ארכיון יומי: 8 ביולי 2022


La saga des Bibas de Tetouan a Sidi Bel Abbes- Ephraïm, Alfred ENKAOUA-1/2  

LA SAGA DES BIBAS

de TETOUAN à SIDI BEL ABBES

 

En 1492, date de la deuxième inquisition, les juifs vivant encore en Espagne fuient hors des frontières pour ne pas être tués ou convertis de force au christianisme.

Ceux résidant en Andalousie traversent la méditerranée pour se réfugier au Maroc. On les appelle les Mégorashim par opposition aux Toshavim qui sont les juifs qui ont toujours, et depuis plus de XV siècles habité le Maroc. Certains Mégorashim sont d’ailleurs d’anciens Toshavim qui sont passés du Maroc en Espagne. Cette dernière, pendant près de VII siècles, avec la présence arabe et juive a connu un véritable âge d’or.

Les BIBAS sont de notre famille et ont toujours vécu en Andalousie. Ils étaient profondément intégrés dans la société espagnole tout en gardant une identité juive pleine et entière.

Le nom « VIVAS » prononcé et plus tard écrit « BIBAS» est l’expression même de la vie. En fait c’est le souhait que tout juif adresse à son semblable : Que tu vives. En hébreu c’est Haîm. On dit bien « Lehaîm » : « à la vie » à tout instant de la journée.

En fait le nom HAIM BIBAS est outre le fait de magnifier la vie, un véritable pléonasme, mélange d’hébreu et d’espagnol, qui pourrait se traduire : « la vie la vie ».

Nos ancêtres BIBAS revenus donc d’Espagne en 1492 vont tenter de s’implanter dans l’ensemble du territoire marocain, mais ils sont relativement mal accueillis pour des raisons certainement économiques mais aussi d’adaptation. Leur éducation et leur mentalité sont profondément espagnoles.

Curieusement ils préfèrent s’installer dans  des enclaves espagnoles au Maroc: TETOUAN, TANGER, CEUTA, MELILLA qui sont toutes en bord de mer face à l’Espagne.

Ils sont tolérés car ils ne présentent aucun danger pour l’Espagne renaissante, et en plus ce sont de bons commerçants qui faciliteront les échanges économiques entre les deux  pays. Ils continuent de parler le Castillan qu’ils pratiquaient en Espagne et, entre eux ou à la maison la « haquétia » qui est le judéo-espagnol, ce qui est le yiddish pour les ashkénazes.

En 1536 les juifs de Tétouan font appel à un rabbin d’origine espagnole vivant dans la ville de Fès pour régir et organiser leur nouvelle communauté.

C’est Haïm Bibas qui est pressenti. Il va s’y installer avec toute sa famille, et sous sa direction, la ville et la communauté juive vont considérablement prospérer. C’est déjà un Rabbin d’une très haute autorité, grand maître du talmud et d’une très grande érudition. Il est très écouté et très vénéré. Il fonde une grande yeshivah et, par lui une véritable dynastie va naitre et prospérer pendant plus de trois siècles.

Cependant,  très vite des tensions existent entre le Maroc et l’Espagne. En 1610,  le sultan exige des taxes exorbitantes aux juifs. La communauté est rapidement appauvrie : une armée rebelle détruit une partie de la ville et la synagogue Bibas est en partie atteinte. On dit qu’elle était splendide.

En 1655 et plusieurs fois par la suite, de façon cyclique, de nouvelles vagues de terreur surgissent dans la ville : les marocains ne pouvant plus supporter la présence espagnole sur leur territoire.

Cependant les Bibas continuent de diriger la ville. En 1862 on a dénombré 17 générations de rabbanim et de dayanim (juges au tribunal rabbinique) de père en fils, tous très érudits et respectés d’une population sans cesse reconnaissante.

En 1727 on compte sept synagogues. Une imprimerie édite des livres en hébreux ce qui témoigne ainsi de l’état de quiétude et de prospérité de la communauté.

