, le mouvement sioniste dont il fut le précurseur, ne lui a pas accordé la place qu’il mérite dans ses annales. Ses idées ne nous sont connues que par les écrits de ses disciples dont le plus célèbre, rabbi Yéhouda Alkalaï.
  5. YAACOB: Rabbin né à Rabat, il se joignit en 1854 à son maître rabbi David Benshimon quand il décida de monter à Jérusalem. Il le seconda dans l’organisation de la communauté maghrébine et dans son combat pour son indépendance et sa promotion. Son ouvrage de commenatires sur le Talmud, fut publié après sa mort par son disciple rabbi Yossef Cohen, à Jérusalem en 1880.

JACOB: Grand commerçant à Tanger, consul d'Argentine à Tanger. Il immigra en Argentine à la fin du siècle dernier et fonda à Rosario la communauté israélite et une banque locale.

  1. RAPHAËL: Rabbin et commerçant né à Salé en 1864, il monta à Tibériade en 1901. Pour assurer la survie de la Yéchiva qu'il dirigeait dans la ville sainte, il accepta d'y introduire l'étude de la langue française bénéficiant ainsi du soutien du gouver­nement français qui lui permit exception­nellement de faire une collecte auprès des communautés juives du Maroc. Il revint à Casablanca en 1925 et s'installa chez son fils, alors directeur de l’école de l'Alliance. Mission très longue de 1925 à 1930, mais très réussie, en particulier à Meknès (voir Ribka Tolédano). Le succès de la mission d'un "étranger" pour la création d'un talmud Torah à Tibériade, provoqua une vive polémique. Le rabbin Haim Yahia Azoulay écrivit une brochure "Maguen Hadat", publiée à Tunis en 1926, contre la mauvaise gestion de la communauaté et accusant le rabbin Bibas de détournement de fonds, mais ses critiques ne devaient pas porter ombrage à son grand prestige.
  2. ABRAHAM: Dernier rabbin de la famille à Tétouan après le grand exode des années 1960. Il s'installa d'abord à Sarcelles avant de monter terminer ses jours en Israël. Il dirigea le kolel de la grande Yéchiba "Or Barukh: jusqu'à sa mort a un âge très avancé en 1985 à Jérusalem. Auteur de "Derekh Emouna" sur les principes de la foi juive.
  3. SHEMOUEL: Frère de rabbi Abraham, rabbin né à Tétouan. Après des études à Tanger et en Angleterre, il monta à Jérusalem où il assume les fonctions de chef du Kolel de la Yéchiva "Or Saméah".

CHARLES CHALOM: Fils de Prosper Né en 1927 en Algérie, à Saint-Denis-du- Sig dans l'Oranais. Docteur en Droit de la Faculté de Montepellier. A son retour en Algérie, il lut d'abord administrateur de l'affaire de textile famililiale "J. Bibas frères" jusqu'en 1956. Après son instal­lation à Paris en 1957, il fonda le cabinet d’études Bibas, spécialisé dans l'immo­bilier. Expert auprès des tribunaux de Paris.

DAVID: Universitaire et chercheur, conservateur du Musée de la Science et de la Technologie à Los Angeles. Auteur d'une étude sur les originaires du Maroc aux Etats-Unis: "Du mellah à la banlieue, une communauté juive dans une métropole américaine", parue dans le livre de Claude Tapia et Jo Lasry: "Les Juifs maghrébins".

Bettach-Bibas

Joseph Toledano-Bijaoui- Bismuth- Bitan

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BIJAOUI: Nom patronymique d'origine arabe, ethnique de la ville de Béja au nord de la Tunisie, l'habitant de Beja. Autres orthographes: Béjaoui, Begiaoui. Au XXème siècle, nom répandu, porté uniquement en Tunisie (Tunis, Béja, Sousse, Sfax, Kairouan).

 

JOSEPH: Fils d’Abraham. Journaliste en langue arabe et française né à Tunis en 1890. Il fut un des journalistes les plus féconds de la presse judéo-arabe, collaborant à presque toutes les revues en judéo-arabe de son temps. Après avoir commencé sa vie professionnelle comme tailleur, il fut en 1911 le rédacteur de "Al Jarida", "quotidien en judéo-arabe du monde entier". La même année il fut avec E. F. Hassid, le rédacteur de l’hebdo­madaire d’informations générales, "Ado", La Lumière. Puis il fonda avec Yaacob Chemla l’hebdomadaire "El Fajr” (L’Aurore) qui deviendra en 1914 le seul quotidien en judéo-arabe. A partir de 1913, il collaborera à la revue de tendance sioniste "Kol Sion״. Il fonda en 1920 avec un autre célèbre journaliste en judéo-arabe, Daniel Hagege, l’hebdomadaire sioniste, ״A1 Ouatan", La Patrie. De 1923 à 1924, il publia avec le journaliste Abraham Koscas, "Cachefo Lasra", le révélateur de la vérité, hebdomadaire d’informations générales. En 1926, il fonda avec Joseph Uzan, le premier journal économique de Tunisie de langue française, "Le Commerce Tunisien", et en 1936 l’hebdomadaire ”Le Juif’. Sur le plan littéraire, il traduisit en judéo-arabe plusieurs chefs d’oeuvre de la littérature européenne dont le célèbre roman français "La fille du Marquis".

 

BISMUTH

Nom patronymique d’origine arabe, francisation de "bsmat", textuellement pain sec grillé qui servait jadis, selon le rabbin Eisenbeth, de provision aux pèlerins se rendant à la Mecque et aux voyageurs ne pouvant s'approvisionner en route en pain frais. C’est aussi le nom donné dans les communautés juives de Tunsie au pain allongé que l'on mangeait au troisième banquet du chabbat, la "séouda chlichit" qui suit la sieste traditionelle du jour du samedi. Au Maroc, ce pain perdu grillé et moulu, appelé "bzmat", constituait dans l'ancien temps l’essentiel du petit déjeuner du matin. Au figuré cela pourrait indiquer un trait de caractère: celui qui ne laisse rien se perdre, l'économe, l'avare. Autre forme: Beschmout. Au XXème siècle, nom particulièrement répandu en Tunisie (Tunis, Kaïrouan, Bizerte, Sfax) et également porté en Algérie, dans l’ancien département de Constantine (Constantine, Bône).

 

  1. ISRAËL: Rabbin et membre du tribunal rabbinique de la communauté des autochtones, les Twansa à Tunis, seconde moitié du XVIIIème siècle, sous la présidence de rabbi Eliahou Hay Borgel.

 

  1. YOSSEF: Un des grands rabbins de Tunis au milieu du XVIIIème siècle quand le goût des études florissait et que Tunis était devenue un centre de Torah réputé. Il dirigea la grande yéchiba qui portait son nom. Dans son célébré journal de voyages, "Maagal Tob", l'émissaire de Terre Sainte, rabbi Haïm David Yossef Azoulay rapporte que lors de son passage imprévu à Tunis, en 1773-74, il apprécia particulièrement les soirées d'études avec cet éminent rabbin, soulignant son intelligence et sa finesse.

 

YOSSEF: Caïd de la communauté juive de Tunis chargé de la gestion du trésor du Bey jusqu'à sa mort en 1775.

 

  1. ITSHAK: Rabbin à Tunis, seconde moitié du XIXème siècle, il fut en 1880 un des signatures au nom du grand rabbinat de la Takana interdisant l'ouverture des cafés juifs le jour du chabbat.

 

NATHAN: Un des joumalsites qui participèrent à la fin du siècle dernier et au début du XXème à la grande épopée, unique par son ampleur au Maghreb, de la presse en judéo-arabe. Il collabora notamment avec Isaac Berebi au seul essai de lancement en 1910 d'un journal satirique "Hyat Eldhak", "La vie pour rire, journal comique excentrique et politique paraissant trois fois par mois".

 

DAVID: Dirigeant sioniste, président de l'association "Chibat Sion" de La Goulette au début du siècle. Militant communautaire, il fut élu au comité des Soixante au cours des premières élections à la direction de la communauté de Tunis au suffrage universel indirect en 1922. C'était en effet le corps ainsi élu qui à son tour élisait le Comité de la Communauté.

 

 ISAAC-HENRI: Engagé volontaire dans l'année française pour la durée de la Première Guerre Mondiale, il atteignait le grade de sergent avant de tomber sur le champ d'honneur. Chevalier de la Légion d'Honneur, son nom fut donné à une des mes de Tunis.

 

JULES: Administrateur et enseignant né à Tunis en 1876, il fut le fondateur de la première Ecole Pratique de Commerce en Tunisie et édita dans ce cadre un grand nombre de manuels de compatabilité.

 

 ABRAHAM: Journaliste à Tunis de la presse en judéo-arabe et en français. Il fut en 1920 le rédacteur du bi-hebdomadaire en judéo-arabe: "El Nahla", L'Abeille". Un des rédacteurs de "La Gazette d'Israël", hebdomadaire d'informations et d'action juive à tendance révisioniste, majoritaire dans le mouvement sioniste tunisien, qui parut entre 1938 et 1951, avec une interruption pendant la guerre.

 

GUY : Avocat et notable de la communauté de Tunis entre les deux guerres. Il fit partie du Comité provisoire de gestion de la communauté mis sur pied par Paul Guez au cours de la terrible période de l'occupation allemande de novembre 1942 à mai 1943.

 

VICTOR HAIM: Fils de Raphaël. Administrateur né à Sfax en 1917. Licencié en Droit de la Faculté d’Alger. A son retour en Tunisie, il intégra l'adminis­tration des Finances du Protectorat où il fut chef du service de contrôle des collec­tivités locales à la veille de l'indépendance. En 1959, il fut nommé sous-directeur du budget au ministère tunisien des Finances, puis directeur des Services étrangers à la Banque Centrale de Tunisie. En 1961, il quitta la Tunisie et intégra le ministère des Finances français où il remplit d'impor­tantes fonctions jusqu'à à sa mise à la retraite en 1983.

 

DR HENRI ISAAC: Fils de Joseph Chirurgien et universitaire français, né à Tunis en 1934. Docteur en médecine de la Faculté de Paris. Professeur agrégé, direc­teur du département de chirurgie expérimentale à l'unité d'enseignemement et de recherche de la Faculté de Kremlin- Bicêtre. Coordinateur du réseau de recherches clinique sur la transplantation hépathique depuis 1990. Il a notamment opéré avec succès le ministre israélien de la Culture, Shoulamit Aloni, la fondatrice du mouvement des droits de l'homme et du parti "Méretz".

AGNES: Femme de lettres française, originaire de Tunisie. Elle a publié en 1996 son premier roman: "Le Gros lot" sur les étranges relations entre un jeune étudiant en médecine et Mara, la femme la plus grosse du monde.

 

BITAN

Nom patronymique d'origine hébraïco-araméene, indicatif d'une métier: l’archietcte, le constructeur. Autre orthographe: Bittan, Bettan. Au XXème siècle, nom peu répandu, porté essentiellement en Tunisie (Djerba, Tunis, Moknine); mais également en Algérie (Constantine, Souk-Akhras, Tebessa, Alger) et très peu au Maroc (Ouezane, Casablanca).

 

  1. ABRAHAM: Rabbin célèbre à Djerba, seconde moitié du XIXème siècle. Il eut une grande controverse avec le grand rabbin de Tunis, rabbi Yéhouda Nadjar à propos de son livre de commentaires talmudiques "Shébout Yéhouda". Quel­ques-uns de ses miracles sont contés dans le livre "Maassée Nissim", en judéo-arabe, publié à Djerba.

 

Bijaoui- Bismuth- Bitan

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BITTON

Nom patronymique sans doute d'origine espagnole, un de très nombreux noms votifs lié à la vie, augmentatif de vita, dans le sens de très vivant, équivalent du provençal Vidal, de l'hébreu Hayim et de l'arabe Aïch. Pour le rabbin Eisenbeth ce serait plutôt une altération phonétique de Piton, petite corne de chevreau. Autre hypothèse vraissemblable: nom d'origine arabe indicatif d'un métier typiquement juif dans l'ancien temps: tailleur, le nom dérivant de "btna", la doublure, "elbttan" celui qui fait la doublure, le tailleur. Rabbi Yossef Messas en donne l'explication la plus savante mais pas la plus convaincante: ethnique de la ville de Betonim attribuée à la tribu de Gad, lors du partage de la Terre Promise par Josué (Josué, 13-26). Toujours dans la piste hébraïque, I. Hamet avance qu'il est relatif au prénom biblique masculin Piton, fils de Mikha, dont le sens est séduction (I Chroniques, 8, 35). Ce patronyme est attesté en Espagne dès le XlVème siècle sous la forme de Vitton. Après l'expulsion on trouvait des porteurs de ce patronyme essentiellement au Maghreb mais aussi dans les Balkans, dans l'île de Rhodes. Autres formes: Betoun, Biton, Bithoun, Béton, Bitoun, Bittoun. Au XXème siècle, nom très répandu, en particulier au Maroc où il était le patronyme le plus répandu après Cohen, porté dans toutes les régions; Fès, Meknès, Marrakech, Rabat, Salé, Casablanca, Mogador, Agadir, Tafilalet, Tanger, Tétouan, Larache); moins en Algérie (Alger, Oran, Tlemcen, Blida, Tiaret, Périgueux, Boufarik, Nemours, Sahara, Constantine, Biskra, Guelma, Ghardaia, Philippeville, Bône) et moins encore en Tunisie (Tunis).

 

SAMUEL: Médecin de la Reine de Castille au milieu du XVème siècle.

 

  1. ABRAHAM: Un des rabbins de la première génération d'expulsés d'Espagne établis à Fès. Un des signataires de la Takana de la sainte communauté des originaires de Castille à Fès en l'an 1545. Elle fut proclamée en même temps dans les synagogues des Mégourachim et des Tochabim. On retrouve sa signature dans les autres Takanot édictées emre 1545 et 1575.

