PUBLICATION DE TEHILLA LE-DAVID

ר דוד חסין תהלה לדודPUBLICATION DE TEHILLA LE-DAVID

Vers 1780  David Ben Hassine rêve de publier son oeuvre et de s'assurer ainsi une place dans l'histoire des lettres juives. Il regroupe donc les poèmes qu'il a écrits, du moins ceux dont il a conservé une copie! En effet, à cette époque, les nouveaux piyyoutim, d'abord chantés par leur créateur lui-même, circulent de main en main, en cas de succès, sous forme de copies manuscrites et, pour cette raison, finissent parfois par disparaître, tantôt parce qu'ils ne sont pas reproduits en nombre suffisant pour garantir leur survie, tantôt parce qu'ils ne sont pas inclus dans les anthologies poétiques établies par des amateurs cultivés, pour leur propre usage.

David Ben Hassine constitue ainsi un recueil de 184  poèmes, auxquels il adjoint les livrets de Méqoman Shel Zévahim et des Azharot. Il intitule ce volume Têhilla Lé-David [Hymne de David], Le manuscrit est prêt en 1782  date de la plupart des haskamot de la première édition. Le premier poème est dédié au Hakham Shélomo Shalem, Grand-Rabbin de la communauté séphardie d'Amsterdam, amateur de piyyoutim, dont il espère l'appui pour la publication de Téhilla Lé- David.\ Or, comme le Hakham Shalem est mort en 1781  cela signifie, même si la nouvelle du décès a mis une année à parvenir au Maroc, que le manuscrit était déjà prêt en 1781  et peut-être même avant, soit plus de vingt-cinq années avant sa publication..

Ce manuscrit ne semble cependant avoir quitté Meknès pour Amsterdam que beaucoup plus tard, probablement à la fin de l'année 1789  ou au début de 1790  au plus tard, puisqu'un poème daté de 1789  est inclus dans l'édition d'Amsterdam. Ce retard s'explique certainement par l'activité fébrile déployée par le poète pour trouver des mécènes susceptibles de financer cette publication, comme en témoignent les appels de fonds dans plusieurs haskamot, ou le poème dédié aux bienfaiteurs qui voudront bien l'aider à faire imprimer son oeuvre. De même, David Ben Hassine couvre de bénédictions son généreux protecteur "Shélomo Sebbag, qui m'a assuré de façon absolue qu'il s'évertuerait à rendre justice à ce livre et à le faire imprimer".

Ici se place la légende du voyage de David Ben Hassine à Amsterdam, où il aurait rencontré Shélomo Sebbag, qui souffrait d'un calcul dans la vessie. Citant un verset du Deutéronome  (25, 13) le poète lui aurait adressé la bénédiction suivante: "N'aie point dans ta bourse deux poids [pierres] inégaux, un grand et un petit!" L'allusion ingénieuse fait éclater de rire le malade, si bien qu'il en expulse le calcul, et guérit sur-le-champ! Anecdote piquante, mais sans fondement: David Ben Hassine ne s'est jamais rendu à Amsterdam, et il n'a connu son bienfaiteur qu'au Maroc.

David Ben Hassine reçoit des haskamot particulièrement élogieuses des autorités rabbiniques des grandes villes: de Meknès, celles de son beau-frère Réphael Berdugo, de son gendre Binyamin Elkhrief et de Moshé Maïmaran, qui exhorte ses lecteurs à patronner la publication de Téhilla Lé-David, "malgré le dénuement de nos coreligionnaires écrasés d'impôts"; de Fez, où son ami Hayyim David Séréro lui dédie un poème, et de Marrakech.

Nous savons que David Ben Hassine avait décidé, dès 1780  de publier son oeuvre à Amsterdam, puisqu'à cette date, il en parle de façon explicite dans son poème dédié au Hakham Shalem. Pourquoi Amsterdam? A cette époque, il n'y avait pas d'imprimerie au Maroc, si bien que les auteurs devaient surmonter toutes sortes de dificultés pour publier leurs ouvrages en Europe. Or, au XVIIIe siècle, Amsterdam était devenu un important centre d'édition hébraïque, qui exportait des livres juifs dans toute l'Europe et au Moyen Orient. Il était donc naturel que David Ben Hassine songeât à y faire imprimer son oeuvre, d'autant plus qu'un cercle poétique hébraïque y était très actif, dans la communauté séphardie, sous l'impulsion du Hakham Shalem et du poète David Franco Mendes. C'est certainement pour cette raison que David Ben Hassine en espérait un soutien efficace.

Bien que le manuscrit de Téhilla Lé-David, probablement confié à Shélomo Sebbag, que ses activités commerciales conduisaient régulièrement en Europe, quitte Meknès en 1789   ou au début de 1790 il ne sera publié aux Editions Proops, d'Amsterdam, qu'en 1807 quinze ans après la mort de David Ben Hassine. En fait, le manuscrit est en mauvais état lorsqu'il arrive chez l'imprimeur. Le correcteur des épreuves de Téhilla Lé-David, Moshé Edder'i (c. 1774-1842), se plaint, dans son préambule, des "nombreuses difficultés que j'ai éprouvées pour réviser ce livre précieux en vue de son impression, même si je l'ai fait avec amour, car il avait été écrit à la main depuis de nombreuses années, et de ce fait de nombreux mots et lettres en étaient effacés, à force de passer de main en main … Et j'étais le seul à pouvoir accomplir cette lourde tâche, car personne d'autre n'était compétent pour déchiffrer cette écriture, qui est celle de mon pays."

Après la clôture de son manuscrit, David Ben Hassine continue à composer des piyyoutim jusqu'à son dernier souffle, comme il l'écrit textuellement vers 1790 "Ceci [ce poème], je l'ai ajouté après le départ de mon ouvrage pour l'imprimerie." Il compose alors notamment sa complainte sur le sac du mellah de Meknès en 1790, et les poèmes nouveaux, inclus plus tard dans l'édition de Casablanca, dont il constitue un deuxième recueil, qu'il intitule Shétil David [Scion de David]. Le protecteur de David Ben Hassine, Shélomo Sebbag, meurt vers 1790  mais trois de ses amis, les riches et puissants notables mentionnés dans la page titre de Téhilla Lé-David, poursuivent sa tâche, et font publier le recueil poétique à leurs frais.

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