En 1772 après l’expulsion des représentants consulaires de tous les pays, les juifs deviennent même les représentants de divers pays européens et donc des interlocuteurs du pouvoir.

En 1790 des exactions sont malgré tout commises dans la « Judéria ». Elles sont ordonnées par le sultan Moulay Yazid en représailles d’un prêt que la communauté, quelques années plus tôt, lui avait refusé. On brûla des synagogues et assassina sans merci.

La population était d’environ 6000 âmes et les noms de famille fréquents étaient : Bibas, Almosnino, Nahon, Cazes, Falcon, Aboab,  Hadida, Lasry.         

L’ouverture vers l’Europe était telle que bon nombre de juifs du Maroc, des marranes d’Espagne ou du Portugal voire de Hollande ou d’Europe centrale migraient vers Tétouan dont la prospérité n’était plus à démontrer.

C’est ainsi que l’Alliance Israélite Universelle fondée à Paris par la famille LEVEN ouvrira sa première école à Tétouan en 1862. C’est aussi  à cette période que débute la crise hispano-marocaine de 1859-1860. Les espagnols occupèrent Tétouan entre février 1860 et mai 1862. Des conflits importants eurent lieu sur le territoire de la ville et de nombreuses exactions et tueries furent dénombrées. Ce sont encore une fois les juifs qui payèrent le plus lourd tribu.

Cette fois-ci ils ne se relevèrent pas facilement et décidèrent de partir vivre à l’étranger sous des cieux plus cléments.

Mais revenons à notre famille :

Haïm Bibas né vers 1780, rabbin de la XIVème génération depuis son illustre aïeul, eut un fils en 1805 qu’il prénomma  Salomon. Ce dernier épousa Rachel Aboudharam en 1828. Ils eurent 3 enfants (que j’ai pu retrouver avec précision) : Haïm (1829-08/08/1901), Clara (1839-19/01/1899) et Maknine (1841-1920 ?)

Nous sommes les descendants de Haïm.

Clara épousa joseph Hatchuel en 1862 à Tétouan et Maknine Moïse Akrich en 1865.

Ces derniers en qualité d’éclaireurs partent les premiers pour Sidi Bel Abbés car leur premier enfant Salomon naît dans cette ville le 24/08/1867. Clara et Joseph Hatchuel les suivront peu de temps après, ou en même temps que notre ancêtre Haïm.

Ce dernier épousa en 1870 à Tétouan Rachel Benmergui.

Ma grand-mère paternelle Zarhi est la première de cette union née en 1872 à Tétouan.

A cette période, du fait de l’insécurité régnante, une très grande partie des Tétouanais quitte la ville.
Certains iront au Maroc où ils seront pour la plupart plus ou moins mal accueillis.

D’autres préférèrent l’Amérique du Sud. C’est le cas du frère de notre arrière grand-mère Rachel. Il se prénommait Salomon. Vers 1870 à l’age d’environ 18 ans il va vivre à Caracas ou il fait fortune. Il se faisait appeler Alfonso. Il s’associa avec Abraham et Salvador Benzecri tous deux aussi de Tétouan. Ensemble leur  fortune fut telle qu’ils acquirent des îles qui portèrent le nom de « Mergui ». Il semble qu’il fut rejoint par son cousin Salomon Aboudharam vers 1886. Il prit alors le nom de Salvador Hernandez.

Selon Henriette Azen, Salomon Benmergui revint vers 1900 à Oran pour voir sa sœur Rachel. Il lui remit plusieurs pièces d’or qu’elle remit à ses 8 filles. Aujourd’hui Henriette a remis à chacune de ses deux filles une pièce et elle destine la troisième à sa petite fille, fille de son fils Gérard.