 

ABRAHAM: Grand commerçant de Tétouan, né en 1780, il s'installa à Gibraltar avec sa famille en 1794. Dans le recensement de 1817, il apparaît déjà comme un des grands négociants de la colonie anglaise.

 

  1. ABRAHAM: Rabbin à Meknès première moitié du XIXème siècle, il fut parmi les signataires de la Takana dite de la "Béhira", l'option, sur les modalités de la succession de la femme mariée introduite dans la communauté de Meknès par le grand rabbin Raphaël Berdugo et qui ne devait être adopté définitivement par les autres communautés du Maroc qu'après le Concile des Rabbins de ..1954! Elle permet au mari survivant de choisir entre le partage moitié moitié avec les autres héritiers ou le paiement aux autres héritiers de la moitié de la somme inscrite à la Kétouba.

 

EMILE BITTOUN: Sécrétaire général du Consistoire de la communauté de Nemours en Algérie dans les années cinquante.

 

 JOSEPH: Président du consistoire d'Oran dans les années cinquante.

 

CHARLY: Le plus connu des leaders du mouvement de contestation sociale des "Pantheres Noires" en Isarel. Ne au Maroc, il arriva encore enfant en Israel en 1950 avec sa famille qui s'etablit dans le quartier de Mousrara a la frontiere avec Jerusalem Est alors sous domination jordanienne. La concentration de families nombreuses toutes originaires des pays d'Orient dans le quartier, le chomage, les mauvaises conditions de logement amenent un groupe de jeunes du quartier, pour ne pas sombrer dans la deliquence, a lancer avec le soutien d'etudiants de l'Universite Hebraique, un mouvement de contestation sociale qui prit le nom volontairement provocateur de Pantheres Noires americaines, critiquant l'establishment achkenaze et l'accusant de pratiquer une politique de discrimination economique, sociale et culturelle a l'encontre des juifs originaires des pays d’Orient. Une premiere manifestation, le 3 mars 1971, dans les rues de la capitale degenera en emeute. Les repercussions psychologiques furent enormes aussi bien en Israel que dans le monde. Le gouvemement de Golda Meir surpris par la violence de la contestation, nomma une commission d'enquete presidee par le Dr Israel Katz qui aboutit a un rapport alarmant sur les conditions de vie de la jeunesse des quartiers defavorises. Une partie de ses recommandations furent immediatement mises en application, en particulier dans le domaine de l'education, la creation d’allocations familiales, degrevements fiscaux, etc.. Les Pantheres Noires deciderent de passer a l'action politique mais 1'echec de leur tentative d'entrer a la Knesset amena une serie de scissions. Chraly Bitton se detacha de ses anciens compagnons de lutte pour faire alliance avec le Parti Communiste Israelien et entrer ainsi a la Knesset ou il se distingua par son style virulent et ses initiatives osees pendant quatre legislatives. L'alliance avec le parti communiste prit fin en 1992. Charly Bitton se presenta sur une liste independante qui essuya un cuisant echec, le contraignant a quitter l'arene politique active.

 

EREZ: Un des poetes israeliens les plus connus. Secretaire general de ]'association des Ecrivains d'Israel depuis 1993, il a remis un peu d'ordre dans cette association en crise. Ne au Maroc dans un village du Todra dans le Haut Atlas, il arriva enfant en Israel. Il perdit la vue en jouant avec une grenade dans un champ pres de Lod, a l'age de huit ans. Apres des etudes en intemat, il se fit connaitre au debut des annees soixante-dix par ses poemes de contestation, clamant le desarroi et la revolte des originaires des pays orientaux relegues a la portion congrue dans la societe israelienne et chantant la nostalgie du Maroc: "Minhat maroqait" (Ramat-Gan, 1976); "Na'na"' (Tel-Aviv, 1979), traduit en francais sous le titre: "Le livre de la menthe, Paris, 1981). Son apport oriental dans la poesie israelienne marqua ime date et fut adopte par l'establishment culturel. Il cotnmenca a editer une revue litteraire sepharade de haut niveau, "Apirion". Avec les annees le ton revolutionnaire et contestataire de sa poesie a laisse place a un style plus mur accepte par toutes les couches de la population.

 

  1. DAVID: Rabbin originaire du Maroc a Jerusalem. Il publia en 1971 un recueil de poemes de la tradition sepharade preface par rabbi Yossef Messas.

SIMONE: Cineaste israelienne, nee a Casablanca. Arrivee tres jeune en Israel, elle quitta le pays qu'elle accusait de pratiquer une discrimination envers les originaires des pays arabes pour s'installer a Paris ou elle milite a la fois pour la cause palestiniennes, le combat sepharade et la paix. Elle a notamment fait un grand reportage pour la television francaise sur le retour d'Arafat a Gaza apres les accords d'Oslo.

 

ELIE: Fils de Raphael, amin des bijoutiers de Marrakech. Administrateur de societes et pieux philanthrope ne a Marrakech en 1913. Apres avoir ete le directeur de la banque du Credit Foncier d'Algerie et de Tunisie a Marrakech, il fut appele a diriger a Casablanca la societe Oleicole de Marrakech, appartenant a M. Israel de Marrakech. Apres son installation en France, il fut le directeur de la Societe Mediterranneenne de transports, la SOME- TRA a Monaco ou il continue a vivre depuis sa retraite. Ses dons en faveur de !education juive lui ont valu le diplome d'honneur deceme par le rav Ovadia Yossef. L'Institut Academique pour la formation de cadres rabbiniques de Bne Berak porte son nom: ,,Birkat Eliahou".

 

BLANCA

Nom patronymique d'origine espagnole, la blanche, equivalent de 1'hebreu Laban et de l'arabe Bei'da et de 1'espagnol Albo. Au XXerne siecle, nom tres peu repandu, porte en Tunisie.

 

BOAZIZ

Nom patronymique d'origine arabe, deformation phonetique de Bou Aziz, le pere du cheri, du bien aime. Le prenom Aziz est particulierement populaire parmi les Musulmans avec le sens de puissant, honore, respecte, sans pareil. Autres formes: Bouaziz, Ben Aziz, Aziz, Baziz, Beziz, Boassis. Au XXerne siecle, nom peu repandu porte en Algerie (Oran, Mostaganem, Mascara, Alger) et egalement au Maroc (Casablanca, Meknes).

 

  1. MESSOD: Grand rabbnin de Mostaganem dans les annees trente.

 

  1. MOCHE: Rabbin a Alger dans les annes vingt et trente.

 

SALOMON:     Imprimeur originaire d'Algerie installe au Maroc dans les annees 1920. Il fonda la premiere imprimerie hebraique a Fes depuis 1517. Le premier livre imprime, en 1926, fut le rituel de Pessah avec la traduction en judeo-arabe. L'annee suivante, il quitta Fes pour fonder une imprimerie generale a Meknes.

 

ELIE ARTSI: Administrateur ne a Casablanca en 1941. Monte enfant en Israel en 1950. il fut eduque dans les institutions de la Alya Hanoar. Apres des etudes d'histoire a lUniversite Hebraique de Jerusalem, il rejoignit la jeune garde du Parti Liberal Independant dont il prit la tete. Envoye en mission par le Departement de la Jeunesse de l’Agence a Paris en 1968-70, il fonda et dirigea le centre de seminaires Mayanot. Il fut nomine apres le Congres Sioniste de 1979, directeur general du Departement des Communautes Sepharades de l'Organisation Sioniste Mondiale. Comme un des fondateurs du Parti sepharade Tami d'Aharon Abehsera, il fut appele en 1981 par le ministre Aharon Uzan comme directeur general du Ministere de l'Integration de !'Immigration. Apres la disparition du Tami, il se convertit dans les affaires.

 

ILAN BAZIZ: Educateur ne a Casablanca. Ancien responsable des projets israeliens du Departement de la Jeunesse et du Hehaloutz de l'Organisation Sioniste Mondiale en faveur de la jeunesse en difficulte et ancien delegue de l'Agence Juive en France pour la promotion de la alya en France dans les annees 1980.

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BOCARA

Nom patronymique d'origine italienne, sans doute ethnique de lieu. Autre probability italianisation du patronyme arabe Bouchara, indicatif d'une particularity physique: l'homme tres poilu (voir Bouchara). En effet nombre de Juifs de Livoume etaient originaires d'Afrique et s'etaient installes dans le nouveau port destine a desservir Florence, repondant a Fappel du prince Medicis de Toscane qui fit appel en 1593 aux negociants juifs de tout le bassin mediterranneen pour donner vie a son projet en leur garantissant la liberte religieuse et des privileges economiques. Avec le developpement de l'activite du port nombre de negociants de Livoume, dont la famille Bocara, s'installerent a partir du XVIIIeme siecle dans nombre de ports de la Mediterranee, en particuler a Tunis. Le nom est atteste en Espagne au XVerne siecle. Bouccara. Au XXeme siecle, nom tres peu par emigration au Maroc, a Casablanca

 

  1. ABRAHAM: Le premier. Fils de Rabbi Shalom Halevy dit Aboucara. Un des grands rabbins d'Espagne (Grenade) qui trouva refuge au Portugal en 1492, et apres l'expulsion des Juifs du Portugal s'installa d'abord a Tlemcen en Algerie avant de passer en 1497 a Tunis ou il mourut en 1516. Auteur de "Sefer Hazikhronot", le livre des souvenirs, recueuil de chroniques historiques et de "Sefer Haikarim", le livre des principes (Livoume, 1845), traite philosophique sur les principes de base de la foi juive.

 

  1. SHIMSHON: Le permier rabbin de la famille connu en Tunisie. Disciple de rabbi Itshak Lombroso. il fut sollicite a sa mort pour le remplacer a la tete du Tribunal de la communuate livoumaise, ce qui montre 1'estime que lui portait ses contemporains, mais il preferea rester simple membre du Tribunal. Mort en 1769.

 

  1. ABRAHAM: Le second. President du tribunal de la communaute livoumaise a Tunis fin XVIII debut du XlXeme siecle. Signataire en 1803 de la Takana commune aux deux commonautes, livoumaise et tunisienne sur l'organisation des associations d'affaires, des locations, hazaqua et possessions. Mort en 1817.

 

  1. SHIMSHON: Le second. Rabbin et fabricant d’objets de culte a Tunis au XlXeme siecle. Auteur d'un ouvrage de commentaire sur la Hagada de Pessah, "Et ledaber", publie a Livoume en 1860.

 

  1. ABRAHAM: Le troisieme. Fils de rabbi Moche. Rabbin juge au tribunal de la communaute livoumaise qu'il joignit en 1869 puis president de ce tribunal. President du Comite Regional de l!'Alliance Israelite Universelle dont il fut un des plus fervents defenseurs de son oeuvre scolaire. Signataire en 1878 de l'accord pour l'ouverture de la premiere ecole a Tunis, il encouragea le grand rabbin de la communaute de Tripoli a agir pour l'ouverture d’une ecole de l'Alliance ou l'on pourrait etudier le francais et 1'italien, en lui faisant valoir pour surmonter son opposition, que de toute facon les fils de riches recevaient une telle education etrangere et qu’il valait mieux la leur donner dans un cadre juif et en en faisant egalement profiler les enfant des classes moyennes et pauvres. Mort en 1880, sans laisser de descendant. Pour perpetuer sa memoire, sa veuve s'attela a la publication de son oeuvre. Elle reussit a publier le premier tome de son chef- d'oeuvre ,"Ben Abraham”, traite de consulations juridiques et de Responsa connu dans tout le Maghreb et devenu une des premieres sources de la jurisprudence des tribunaux rabbiniques tunisiens.

 

  1. YAACOB (1843-1941): Une des figures marquantes du judalsme tunisien contemporain. Fils de rabbi Eliahou, ne a Porto-Farina, pres de Bizerte. Grand Rabbin de la communaute Livouraise- Portugaise de 1914 a sa mort. Notaire et juge au tribunal rabbinique des I'age de 27 ans. De nationali te italienne. Excellent orateur il avait une tres belle bibliotheque. Enfant extremememt precoce, il mit pour la premiere fois les tefilin a l'age de 6 ans. Entre tres jeune au tribunal rabbinique de sa eommunaute, il devait contribuer a la publication du livre de son oncle, rabbi Abraham, "Ben Abraham". Sioniste de la premiere heure, il fut le premier representant de la Tunisie au Xeme Congres Sioniste a Bale en 1911. A son retour, il fonda la societe "Agoudat Sion", puis en 1914 l'association sioniste "Yochevet Sion", avant d'adherer en 1915 au parti national religieux Mizrahi. Sur le plan religieux, il fit preuve d'une grande tolerance et d'un grand liberalisme, allant jusqu'a assister a des prieres dans les mosquees, pronant une alliance entre les trois religions monothesites, "non comme des racines de palmier qui se devorent, mais comme leurs rameaux qui s'entremelent majestueusement et hanno nieusement, pour chanter la gloire de Dieu". Oecumenique avant l'heure, il accepta de se joindre comme membre du comite d'Honneur du Congres Eucharistique de Carthage en 1930, et fut fait Chevalier de l'ordre Pontifical de Pie IX. Au cours de la terrible epidemie de 1865, il exhorta les fideles malades a manger le jour de Kippour et il donna l'exemple en buvant de l'eau et en mageant du pain devant le Sefer Torah a la synagogue, citant l'adage talmudique: "IL est ecrit: ”Et l'homme vivra au milieu de ses pairs", et non, a Dieu ne plaise, mourra au milieu d’eux”. En 1926, il autorisa de jouer de l'orgue dans 13 synagogue des Livoumais les jours de semaine. Rationaliste consequent, il s'opposait aux pratiques ascetiques des kabbalistes. Mort a 98 ans, ses funerailles aux heures les plus difficiles du regime de Vichy, furent grandioses – son cercueil reconvert du drapeau juif. Sa depouille mortelle fut transferee par ses arrieres petits-enfants Lucien et Clement Bouccara au Mont des Oliviers a Jerusalem en 1984. Auteur d'un grand ouvrage de Halakha "Ahabat Hashem" (Livoume, 1871); Outre le livre de son oncle Abraham, il aida a la publication de l'ouvrage de de rabbi Yeroham ben Mechoulam, "Issour veheter" en y ajoutant un index.

