Les juifs de Colomb-Bechar-J.Ouliel

Les juifs de Colomb-Bechar

Et des villages de la Saoura

1903-1962

Jacob Oliel

La societe becharienne atteignit une sorte d'equilibre : en depit du cloisonnement et des petites tensions inevitables, les trois communautes semblaient vivre en bonne intelligence, les conflits se limitant le plus souvent, comme chez tous les Mediterraneans, a de violentes invectives…

L'edification de Notre-Dame du Sahara constitue l'exemple parfait de solidarite et des bonnes relations inter-communautaires : apres la collecte de l'argent necessaire, aupres de tous les Bechariens, sans distinction, et la construction de la cathedrale, la pose de la premiere pierre, le 8  mars 1953 eut lieu en presence de Mgr Mercier, Eveque du Sahara entoure du R.P. Huchon, superieur des Peres Blancs, de l'enfant de choeur, Daniel Cid-Garcia, du Grand-Rabbin Chalom Abehssera et des Chefs religieux musulmans, le Qadi Si Mohamed Bessaih, le Bachaga, le Cheikh ben Abdallah et l'Agha des Nomades, Si Ben Nedjima.

Dans la periode du Ramadan, le mois du calendrier musulman consacre au jeune, une autre forme de solidarite – ou de complicite se mettait en place : ceux des Musulmans bechariens que leurs activites empechaient de se plier a la regie commune imposee par le Ko'ran, se rapprochaient de leurs amis israelites qui, en cachette, leur servaient un repas. Le plus difficile, disait l'un de mes amis, n'est pas de trouver ou manger, mais ou stationner : ils devaient, en effet, garer la voiture le plus loin possible, pour ne pas donner l'eveil et, en cas de decouverte, devenir la cible des gamins charges de lapider ceux qui transgressaient le jeune du Ramadan.

«La misere est moins penible au soleil», dit la chanson;  a Colomb-Bechar, personne ne supportait de passer le Chabbat ou l ,Aid, la Paque ou Noel, egoi'stement. Outre la tradition, assez repandue, de l'assiette du pauvre, les anciens se rappellent la generosite de particuliers, qui, le vendredi, faisaient distribuer, a tous les pauvres sans exclusive, de la farine (M. Elie Benassaya) ou du pain (M. Pastor, le boulanger). Plus tard, M. Simon Benitah" ouvrira son depot chaque jeudi, pour distribuer sucre, the, farine, huile aux families necessiteuses.

Dans la societe becharienne, les fetes religieuses etaient l'occasion de manifester sa solidarite, individuellement et collectivment, chacun considerant comme un devoir de prendre en charge les pauvres. II en etait de raeme a l'occasion des grandes rejouissances strictement privees : pour la circoncision de son fils, Monsieur Bounina avait tenu a inviter plus d'une douzaine d'enfants dont les families trop modestes ne pouvaient assumer les frais d'un tel evenement.

Le souvenir de la circoncision du petit Bounina me hante encore :en entendant hurler de douleur ces pauvres enfants, je dois avouer m'etre lachement felicite d'appartenir au Judaisme: pratiquee huit jours seulement apres la naissance (sur un enfant inconscient de ce qui lui arrive), l'operation me parait moins barbare qu'a l'age de 12 ans. Entre les communautes, un des facteurs d'apaisement, sans doute le plus important, devait etre le souci pour chaque famille, chretienne, musulmane ou juive, fut-elle la plus desheritee, de manifester son respect aux anciens, qu'elle se faisait un devoir de garder en son sein ; il est vrai qu'a l'epoque, l'hospice n'existait pas et la maison etait assez grande pour permettre d'accueillir les grands-parents.

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