La majeure partie des Tétouanais préférèrent partir vers Oran  en Algérie car, non seulement c’était une ville à dominante espagnole, mais de surcroît elle était française de par la  colonisation dès 1830 de l’Algérie par la France. Ils quittaient donc un pays européen : l’Espagne pour un autre pays européen la France.

Un double évènement allait favoriser cet exode :

  • La France avait livré bataille au Mexique pour défendre la Louisiane qui était française. Une compagnie de la Légion étrangère formée de 60 hommes était opposée à un corps d’armée mexicain de 2000 hommes. Les légionnaires dirigés par le capitaine Danjou luttèrent jusqu’au dernier. Ce fait d’armes historique eut lieu le 30 avril 1863. En guise de reconnaissance, Napoléon III de passage à Sidi bel Abbes décida l’implanter la Légion dans cette ville située à 80 kilomètres au sud d’Oran.

C’était à l’époque un bourg arabe créé en 1836 sur une plaine extrêmement plate avec très peu de relief : le Mamelon côté ouest et le Mâconnais côté nord-est.

La légion conçut la ville comme un quartier militaire en pâtés de maisons identiques et à angles droits.

Très vite,  il fallait peupler la ville et,  l’arrivée des premiers Tétouanais constituait une manne exceptionnelle pour la Légion car c’étaient pour la plupart des commerçants.

Ainsi le cœur de la ville était habité par des juifs qui s’empressèrent d’ériger des immeubles et 3 synagogues dans le même pâté de maisons face au marché couvert de la ville.

La première,  et la plus grande, rue Lord Byron, était la synagogue  Beddock, la seconde boulevard de Verdun était la synagogue Lasry, quant à la troisième, rue Catinat, celle que la famille fréquentait, était la synagogue  Sananès.  

Tout comme en France, ces synagogues n’avaient pas pignon sur rue. Pas de fronton majestueux, elles étaient au fond d’un long couloir, et de l’extérieur rien ne laissait supposer ce que ces immeubles renfermaient.

A cette époque et jusqu’en 1962, date de l’indépendance de l’Algérie la majeure partie des commerçants était juive.

La pratique de l’espagnol et du judéo espagnol était la règle dans toute les familles ce qui facilita par la suite l’arrivée des espagnols et plus encore après la guerre civile de 1936. Pour la plupart ils étaient de gauche voir communistes.

Notre famille Bibas a toujours habité rue Mogador tantôt au 12 tantôt au 8 dans la maison Benjo. Et aussi rue Gambetta.

La saga des Bibas de Tetouan a Sidi Bel Abbes Ephraïm, Alfred ENKAOUA-1/2

08/07/2022

La saga des Bibas de Tetouan a Sidi Bel Abbes- Ephraïm, Alfred ENKAOUA-2/2

 

  • Le deuxième évènement, et le plus marquant a été la promulgation du décret  Adolphe Crémieux qui accordait la nationalité française à tous les juifs résidant sur le territoire français de l’Algérie. La France avait énormément de problèmes pour peupler l’Algérie de Français et Adolphe Crémieux, député juif alsacien, permettait d’accroître de façon artificielle la population française. Nous sommes ainsi devenus, par « accident » de l’histoire en 1870 des juifs français !!!

Ainsi beaucoup de juifs du Maroc et de Tunisie entrèrent en Algérie pour devenir français et acquérir des droits qui leur permettaient de « passer devant les arabes ». C’était tout à fait capital pour les juifs tétouanais qui n’attendaient que cet évènement historique pour faire le pas et quitter la ville de Tétouan très chère à leur cœur depuis plus de 3 siècles. Mais malheureusement, ils n’avaient plus leur place tant l’insécurité étaient grande et la situation économique peu florissante pour eux.

