Les noms de famille juifs d'Afrique du nord des origines a nos jours – Joseph Toledano-Boussidan

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BOUSSIDAN

Nom patronymique d'origine arabe composé de l'indice de filiation Bou et du substantif Sidan, déformation de Soudan, donné à une famille du Sahara s'occupant du commerce avec l'Afrique Noire, et particulièrement avec le Soudan. Jusqu'au XVème siècle, l'essentiel du commerce extérieur du Maroc se faisait avec l'Afrique Noire et principalement le Soudan d'ou était importé la poudre d'or, les plumes d'autruche pour la ré-exportation en Europe et pour la consommation intérieure, le piment piquant, le pili pili, appelé en arabe dialectal marocain, ״soudania״. Dans ce vaste trafic, les commerçants juifs ont joué un grand rôle, se rendant en caravanes au Soudan, fournissant les royaumes nègres en sel et en produits manufacturés fabriqués au nord ou importés d'Europe. Ce commerce explique la formation de très anciennes communautés juives à la lisière septentrionale du Sahara comme Aqa dans le Sous, Sijilmassa dans le Tafilalet, Touat en Algérie et le Djebel Nefoussa à l'est vers la Tunisie. Cette explication basée sur la tradition familiale, nous paraît beaucoup plus convaincante que celle avancée par Abraham Laredo qui y voit une trace de l'influence phénécienne: Ben Sidon, fils de la pêche qui a donné son nom au port libanais de de Tyr (en hébreu Sidon) dans le territoire attribué à la tribu de Zébouloun lors du partage de la Terre Promise, équivalent au patronyme connu en Algérie de Ben Sidon ou Sidoni. D'ailleurs la tradition rapporte que célèbre famille qui porte ce nom à Meknes était originaire du Sahara, ce qui confirme la piste soudanaise. Au XXème siècle, nom très peu répandu porté au Maroc (Meknès, Fès); par émigration en Egypte et en Algérie (Bône).

  1. MIMOUN: Fils de rabbi Yossef, rabbin originaire du Sahara (rabbi Yossef Messas précise qu'ils s'agit du village de Tamlilt, alors que rabbi Yossef Benaim parle du village de la Zaouia mais il n'y a eut-être pas de contradiction il est possible que Tamlilit était une zaouia, un centre de pèlerinage dédié à un marabout) installé à Fès fin du XVIIIème siècle. Rabbin miraculeux, il fonda une synagogue qui portait son nom jusqu'à nos jours. Rabbi Yossef Benaïm rapporte qu'un jour, des brigands l'avaient supris seul dans sa maison et avaient exigé de lui de leur indiquer la cachette de son trésor. Comme il nia en posséder, ils le mirent à la torture et n'ayant rien obtenu de lui, ils s'apprê­taient à l'égorger lorsqu'ils entendirent un cri si effrayant qu'il leur glaça le sang et qu'ils sortirent en panique pour en vérifier l’origine. Profitant de cette retraite, la mère du rabbin le cacha dans sa synagogue voisine sous un tas de vieux vêtements. Quand les brigands n'ayant rien trouvé, revinrent achever leur oeuvre et ne le trouvèrent pas, ils se vengèrent en tuant sa mère.
  2. DAVID: Fils de rabbi Yossef, frère de rabbi Mimoun, plus connu sous la pronon­ciation berbère de son prénom, rabbi Daouad Boussidan, le saint patron de la communauté de Meknès. Il arriva dans la ville en 1780 avec 150 membres de sa communauté après qu'ils eurent été dépouillés et chassés de leur village du Sahara, Tamlilt. Le grand rabbin de la ville, rabbi Raphaël Berdugo lui donna un terrain sur lequel il construisit sa synagogue et il ouvrit une yéchiba. D'une piété sans bornes, il fut réputé miraculeux déjà de son vivant. A la porte de sa Yéchiba, il avait placé une petite caisse ouverte dans laquelle les passants déposaient leurs dons et nul n'y toucha jamais – sauf une fois un jeune homme pourtant de bonne famille qui fiit paralysé en essayant de voler les pièces déposées. Il ne fut délivré par le rabbin, sous les supplications de ses parents, que contre promesse de ne plus recommencer. Avec ces dons il put maintenir la Yéchiba jusqu'à sa mort en 1832. Il fut invité par les rabbins de la ville à signer avec eux des Takanot en même temps que ses frères Mimoun (rabbin à Ouezane et à Fes) et Shémouel. Après sa mort, son tombeau, est devenu le lieu de pèlerinage par excellence à Meknes, le jour de Lag Baomer et tous les samedis soir. Les pèlerins dont les voeux ont été exaucés organisaient jusqu'à nos jours un banquet sur sa tombe les soirs de chaque roch hodech (premier jour du mois hébraïque). La synagogue qui portait son nom était encore en service jusqu'à la grande vague de départs vers Israël dans les années soixante. Sa canne et sa redingotte étaient des reliques pieusement conservées dans la famille de rabbi Yéshoua Tolédano qui avait épousé une de ses descendantes. Elles étaient réputées miraculeuses dans les accouchements difficiles.

SHELOMO: Petit-fils de rabbi Daoud, héros d'une des plus célèbres affaires de succession de l'histoire de la communauté de Meknes. Il avait épousé en secondes noces Clara Levy Ben Yuli, la petite-fille de Samuel Ben Yuli, le plus grand richard de sa génération. Clara avait épousé en premières noces en 1786 Haim Maimran qui était mort quelques semaines après le mariage. Elle et son nouveau mari refu­sèrent de donner leur part aux successeurs du mari défunt en arguant que le mariage n'avait pas été consommé, que la mariée étant mineure et qu'il était de ce fait nul. Le tribunal leur donna raison et la grande fortune des Ben Yuli resta en leur possession.

SAMUEL: Une des victimes du massacre de Petit Jean en août 1954 qui jeta la panique parmi les juifs du Maroc à la veille de l'Indépendance et accéléra la vague de départs pour Israël. Un incident mineur – l'affichage dans le quartier musul­man de portraits du sultan déchu Mohamed V avait entraîné une intervention musclée de la police, qui rapidement débordée par une foule de manifestants déchaînée, abandonna la place aux émeutiers, se contentant de protéger le seul quartier européen. Ne pouvant de ce fait l'attaquer, les manifestants se rabattirent sur les quelques commerçants juifs qui malgré la tension avaient maintenu ouverts leurs magasins, à la demande expresse des autorités qui les avaient assurés de leurs protection. Les 5 commerçants juifs commerçants, dont le transporteur Samuel Boussidan père de 11 enfants, furent massacrés avec une cmauté inouïe et leurs corps affreusement mutilés brûlés sur la place publique sous les you you stridents des femmes. Le retard inexplicable dans l'intervention des forces de l'ordre et l'étrange conduite des émuetiers qui évitèrent soigneusement de s'attaquer aux biens des colons européens, accréditèrent l'hypothèse d'une provocation policière délibérée pour déconsidérer les nationalistes à la veille du premier anniversaire de la déposition du sultan. Les autorités du Protectorat ordonnèrent à la communauté de Meknès, dont les six victimes étaient originaires, de les enterrer en hâte de nuit. Les restes des malheu­reuses victimes étaient à ce point mécon­naissables qu'on les enterra dans une tombe commune à l'entrée du cimetière du Nouveau Mellah.

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