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Francine Kaufman -André Chouraqui et le Centenaire de l'AIU-Brit 30 Eté 2011

  1. b) La fascination d’Israël

Pourtant, l’ouvrage destiné à paraître en 1960, pour marquer le centenaire de l’Alliance, n’avance guère. Chouraqui est accaparé par mille tâches, mais surtout sa vie est en train de changer. La fascination qu’exerce sur lui l’État d’Israël, depuis la première visite qu’il y effectue en 1950, pour l’Alliance, se change en credo sioniste agissant. Dans un rapport qu’il adresse au Président Cassin le 20 novembre 1953, Chouraqui déplore l’attitude du Comité central qui semble disposé sinon à se retirer d’Israël, du moins à y restreindre considérablement son activité après des « reculs successifs » et une baisse constante des financements alloués aux écoles de l’Alliance dans le pays. Comme lui, écrit-il, l’Ambassadeur de France en Israël, Pierre Eugène Gilbert, est alors « persuadé que l’A.I.U doit être à l’avant-garde de la présence française en Israël. Il sait aussi que sans avoir un pied ferme en Israël, l’A.I.U sera condamnée à plus ou moins longue échéance dans le monde entier. Je pense que tout le monde est convaincu au Comité central que sa disparition représenterait une perte aussi regrettable d’un point de vue juif que français. » Durant son long séjour dans l’Israël de 1953, Chouraqui contribue à la mise sur pied de comités israéliens de l’Alliance, à Tel Aviv et à ‘Haïfa et à la préparation des premières assises de l’A.I.U à Jérusalem. Il propose qu’autour de l’axe central que représente Mikvé Israël, une école professionnelle soit construite à Jérusalem (projet de M. Eliachar) et qu’un lycée « digne de l’A.I.U soit construit à Tel Aviv, selon le vœu de l’ambassadeur Gilbert. Une école de sourds-muets et un renforcement des écoles existantes devraient par ailleurs faire barrage à l’élan des « missions chrétiennes qui comptent aujourd’hui ici 10 000 élèves scolarisés : pratiquement (si l’on excepte l’école de Haïfa et les petits lycées de Jérusalem et de Tel Aviv) les missions ont le monopole de la culture française dans ce pays. » Dans ce même rapport du 20 novembre 1953, Chouraqui réaffirme le souci du gouvernement israélien « de garder ici une place à la culture française » et la reconnaissance escomptée du gouvernement français ainsi que l’appui de ses services culturels que vaudrait à l’Alliance un effort réel pour moderniser ses établissements et y faire venir des professeurs qualifiés. On le voit, le délégué permanent sait jouer sur la corde sensible pour tenter de convaincre le Comité central de faire le choix d’un « renversement de politique » en faveur d’une présence accrue en Israël.

 

[Je tiens à remercier Annette Chouraqui (et sa fidèle collaboratrice, Sandra Serror) de m’avoir ouvert les archives d’André Chouraqui et d’avoir mis à ma disposition les documents (lettres et rapports) cités dans cet article. Sans l’apport de ces documents exceptionnels, je n’aurais pas pu mener à bien cette étude. J’invite d’autres chercheurs £ exploiter et tirer profit de cette masse de documents soigneusement classés et pour la plupart inédits, qui recouvrent plusieurs décennies où l’histoire personnelle d’André Chouraqui recoupe l’histoire d’Israël et du peuple juif.]

 

Il fait preuve d’un même talent d’avocat de la cause israélienne dans son rapport confidentiel du 18 novembre 1956, trois ans plus tard, à l’issue d’un long séjour dans le pays, dans le sillage de la Campagne du Sinaï :      « Les derniers événements ont fait prendre conscience, à tous, du rôle que la France peut jouer dans l’avenir de l’État d’Israël. » Le rapport est consacré Mediterranee », ecrit-il plus tard dans une note confidentielle a Cassin (17 avril 1959). Ce centre pourrait « devenir un facteur actif de defense des grands interets moraux dont nous avons la charge », estime-t-il, mais il s’agit pour lui d’une initiative personnelle, a laquelle il se contente de vouloir associer 1’Alliance.