C’est ainsi que notre aïeul Haïm Bibas, appelé certainement par sa sœur Maknine et son beau frère Moïse Akriche résidant à Sidi Bel Abbés depuis au moins 1867 (date de naissance de Salomon leur fils le 24 Août 1867) quittèrent définitivement Tétouan fin 1872 ou début 1873. Notre arrière, voire arrière grand-mère Rachel Benmergui était enceinte d’un deuxième enfant. Elle se prénommait Ester et c’est son acte de décès, à 16 mois le 25 juin 1874, qui m’indique avec précision leur venue en Algérie, car il est dit qu’Ester était née à Sidi Bel Abbés, donc en février 1873. C’est une date importante car, de mémoire de famille, tout le monde ignorait avec précision la date exacte de l’exode de Tétouan.

Cela est confirmé par le fait que ma grand mère Zarie née  à Tétouan en 1872 (la seule de la famille) accompagnait ses parents unis en 1870 à Tétouan.

On peut imaginer que Haïm Bibas, en sa qualité de Rabbin, ne pouvait quitter facilement Tétouan sans avoir réglé les affaires importantes de la communauté juive.

C’est ainsi que prend fin une saga familiale qui aura vu depuis 1536 dix sept générations de Rabbanim de père en fils et petits fils et une descendance prestigieuse qui a laissé de multiples ouvrages religieux dont je pourrai vous donner la liste.

En arrivant à Sidi Bel Abbés, Haïm Bibas créa une yeshiva. C’est ainsi que, à chaque fois qu’il déclarait la naissance d’un enfant, il énonçait sa profession : instituteur.

La dix huitième génération de cette merveilleuse lignée allait prendre naissance le 1er avril 1874 avec la venue au monde du 3ème enfant du couple : Salomon Bibas, rabbin extrêmement vénéré, respecté, d’une très grande éducation, d’une très grande sagesse et d’une totale dévotion à sa communauté. Il était bien entendu totalement désintéressé car guidé par de grandes considérations religieuses. Je l’ai personnellement connu car il est décédé le 24/11/1952 à Sidi Bel Abbès. Cette mort a causé une très grande désolation au sein de toute la communauté. Le jour de ses obsèques le cœur de la ville toute entière, juive et non juive, s’est arrêté de battre. Un cortège d’au moins 300 mètres d’une population innombrable a accompagné sa dépouille jusqu’à sa dernière demeure.

Mais revenons à ma grand-mère Zarie. A son mariage, toujours à

Sidi Bel Abbes le 3 août 1898 a lieu une véritable révolution familiale !!! Pour la première fois il y aura un mariage mixte !!!

En effet une judéo espagnole : Zarie Bibas va épouser un judéo arabe : Ephraïm Enkaoua. C’est la rencontre de deux familles juives illustres dont je suis très fier. Un descendant du Rab de Tlemcen, faiseur de miracles, homme de foi et de médecine, arrivé de Tolède à Tlemcen sur un lion en 1391 avec comme licol un serpent, pouvait très largement épouser une descendante du fameux rabbin de Tétouan : Haïm Bibas. La preuve que ce mariage faisait régner la méfiance et la suspicion réside dans le fait que l’on ait pris une précaution unique pour l’époque : les futurs époux avaient contracté devant notaire le 28 juillet précédent un véritable contrat de mariage que je détiens pour l’avoir reçu de ma tante Perlette, l’aînée des Enkaoua née le 16 juillet 1900. Elle était d’ailleurs l’aînée de tous les cousins et cousines qui naîtront par la suite et dont le dernier sera Gilbert Bibas né en 1936. A travers cette union naîtront après Perlette : Samuel le 15 janvier 1902 mais qui mourut tout de suite le 28 janvier 1902, Haïm Emile née le 7 mars 1903, Rachel le 21 juin 1904, Julie le 29 octobre 1908 qui mourut à 5 mois, et mon père Chemali Samuel  le 10 juin 1911.

L’histoire illustre des Enkaoua depuis l’Espagne à Tolède en passant par Tlemcen et toute l’Afrique du Nord et bien sûr Israël fera naître de ma part un autre récit.

