Dora CORIAT-Je me souviens-Extraits d’un manuscript-Brit 27-Redacteur Asher knafo

ברית מספר 27

 

Apres le salon, la chambre a coucher de Maman. Armoire, coiffeuse, table de toilette en acajou anglais, un grand lit en cuivre, avec des rideaux de, tulle amidonne sur les cotes du lit, dans lequel a ma grande joie, sortant tous les matins de ma chambre (contigue a celle de Maman) j’allais me blottir entre Papa et Maman, puis la salle de bains toute blanche. On faisait chauffer l’eau sur la terrasse et des tuyaux la descendait dans la salle de bain Sa petite armoire de pharmacie etait au debut vernie et renfermait une petite panoplie de menuisier. Sur le 3eme cote du rectangle, le salon arabe, plein de merveilles anciennes: samovar – un en cuivre 1’autre en argent massif – celui-ci russe. Dieu seul sait le chemin que ce samovar a parcouru pour venir de Russie jusqu’a nous! 2 magnifiques porte-plats ou porte-Tajjine. Ils etaient marquetes et faits de fagon splendide, doubles a  l'interieur de velours et de galons dores. Des plateaux d’argent, cuivre, metal anglais sur pied ou pas, garnis de belles tasses arabes multicolores, de verres de Baccarat graves d’or en cristal blanc ou multicolore, desTheieres, boites a sucre et a menthe en argent ou en cristal de couleur garnissaient les plateaux.

Les murs etaient garnis d’un beau haiti de velours, des matelas et des coussins par terre. Et une vitrine avec d’innombrables flacons de couleur en cristal, des roshashat » pour parfumer d’eau de rose et de fleurs d’oranger, des brule parfums pour le bois de sental, des fusils, des poignards, des aiguieres et leurs cuvettes en cuivre! Que dire? Les mille et une nuits.

J’ai oublie de dire qu’un splendide piano droit, noir tronait au salon.

Maman qui jouait avec enormement de sentiments jouait parfois mais bien vite, en pensant a Tanger elle se mettait a pleurer et s’arretait. Apres, c’est moi assez tyrannique, qui l’empechais de jouer. C’est dommage, car elle aurait pu etre une executante hors ligne, si elle avait eu la volonte de continuer. Plus un «Pianola» mecanique que l'on mettait pres du deuxieme piano, qui lui etait dans le salon « d’osier » nous enchantait par ses airs de « french cancan » et autres.

A ce propos il y avait au rez- de- chaussee de la maison une sombre chambre tres fraiche qui servait de cave et de reserve. (C’etait l’ex bain rituel que maman avait refuse et transforme en cave!) De grandes jarres en terre «les khabiat) contenaient de l’huile d’olive, de l’huile d’argan et arachides, des olives confites de toutes sortes, des citrons et poivrons confits de la viande confite. L’huile d’argan est speciale au Maroc et peut etre unique au monde. Cette huile est extraite du fruit de l’arganier qui pousse dans le sud marocain, apres Mogador.

Qui n’a vu les chevres tout en haut de l’arbre se delectant de ces fruits dont elles sont ties friandes? Des fleurs vivantes perchees dans des arbres presque denudes de feuilles, quel spectacle! Le fruit, digere par ces chevres, reste le noyau, soigneusement recupere par les marocains. Ils les passent dans des vieilles presses a huile, enormes meules de pierre et recueillent cette huile precieuse dont le gout et l’odeur sont uniques au monde. Je crois que les odeurs s’oublient moins que tout le reste et elles suffisent a faire revenir du fond de la nuit des souvenirs qu’on croit a jamais effaces!

Nos voisins etaient des marchands de cotonnade qu’ils importaient de Manchester. Monsieur et Madame Ohayon et leurs deux filles « Freha » et « Hassiba ». Les pieces de cotonnade arrivaient pliees et attachees en rectangles d’environ un metre de long sur trente cm de large. Les pieces mises en piles en carre faisaient pour nous, enfants, des maisonnettes sans plafond et je m’installais au centre pour jouer avec mes poupees ou gouter des excellents gateaux faits par « Senora Ledicia » ; que d’heures exquises, quelle odeur d’amidon et de coton frais. Inoubliable! A cote des pieces blanches, les bleues ou « khent» destinees aux hommes et femmes Bleus de Goulimine ou encore plus loin, de Mauritanie: les hommes du desert. Je ne pouvais les toucher car elles deteignaient, mais chacun sait que plus ce khent deteint plus il est apprecie des acheteurs qui arrivent a avoir un reflet bleu fonce sur la peau. On ne se lave pas souvent au Desert, done le reflet bleu etait… plus qu’un reflet.

Ces voisins immediats m’etaient des plus devoues. Senora Ledicia (forme espagnole du nom Letitia) nous faisait des gateaux de toutes especes, des confitures dont les recettes transmises de mere en fille se perdent maintenant..

Notre maison se trouvait dans une petite rue en cul de sac. Habitaient la sept ou huit families tres aisees et triees sur le volet, ce qui faisait de cette rue une sorte de passage prive, ; a l'entree se trouvait un gardien, prepose de papa qui chassait les indiscrets, les malades ou les mendiants. Ceux-ci venaient par centaines le vendredi et avaient un pain et quelques sous pour chacun d’eux. Tous les jours, et specialement le vendredi, apres le passage des mendiants, maman faisait laver, a grandes eaux et passer au gresil toute la rue. Ceci la differenciait des autre rues qui etaient tres sales, de plus e’etait une excellente precaution a cette epoque ou variole et autres horribles maladies (typhus, typhoide etc.) regnaient au Maroc a l’etat endemique.

Nous recevions beaucoup a cette epoque, deja, et les grands caids, le pacha ou les grands commergants arabes venaient a la maison, la coutume voulait qu’ils offrent des cadeaux a la maitresse de maison, a ses enfants et a ces domestiques. Les louis d’or pleuvaient…. A deux ans, pour mon voyage a Londres maman a vide ma bourse personnels qui contenait deux cents livres or, ce qui a amplement paye mes frais de voyage.

Une promenade au « Charridj el Bgher » me revient avec miss Collins, ma nurse anglaise et maman. Papa que j’adorais me laisse peu de souvenirs a cette epoque. Plus tard, en 1913, je me vois, portee sur ses epaules, pour de folles parties de « quatre coins » ou de « colin-maillard » au pavilion de la Menara.

Dora CORIAT-Je me souviens-Extraits d’un manuscript-Brit 27-Redacteur Asher knafo

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