Joseph Dadia-Regards sur l'Atlas-Agadir

Agadir-Joseph-Dadia

Nombreux sont les livres ecrits sur le Maroc. J'en signale deux : – Jean Celerier: Le Maroc, publie en 1939, contenant une Bibliographic importante. – Victor Piquet: Le Maroc, publie en 1917, distinguant deux periodes : la periode d’avant le Protectorat, pages 213- 256, et le Protectorat, pages 259-312.

Jamais je n’ai reussi a combler en moi le vide historique, en raison de mon absence du Maroc entre octobre 1956 et decembre 1959. L’Alliance Israelite Universelle s’appelle desormais Ittihad Maroc. La langue arabe est devenue obligatoire dans l’Enseignement et dans la Fonction Publique.

Le terme Wifaq date de fevrier 1956. Je suis encore a Marrakech et je crois dire aujourd’hui que je n’en avais pas entendu parler. Je frequentais a cette epoque un Club de Boxe situe du cote du cinema Eden. J’ai ete le seul juif et tous mes compatriotes marocains me traitaient avec amitie et gentillesse. Tous les soirs au cours de l’entrainement, je les entendais dire qu’ils ont assassine telle collaboratrice de la France. Bien des annees apres, j’ai eu l’occasion de rencontrer a Marrakech le fondateur de ce Club, dont le nom est Abd Eltif Boularbah’ Jazouli. II m’a offert un livre de poesie ecrit en arabe qu’il venait d’editer.

En 5ime du Cours Complementaire, nos professeurs de Francais ne nous ont jamais parle de Colette ni de sa mort a Paris en 1954. Pourtant cette romanciere parle de son voyage au Maroc dans son livre Prisons et Paradis, publie en 1932. Encore moins de Frangoise Sagan, une jeune romanciere, qui offre a la France «Bonjour tristesse» a la rentree scolaire 1954. Le succes de ce roman a ete fulgurant, un peu partout dans le monde. La France retrouve ainsi un peu de bonheur, alors ebranlee militairement au-dela de ses frontieres.

Je retiens de l’enseignement de nos professeurs de Francais deux poetes que j’aime beaucoup : Emile Verhaeren et Albert Samain.

La jeunesse doree de Marrakech, loin des soubresauts et des soulevements, envahissait les (terrasses des cafes, sirotant Judor, se regalant sans moderation de boules de glace multicolores et parfumees et de sandwiches achetes dans les epiceries du Gueliz. Le cinema hyper moderne et luxueux La Renaissance venait d’ouvrir, de meme la brasserie/cafe eponyme.

J’ai cherche la signification du mot Wifaq dans un ouvrage. Cf. Robert Assaraf: Une certaine Histoire des fuifs du Maroc, 1860-1999, Editeur Jean-Claude Gawsewitch, janvier 2005, pages 497, 647, 648, 660, 661, et passim:

« Pour les nationalistes, au contraire, le Maroc devait trouver au plus vite son independance pour participer efficacement et pleinement a l’effort de guerre allie. Aussi fut-ce une revendication d’independance qui donna son nom au nouveau parti, Hijb el-lstiqlal, le Parti de l’independance, fonde en decembrel943 a l’invitation pressante du sultan. Celui- ci, en tant que monarque de l’ensemble de la population, ne pouvait s’identifier a un seul parti, quels que soient ses incontestables merites. II devait d’etre le rassembleur, au-dessus des divisions et des partis. II incita done certains de ses partisans a elargir leur base et a s’ouvrir a d’autres tendances politiques meme minoritaires, sans negliger les israelites. […]

«Des son premier pas sur la terre marocaine, les apprehensions du sultan s’envolerent pour laisser place a la joie. Une joie debordante, celle de tout un peuple en communion totale avec son souverain legitime retrouve. De tout le Maroc, des dizaines de milliers de citadins et de campagnards s’etaient donne rendez-vous sur le parcours menant de l’aeroport au palais. Une foule compacte, enthousiaste, encadree avec efficacite par les militants de l’lstiqlal et du P.D.I. Rare moment de totale unanimite nationale, refoulant au second plan les souvenirs amers du passe, les differences ethniques et sociales. Meme la communaute juive, allergique par prudence aux rassemblements des foules, avait surmonte ses apprehensions pour etre largement representee, avec ses rabbins et ses notables, a ce memorable moment d’elevation spirituelle. Cette atmosphere presque mystique d’union et d’elevation trouva sa meilleure expression dans le discours du Trone, le dernier avant le recouvrement de l’independance, prononce par le sultan le 18 novembre 1955. […] L’lstiqlal, fidele au message de Sa Majeste, s’en tint aux resolutions integrationnistes adoptees au Congres extraordinaire du parti, en decembre 1995 : « Considerant que les israelites marocains sont des nationaux du pays dans toute !’acceptation historique et juridique du terme, il importe qu’ils aient la jouissance et l’exercice des droits et des libertes reconnus a leurs concitoyens musulmans, dans l’egalite la plus complete. Considerant que cette integration ne doit nullement porter atteinte a l’exercice de leur culte, ni a leur statut personnel. Demande que l’egalite de tous les citoyens marocains, sans distinction de classe ou de religion, soit hautement proclamee et consacree dans les textes de lois. Suggere au comite executif du parti d’encourager les contacts entre musulmans et israelites, d’organiser et de promouvoir des activites communes dans differents domaines afin de vaincre les prejuges absurdes et de favoriser au maximum un rapprochement reel et fraternel».

«Joignant les actes a la parole, l’lstiqlal crea, en fevrier 1956, une organisation pour le rapprochement judeo-musulman, le Wifaq (L’Entente), destinee a «encourager l’esprit de cooperation dans l’interet national ». Un tract en arabe, en judeo-arabe en lettres hebralques, et en francais, fut largement diffuse et proclamait: « Notre voeu le plus cher est de batir dans la joie et la concorde un Maroc nouveau, uni, libre et independant. Ensemble, unis de cceur et d’esprit, musulmans et israelites, nous menerons notre pays vers le progres, la prosperite et le bonheur. » […]

Temoin privilegie, le journaliste Victor Malka decrit cette «lune de miel» dans son livre «La memoire brisee des Juifs du Maroc», publie Aux Editions Entente a Paris en 1978, pages 22esq.

Jacques Dahan a preside a Rabat le Conseil des Communautes Israelites du Maroc de mai 1947 au 2 mars 1956, date de l’independance du Maroc. Dans son livre « Regard dun Juif Marocain », publie a Paris en 1995 aux Editions l’Harmattan, pour apprendre l’Histoire des Juifs du Maroc (1927-1972), il ne dit rien du Wifaq. Pourquoi ? Je laisse le soin aux historiens de nous l’expliquer.

 

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