Le légendaire Raïssouli y avait été enfermé..David Bensoussan.

il-etait-une-fois le Maroc

Puis ce fut le coup d'Agadir

La présence de la canonnière allemande Panther à Agadir en avril 1911 fut le second coup de poing diplomatique de l'Allemagne frustrée. En effet, l'armée française ne s'était plus cantonnée aux ports marocains pour en gérer les douanes, mais avait pénétré dans Fès la capitale et l'armée espagnole étendait son emprise sur Larache et Ksar El-Kebir. Français et Espagnols déclarèrent vouloir quitter les zones occupées par leurs troupes respectives si des unités militaires chérifiennes formées par leur soin prendraient la relève. De fait, les navires de guerre allemands Le Berlin, le Panther puis YEber patrouillaient au large d'Agadir. En outre, depuis plusieurs années, l'Allemagne tentait de rallier à son côté le caïd Mohamed Anflous, le Khalifa d'Agadir, le caïd Gellouli ainsi qu'Al- Hiba.

C'est alors que l'Allemagne accepta la prépondérance française au Maroc en échange d'un contrôle sur le Congo en Afrique-Équatoriale française. Paris valait bien une messe et un protectorat au Maroc valait bien une partie du Congo. Pour reprendre les mots du diplomate Henri Millet, le Congo était le « Sésame ouvre-toi ! » du Maroc. Le sultan Abdelhafid était désormais diplomatiquement isolé.

Mais la France finit par avoir le quasi monopole de l'occupation du Maroc.

René Millet qui militait pour agrandir l'Empire français, avait déclaré suite à la visite du kaiser à Tanger : « L'Allemagne nous a rendu le plus grand service en faisant du Maroc une question nationale au premier chef.» De fait, la compétition avec l'Allemagne explique peut-être la formation de la Ligue coloniale française en 1907 dont la mission était de faire l'éducation coloniale des Français. Cette ligue n'eut pas le succès espéré. D'autres formations étaient déjà en place : le Parti colonial regroupait des membres des professions libérales avait formé un Groupe colonial de la Chambre en 1892 et Groupe colonial du Sénat en 1898. À ces groupes s'ajoutaient ceux de Déjeuner au Maroc et de Déjeuner du Siam qui fusionnèrent pour former le Déjeuner Étienne, du nom d'Eugène Étienne qui était le moteur des organisations coloniales. Le Comité du Maroc sécurisa des prêts pour le gouvernement marocain. L'Union coloniale française fondée en 1893 regroupa ceux qui avaient des intérêts aux colonies. Cette dernière formation eut son périodique, la Quinzaine coloniale et subventionna le journal Politique coloniale. Par ailleurs, le Comité de l'Afrique française fondé en 1890 était motivé par la défense des intérêts nationaux contre la compétition des autres puissances européennes. Le débat sur la séparation de l'Église et de l'État qui secoua la France déborda dans le parti colonial dont la branche laïque se sépara pour former le Comité d'action républicaine aux colonies. Au Maroc même, trois organismes furent fondés pour affermir la protection française au Maroc : la Société marocaine des Travaux publics, la Société internationale du tabac et l'Union des Mines. Parallèlement, le Ministre des Colonies Eugène Étienne assurait le kaiser que la France ne recherchait pas un Protectorat tout comme en Tunisie, mais voulait plutôt s'accorder une « prépondérance morale. » Cependant, la Ligue pangermanique ne cessa de critiquer les progrès de la pénétration française au Maroc et d'en saisir l'opinion publique.

Les évènements se chargèrent de hâter les choses. En 1912, le sultan Abdelhafid demanda la protection de la France pour se protéger des soulèvements berbères. Le général Moinier se mit en marche pour Fès avec 30 000 soldats. La France officialisa dans la Convention de Fès un traité de protectorat sur l'Empire chérifien et le général Hubert Lyautey fut nommé Résident général. Deux ans plus tard, des troupes marocaines s’embarquèrent pour combattre aux côtés de la France durant la Première Guerre mondiale… Plus de 40 000 hommes s'engagèrent dont les deux tiers combattirent en France. 11 000 y moururent au combat.