 

GUY: Un des notables de la eommunaute de Tunis, premiere moitie du XXeme siecle. Officier de l'armee francaise demobilise apres la debacle de mai 1940, il regagna la Tunsie. En novembre 1942 apres l’occupation de Tunis par les Allemands, il se porta volontaire pour seconder le president de la communaute Paul Guez dans le comite de gestion mis sur pied apres la dissolution du comite de la Communaute et pour faire face aux exigences allemandes. Membre de la commission des Finances qui etablit un impot special pour permettre au comite d’organiser le travail force et satisfaire les exigences en main-d’oeuvre et les amendes imposees par les occupants jusqu'a la liberation de la ville en mai 1943.

 

JACOB (1897-1965): Petit-fils de rabbi Y.aacob. Fils de Rahamim, antiquaire. Ne a Tunis, mort a Tiberiade. Apres ,avoir servi comme instituteur a l'ecole de l’Alliance a Casablanca de 1917 a 1920, il revint a Tunis ou il fut inspecteur des Finances jusqu’a son raptriement en France dans le cadre du Tresor.

 

ALBERT: Fils de Rahamim (1900-1971) Ne a Tunis, il fit son service militaire dans l’armee francaise au Maroc, avant de revenir en Tunise oil il se fit connaitre comme artiste-peintre decorateur et forgeron d'art.

 

ANNETTE (1908-1981): Petite-fille par sa mere de rabbi Yaacob, fille de Rahamim Nee a Tunis, decedee a Paris, infirmiere. elle s'engagea apres la liberation de Tunis dans les Forces Francaises Libres en Mai 1943 en rejoignant la glorieuse Deuxieme Division Blindee commandee par le general Leclerc pour la duree de la guerre.

 

DR NELDO: Medecin et militant sioniste a Tunis, membre de l'Exetutif de la Federation Sionsite de Tunise dans les annes cinquante.

NELLY: Presidente de l'organisation des femmes sionistes, la W1ZO de Tunis en 1950. Membre de l'Executif de la Federation Sioniste de Tunisie au debut des annees cinquante.

 

DR LUCIEN-MORDEKHAY (1931- 1997): Fils de Jacob. Gynecologue accoucheur, ne a Tunis, decede a Paris, il fut notarmnent chef de service de gynecologie-obstetrique a l'hopital de Neuilly. Militant communautaire devoue, en particulier au sein de l'Oeuvre de Secours a 1'Enfance, OSE en Tunisie et depuis son installation en France dans le Comite medical de 1'Appel Juif Unifie et des Associations des Amis de l'Universite de Haifa et de l'Universite Hebraique de Jerusalem. Le mensuel du F.S.J.U, "L'Arche", dans sa rubrique "l'homme du mois", lui consacra un article dans sa livraison de septembre 1989, intitule: "Portrait d'un militant". Il a publie un grand nombre d'articles sur l'ethique medicate juive. Avec les membres de sa famille, il a contribue a l'edition par l'lnstitut Ben-Zvi du recueil des Ketoubot portugaises de Tunis (Jerusalem, 1989) et des registres matrimoniaux de la commu- naute aux XVIII-XIXemes siecles.

 

DR CLEMENT RAHAMIM: Fils de Jacob. Chirurgien orthopediste, ne a Tunis en 1939. Officier de reserve de l’armee francaise, medecin colonel. Passionne par le patrimoine familial dont il se sent le deposiataire, il contribua avec les autres membres de sa famille a la publication des registres matrimoniaux de la communaute portugaise de Tunis aux XVIII-XIXeme siecles qui etaient conserves dans la famille et prepare un livre d'hommage a son arriere grand-pere, rabbi Yaacob.

 

FRIDA: Celebre chanteuse francaise, nee a Casablanca en 1940 dans une famille originaire de Tunis. Representante de la France au concours de l'Eurovision en 1966, elle remporta le premier prix.

 

 PHILIPPE BOUKARA – Historien et joumaliste a Paris. Auteur d'une these sur le grand leader sioniste francais des annees trente, Mark Jarblum. Membre du comite de redaction de la revue de 1'Alliance, "Les Nouveaux Cahiers".

 

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BODOKH

Nom patronymique d'origine berbero-perse, diminutif berbere du prenom masculin d'origine perse, Mordekhay, le heros du livre d'Esther et de la fete de Pourim, prenom particulierement populaire chez les juifs du Maghreb, mais devenu nom patronymique seulement sous cette variante berbere. Il etait generalement donne aux garcons nes le jour de la fete de Pourim. Derive du perse Murdakh, qui signifie homme libre. Cette explication est plus plausible que celle avancee par le rabbin Eisenbeth qui lui attribue une origine arabe, indicatif d'une particularite physique: 1'homme sujet aux vertiges. Le nom est atteste au Maroc au XVIeme siecle, figurant sur la liste Toledano des patronymes courants a l’epoque. Au Maroc, le berceau de la famille est dans le Tafilalet. Autres formes: Bedoch, Bedoc, Beddouk, Bedoucha. Au XXeme siecle, peu repandu, porte au Maroc (Tafilalet, Fes, Meknes, Casablanca); en Algerie (Oran, Sidi Bel-Abes. Constantine) et en Tunisie (Tunis).

 

MIMOUN: Notable de la communaute de Fes assassine en 1737 au cours de la periode de troubles et de luttes dynastiques qui suivit la mort du tout-puissant empereur Moulay Ismael en 1727, troubles qui se prolongerent par intermittences pendant trente ans.

 

MOISE BEDDOK: Fils d'Abraham. Negotiant, joumaliste et dirigeant communautaire ne a Sidi Bel Abes en 1868. Fondateur de la grande synagogue de la  ville. Au cours de la violente campagne antisemite qui accompagna l'affaire Dreyfus a la fin des annees 1890, il se battit en duel avec nombre d'antisemites notoires comme le directeur du journal raciste, "Le Petit Afficain".

 

ALEXANDRE BEDOK: President de la Societe Mutuelle Hebrai'que de Tunis dans les annees 1950.

 

BOHBOT

Nom patronymique d'origine arabe, sobriquet indicatif d’une particularite physique, le gros, textuellement 1'homme a la panse, au gros ventre. Le nom figure sur la liste Toledano des patronymes usuels au Maroc au XVIeme siecle. Au XXeme siecle, nom moyennement repandu, porte essentiellement au Maroc (Demnat, Marrakech, Mogador, Rabat, Beni- Mellal, El Ksar, Kasbah-Tadla, Larache, Casablanca) et par emigration au Portugal et en Argentine; en Algerie (Biskra, Sahara) et en Tunisie par une famille originaire du Maroc, sous la forme de Bahbout.

 

  1. YOSSEF: Rabbin enseignant a El- Ksar, au nord du Maroc, au XVIIIeme siecle, maitre de rabbi Itshak Amoyal, il etait connu comme un des meilleurs connaisseurs des regies de la shehita, l'abattage rituel.

 

  1. SHALOM: Celebre rabbin kabbaliste sumomme "Hameloumad benissim" titre accole aux rabbin miraculeux. Ne en 1831 a Rabat, il fut un des disciples de rabbi David Benshim'on et se joignit a lui lorsqu'il monta en Terre Sainte en 1854. Il lui confia plus tard l'education de son fils arne, le futur grand rabbin d'Egypte, rabbi Raphael Aharon. Il fut un des premiers emissaires de la communaute Maghrebine de Jerusalem au Maroc des sa constitution, au debut des annees 1860. En cours de mission, lui et son aide furent attaques par des brigands qui les attacherent a un arbre pour les tuer, mais ils furent sauves miraculeusement par l'intervention d'un mysterieux cavalier berbere qui les detacha et les escorta jusqu'a la ville voisine. Quand rabbi Shalom voulut le remercier, il avait disparu. En souvenir de ce miracle, il renonca a sa part dans les dons recueillis au cours de sa mission, en faveur de la construction d'une synagogue a Jerusalem. En signe de reconnaissance, le Kolel des Magrebins lui alloua a vie une petite chambre dans laquelle il vecut reclus pendant quarante deux ans, ne sortant jamais dans la me de crainte de rencontrer le regard d'une femme ou d'etre souille par une bete impure, que pour se rendre a la synagogue. Le jour de Roch Hachana quand il sortait pour la ceremonie rituelle de rejet des peches, le "tachlikh", les fideles 1'entouraient de tous les cotes pour que ses yeux ne voient rien d'impur et meme le gouvemeur de Jemsalem envoyait deux gardiens escorter le cortege. Il y mourut en 1915 a l'age de 84 ans. Sa reputation de saintete etait legendaire et tous les habitants de Jemsalem venaient se faire benir par lui la nuit de la Mimouna et recevoir de sa main une datte benie, qu'ils gardaient precieusement toute l'annee.

 

  1. SHEMOUEL: Fils unique de Shalom, il alia dans les voies de l'humilite et de la saintete de son pere. Il enseigna dans la celebre yechiva des kabbalistes "Bet El", et edita avec son condisciple rabbi Abraham Abikhzer les ecrits de son maitre, rabbi Eleazar Halevy Ben Toubo, sous le titre "Pekoudat Bleazar". Mort en 1918 a l'age de 54 ans. La legende raconte qu'il mourut pbur sauver la communaute de Jerusalem. En effet sentant la fin de la domination ottomane approcher avec 1'avance des troupes anglaises, le gouvemeur Jamal Pacha avait decide d'expulser les Juifs de la ville qu'il accusait de sympathies avec les Anglais. Rabbi Shemouel reunit alors des rabbins dans la synagogue Istambouli et a 1'aide de formules de la Kabbale annula l'edit bien que sachant que cela entrainerait sa propre mort.

 

  1. SHELOMO: Rabbin kabbaliste de Rabat etabli a Jaffa en 1889. Il fut connu comme un des meilleurs enseignants de sa generation. Apres sa montee en Terre Sainte, il continue son activite pedagogique a titre benevole, tout en s'adonnant quelques heures par jour au commerce pour subvenir a ses besoins. Mort a Jerusalem en 1910.

 

  1. SIIABTAI. Fils de rabbi Shelomo. Ne a Jaffh, il fut grand rabbin de Syrie et du Liban a partir de 1924 jusqua sa mort a Beyrouth en 1948.

 

MlMOUN: Un des pionniers de la reinstallation des Juifs au Portugal apres la suppression du tribunal de l'Inquisition en 1821. Ne a Mgador, il s'installa en 1835 dans les lies des Azores, a Angra de Heroisma, ou il fonda une grande maison de commerce. Son fils, Jacob fut, journaliste, militant republicain, consul de Tunisie a Angra de Heroismo aux Ayores et commersant prospere.

 

ABRAHAM; Un des notables de la communaute de Mogador a la fin du XlXeme siecle. Admirateur du mouvenient intellectuel de la Haskala europeenne. melant modernisme et maintiert de la tradition, il fut le president- fondateur de la societe de bienfaisance basee sur les principes de la societe-mere anglaise, "Agoudat Ahim" (Association Fratemelle). II s'installa ensuite a Casablanca ou il composa une qsida sur Mordekhay et Esther en judeo-arabe, qui fut editee par les freres Hadida en 1926.

 

DAVID: Grand commercant a Mogador, en relations etroites avec l'Europe. A 1'appel du Premier Congres Sioniste tenu a Bale en 1897, il fonda en 1898 la premiere association Sioniste du Maroc, L'Association "Shaare Sion", les portes de Sion. Il langa la campagne d'adhesion au mouvement sioniste par l'achat du Chekel et reussit a recueillir 200 adhesions, donnant droit en principe a deux representants au Congres Sioniste, mais le Maroc n'envoya aucun delegue au Second Congres, pas plus qu'il ne l'avait fait pour le premier.

 

ELIAHOU (1904-1957): Enseignant ne a Jerusalem dans une famille originaire du Maroc. Il fut d'abord appele a enseigner l'hebreu a Tripoli en Lybie, puis a partir de 1934 a Tunis. Il se fit remarquer en ecrivant et en montant au Theatre Municipal de Tunis une piece hebraique "Salomon et la Reine de Saba" qui remporta un grand succes. Reste bloque en Lybie pendant toute la duree de la guerre, il revint en Tunisie en 1945, ou il fut promu inspecteur de I'enseigneinent hebraique dans les ecoles de 1'Alliance, poste qu'il occupa jusqu'a sa mort en 1957.

 

ELIE (1904-1979): Negotiant et notable a Marrakech. President du Comite de la Communaute dans les annees 1950.

 

  1. YEHIEL: Rabbin originaire du sud du Maroc, Grand rabbin de la ville de dCveloppement de Haute Galilee Kitiat Chmone dans les annees 1980.

 

  1. R. MOCHE TSVI BAROUKH: Fils de rabbi Yehiel. Auteur d'un ouvrage de commenataire talmudique publie a Bene Berak en 1992, "Pnine Yam".

 

SHLOMO: Depute a la Knesset sur la liste travailliste elue en 1992. Maire de la ville de developpement Maalot en Galilee, 1a seule municipalite judeo-arabe du pays, depuis 1975. President de l'association des villes de developpement. Son fils Arik, ne en Israel, est un des jeunes premiers prometteurs du cinema israelien.

 

LUC: Homme d'affaires a Paris originaire du Maroc. Membre de la delegation francaise au Congres de fondation de l'Union Mondiale des Originaires d'Afrique du Nord a Tel-Aviv en 1972.

