L'esprit du Mellah-J.Toledano
ATTENDS DE NOUS AVOIR RATTRAPPES!
Le hozer betchouba est celui qui revient au juste chemin apres s'en etre eloigne. C'est parfois une espece dangereuse, les neophites devenant plus fanatiques que ceux qui ont toujours suivi le droit chemin.
Mon cousin, un pilier de synagogue, n'avait qu'un defaut: d'etre toujours presse et quand son tour arrivait de reciter les prieres, il le faisait avec la rapidite de l'eclair. Mais il etait toujours le premier a la synagogue et de sa vie n'avait rate un office. Un jour qu'il avait sans doute mal fait sa priere contre les mauvaises rencontres, il eut pour voisin a l'office, un hozer betchouba, qui s'insurgea bruyamment contre sa rapidite:
- Monsieur Salomon, doucemenr. doucement
Mon cousin, qui comme tout bon marocain. a le sang chaud lui lanca:
- Monsieur, nous cela fait quarante ans que nous prions, vous un mois, alors quand vous nous aurez rattrapes vous aurez droit a la parole
Ziada ktar ml-a'tia Quand l'ajout depasse le principal
Sous entendu: c'est anormal quand l'ajout est superieur au principal. Pour comprendre ce proverbe il faut se reporter a une des plus originales institutions du commerce a la marocaine. S'il y a quelque chose que la societe traditionnelle avait en horreur c'est le formalisme et l'anonymat. Meme dans les relations commerciales qui devraient etre depourvues de touche personnelle: un kilo est un kilo, un metre un metre et un prix un prix, il n'en etait rien. On connaft l'habitude, pour ne pas dire l'obligation, de marchander, mais on connait moins cette coutume de ziada: apres avoir pese le poids juste le marchand ajoutait encore un peu a la tete du client. Meme s'il peut etre consequent, l'ajout ne peut en toute logique depasser le principal. Autrement c'est la preuve qu'on a depasse la juste mesure.