Chez l’oncle Salomon qui épousa le 16 juin 1909 Zarie Krief il y eut 12 enfants : Rachel, Armand, Marcel, Renée, Odette, Elie, Alexandre, Edouard, Francine, Eliane, Claude-Setty, et Gilbert.

Mais ne perdons pas le fil car il y eut encore 7 autres enfants après Zarie, Ester et Salomon. En voici exactement la liste :

  • Clara dite Clarisse naîtra le 2 décembre 1875 et épousa le 23 novembre 1904 Nathan Kaoua (un autre Enkaoua avec lequel je n’ai pas trouvé le lien de parenté),
  • Bellida (la Belle) naîtra le 30 avril 1877 et épousa le 14 février 1906 David Bitton,
  • Esther qui remplacera sa sœur défunte trop tôt naîtra le 28 octobre 1878 et épousa Joseph Akrich le 18 janvier 1905. Ils eurent 5 enfants : Henri, Jules, Rachel, Gilberte et Georges.
  • Donna naîtra le 6 septembre 1880 et épousa Abraham Sousan le 12 mai 1909. Ils eurent 6 enfants : Eliaou, Haïm dit Henri, David dit Raymond, Isaac Georges, Rachel et Fortunée dite Nini.
  • Sultana dite Reine naîtra le 16 octobre 1882 et épousa Joseph Teboul le 12 mars 1919. Ils eurent une seule fille : Henriette.
  • Sette dite Setty naîtra le 19 janvier 1885 et ne se maria pas. Elle décéda jeune à 37 ans le 15 juillet 1932.
  • Fortunée, la dernière naîtra le 14 octobre 1887 et épousa Isaac Bensoussan en 1919. Ils eurent 6 enfants : Yvonne, Prosper, Denise, Odette, Armand, Claude et Léo.

Cette très grande famille dont les naissances et les mariages eurent tous lieu à Sidi Bel Abbés à la fin du XIXème et au début du XXème siècle, était extrêmement soudée. Le sens de famille était irréprochable, les liens indéfectibles, la solidarité dans les joies et surtout dans les peines était totale. Ma grand-mère Zarie, veuve très tôt en 1916, a été littéralement prise sous la coupe de son frère Salomon et de toutes ses sœurs. Cet esprit de famille m’a été inculqué dès mon premier âge par mes parents, car curieusement ma mère a connu la même tragédie en perdant sa propre mère à 13 ans.

Tous les membres de notre famille ont bien entendu ces belles phrases en judéo espagnol : « la cara de luz », « hijo de mi alma », « férazman », « capara por ti » « mi vida »etc.…

Ils ont tous gardé intact le patrimoine Tétouanais au point qu’ils ne parlaient pas un mot d’arabe. Le judéo espagnol était leur langue maternelle et ils l’apprirent à leurs enfants. En même temps, ils apprirent avec eux le français.

La richesse de cette langue était telle que notre cousine Henriette Azen a tenu à la faire revivre au travers de toutes les chansons et romances ancestrales que lui avait enseignées sa maman. Avec l’association « Vidas Largas » présidée par Haïm Vidal Sephiha elle a tenu à enregistrer plusieurs disques et cassettes qui ont été diffusés à travers le monde chez les judéo espagnols. Cela a été notre grande fierté car c’était une façon de mettre en musique l’histoire de la SAGA DES BIBAS que, humblement, je viens de vous relater.

Aujourd’hui cette belle histoire se perpétue en France et en Israël et je remercie vivement Cathy Checroun, fille de Léo Bensoussan de me l’avoir demandée.

Ashdod le 11Août 2009.

Ephraïm, Alfred ENKAOUA

La saga des Bibas de Tetouan a Sidi Bel Abbes Ephraïm, Alfred ENKAOUA-2/2

יהדות מרוקו-אבותינו ואמותינו ספרו לנו-משה חיים סויסה-סדר הקידוש בעל פה

חכמתם של אבותינו ואומותינו

סדר הקידוש בעל פה

רבי אברהם, שלוחא דרבנן (שד״ר), הגיע למרוקו כדי לאסוף תרומות מבני הקהילה היהודית עבור עניי ארץ ישראל. השד׳׳רים מעולם לא היו מתארחים באכסניה, אלא אצל אחד מנכבדי העיר.

