Brit-La vie Juive a Mogador

 

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Brit

Revue des Juifs du Maroc

Numero special

Salomon Hai Knafo

La vie juive a Mogador

Presente et annote par

Asher Knafo

Ot Brit Kodesh

Hiver 2008

II fonda une synagogue au nom de son pere le Grand Rabbin David Knafo. Rapidement cette synagogue devint le centre spirituel de sa famille et de nombreux habitants de Lod qui venaient la pour s'impregner de la sagesse de Salomon et de son harmonieuse priere. Nombreux furent ceux qui venaient avec leurs enfants pour que Salomon Hai leur inculque les traditions et les coutumes de nos ancetres. Sa faculte de communiquer aux autres, enfants comme adultes, les valeurs spirituelles du Judai'sme en firent ici aussi un guide de la communaute.

II fut elu comme membre de la municipality de Lod et cette election le consacra comme chef des Juifs Nord-africains a Lod.

En 1982  en s'installant a Jerusalem, il concretisa son reve et celui de son epouse Esther. La comme a Lod, leur maison etait ouverte a tous. De tout le pays les gens venaient a Jerusalem specialement pour leur rendre visite. Ils devinrent le centre familial et celui de tous les ressortissants de Mogador en Israel et dans le monde.

Les connaissances de Salomon Hai Knafo sur l'histoire des Juifs marocains en general et des Juifs mogadoriens en particulier etaient fabuleuses. II ecrivit plusieurs articles qui furent publies dans Brit ־ La Revue des Juifs du Maroc. Plusieurs chercheurs venaient le voir pour enqueter sur l'histoire du Maroc et sur plusieurs sujets qui concernaient la vie des Juifs a Mogador ou au Maroc.

Jusqu'a ses derniers jours il resta attache a la lecture et aux livres. II fonda l'association "Ot Brit Kodech" qui avait pour but d'approfondir l'etude et l'investigation de la culture judeo-marocaine. II fut rempli de joie quand parurent les livres de son grand-pere Rabbi Yossef Knafo "Zakh Venaki" et "Perouch le Pirke Avot". II suivit avec attention la preparation des autres livres a partir des manuscrits de son ai'eul qu'il avait soigneusement conserve.

Salomon Hal Knafo, decede a Jerusalem le 7 nai 1995, etait incontestablement une de grandes figures du Judaism marocain.

La vie juive a Mogador 

Le texte qui suit a été écrit en réponse à des questions qui ont été posées à son auteur, mon père Chlomo Haï Knafo par Mme Brouria Horowitz. Nousn'avons plus les questions mais il me semble qu'elles seront assez évidentes  à la lecture des réponses. Et si vous demandez quel est l'ordre des choses, j'ai mis ici une réflexion de l'auteur dont la place initiale était au milieu du texte. -Asher Knafo

Je crois que je chevauche un peu sur les questions, j'y suis entraîné parce que chez nous tout marche ensemble. Les coutumes, les fêtes, les relations, l'éducation. Tout était tellement partie liée, que les événements se suivent et je ne peux décrire une chose sans en citer une autre, alors elles s'enchevêtrent. J'ai voulu répondre à chaque question bien distinctement, mais je n'ai pu le faire et je suis obligé de mélanger les faits.

Les origines de Mogador

D'après les dernières fouilles et les recherches historiques sur l’emplacement actuel de la ville de Mogador, une ville existait déjà, profondément ensablée. On ne connaît pas la raison de sa destruction. On ne sait s'il faut l'attribuer au climat humide et froid, à la fuite de ses habitants ou si sa destruction est due aux éléments déchaînés. Car encore de nos jours, aux moments des grosses marées, la mer emporte tout un pan de la triple muraille. Elle s'engouffre sous quelques maisons, sape la base des fondations, forme une espèce de tunnel par lequel il est possible de passer, à marée basse, de la rue directement à la mer

Or, selon la légende, la ville n'a pas plus de 200 ans d'existence. C'est ce qu'atteste l'inscription sur le fronton du port de Mogador. Elle mentionne : "Celui qui pénètre dans cette ville avec son seul bâton, en sortira tout habillé."

Il parait que le Sultan qui l'avait bâtie, aurait dit en regardant les environs (où il n'y avait que des dunes de sable) : "Sa subsistance viendra de loin, et sa démolition interviendra un jour de Shabbat ou un jour de fête". Certains disent que ce sont des prédictions

Tout en leur souhaitant bonne chance, le Sultan prévenait les habitants éventuels de se méfier des apparences et de ne pas croire qu'ils auraient une vie facile. Peut-être faut-il voir dans la seconde prédiction, une prédiction relative aux Juifs qui, non seulement ne produisent pas le jour du Shabbat et les jours de fêtes, mais dépensent beaucoup pour ces occasions. D'autant que les tribus des alentours lorsqu'elles venaient à saccager la ville, commençaient par le Mellah habité par les Juifs. Et bien entendu, cela se passait probablement le Shabbat et les jours de fêtes.

La ville d'Agadir, seul port du Maroc sur l'océan atlantique, se révolta contre le gouvernement de Sidi Mohamed Ben Abdallah, Sultan du Maroc, résidant alors à Marrakech

En fait, ce n'était pas une révolte, mais un refus de payer les impôts aux délégués du Sultan. Autrement dit, les habitants ne se considéraient pas obligés d'obtempérer aux ordres du Sultan. En réalité, il n'y avait pas de pouvoir absolu, tout le sud vivait sous un régime féodal, et les Caïds se faisaient souvent la guerre, et les plus gros mangeaient les plus petits.

Il y avait des tribus qui vivaient sous d'autres régimes, surtout dans les pays montagneux dont le pouvoir était entre les mains du Conseil des Anciens

C'est à la suite de cette incartade que le Sultan a fermé le port d'Agadir au commerce intérieur et au commerce extérieur. Pour combler le trou budgétaire produit par cet acte, il avait érigé le port de Mogador. Tout d'abord, il semble qu'il fut le port d'attache de nombreux bateaux pirates que possédait le Maroc. Or, sans population sédentaire le port ne pouvait subsister. Le meilleur moyen d'assurer une subsistance à une population était d'y installer une communauté juive avec tous les moyens en mains. Et c'est ainsi que le Sultan fit appel à quelques-unes des meilleures familles juives issues d'autres villes du Maroc, principalement de Marrakech. Mais revenons à Mogador. Toute la ville était ceinte d'une muraille comme nous l'avons décrit plus haut. Cette muraille formait des remparts plongeants directement dans la mer. Au fait de ces remparts des créneaux dans lesquels s'encastraient les gueules de longs canons en bronze du 17 cmc et 18une siècle

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