 

JULIETTE: Sociologue israelienne d'origine marocaine. Auteur d'une these de Doctorat sur "Le Juif dans l'imagerie populaire marocaine: la litterature orale et le conte judeo-marocain". Nee a Beni Melal, arrivee tres jeune en Israel. Redactrice au debut des annees 80 de l'organe mensuel du Departement des Communautes Sepharades de l'Organisation Sioniste Mondiale, "Le Monde Sepharade".

 

Bodokh-Bohbot- Joseph Toledano

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Bokhris-Bonan-Bonafad-Bono-Boras.

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BOKHRIS

Nom patronymique d'origine arabe, sobriquet indicatif d'une particularite: l'homme portant une boucle d'oreille. Il etait en effet de coutume autrefois de faire porter, pour dejouer le mauvais oeil, a l'oreille gauche une boucle en or au garcon survivant apres la mort de plusieurs de ses freres, ou tardivement venu apres plusieurs soeurs, pour tromper l'ange de la mort et lui faire croire que c'est encore une fille ! Dans les temps bibliques le percement de l'oreille etait signe d'esclavage volontaire. En effet la Torah ordonne la liberation de tout esclave hebreu apres six annees de service. Mais "si 1'esclave dit: "J'aime mon maitre, ma femme et mes enfants et je ne veux pas etre affranchi", son maitre 1'amenera par devant le tribunal, le placera pres d'une porte ou d'un poteau; et son maitre lui percera l'oreille avec un poincon, et il le servira indefiniment" (L'Exode, 21, 5-6). C'est pour cette raison que la tradition interdisait aux hommes le port de boucles d'oreilles. Mais sous l'influence musulmane, le port de la boucle d'oreille devint ensuite au contraire dans certaines contrees une marque d'affranchissement (des irnpots) ou la designation d'une fonction: le collecteur de l'impot. Reste simple sobriquet dans certaines communautes – ainsi que dans ma ville natale, Meknes, les hommes d'une branche de la famille Malka portaient jusqu'aux annees cinquante une boucle d'or a l'oreille, n'etaient connus que comme "Oulad Bokhres", sans jamais avoir pourtant adopte ce sumom comme nom patronymique – l'est devenu dans d'autres. C'est ainsi qu'il ne figure pas dans la liste Toledano des noms usuels au Maroc au XVIeme siecle. Autre forme: Boucris. Au XXeme siecle, nom peu repandu, porte essentiellement en Tunisie (Tunis, Djerba, Sousse, Mahdia, Ziris, Medenine, Gafsa), en Algerie (Alger, Bone) et au Maroc.

 

  1. MOCHE: Rabbin a Djerba, seconde moitie du XlXeme siecle. A la fin de sa vie il monta a Jerusalem ou il mourut en 1878, Auteur d'un commentaire du Pirke Abot, "Bigde Shesh"

 

  1. RAHAMIM: Rabbin ne a Djerba, il monta avec son pere a Jerusalem ou il ecrivit un grand nombre d'ouvrages dont trois seulement ont ete publies, deux avant sa mort "Bigde Shesh", commentaire du "Pirke Abot" (Livoume, 1891) et "Peter Rehem" commntaire sur la Hagada de Pessah (Jerusalem, 1910) et un apres sa mort, survenue en 1913, "Or Hotam”, commentaire sur le livre des Proverbes (Djerba, 1914).

 

  1. YOSSEF (1885-1949): Rabbin a Djerba puis a Ziris, oasis du sud tunisien. II fit ses etudes talmudiquec dans la celebre Yechiva de Tunis fondee par rabbi Shalom Dana, "Hebrat Hatalmud". Ses deux grands livres, "Yossef Lakah", commentaires, et "Zekhout Yossef, recueil de ses sermons, ont ete publies apres sa mort, le premier a Djerba en 1951 et le second a Jerusalem en 1977, ainsi que deux de ses autres ouvrages de Halakha: "Yossef Lakah" et "Zikhron Yossef'.

 

  1. KHAMOUS: Frere cadet de rabbi Yossef, malgre sa mort prematuree a l'age de 19 ans, il avait eu le temps d'ecrire un ouvrage de commentaire "Rekkheb Bahou” (Djerba, 1923).

 

  1. SHOSHAN (1869-1967): Fils de rabbi Menahem, un des plus celebres rabbins contemporains de Djerba. Shohet et mohel. Riche commercant, il fut contraint de quitter l'ile pendant la guerre et s'installa a Tripoli oul il fut nomme grand rabbin de la capitale de la Lybie.

 

  1. AHARON: Rabbin ne a Djerba, il fut rabbin a Tozeur a El Marsa avant de monter en Israel oil il fut le rabbin du mochav Shoshanat Ha'amakim, pres de Natanya jusqu'a sa mort en 1982 a l'age de 67 ans.

 

 

BONAN

Nom patronymique d'origine arabe au sens difficile a cerner. C'est peut-etre l'alteration du prenom masculin Banan porte par les Musulmans avec le sens de jardin couvert de fleurs, et au figure personne agreable, avenante. Le nom est atteste au Maroc au XVIeme siecle, figurant sur la liste Toledano des patronymes usuels a l’epoque et d'apres la tradition marocaine la celebre famille Bonan de Tunisie, serait d’origine marocaine, bien qu'assimilee a la communaute livoumaise de Tunis. Autres formes: Benbounan, Bounan Au XXeme siecle, nom peu repandu, porte essentiellement en Tunisie (Tunis, Sousse), mais egalement en Algerie (Alger, Oran) et tres peu au Maroc (Casablanca, Tanger).

 

  1. MESSOD: Rabbin ne a Tunis, il monta a Tiberiade, repondant a I'appel de rabbi Haim Aboulafia qui avait entrepris des 1740 de reconstruire cette ville sainte qui selon la tradition sera la premiere a accueillir le Messie. Il fut envoye comme emissaire de la ville aupres des communautes d'Europe Occidentale en 1751. A son retour, il s'installa a Safed ou il prit la tete de la communaute pour reconstruire la ville apres le tremblement de terre de 1760. De 1774 a 1776 il fut de nouveau emissaire de Safed dans les memes pays d'Europe et au cours de sa mission il se prit de querelle avec son compagnon rabbi Abraham Revah, une controverse qui fit grand bruit et resta celebre dans les annales de la ville.

 

  1. ITSHAK: (1769-1821): Celebre rabbin de la communaute livoumaise de Tunis au cours de la premiere moitie du XlXeme siecle. Auteur de trois ouvrages tres connus imprimes apres sa mort, dont le plus important est un recueil de Responsa, "Ohale Itshak" (Livoume, 1821). Les deux autres, "Brit Itshak" et "Ohale Yecharim", commentaire talmudique, ont paru ensemble dans le meme volume, edite par son fils rabbi David.

 

  1. DAVID: Fils de rabbi Itshak, grand rabbin de la communaute livoumaise, mort a Tunis en 1855. Il a laisse un grand nombre d'ouvrages partiellement publies apres sa mort, dont le plus connu est un traite sur diverses questions de Halakha, "Mahane David", imprime a Jerusalem en 1889 par son fils Itshak. Son premier ouvrage fut un classique recueil de questions et reponses, "Nishal David", paru a Livoume en 1857. La meme annee parut un ouvrage signe avec un autre rabbin de Gibraltar, rabbi Yehouda Levy – exemple rare de collaboration entre deux rabbins qui merite d'etre souligne pour son caractere exceptionnel, "De hacheb", qui comme son nom 1'indique est au ouvrage de Responsa. Son livre de commentaire talmudique et novella, "Moed ledavid" fut imprime a Jemsalem en 1887, suivi de "Ohel David".

 

JULES: Administrateur et enseignant ne a Tunis en 1876, il fut le fondateur de la premiere Ecole Pratique de Commerce en Tunisie et edita dans ce cadre un grand nombre de manuels de compatabilite.

 

GASTON: Celebre avocat au barreau de Tunis au debut du siecle. Militant sioniste, il fonda en 1918 une des premieres associations sionistes du pays, "Yokehevet Sion", qui mettait l'accent sur l'etude de l'hebreu modeme comme langue parlee.

 

PAUL: Avocat et dirigeant commu- nautaire a Tunis. Il fit partie du comite de gestion provisoire mis sur pied par Paul Guez au cours des six mois d'occupation allemande, s'occupant du recrutement de la main-d'oeuvre reclamee par les Allemands, s'attirant ainsi de tres vives critiques de la part des membres de la communaute.

 

JOSEPH: Batonnier de l’ordre des avocats a Casablanca dans les annees trente. Ne a Tunis en 1889, il s'installa au Maroc en 1915. Elu pour la premiere fois batonnier de l'ordre des avocats de Casablanca en 1927. Fondateur et redacteur en chef de la premiere revue juridique du Maroc, "La Gazette des Tribunaux du Maroc". En 1941, il fut une des victimes du numerus clausus, raye, parce qu'en "sumombre", de l'Ordre des avocats sous le regime de Vichy malgre son excepttonnelle compe- tence reconnue par tous ses pairs et leurs recommandations de le maintenir en place. Tres actif dans la vie communautaire, il milita en vain pour l'admission des Juifs de nationality etrangere dans les Comites des Communautes. Il fut avec Emile Nataf l'un des fondatenrs de l'hebdomadaire assimilationiste, "L’Union Marocaine", publie a partir de 1932 pour faire piece a la propagande sioniste de "L'Avenir Illustre". Le journal fit notamment campagne en faveur de l'octroi selectif de la nationality francaise aux Juifs marocains, a 1'exemple de leurs freres de Tunisie.

 

BONAFAD

Nom patronymique sans doute d'origine provencale, qui a pour sens bonne fete, traduction du prenom hebreu Yom Tob, autrefois couramment porte en France et en Espagne. Le rabbin Eisenbteh lui attribue une origine arabe, indicatif d'nn metier: le savetier ou le carreleur. Au XXeme siecle, nom extremement peu repandu, porte semble-t-il uniquement au Maroc (Seffou, Rabat, Casablanca).

 

  1. MIMOUN: Rabbin a Seffou au XVIIIeme siecle.

 

R.YEHOUDA: Rabbin a Rabat-Sale au XVIIeme siecle.

  

BONO

Nom patronomique d'origine portugaise, indicatif d'un trait de caractere: l'homme bon, a rapprocher de l'arabe Elmaleh ou Tai'eb et de l'espagnol Bueno. Le nom est atteste au Maroc au XVIeme siecle, figurant sur la liste Toledano des patronymes usuels a l'epoque. Au XXeme siecle, nom tres peu repandu, porte au Maroc.

 

BORAS

Nom patronymique d'origine arabe, indicatif d'une caracteristique physique: textuellement l'homme a la tete, celui qui a une grosse tete. A rapprocher de Berros, Benros. Au XXeme siecle nom extremement rare porte au Maroc (Casablanca) en Tunisie et en Algerie sous la forme pluriel, Boros.

 

Bokhris-Bonan-Bonafad-Bono-Boras.

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BORGEL

Nom patronymique d'origine arabe, indicatif d'une particularite physique: l'uni-jambiste, textuellement l'homme du pied, equivalent du patronyme Abergel au Maroc et Bordjel en Algerie, porte par une illustre famille de Tunisie d'origine livoumaise. Autres formes: Bergel, Bordjel, Bourdjel. Au XXeme siecle nom peu repandu porte sous cette forme en Tunisie (Tunis, Sousse. Bizerte), en Algerie (Alger) et tres peu au Maroc (Tanger, Larache)

 

  1. NATHAN: Un des plus celebres rabbins de I'histoire du judaisme tunisien. Kabbaliste et decisionnaire, ne a Tunis au milieu du XVIIIeme siecle, il fut des disciples preferes de de rabbi Abraham Taieb. Intronise rabbin a 18 ans, il acceda au poste de Grand Rabbin de Tunisie a la mort de rabbi Messod Elfassi en 1774. A la fin de sa vie, il monta a Jerusalem ou il mourut en 1792 et fut enterre au Mont des Oliviers. Auteur d'un livre de commentaires tres connu des rabbins tunisiens: "Hok Natan" sur la massekha Kedachim du Talmdud de Babylone (Livoume, 1776). Il laissa deux enfants qui furent des rabbins celebres a Tunis, ainsi que leurs descendants de generation en generation.

 

  1. ELIAHOU HAY (1760-1838): Fils de rabbin Nathan. Il lui succeda a la tete du tribunal de Tunis. Auteur fecond, il publia en 1776 la premiere partie de son chef- d'oeuvre "Magudenot Natan", qu'il avait commence a ecrire a l'age de 12 ans, en meme temps que le livre de son pere "Hok Natan". Il ne devait publier le second tome qu'en 1785 grace a des dons du caid Moi'se Scemmana et du philanthrope Israel Bismuth. Il laissa cinq enfants: Nathan, Shelomo, Hahn, Yossef, Moche.

 

  1. NATHAN (1790-1874): Fils aine de rabbi Eliahou Hay. Grand rabbin de Tunise de 1866 a sa mort, il succeda a la tete du tribunal a rabbi Yeshoua Bessis. Il ne devait pas laisser de descendant.

 

  1. MOCHE: Fils de rabbi Eliahou Hay, il suivit la voie de son pere dans l'erudition. Grand negociant et philathrope, il aida a l’impression de nombreux ouvrages des rabbins tunisiens contemporains avant d’etre brutalement emporte a la fleur de l'age en 1850 dans 1'epidemie de cholera.

 

  1. YOSSEF: Fils de rabbi Eliahou Hay. Grace aux biens recus en heritage de son frere, il entretint a ses frais une grande Yechiva. Auteur du livre de commentaires, "Zeraa Yossef' (Livoume, 1859) et de "Vayikon Yossef', publie apres sa mort, a Livoume en 1862.