בליל שבת הגיע רבי אברהם לבית הכנסת, התפלל יחד עם הציבור וקיבלו פני שבת המלכה. לאחר התפילה, פנה אליו אחד מבני הקהילה, והזמינו להתארח אצלו. רבי אברהם קיבל בשמחה את ההזמנה, והתלווה אל מארחו לביתו.

הבית היה מואר כהלכה, השולחן היה ערוך בכל טוב. האישה והבנים, החתנים והכלות, הסבו מיד לשולחן והחלו לאכול. האורח, שהיה תלמיד חכם מובהק, תמה מאוד על כך, ושאל את בעל הבית: "ומה עם קידוש על היין? וכי כיצד אתם עוברים על ההלכה ואינכם מקדשים?״.

״פשוט מאוד", השיבו המארח, ״אינני יודע לקדש, כי מעולם לא למדתי, ואינני זוכר את סדר הקידוש בעל פה. אם רצונך, קדש אתה״.

מיד מזגו כוס יין לאורח. האורח החזיק את כוס היין בידו, והחל לקדש בקול נעים: ״יום השישי, ויכולו השמים והארץ״.

לאחר הקידוש, ישבו כולם לסעוד את סעודת השבת, ובסיום הסעודה ישבו ושרו שירי שבת. האורח זימר בקול נעים זמירות שבת, והמשפחה הרגישה בקדושת השבת והתענגה.

ביום ראשון, כשהגיע השד״ר להיפרד ממארחיו, אמר לבעל הבית: ״שמע לאשר אומר לך! רואה אני כי יהודי טוב אתה וירא שמים, ועל כן עצה אתן לך. רוצה אני שתערוך קידוש בכל ערב שבת על היין, וכדי שתלמד את הקידוש בעל פה, מעתה והלאה יהיו שמות בניך ובנותיך, חתניך וכלותיך ונכדיך, כסדר הזה: הבכור ׳יום׳, השני ׳השישי׳, השלישי ׳ויכולו׳, הרביעי ׳השמים׳, החמישי ׳והארץ׳. החתן הראשון ׳וכל׳, והחתן השני ׳צבאם׳. כך תזכור את סדר הקידוש כולו״.

המארח קיבל את עצת אורחו, ומעתה מדי ערב שבת היה אוחז את כוס היין בידו, פונה אל הבן הראשון ואומר ׳יום׳. לאחר מכן פונה אל הבן השני ואומר ׳השישי׳, וממשיך בבן השלישי ׳ויכולו׳. כך היה מקדש על היין בכל ערב שבת, והדבר נמשך כמה שנים.

כעבור כמה שנים, שב והזדמן השד״ר רבי אברהם בשנית לביתו של מארחו. בליל שבת, אחז בעל הבית את כוס היין בידו והחל לקדש במילים: ״השישי, השמים והארץ”. תמה האורח ושאל את מארחו: ״מדוע אינך אומר ׳יום׳? מדוע החסרת את ׳ויכולו', וכן לא אמרת ׳את צבאם׳?״

ענה בעל הבית ואמר: ״לצערי הגדול, ׳יום׳ נפטר כבר, ׳ויכולו׳ נמצא בבית האסורים, ו׳את צבאם׳ נסע הרחק מכאן למדינת הים…

התמוגג השד״ר מתלמידו הפיקח והנבון.

(יוסף ברזני / אבותינו ספרו, מעשה 3)

יהדות מרוקו-אבותינו ואמותינו ספרו לנו-משה חיים סויסה-סדר הקידוש בעל פה

עמוד 21

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