 

Andre Chouraqui, citoyen de Jerusalem

 a)Un nouveau statut

L’installation definitive du delegue permanent de 1’Alliance en Israel exige une redefinition de son statut et de ses fonctions. Le 18 fevrier 1959, le Comite central se reunit a Paris, des rencontres ont lieu entre les dirigeants de l’Alliance, et les decisions prises sont clairement enoncees dans un document de trois pages signe de la main de Rene Cassin, date du 5 mai 1959 et intitule: «Instructions pour Monsieur Chouraqui ». Charge d’assurer la representation de l’Alliance en Israel sur le plan politique, Chouraqui pourra avoir recours aux services des bureaux locaux de l’Alliance (dont il coordonnera les activites) mais il relevera directement du Siege de Paris auquel il fera son rapport. Il continuera de diriger la collection Sinai', d’accomplir des missions annuelles a travers le monde en faveur de 1’Alliance et de rediger le volume du Centenaire. Mais la partie la plus frappante de ces instructions conceme l’action personnelle, ainsi definie :

  1. Independamment des activites ci-dessus, M. Andre Chouraqui se propose d’assumer la defense culturelle, economique et politique des Juifs originaires des pays ou l’Alliance a traditionnellement exerce ses activites. Il le fera sous sa responsabilite propre et selon ses options personnelles.

L’Alliance, soucieuse de ne pas s’immiscer dans la politique interieure de l’Etat d’Israel, ne sera engagee que pour les actions et dans la mesure ou elle aura ete prealablement consultee et aura decide d’assumer une responsabilite propre.

Ces instructions officielles sont completees par une lettre de Cassin a Chouraqui, datee du lendemain (6 mai 1959) qui montre bien que la claire distinction entre les activites personnelles et celles exercees en tant que representant de l’A.I.U. repond au voeu explicite de Chouraqui. Par ailleurs, precise Cassin, «j’ai egalement tenu a signaler tant dans vos activites en Israel qu’a Paris, votre role dans les affaires culturelles ou d’entente religieuse. » Conscient du « capital exceptionnel represente par vous » (ce sont les mots de Cassin), ces conditions particulieres sont assurees au sein de l’Alliance a un homme dont les options ne recouvrent deja plus tout a fait l’ideologie de !’association dont il redige l’histoire. Dans une lettre du 23 juillet 1959, Cassin ecrit d’ailleurs a Chouraqui : «je souhaite vous communiquer mes positions d’ensemble, semblables mais non identiques aux votres, les perspectives de l’Alliance etant vues de Paris par d’autres yeux. » C’est ainsi qu’il faut veiller a la « necessite de ne pas contrarier notre action en pays musulman par nos manifestations en Israel » si bien par exemple, que la plantation d’une foret de l’A.I.U. pour celebrer son Centenaire ne devrait pas se faire sur les terres du K.K.L., attaque dans les pays musulmans qui l’accusent d’une « appropriation du sol d’Israel soi- iisant vole aux musulmans, aux refugies surtout », mais « sur les terres de 'Alliance, notamment a Mikve et a Jerusalem si possible. »

Mais ce qui preoccupe surtout Cassin, a l’approche de 1’annee du Centenaire 11960) c’est de savoir comment Chouraqui compte terminer dans les temps la redaction du volume d’histoire auquel il s’est engage :

II faut qu’elle paraisse pour le 21 juin prochain, au moins les premiers exemplaires. Le General de Gaulle m’a promis cette semaine de s’associer a ce centenaire (puisque c’est lui qui en 1942 m’a mis dans les brancards). Ce sera plus qu’un haut patronage, mais probablement une presidence effective. L’eclat qui en rejaillira nous cree des devoirs » (lettre du 23/7/59, souligne par Cassin).

Francine Kaufman André Chouraqui et le Centenaire de l'AIU-Brit 30 Eté 2011

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