 

  1. ELIAHOU HAY: Fils de rabbi Moche. Grand rabbin et dernier Caid des Juifs de Tunisie, il succeda en 1885 a rabbi David Benattar. Il fut en 1878 parmi les signataires de 1'accord avec l'Alliance Israelite Universelle pour 1'ouverture de son reseau d'ecoles en Tunisie et en premier lieu a Tunis. Il nia l'autonomie de la communaute portugaise et tenta de rogner dans ses prerogatives en particulier dans la direction de la Caisse commune de bienfaisance imposee par les autorites en 1888, en les accusant de manquer de fidelite a la France et de garder leur fidelite a l'ltalie. Mais les autorites du Protectorat francais se prononcerent en faveur du statu-quo prevoyant la direction commune de la caisse par un comite mixte – six Twansa et 3 Grana ־ et la division des recettes 85 % pour les Twansa et 15% pour les Livoumais. A la suite de cette querelle les autorites francaises devaient, a la mort de rabbi Eliahou, en 1898, supprimer le poste de Caid (obligatoirement de la communaute des Twansa) n'ayant plus besoin de cet intermediaire dans leurs relations avec la communaute juive.

 

EMILE: Joumaliste et publiciste a Tunis Il dirigea en collaboration avec Victor Netaf et Jacques Abitbol "La Revue Israelite de Tunisie", revue mensuelle illustree de vulgarisation juive et de propagande sioniste qui parut a Tunis entre 1922 et 1924.

 

MOISE: Administrateur et homme-d'affaires. Apres une carriere dans la tresorerie Generate, il se convertit dans les asurances. Chef de la communaute de Tunis au cours des annees dramatiques de la guerre et du regime de Vichy. Par decret special du bey, il fut avec le docteur Nataf le seul juif tunisien exempte de application du Statut des Juifs, ecartant les Juifs de la vie publique et economique. le Resident General, ramiral Esteva, le nomma President de la commission Provisoire d'Administration de la communaute apres la dispersion en fin 1939 du Comite elu dit des Douze. Arrete par les S.S, avec un certain nombre d'autres personnalites de la communaute, le 23 Novembre 1942, il fut libere une semaine plus tard, sur l'intervention du Resident General, l'amiral Esteve et des notables de la communaute musulmane. Il fut alors requis de se presenter deux fois par jour a la Kommandantur pour y prendre les instructions concemant la population juive: requistions, travail force, amendes. Il tenta en vain d'obtenir l'intervention du Resident General pour moderer les exigences allemandes, mais ce dernier conseilla aux dirigeants de la communaute d'obeir aux occupants tout-puissants dans l'attente de jours meilleurs. Pendant les six mois de l'occupation allemande, il maintint le contact avec les chefs de la Guestapo dans l'espoir de reduire ainsi les souffrances de la communaute. Quand dans la premiere semaine de mai 1943 les Allies parvinrent aux abords de Tunis, les Allemands projeterent de l'arreter comme otage. Averti a temps par ses amis musulmans, ils lui proposerent de le cacher dans la medina, mais il n'eut ni le temps ni le besoin de le faire tant fut rapide la retraite des troupes allemandes poursuivies par les Anglais et les forces de la France Libre. Sa gestion pendant l'occupation allemande suscita de nombreuses critiques comme ecrit Paul Sebag: "On s'est demande si le Comite d'Adminsitration n'a pas joue un role analogue a celui des conseils juifs ou "judenrat", institues dans tous les pays occupes par les Allemands ou ils ont force des Juifs a executer des mesures contre des Juifs”. Pour lui, les dirigeants juifs n'avaient pas d'autre choix et au total son action a abouti a alleger les epreuves de la communaute, car s'il avait refuse de collaborer, les Allemands laisses a eux- memes se seraient conduits avec encore plus de brutalite. Pour justifier son action aux yeux de lliistoire, son fils, Robert, publia ses memoires sous le titre "Etoile jaune et Croix Gamrnee" (Tunis, 1944), en reponse au livre de Paul Ghez "Six mois sous la botte" (Tunis, 1943).

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Botbol-Boublil.Joseph Toledano

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BOTBOL

Nom patronymique d'origine arabe, une des nombreuses variantes de l'un des noms les plus repandus au Maghreb, qui a pour sens litteral le marchand ou le fabricant de tambourins. Cette explication n'est pas totalement satisfaisante car on peut se demander en quoi ce metier a pu justifier un aussi grand nombre de patronymes: Abitbol, Teboul, Tebol, Boutboul, Aboutbol, d'ou d'autres essais d'explications comme nous l'avons deja vu dans Abitbol. Quoi qu'il en soit, c'est cette forme qui etait habituelle dans les villes du nord du Maroc, en particulier a Fes Meknes, mais aussi a Rabat, Tanger et Casablanca. Le nom s'est particulierement illustre a Fes ou il etait porte par une des families les plus riches de la communaute depuis le XVIIIeme siecle. Une des branches de cette famille de Fes avait ete une des premieres au Maroc a se voir octroyer la nationalite francais par un decret special de 1879 pour "services rendus a la France". Autres formes: Boutboul (voir ausi Teboul, Abitbol). Au XXeme siecle, nom moyennement repandu, porte au Maroc (Fes, Meknes, Taza, Tanger, Rabat, Casablanca); en Algerie et tres peu en Tunisie (Tunis Sousse).

 

SLIMAN: Un des notables de la communaute de Fes, victime de sa richesse, dans l'an des episodes les plus dramatiques de ses annales. En 1704, dans la seconde partie du tres long regne de Moulay Ismael, les exactions du gouvemeur de la ville etaient devenues si insupportables que les notables deciderent de fuir la ville pour aller se plaindre aupres du Sultan dans sa nouvelle capitale, Meknes. Au lieu de la misericorde royale attendue, ils furent accueillis a l'entree du Palais par une salve de coups de feu de la Garde Noire. Les survivants furent arretes et condamnes sur le champ a etre brules vifs dans le four a chaux. Mais a la demiere minute, le sultan accepta de les grader contre le paiement par la communaute d'une tres forte rancon. Le caid reunit alors les grands notables de la communaute et fixa d'autorite a chacun sa quote-part dans le paiement de la rancon. Ceux qui refuserent de payer ou se declarerent dans l'impossibilite de le faire, furent soumis a la torture et parmi eux ce Sliman Botbol. Ne pouvant ni payer ni supporter la torture, il accepta de se convertir a l'lslam et fut aussitot grade en entoure de tous les honneurs.

 

ABRAHAM: Il fut un siecle et demi plus tard egalement victime de sa richesse. Jaloux de lui et voulant lui extorquer des fonds, le Naguid de la communaute, repute pour sa convoitise et sa cruaute, Moche Bensimhon, le fit arreter avec toute sa famille et le le depuilla de tous ses biens. Heureusement, quelques mois plus tard, en 1843, la roue du destin touma, le cruel Naguif fut limoge et jete en prison alors que ses victimes furent liberees.

 

  1. AHARON (1721-1817): Rabbin a Fes celebre en son temps pour son amour de l'etude, particulierement verse dans la philosophic. On raconte que lorsqu'il arriva a se procurer un exemplaire du livre de, Maimonide, "Le guide des Egares", il fit une grande fete et paya des femmes pour pousser des you you de joie au moment de l'entree du livre dans sa maison.

 

  1. AHARON: Une des figures dominantes de la communaute de Fes au debut de ce siecle. Petit-fils de rabbi Aharon, le premier, il est ne en 1867. Entire au au Tribunal Rabbinique en 1919, apres la reforme de la juridiction rabbinique par le Protectorat, il en acceda a la presidence a la mort de rabbi Matatiahou Serero. Considere comme 1'un des meilleurs connaisseurs des regies de l'abattage rituel et de la redaction des actes de divorce de tout le Maroc, il joua egalement un role considerable dans la direction de la communaute. En 1912, il fut elu membre du Comite des 15 charge de negocier l'indemnisation des victimes du Tritel d'avril 1912, et en 1918 comme un des representants de la communaute israelite au Conseil Municipal compose des trois colleges: musulman, juif et europeen.

 

MAITRE GEORGES (1908-1970): Fils de rabbi Makhlouf. Avocat, batonnier de l'ordre des avocats de Fes dans les annees quarante-cinquante. Il participa a la guerre en Europe dans l'armee francaise avec le grade de capitaine et obtint pour sa conduite au front la Croix de Guerre. Mort prematuremment dans un accident de la circulation en France.

 

MAURICE: Fils d'Abraham, Dernier Inspecteur des Institutions Israelites sous le Protectorat, de 1945 a 1956. Il contribua avec le Secretaire General du Conseil des Communautes, Jacques Dahan, a la modernisation des institutions israelites sur tous les plans: judiciaire, fiscal, sanitaire, educatif. Il fut en 1948 a l'origine de la creation de l'lnstitut des Hautes Etudes Hebrai'ques pour la formation de rabbins, juges et notaires et de l,institution du certificat medical prenuptial et surtout proceda a la convocation des Conciles annuels des rabbins du Maroc, qui de 1947 a 1955 s'attelerent a adapter et a unifier les regies de mariage, fiancailles, divorce, a promouvoir l'education religieuse, a mettre de 1'ordre dans la gestion des biens Hekdech et l'organisation des pelerinages, Hiloulot. Ne a Fes en 1907, il avait grace a sa nationality francaise, acquise par son grand-pere en 1879, fait d'abord carriere comme employe aux Services Municipaux de Fes avant d'etre appele a l'Inspection des Institutions Israelites par son ancien patron promu chef de la Direction des Affaires Indigenes du Protectorat, a Rabat. Apres l'independance, il quitta le Maroc et fut reintegre au ministere des Affaires Etrangeres francais jusqu'a sa mise en retraite antcipee en 1967. Mort a Paris en 1991.

 

ISAAC: Tresorier du Comite de la Communaute de Taza dans les annees cinquante.

 

AIME: Lngenieur des Ponts et Chaussees, ne a Fes, il fut le directeur de cabinet du Ministre marocain des Travaux Publics en 1963.

 

DR ELIE: Fils de Haim. Medecin a Strasbourg, auteur de plusieurs ouvrages sur la medecine selon la Halakha juive. Prix Maimonide d'Ethique Medicale.

 

DR ELIE: Fils de Aharon, ne a Meknes en 1955. Psychiatre repute a Paris, musicien, auteur compositeur , il a fonde au cours de ses etudes une chorale d'enfants "Les Chevatim" (Les Tribus) specialisee dans les chants liturgiques des traditions sepharade et achkenaze qui a produit plusieurs disques et qui continue a remporter un grand succes populaire.

 

BOUBLIL

Nom patronymique d'origine arabe au sens difficile a cerner. Il est possible que ce soit un diminutif de boulboul, le rouge-gorge, oiseau a gorge et poitrine d'un rouge vif, au figure beau, elegant. Le rabbin Eisenbeth avance une autre explication possible: fatigue, use. Autre forme Boubli Au XXeme siecle. nom peu repandu porte essentiellement en Tunisie (Tunis, Beja, Djerba) et en Algerie (Alger, Bone, Souk-Ahras).

 

  1. SHALOM: Rabbin a Tunis, seconde moitie du XlXeme siecle.

 

BERNARD DAVID: Fils de Max, commissionnaire en gros. Magistrat francais ne en 1937 a Souk-Ahras en Algerie. Docteur en Droit de la Faculte de Paris, Diplome de Sciences Criminelles. President de Chambre a la Cour de Paris depuis 1989. Professur-associe a l'Universite de Paris XII. Auteur de nombreux ouvrages en matiere de droit de logement et d'architecture.

 

ALAIN: Fils de Desire, transitaire. Econometriste, ne a Tunis en 1947. Maitrise en Mathemathiques, diplome d'etudes approfondies en statistiques et docteur en economie industrielle de l'Universite de Paris. Parallelement a I'enseignement, il fut attache a l’administration du Plan, puis conseiller technique au Secretarait general de la Presidence de la Republique jusqu'en 1988. Il fut ensuite le chef de cabinet du ministre de l'Ecomomie et des Finances socialiste, Pierre Beregovoy. Implique dans 1'affaire de deelit d'inities dans la privitisation d'Usinor, il fut reconnu coupable et condamne bien bien qu'il ait ete etabli qu'il n'en avait pas profite personnellement. Auteur de nombreux ouvrages d'economie politique dont: "Le socialisme industriel" (Paris, 1977, "La societe francaise et la technologie" (Paris, 1981) ; "Le soulevement au serail" (Paris, 1990); "Le pouvoir de l'art" (Paris, 1991).

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Bouchara-Bouchoucha-Bouganim-Bouhadana

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BOUCHARA

Nom patronymique d'origine arabe, sumom devenu nom patronymique indicatif d'une caracteristique physique: textuellement l,homme au poil, le poilu, le chevelu. Ismael Hamet precise qu'il s'agit du poil place de facon tres particuliere, comme sur le nez, sur une paupiere et plutot sur un grain de beaute ou une tache de la peau. Malgre cette origine typiquement arabe, la celebre famille Bouchara d'Algerie qui a domine la vie de la communaute au milieu du XVIIIeeme et au debut du XlXeme siecle, etait originaire de Livoume comme la famille de rabbins de Tunisie qui porte un nom semble-t-il proche: les Bocara. C'est qu'en fait cette famille originaire du Maghreb, s'etait comme nombre d'autres families families de la region, installee a Livourne au XVIeme siecle, repondant a l’appel du prince de Medecis. Pour donner a sa capitale Florence un acces la mer, le prince de Toscane avait proclame en 1593 dans sa celebre "Livornina" que les marchands juifs de Berberie et les descendants des expulses d'Espagne qui accepteraient de venir peupler le nouveau port, seraient assures de la liberte religieuse et beneficieraient de grands privileges economiques. L'appel rencontra des echos tres favorables et en quelques decennies Livoume devint le plus actif des ports italiens. Avec le developpement du commerce, nombre de negociants livoumais devaient un siecle plus tard commencer a essaimer dans les ports mediterranneens, en particulier a Tunis et Alger. Le nom est atteste en Algerie a partir du debut du XVIIIeme siecle. Au XXeme siecle, nom peu repandu porte, sous cette forme presque uniquement en Algerie (Alger, Oran, Constantine, Guelma, Setif, Saint-Amaud) et tres peu au Maroc (Casablanca) et en Tunisie (Tunis).