Lors de la Première Guerre mondiale, les consulats allemand et autrichien au Maroc sont fermés et les résidents allemands furent arrêtés ou rapatriés. Suite à l'entrée en guerre de l'Empire ottoman aux côtés de l'Allemagne durant la Première Guerre mondiale, la propagande allemande appela à « la solidarité islamique contre les envahisseurs chrétiens. » Le sultan ottoman Mehmet V proclama la Guerre sainte et une fatwa en ce sens fut émise. L'Allemagne joua la carte panislamique en remettant les prisonniers de guerre musulmans, algériens pour la plupart, aux Ottomans : « Sa Majesté l’empereur d'Allemagne déclare ne faire aucune guerre contre le monde musulman et ordonne que les prisonniers de guerre musulmans des troupes françaises soient mis immédiatement en liberté et envoyés au sultan de Constantinople en qualité de Calife du Monde musulman. » Une propagande soutenue fut orchestrée par les frères Mannesman en Espagne; des liens spéciaux furent tissés avec le rebelle Raïssouli dans le Nord du Maroc et la désertion des légionnaires français fut encouragée. Forte de l'appui du sultan et des caïds, la France encouragea l'expression des institutions islamiques propres au Maroc.

Fait intéressant : en 1915, une mosquée fut construite à Zossen près de Berlin et une autre bâtie dans le jardin colonial de Nogent-sur-Marne. On émit des cartes postales de cette dernière, qui furent diffusées dans les colonies…

RAÏSSOULI

Beaucoup de ceux qui revenaient autrefois d'une visite de l'île de Mogador revenaient avec des récits et des descriptions emplis de mystère. De quoi en retournait-il?

Les visiteurs décrivaient l'île, ses murailles et ses canons, ses nombreux lapins, mais surtout des tessons de cruches et de restes de squelettes de ce qui fut autrefois une prison. Beaucoup de personnalités célèbres y passèrent. Mais rien ne donnait autant de frissons que l'évocation du célèbre Raïssouli.

Le légendaire Raïssouli y avait été enfermé…

À la fin du XIXe siècle, le rebelle Bou Hmara n'était pas la seule cause de souci au pouvoir du sultan : les Berbères rifains du Nord marocain ne connaissaient souvent d'autre loi que celle de leur long fusil. Ces montagnards rebelles faisaient fi de l'autorité du sultan, de ses caïds et des canons des vaisseaux européens. Parmi eux s'était démarqué un chef indomptable, entré dans la légende de son vivant : Moulay Ahmed Er Raïssouli qui se prétendait être le descendant véridique de l'ancienne dynastie royale des Idrissides, et de ce fait, de la lignée du prophète Mahomet. Sa spécialité : le rapt d'étrangers dans le Nord du Maroc. Il fut à la source d'incidents multiples sur la scène internationale. Prétendant agir pour libérer le Maroc de la tutelle des étrangers, si ce n'est pas de l'abus des troupes du sultan, ce personnage jouissant de l'aura de chérif fut tout à la fois un mélange de révolutionnaire, de brigand des grands chemins, de despote, d'escroc et de hors-la-loi. Pendant quelques années, soit de 1889 à 1894, il fut incarcéré dans la prison de la Kasbah de Mogador et on dit qu'il y resta enchaîné à la muraille sans pouvoir se coucher. Il s'en sauva, fut capturé, rossé, et emprisonné à nouveau, mais dans la prison de l'île de Mogador cette fois-ci, avant d'être gracié par le sultan Abdel'aziz. Il se construisit un palais dans le style maroco-andalou à Arzila.

Il s'assagit alors?

Que non ! Incurable et récidiviste, il reprit ses activités lucratives de rapts, dont Walter Harris, correspondant du Times londonien. Lorsque le beau-frère de Raïssouli décida de prendre une seconde épouse, il trouva sa seconde épouse et sa mère égorgées la veille de la nuit de noces. Un rival avait capturé un cheikh opposé à Raïssouli. Celui-ci le racheta pour 1500 $ pour le décapiter devant le seuil même de sa maison.

Le légendaire Raïssouli y avait été enfermé..David Bensoussan.

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