 

ABRAHAM: Le premier membre connu de la famille, fondateur de la dynastie qui marqua la vie de la communaute d'Alger au XVIIIeme siecle. Commercant, il arriva de Livourne a Alger en 1712 et y etablit une maison de commerce international principalement liee a sa ville natal e. Le port italien etait devenu depuis la fin du XVIeme un grand centre juif dont les commercants ont ensuite essaime dans tous les ports mediteraneens, de Mogador au Maroc a Alexandrie en Egypte, en passant par Alger et surtout Tunis. Rapidement il prit de l’ascendant sur la communaute en raison egalement de sa formation de rabbin et en devient le Mokadem, le chef.

 

YAACOB RAPHAEL: Fils d'Abraham, il succeda a son pere a sa mort en 1735 a la fois a la tete de la maison de commerce et comme Mokadem nomme par les autorites pour etre leur representant aupres de la communaute juive, poste qu'il occupera jusqu'a sa mort en 1768. Il developpa encore plus l'affaire familiale, devint consul a Alger de la principaute italienne de Raguse en Sicile meridionale. Mais c'est sur le plan communautaire qu'il se distingua le plus en favorisant les etudes – il financa la Yechiva de rabbi Yehouda Ayache et la publication de son livre, "Lehem Yehouda". Mais 1'exces de richesse et de pouvoir, la montee de nouveaux riches rendus prosperes par le grand developpement du commerce avec les pays europeens, entraina une tres grave crise morale des couches dirigeantes. L'autorite des rabbins, dependant economiquement de la nouvelle classe de dirigeants soutenus par les autorites, etait bafouee au point que quatre d'entre eux deciderent de ne plus juger et que les deux plus grandes autorites rabbiniques, rabbi Yehouda Ayache et apres lui rabbi Yaacob Benaim deciderent de quitter Alger. Parmi les facteurs de cette crise sans precedent au Maghreb, l'intervention intempestive du Mokadem, avec l'appui de son frere, le rabbin Yossef Bouchara, dans le cours de la justice rabbinique. C'est ainsi par exemple qu'il contraignit un notaire a falsifier un testament en faveur d'un proche de sa femme. De 1758 a sa mort en 1768, il s'opposa de tout son poids a l'application du testament original authentique.

 

YEHOSHUA: Sur l'etendue et la signification quotidieime de cette crise spirituelle l'aventure exemplaire de ce representant de la toute-puissante famille. Un jour Yehoshoua demanda en mariage une jeune fllle du peuple, proche parente du grand rabbin rabbin Yehouda Ayache. Ses parents angoisses – impossible de refuser et de se heurter a une aussi puissante famille, mais impossible egalement d'accepter, le jeune homme ne respectant pas les preceptes religieux – s'adresserent a rabbi Yehouda qui demanda un temps de reflexion. Le lendemain en se reveillant, il ouvrit la Bible et tomba sur le passage du prophete Isaie recommandant "ne le rejettez point car il porte en lui la benediction". Il y vit une reponse du ciel et donna son accord a ce mariage. Et effectivement quelque temps plus tard, le jeune homme sauva la communaute des mains d'un rebelle fanatique musulman qui ne revait que de la detmire, en l’empoisonnant, deguise en Berbere.

 

 YOSSEF: Fils d'Abraham. Frere de Yaacob-Raphael, il resta a Livoume comme representant de son pere Abraham et ne s'installa a Alger qu'en 1735. Dans la tradition familiale, il allia la rabanout aux affaires. Grand erudit verse dans les textes, il edita et prefaca le livre de rabbi Yehouda Ayache, "Vezot leyehouda" (Zalsbach, 1776).

 

ABRAHAM: Fils de Yaacob Raphael, il succeda a son pere a sa mort en 1768 et restera Mokadem des juifs d'Alger jusqu'en 1800, lorsqu'il fut depose en faveur de Naftali Boujenah. II developpa les relations commerciales avec les Etats-Unis dont il fut le representant a Alger jusqu'a ce que Washington lui prefere les Boujena-Bacri, mieux en cour avec le dey. Rabbin, il est l'auteur d'un traite connu, "Brit Abraham".

 

CHARLES: Un des heros de la resistance juive a Alger au cours de la guerre. Peu apres la debacle de l'armee francaise en mai 1940 trois jeunes Juifs, Andre Temime, Emile Atlan et Charles Bouchara, qui ne se resignaient pas a la defaite de la France, avaient organise un groupe clandestin de resistants. Pour dejouer la vigilance de la milice, ils louerent une salle de gymnastique au centre d'Alger et se choisirent comme moniteur Geo Gras, un patriote francais non-juif au-dessus de tout soupcon et qui ne se doutait de rien, en bons termes avec la Legion de Vichy. Ce camouflage parfait ne fut jamais evente et la salle Geo Gras devint le centre d'entrainement de la resistance juive dont on connait les exploits dans la prise d’Alger la veille du debarquement americain du 8 Novembre 1942 (voir Jose Aboulker). Il paricipa sous le commandement de Jacques Zermati a la prise et a la neutralisation de la Prefecture. Au lieu d'etre decores, les resistants furent on le sait sacrifres aux intrigues entre les Americains et les rescapes de Vichy. Fin novembre 1942, il fut arrete avec d'autres resistants pour affichage de papillons gaulistes. Liberes quelque temps apres, ils furent mobilises et envoyes sur le front tunisien, mais pas dans les unites combattantes alors encore interdites aux Juifs. Ce n'est qu'en Octobre 1943 que le general De Gaulle annula tous les restes de la legislation anti-juives, retablissant les Juifs algeriens dans leurs droits de citoyens francais a part entiere.

 

BOUCHOUCHA

Nom patronymique d'origine arabe, indicatif d'une particularite physqique: celui qui a une toupe de cheveux au sommet du crane, a rapprocher du patronyme tres repandu au Maroc Suissa. Le fait que ce nom soit porte par des Juifs recele un mystere difficilement explicable, la tradition rabbinique interdisant aux hommes de marcher tete nue, alors que le port de la choucha est tres repandu parmi les mystiques musulmans, en particulier berberes. Au XXeme siecle nom tres peu repandu porte en Algerie, principalement dans le Constantinois (Constantine, Gulema, Saint-Amaud, Setif).

 

BOUGANIM

Nom patronymique d'origine arabe au sens difficile a cerner, en raison de I'ambiguite de sa francisation. Il semble bien que l'origine soit Aboughanem, textuellement le proprietaire du betail. Sans etre directement eleveurs, les Juifs etaient tres impliques dans l'elevage du gros et menu betail sous forme de commandite. La seconde explication, avancee par Laredo se base sur l'origine berbere du mot qui signifie: le proprietaire du roseau, et par extension le proprietaire de la flute faite dans les campagnes marocaines de roseau seche, le joueur de flute. Autre explication toujours basee sur l'origine arabe: derive de Ghanim, le victorieux, celui, qui s’empare d'un butin qui fait une prise. C'est sous cette forme et dans ce sens qu'il est porte comme prenom d'homme chez les Musulmans. Un village du territoire de la tribu berbere des Zennane dans les environs de Marrakech, porte effectivement ce nom. Au Maroc, le berceau de la famille est dans la rergion du Sous, dans le village d'Oufran repute pour son cimetiere decrit comme le plus ancien de l'histoire des Juifs du pays. Trop excentrique, ce non ne figure pas effectivement sur la liste Toledano des noms usuels au Maroc au XVIeme siecle, basee essentiellement sur les patronymes des communautes du nord. II semble que le patronyme Ganem porte en Tunisie ait la meme racine, mais nous l'etudierons separement. Au XXeme siecle, nom tres peu repandu porte au Maroc (Mogador, Safi, Casablanca) et en Algerie (Alger, Setif).

AMI: Educateur et ecrivain israelien de langue francaise, ne a Mogador en 1951. Apres des etudes a 1'ENIO il monta en Israel ou il etudia la philosophie. Actuellement directeur du service des ecoles et charge de la redaction des programmes d'etudes juives pour les ecoles de l'Alliance Israelite Universelle. Il fut a la fin des annees 1960 detache par l'Agence juive comme eductaeur aupres des Eclaireurs Israelites de France. Son premier livre "Recits du mellah", chronique tendre et ironique de la vie dans le mellah de Mogador, parut a Paris en

  1. Le second livre, "Le cri de I'arbre" retrace la souffrance de " de l'arbre qu'on

abat", metaphore pour les difficultes d'integration des olim du Maroc dans la Terre Promise dans les annees cinquante (Tel-Aviv, 1983). En 1990, il publia a Paris un essai, "Le Juif egare". A l'occasion de la commemoration du 500eme anniversaire de l'expulsion des Juifs d'Espagne, il edita a Jerusalem un recueil critique de textes sur le patrimoine sepharade; "L’or et le feu" et en 1996 il publia a Paris. "Le rire de Dieu", et "Jerusalem: sites et sources"; "La rime et le Rite" (Paris, 1996).

 

BOUHADANA

Nom patronymique d'origine arabe indicatif d’un trait de caractere: textuellelemt le pere de la tranquilite, l'homme qui apporte la paix et par extension l'homme calme, tranquille. pacifique. Autre orthographe: Bouadana. Au XXeme siecle nom peu repandu, porte au Maroc (Mogador, Tanger, Mazagan, Casablanca, Tetouan, Seffou, Rabat, Marrakech) et en Algerie (Oran, Alger, Mostaganem, Tebessa).

 

MOCHE: Commercant a Mogador, il fut parmi les donateurs pour la publication du livre de son compatriote rabbi Yossef Knafo sur les rites de la circoncision " Sefer ot brit kodech", publie a Livourne en 1884 

 

  1. DAVID: Rabbin a Mostaganem dans les annees vingt et trente.

 

Bouchara-Bouchoucha-Bouganim-Bouhadana

Bouhnik- Boujenah-Une histoire de familles-Joseph Toledano

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BOUHNIK

Nom patronymique d'origine arabe, ayant pour sens textuel 1'homme a la bouchee de pain, au figure trait de caractere: celui qui se contente ou se vend pour peu, pour une bouchee de pain. Autres formes: Bouhanik, Bouhenic, Bouheniche. Au XXeme siecle, nom peu repandu, porte en Tunisie (Gabes, Djerba, Gafsa, Sfax, Tunis) et en Algerie (Algerois, Oranais, Guelma).

 

  1. ITSHAK: Rabbin ne a Gabes en 1915, il s’installa ensuite a Tunis ou il enseigna la Torah dans les yechibot et eut entre autres disciples rabbi Meir Mazouz, le fondateur de la yechiba Kisse Rahamim. Auteur de deux grands ouvrages de commentaires: "Vayomer Itshak" en 3 volumes et "Beni Hay" en 2 volumes. Mort a Jerusalem en 1975.

 

BOUJENAH

Nom patronymique d'origine arabe arabe, forme de l'indice de filaition Abou et de jenah, l'aile, 1'homme a l'aile, euphemisme pour designer celui qui n'a qu'un seul bras comrae Abergel ou Borgel designe celui qui n'a qu'une seule jambe. Autre explication, sobriquet accole a un porteur de vetements amples dans lesquels ils semble flotter. C'etait le sobriquet accole au Moyen Age aux Juifs porteurs de vetements flottants, un des signes distinctifs impose a une certaine periode aux dhimmis juifs des pays musulmans pour les distinguer des Fideles. Autre explication proche, mais plus recherchee: deformation de Ben Yona, le fils de la colombe -yona en hebreu, qui protege de ses ailes. Le rabbin Eisenbeth avance une autre explication, toujours basee sur l'origine arabe: 1'homme au peche. Malgre cette origine arabe de son patronyme la celebre famille qui domina la vie juive en Algerie au XVIIIeme siecle etait originaire de Livoume. Mais il est certain que ses sources plus lointaines plongent dans le Maghreb, vraissemblablement en Lybie. Son fondateur a du quitter le Maghreb au debut du XVIIeme siecle, pour s'installer dans la nouvelle vile portuaire italienne. En 1593 le Prince de Tosacane, Ferdinand de Medicis, avait lance un appel reste celebre sous le nom de Livomina, invitant les negociants de toutes nationalites a venir participer au developpement du port qu'il avait fonde pour desservir sa capitale, Florence. L'appel etait destine avant tout aux negociants juifs descendants des expulses d'Espagne et des Marranes du Portugal disperses dans toute 1'Italie et et en Hollande et qui avaient fait leurs preuves dans le negoce international, les attirant par la garantie totale de la liberte religieuse et divers avantages et privileges fiscaux et economiques Mais l'appel etait egalement adresse, aux "Maures et Berberiscos" et nombre de families du Maghreb, dont les Boujenah se joignirent a la communaute de Livoume. Le succes de l'entreprise fut rapide et decisif faisant au bout de quelques decennies le port de Livoume devint le premier port de commerce d'ltalie. Avec le developpement du trafic international, le mouvement s'inversa au cours de la premiere moitie du XVIIeme siecle, des negociants de Livoume, trop a leur etroit dans leur ville, essaimerent pour developper leurs affaires dans tous les ports de la Mediterranee, surtout a Tunis, mais aussi a Alger et parmi eux la famille Boujenah, tout en gardant d'etroites relations familiales et d'affaires avec leur communaute d'origine. Autre orthographe: Boudjenah Au XXeme siecle, nom peu repandu. porte en Tunisie (Tunis, Nabeul), en Algerie (Alger, Constantine, Am-Beida, Bone, Boueie, Guelmal et en Lvbie.

 

YONAH IBEN JANAH: Celebre medecin et grammarien a Cordoue au Xeme siecle.

 

R, MOCHE: Celebre poete hebraique a Tripoli. Devenu aveugle tres jeune, il fut envoye par son pere etudier en Egypte aupres de rabbi Moche Galanti. Mort en 1700.

 

NAFTALI: Grand commercant de Livoume, il s'installa en 1721 pour les besoins de ses affaires dans les Baleares, dans la base navale Mahon de l׳ile de Minorque, alors sous domination anglaise En relations etroites d'import export avec le port d'Oran, Deux ans plus tard, en 1723, il fut le premier representant de la famille a s'installer a Alger, en laissant des membres de sa famille a Livoume et aux Baleares.

 

ABRAHAM: Grand eommercant de Livoume installe a Alger en 1724 II entre- tint des relations commerciales essentiellement avec sa ville natale, tout en servant d'intermediaire dans les negociations pour la liberation des prisonniers chretiens captures par les pirates Ses relations s'etendirent egalement a Gibraltar et Tetouan au Maroc.

 

DAVID: Fils de Abraham, negociant a Alger agent commercial du bey de Tunis qui lui confia diverses missions diplomatiques et commerciales au Danemark, en Angleterre, en Espagne et an Portugal. Il confia a son fils Abraham la direction de la succursale de sa maison commerciale dans l'ile de Minorque alors sous domination anglaise. Le consul d'Angleterre a Alger s'onposa a ce que ses navirent naviguent sous pavilion anglais malgre ses relations etroites avec l'Angleterre Outre la succursale de Minorque, il avait des agents a Livoume, Madrid, Lisbonne et Londres.

 

NAFTALI: Le second, neveu de Naftali I dont nous avons parle. II fut d'abord representant de la maison familiale a Constantine ou il se lia d'arnitie avec le gouvemeur Mustapaha aui devint le Dey d'Alger en 1795. II developpa encore plus l'affaire familiale en s'associant avec la famille Cohen-Bacri. La maison Boujenah- Bacri devint alors la plus importante maison de commerce d'Alger. On estime qu'a son apogee ses exportations se montaient a plus de 2,5 millions de dollars-or par an, somme enorme pour l'epoque. Elle elargit ses relations aux Etats-Unis. Dans sa periode d'expansion, elle afffetait plus de 170 navires par an transportant vers 1'Europe du ble, de forge, des plumes d'autruche, des peaux, de la cire et des laines et important des drapperies et autres produits manufactures d'Europe. Comme nous l'avons vu en etudiant la famille Bacri, ce sont les dettes de la France aux Boujeanh-Bacri aui furent le pretexte au debarquement francais a Alger en 1830. Une autre activite tres profitable: la mediation pour la liberation des prisonniers chretiens et le rachat des butins captures des pirates d'Alger. II joua egalement un grand role dans la vie diplomatique, defendant une politique favorable a l'alliance avec la France. Parallelement, il reussit a mettre fm a la guerre declenchee par l'Angleterre en 1795, et a etablir parmi les premiers pays, des relations diplomatiaues avec les Etats- Unis, des 1795. En 1802, il negocia avec succes des traites de paix avec la Hollande, le Danemark, la Suede et le Portugal. En 1800 le dey, auquel le liaient des relations d'amitie depuis Constantine, le nomma Mokadem de la communaute juive a la place d'Abraham Bouchara depose apres avoir occupe cette fonction 32 ans. Devenu le conseiller le plus proche du dey, il devint en fait le maitre tout-puissant du pays, soulevant la jalousie de I'ancienne noblesse des janissaires pour qui il devint desormais l'homme a abattre. Une premiere tentative d'assasinat en 1801 echoua et il n'echappa que par miracle a la seconde en 1804. Loin de desarmer, le dey sumomme a juste titre "Mustapha le Tigre", maintint son conseiller, qui ne manquait pas non plus de courage, dans ses prerogatives. Mais les conjures n'attendaient que la nouvelle occasion pour reprendre le dessus et ils reussisent fmalement, au cours du soulevement du 28 juillet 1805 a assassiner Naftali a coups de revolver dans le palais du dey – qui devait etre assassine lui-meme quelques mois plus tard. L'assassin, un janissaire, fut arrete et grade par le dey. Ce fut le signal pour les janissaires pour s'attaquer le samedi suivant a la population juive: 14 fideles furent assasines dans la synagogue Sarfaty au cours de ce qui est reste dans les annales comme "le samedi noir", puis les janissaires commencerent la chasse aux Juifs dans toute la ville. Les femmes de la maison de Naftali reussirent a s'echapper par une fenetre et a trouver refuge dans un navire suedois. Le nombre total des victimes de cette periode de troubles qui se poursuivit plus d'un mois, est estime selon les sources entre 42 et 200 et aurait ete certainement plus lourd si la populace n'avait d'abord tenu a piller les maisons juives et les entrepots Bacri-Boujenah qui furent totalement vides. Une celebre "quina" populaire (lamentation en vers) en arabe dialectal relate ces evenemertts tragiques qui marquerent profondement la memoire de la communaute. Il laissa un si mauvais souvenir dans les memoires, que pour defendre son nom, des rabbins de sa famille et auquels il avait apporte toute sa vie un soutien constant, publierent un opuscule d'hommage en arabe dialectal, intitule "Hessed Laoumim". Le nouveau dey s'achama contre les associes de Naftali, les Bacri, les frappant de tres lourdes amendes, ainsi que contre ses amis qui furent emprisonnes a l'instigation du nouveau Mokadem David Duran. Ils ne furent liberes que sur l'intervention des consuls etrangers, moyennant un echelonnement du paiement des amendes et rancons. Mais quand le troisieme paiement ne fut pas verse a temps, ils furent de nouveau arretes.

 

MICHEL: Celebre chansonnier et acteur de cinema francais, ne a Tunis. Arrive adolescent en France, il choisit le theatre au lieu de la medecine comme son pere. Ses premiers spectacles bases sur le choc de l'integration d'un petit Juif tunisien dans la societe francaise, "Albert", "Anatole", "Les Magnifiques" rencontrerent un grand succes, suivis d'autres moins influences par son passe "L’ange gardien", "Elle et moi". Au cinema, il fut revele par la comedie "Trois hommes et un couffin", un des grands succes du cinema francais de ces demieres annees. Dans "Le lombril du monde", il joua le role d'un minotier juif de Tunis contraint de quitter la Tunisie par la decolonisation, un role qui le fit comparer par certains critiques a Raimu bien que le film au total rencontra peu de succes et beaucoup de critiques. Il a publie en 1993 un livre " "Des rires et des larmes" qu'il definit ainsi dans sa preface: "Je ne suis pas un ecrivain, je suis un conteur, je fabrique des spectacles formes de mots, de verbes enchaines les uns aux autres, cela donne des phrases et cela fait des images. Ce livre existe pour ne pas oublier".

 

Bouhnik- Boujhenah-Une histoire de familles-Joseph Toledano

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Bousseti- Bouskila- Bourdeguise- Boukhobza- Boumendil- Boulakia

 

 

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BOUKHOBZA

Nom patronymique d'origine arabe, formé de l'indice de partemité (a)bou et de "khobza", le pain, le père, le propriétaire du pain. Le nom est très ancien et porté déjà au temps du Talmud avec l’indice de filiation araméen Bar Lahma. Son équivalent en hébreu est Halahmy et c'est ainsi que certains membres de la famille arrivés en Israël ont hébraïsé leur nom. On rencontre le même nom sous une forme proche en Algérie: Elkhobz, Elkobz. Autres orthographes: Boucobsa, Bokobza. Au XXème siècle, nom particulièrement répandu en Tunisie (Tunis, Kairouan, Monastir, Gabès, Sfax, Moknine, Sousse, Djerba) et également porté en Algérie (Bône, Guelam, Alger) et en Lybie.

 

R, ITSHAK (1853-1930): Fils de rabbi Gabriel, surnommé en hébreu Abilehem, le père du pain. Célèbre rabbin né à Gabès en 1853 dans une famille de notables aisés. Etudiant brillant, son père l'envoya termi­ner ses études talmudiques dans la yéchiba de rabbi Abraham Hagège à Tunis. Après ses études supérieures, il s'installa comme commerçant tout en continuant à réserver des heures pour l'étude. En 1905, il répon­dit à la sollicitation de la communauté de Moknine de lui servir de guide spirituel. En 1911 il organisa un groupe de sa communauté qui se rendit en pèlerinage en Terre Sainte. En 1921, il fut nommé prési­dent du tribunal rabbinique de sa ville natale, Gabès. Il retsa à son poste quelques années avant de devenir en 1926 Grand rabbin de Tripoli en Lybie où il mourut en 1930. Il assuma ses fonctions avec une grande dignité et s'acquit l'estime de tous, Juifs comme non-juifs. On raconte que lors de sa visite à Tripoli, le roi d'Italie Victor Emmanuel II fut tellement impressionné par sa personnalité qu'il l'invita à Rome pour venir bénir le mariage de son fils et mit à sa disposition un yacht pour le voyage. Quand on lui demanda le cadeau qui lui ferait plaisir, il demanda simple­ment à voir les objets de culte ramenés à Rome après la destruction du Temple de Jérusalem par Titus. Son souhait fut exaucé et il fut sans doute le premier Juif autorisé à admirer ces trésors cachés dans les caves du Vatican. Poète et kabbaliste, il est l'auteur de deux livres qui ont été publiés de son vivant, "Bet Halahmy" et "Leb yamim".

 

HA Y : Cheikh de la communauté de Kairouan dans les années vingt.

 

  1. DAVID (1860-1956): Grand Rabbin de Sousse de 1937 à sa mort.

 

BIANO: Peintre juif né à Tunis. Il fut une des innocentes victime d'un des derniers attentats terroristes dans une me de la Hara de Tunis en Octobre 1955, dans le cadre de la campagne lancée par les nationalistes pour contraindres la France à accorder à leur pays son indépendance. Cet assassinat de sang froid causa une grande émotion dans la communauté juive et accentua le mouvement d'exode qui précéda l'indépen­dance.

 

IGAL HALAMIT: Administrateur et guide touristique israélien né à Tunis. Ancien directeur de la section francophone du Département de l'Organisation Sioniste Mondiale dans les années 80. Il représenta à deux reprises le Département auprès des Fédérations Sionistes d'Italie et de France.

 

DR LUCIEN: Médecin à Paris. Président du bureau exécutif de l'Association des Amis de l'Université Hébraïque de Jérusalem en France.

 

CHOCHANA: Femme de lettres française d'origine tunisienne. Elle a publié son pre­mier roman autobiographique, "Un été à Jérusalem", à Paris en 1986, suivi en 1989 du roman "Le cri", en 1990, "Les herbes amères", et en 1996 "Pour l'amour du père".

 

NINA: Femme de lettres française d'origine tunisienne, auteur de "Miracle à Noël", (Paris, 1985).

 

BOULAKIA

Nom patronymique d'origine arabe, ethnique de Boulak, un des faubourgs du Caire, en Egypte. Autre forme: Aboulakia. Au XXème siècle, nom très peu répandu, porté en Tunisie (Tunis) et en Algérie (Constantine).

 

DR GASTON: Médecin et militant sioniste à Tunis, il fut dans les années cinquante membre de l'Exécutif de la Fédération Sioniste de Tunisie.

 

BOUMENDIL

Nom patronymique d'origine arabe qui a pour sens textuel l'homme au foulard. Le foulard bleu à pois noirs enroulé autour de la tête était jusqu’à la colonisation le signe distinctif des Juif autochtones de l'intérieur au Maroc et en Algérie. Autre explication proche tenant compte du fait que ce patronyme était encore plus courant chez les Musulmans que chez les Juifs: marchand ou fabricant de foulards et par extension marchand de tissus. En restant toujours dans le domaine du textile rappelons qu’en espagnol mandil signifie tablier. Mais il semble bien que dans les communautés juives ce patronyme doive sa popularité à l'origine hébraïque qu'on lui attribue comme diminutif (d’origine italienne) du prénom masculin Ménahem, le consolateur. Effectivement en Yidich Mandel et son diminutif affecteueux Mendélé, sont l'équivalent de Ménahem et sous cette forme, ce prénom était très répandu dans les communautés achkénazes (voir Mendélé Mocher Séfarim (1835-1917), écrivain, peintre des ghettos d'Europe Orientale). Autres formes: Mendil, Mandel. Au XXème siècle, nom peu répandu, porté essentiellement en Algérie (Tlemcen, Oran, Blida, Oued Feddou, Alger) et au Maroc (Casablanca, vallée du Drâa).

 

  1. NEHEMIA: Célèbre rabbin kabbaliste de la vallée du Drâa, dans le sud du Maroc au XVIIIème siècle. Les vertus curatives magiques de ses talismans étaient connues non seulement dans tout le Maroc, mais même également dans les communautés juives d'Europe Orientale.

 

ROSINE: Femme de lettres française devenue célèbre sous son nom de plume exotique d'Elissa Rhaïs. Née à Blida en 1878, morte à Paris en 1940. Femme de caractère, presque analaphabète, mais exceptionnellement douée pour les rela­tions publiques, elle se servit du talent d'un jeune parent pour éditer sous le nom de plume d'Elissa Rhaïs, présentée comme l'ancienne concubine d'un grand cheikh arabe, une série de romans exotiques basés sur le folklore arabe de l'Afrique du Nord qui lui valurent une immense célébrité: "Saïda la marocaine " (Paris, 1911); " Les Juifs ou la fille d'Elazar " (Paris, 1921) ; "La fille du pacha" ( 1924); "La fille du douar" ( 1926), "L'Andalouse " (1926); "Le mariage de Harifa" (1927 ); "Par la voix de la musique" (1928); "Le sein blanc" (1928); "La convertie" (1930). On avait même parlé d'elle pour le Prix Goncourt lorsque la supercherie fut découverte. Plusieurs livres et un film de télévision ont été consacrés à sa vie exceptionnelle.

 

BOURDEGUISE

Nom patronymique d’origine portugaise, altération phonétique arabe de Portuguez, ethnique du Portugal, le Portugais, à rapprocher des autres patronymes ayant la même origine: Portugal, Portugali. Très anciennement installés au Portugal, les Juifs avaient vu leur nombre se multiplier plusieurs fois après l'expulsion d'Espagne en 1492. Moyennnat le paiement de fortes sommes, le roi du Portugal Joa II avait autorisé près de 100.000 réfugiés d'Espagne à transiter ou à s'installer dans son pays où ils furent d'abord bien accueillis. Son successeur qu'animaient également de bons sentiments envers les Juifs, changea totalement de politique en épousant en 1496 la fille d'Isabelle et Ferdinand d'Espagne qui posa comme condition l'expulsion des Juifs du Portugal. Il décréta donc l'année suivante l'expulsion des Juifs de son pays, mais comme leur départ risquait de ruiner l'économie du pays – ils représentaient plus de 10% de la population totale – il fit tout pour empêcher dans la pratique leur départ, en exigeant par exemple que les partants laissent à l'Eglise leurs enfants de moins de 14 ans. Quant à ceux qui malgré tout étaient prêts à partir – dans les 20.000 – il leur fut ordonné de se rassembler au port de Lisbonne. Le dernier jour pour le départ, on leur annonça qu'il n'y avait pas de bâteau et qu'ils étaient tous baptisés. De cette fausse expulsion peu de Juifs profitèrent et c'est sans doute en raison de leur rareté que leur fut accolé ce patronyme en se rendant principalement dans l’empire ottoman. Il fut sans doute également donné aux Marranes qui au siècle suivant réussirent à quitter le Portugal pour revenir ouvertement au judaïsme au Maghreb. Au XXème siècle, nom très peu répandu, porté en Algérie (Constantine, Tébessa).

 

 

BOUSKILA

Nom patronymique d'origine arabe, altération phonétique de Bou Shkila, composé de l'indice de paternité Bou, et du substantif "Shkila" qui désigne le signe distinctif imposé aux Juifs du Maghreb par le souverain Almohade Al-Mansour en l'an 1198. David Corcos précise "qu'on a supposé que ce signe distinctif était une "forme", une figure analogue à la rouelle imposée aux Juifs d'Europe". En France au Moyen Age, ce signe distinctif était une pièce d'étoffe rouge sur blanc. Par extension, l'homme au signe distinctif quel qu’il soit, l'homme à la particularité physique, au signe particulier. Autres formes: Bouchkila, Bouskela Au XXème siècle, nom peu répandu, porté en Algérie (Alger, Sidi Mabrouk, Constantine, Bône, Oran) et au Maroc (Rabat, Salé, Marrakech, Haut Atlas, Casablanca).

R, DAVID: Rabbin de la communauté tombe était devenue après sa mort au début du siècle un lieu de pèlerinage local.

MARCEL: Président de la communauté de Sidi Mabrouk, en Algérie au milieu des années cinquante.

  1. YAACOB (1920-1988): Fils de rabbi Shimon. Descendant d'une lignée de rabbins, né à Taznaght dans le sud du Maroc. Après des études talmudiques à Marrakech, dans la Yéchiba de rabbi Yaacob Dahan, il s'installa à Casablanca et se lança avec succès dans le commerce tout en ne négligeant pas les études sacrées. Il fut un des dirigeants de l'oeuvre de diffusion de l’étude de la Torah, Otsar Hatorah, fondée par des philanthropes juifs syriens de New York et qui joua un grand rôle dans l'enseignement religieux au Maroc après la seconde guerre mondiale et jusqu'à nos jours. Mort à Jérusalem en 1988 (voir Raphaël Abou).
  2. YEHIEL: Rabbin-enseignant et militant sioniste à Casablanca. Un des promotuers de l'étude de l'hébreu moderne dans le cadre de l'association "Maghen David". Il fut pendant de nombreuses années le rédacteur de la lettre hébdoma- daire d'informations sur le monde juive, diffusée dans toutes les synagogues du Maroc et éditée par la direction du KKL à Casablanca. En 1944, il publia à Casa­blanca un recueil de contes édifiants sur la vie des saints, en judéo-arabe: "Sefer toldot Ramba vée Rasbi". Monté en Israël après la création de l'Etat, il s'installa à Beer Chéba.

DAVID; Administrateur et homme politique israélien originaire du Maroc. Maire de la petite ville de développement de Sdérot dans le nord du Neguev, poste auquel il succéda à Amir Perez élu à la Knesset en 1984.

BOUSSETI

Nom patronymique d'origine arabe, formé de l'indice de parenté Bou, le père de, et du substantif Setti qui signifie, madame et qui est un prénom féminin autrefois très répandu dans la communauté juive de Fès. Le nom est très anciennement attesté au Maroc, porté par les Tochabim, les anciens habitants du pays qui se donnaient ce titre pour se distinguer des Mégourachim, les expulsés d'Espagne. Autre possibilité, dérivé du chiffre six, setta en arabe dialectal. Ce patronyme est essentiellement porté de nos jours par les Musulmans, sous la forme de Bouceta. Au XXème siècle, nom très rare, sinon disparu dans les communautés juives.

  1. NATHAN: Un des plus véhéments défenseurs des Tochabim de Fès dans leur célèbre controverse avec les expulsés d'Espagne dans les années 1520 au sujet de la règle de l’abattage rituel, la "Néfiha" (insuflation du poumon). Utilisée pour vérifier la cacherout par les Mégourachim, elle était considérée par une abomination par les Tochabim. Quand ces derniers, abandonnant leur tradition se mirent à manger la viande abattue selon cette règle par les Mégourachim, leurs rabbins et parmi eux rabbi Nathan, décrétèrent l'excommunication de tout celui des leurs qui achèterait la viande chez les bouchers des Mégourachim. Dans une autre amère controverse, il prit nettement le parti des rabbins niant l'appartenance au judaïsme des Marranes revenus à la religion de leurs pères après s'être convertis de façade, ce qui devait lui attirer les foudres de rabbi Sémah Duran d'Alger qui lui reprocha de porter ainsi atteinte à l'honneur d'hommes aussi héroïques qui ont tant souffert pour leur foi pratiquée en secret. Dans les deux controverses l'Histoire devait lui donner tort.
  2. HAYIM: Rabbin juge à Marrakech, fin du XVLIIème, début du XIXème siècle.

Bousseti- Bouskila- Bourdeguise- Boukhobza- Boumendil- Boulakia

Les noms de famille juifs d'Afrique du nord des origines a nos jours – Joseph Toledano-Boussidan

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BOUSSIDAN

Nom patronymique d'origine arabe composé de l'indice de filiation Bou et du substantif Sidan, déformation de Soudan, donné à une famille du Sahara s'occupant du commerce avec l'Afrique Noire, et particulièrement avec le Soudan. Jusqu'au XVème siècle, l'essentiel du commerce extérieur du Maroc se faisait avec l'Afrique Noire et principalement le Soudan d'ou était importé la poudre d'or, les plumes d'autruche pour la ré-exportation en Europe et pour la consommation intérieure, le piment piquant, le pili pili, appelé en arabe dialectal marocain, ״soudania״. Dans ce vaste trafic, les commerçants juifs ont joué un grand rôle, se rendant en caravanes au Soudan, fournissant les royaumes nègres en sel et en produits manufacturés fabriqués au nord ou importés d'Europe. Ce commerce explique la formation de très anciennes communautés juives à la lisière septentrionale du Sahara comme Aqa dans le Sous, Sijilmassa dans le Tafilalet, Touat en Algérie et le Djebel Nefoussa à l'est vers la Tunisie. Cette explication basée sur la tradition familiale, nous paraît beaucoup plus convaincante que celle avancée par Abraham Laredo qui y voit une trace de l'influence phénécienne: Ben Sidon, fils de la pêche qui a donné son nom au port libanais de de Tyr (en hébreu Sidon) dans le territoire attribué à la tribu de Zébouloun lors du partage de la Terre Promise, équivalent au patronyme connu en Algérie de Ben Sidon ou Sidoni. D'ailleurs la tradition rapporte que célèbre famille qui porte ce nom à Meknes était originaire du Sahara, ce qui confirme la piste soudanaise. Au XXème siècle, nom très peu répandu porté au Maroc (Meknès, Fès); par émigration en Egypte et en Algérie (Bône).

  1. MIMOUN: Fils de rabbi Yossef, rabbin originaire du Sahara (rabbi Yossef Messas précise qu'ils s'agit du village de Tamlilt, alors que rabbi Yossef Benaim parle du village de la Zaouia mais il n'y a eut-être pas de contradiction il est possible que Tamlilit était une zaouia, un centre de pèlerinage dédié à un marabout) installé à Fès fin du XVIIIème siècle. Rabbin miraculeux, il fonda une synagogue qui portait son nom jusqu'à nos jours. Rabbi Yossef Benaïm rapporte qu'un jour, des brigands l'avaient supris seul dans sa maison et avaient exigé de lui de leur indiquer la cachette de son trésor. Comme il nia en posséder, ils le mirent à la torture et n'ayant rien obtenu de lui, ils s'apprê­taient à l'égorger lorsqu'ils entendirent un cri si effrayant qu'il leur glaça le sang et qu'ils sortirent en panique pour en vérifier l’origine. Profitant de cette retraite, la mère du rabbin le cacha dans sa synagogue voisine sous un tas de vieux vêtements. Quand les brigands n'ayant rien trouvé, revinrent achever leur oeuvre et ne le trouvèrent pas, ils se vengèrent en tuant sa mère.
  2. DAVID: Fils de rabbi Yossef, frère de rabbi Mimoun, plus connu sous la pronon­ciation berbère de son prénom, rabbi Daouad Boussidan, le saint patron de la communauté de Meknès. Il arriva dans la ville en 1780 avec 150 membres de sa communauté après qu'ils eurent été dépouillés et chassés de leur village du Sahara, Tamlilt. Le grand rabbin de la ville, rabbi Raphaël Berdugo lui donna un terrain sur lequel il construisit sa synagogue et il ouvrit une yéchiba. D'une piété sans bornes, il fut réputé miraculeux déjà de son vivant. A la porte de sa Yéchiba, il avait placé une petite caisse ouverte dans laquelle les passants déposaient leurs dons et nul n'y toucha jamais – sauf une fois un jeune homme pourtant de bonne famille qui fiit paralysé en essayant de voler les pièces déposées. Il ne fut délivré par le rabbin, sous les supplications de ses parents, que contre promesse de ne plus recommencer. Avec ces dons il put maintenir la Yéchiba jusqu'à sa mort en 1832. Il fut invité par les rabbins de la ville à signer avec eux des Takanot en même temps que ses frères Mimoun (rabbin à Ouezane et à Fes) et Shémouel. Après sa mort, son tombeau, est devenu le lieu de pèlerinage par excellence à Meknes, le jour de Lag Baomer et tous les samedis soir. Les pèlerins dont les voeux ont été exaucés organisaient jusqu'à nos jours un banquet sur sa tombe les soirs de chaque roch hodech (premier jour du mois hébraïque). La synagogue qui portait son nom était encore en service jusqu'à la grande vague de départs vers Israël dans les années soixante. Sa canne et sa redingotte étaient des reliques pieusement conservées dans la famille de rabbi Yéshoua Tolédano qui avait épousé une de ses descendantes. Elles étaient réputées miraculeuses dans les accouchements difficiles.

SHELOMO: Petit-fils de rabbi Daoud, héros d'une des plus célèbres affaires de succession de l'histoire de la communauté de Meknes. Il avait épousé en secondes noces Clara Levy Ben Yuli, la petite-fille de Samuel Ben Yuli, le plus grand richard de sa génération. Clara avait épousé en premières noces en 1786 Haim Maimran qui était mort quelques semaines après le mariage. Elle et son nouveau mari refu­sèrent de donner leur part aux successeurs du mari défunt en arguant que le mariage n'avait pas été consommé, que la mariée étant mineure et qu'il était de ce fait nul. Le tribunal leur donna raison et la grande fortune des Ben Yuli resta en leur possession.

SAMUEL: Une des victimes du massacre de Petit Jean en août 1954 qui jeta la panique parmi les juifs du Maroc à la veille de l'Indépendance et accéléra la vague de départs pour Israël. Un incident mineur – l'affichage dans le quartier musul­man de portraits du sultan déchu Mohamed V avait entraîné une intervention musclée de la police, qui rapidement débordée par une foule de manifestants déchaînée, abandonna la place aux émeutiers, se contentant de protéger le seul quartier européen. Ne pouvant de ce fait l'attaquer, les manifestants se rabattirent sur les quelques commerçants juifs qui malgré la tension avaient maintenu ouverts leurs magasins, à la demande expresse des autorités qui les avaient assurés de leurs protection. Les 5 commerçants juifs commerçants, dont le transporteur Samuel Boussidan père de 11 enfants, furent massacrés avec une cmauté inouïe et leurs corps affreusement mutilés brûlés sur la place publique sous les you you stridents des femmes. Le retard inexplicable dans l'intervention des forces de l'ordre et l'étrange conduite des émuetiers qui évitèrent soigneusement de s'attaquer aux biens des colons européens, accréditèrent l'hypothèse d'une provocation policière délibérée pour déconsidérer les nationalistes à la veille du premier anniversaire de la déposition du sultan. Les autorités du Protectorat ordonnèrent à la communauté de Meknès, dont les six victimes étaient originaires, de les enterrer en hâte de nuit. Les restes des malheu­reuses victimes étaient à ce point mécon­naissables qu'on les enterra dans une tombe commune à l'entrée du cimetière du Nouveau Mellah.

Les noms de famille juifs d'Afrique du nord des origines a nos jours – Joseph Toledano-Boussidan

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