Les noms de famille juifs d'Afrique du nord des origines a nos jours – Joseph Toledano- Dabela- De Avila
Dabela- De Avila
Nom patronymique d'origine espagnole, déformation de De Avila, ethnique de la ville d'Avila en Castille, petite bourgade à 120 km au nord de Madrid qui fut un grand centre de Kabbale au XlVème siècle, et abrita une importante communauté juive. En 1375 s'y dérouala la célèbre disputation entre l'apostat Juan de Valladolid et rabbi Moché Cohen de Tordesillas. La communauté fut très éprouvée par les persécutions de 1391, renouvelées en 1414. Une grande partie de ses membres furent exterminés, ceux qui n'avaient pas réussi à fuir à temps préfèrenent en majorité pour sauver leurs vies la conversion, créant un douloureux problème de Marranes et le déchaînement des tribunaux de l'Inquisition, chargés de surveiller la sincérité de leur conversion. La célèbre sainte catholique Thérèse d'Avila en fut l'illustration la plus connue. Les ossements de sa propre mère furent brûlés dans un autodafé sur la place publique sous l'accusation d'avoir de son vivant "judaïsé" en secret. Le nom est attesté en Espagne dès le XlVème siècle et au Maroc dès l'arrivée des expulsés d'Espagne en 1492. Au XXème siècle, nom peu répandu porté, au Maroc (Rabat, Salé, Tétouan, Sefrou, Mogador, Fès), en Algérie (Oran, Tlemcen, Alger) et par émigration au Portugal.
ABRAHAM: Kabbaliste espagnol qui se proclama Messie au XÏIIème siècle, soulevant de grands espoirs vite déçus.
DIEGO ARIAS: Ministre et confident du roi de Castille Enriquo IV, mort en 1466. Converti au catholicisme, il fut fut nommé fermier général des impôts du royaume, poste auquel lui succéda après sa mort son fils, Pedro. Un autre de ses fils, Juan, fut évêque de Ségovie où il se distingua par son zèle à persécuter les Juifs. Cette famille donna l'exemple de la réussite sociale trop brillante des Nouveaux Chrétiens, débarassés des entraves encore imposées aux Juifs restés fidèles à leur foi, qui n'allait pas tarder à provoquer en reaction la jalousie féroce des Vieux Chrétiens, qui pour se protéger contre cette concurrence jugée intolérable, établirent les fameuses règles de "limpieza de sangre", la pureté du sang, obligeant les postulants aüx postes publics à prouver désormais "la pureté de leur sang", c'est-à-dire à prouver que ne coule pas dans leurs veines la moindre goutte de sang juif. C'est pour veiller au respect des lois chrétiennes par ces Nouveaux Chrétiens, toujours jugés aspects, que fut instauré le tribunal de Inquisition.
- MOCHE: Fils de Itshak, fondateur de l'illustre dynastie de rabbins qui animèrent la vie intellectuelle au Maroc tout au long du XVIIIème siècle. Riche commerçant, philanthrope, rabbin, enseignant et décisionnaire éminent – bien qu'il ne fut jamais invité à se joindre au tribunal rabbinique de sa ville natale, Meknès, alors capitale du Maroc. Lorsque rabbi Hayim Benattar le Vieux, son fils Moché et son petit-fils rabbi Hayim quittèrent en 1704 leur ville natale, Salé, pour trouver refuge à Meknès, il furent logés par rabbi Moché qui assura leur entretien pendant tout leur séjour de plus de deux ans dans la capitale. Ce fut le départ de relations matrimoniales entre les deux illustres familles. A la fin de sa vie, il quitta Meknès pour Salé où il fut nommé membre du tribunal rabbinique et où il mourut très vieux en 1724. Il a laissé un certain nombre de Responsa qui ont été reproduites dans les livres d’autres rabbins contemporains. Son fils Itshak fut également un rabbin connu à Salé.
- SHEMOUEL: Fils de Moché, né en 1682. Il développa l'affaire familiale de commerce international au point d'englober des relations avec les principaux pays d'Europe. La chronique de l'époque raconte que des "navires pleins de marchandises lui parvenaient de toutes les directions". Devenu l'homme le plus riche de la communauté, il entra en conflit avec elle, en refusant de payer une part des impôts proportionnelle à sa richesse, prétendant que confonnément à la tradition il était exempt d'impôts en tant que Talmid Hakham, quelle que soit sa fortune, puisque passant l’essentiel de son temps à l'étude de la Torah et non au négoce. Il fut le brillant disciple de grands maîtres comme rabbi Hayim Benattar, le vieux, de Salé et de rabbi Yossef Bahtit de Meknès. Particulièrement précoce, il commença à faire des sermons à 18 ans et à écrire des livres à 21 ans. Les interminables querelles avec les leveurs d'impôts le contraignirent en fin de compte à quitter sa ville natale pour Salé d'où était originaire sa femme – la soeur de Rabbi Hayim Benattar, l'auteur de "Or Hahyim". Mais même là les préposés aux impôts de la communauté de Meknès le poursuivirent. Il proposa alors comme compromis de payer 2% du total des impôts levés annuellement par sa communauté d'origine et devant leur refus porta l’affaire devant le tribunal rabbinique de Fès qui lui donna raison – estimant qu'il ne fallait pas désigner à la convoitise des autorités les plus riches en les imposant plus lourdement que les autres. Dans son livre, "Keter Tora" (Amsterdan, 1734), il défend, en s'appuyant sur les textes et les précédents, le principe de l’exemption des impôts des rabbins et talmidé hakhamim sans tenir compte de leur fortune. Son livre le plus connu, "Ozen Shmouel (Amsterdam, 1715 ), est le recueil de ses sermons et son dernier ouvrage est un livre de commentaires, "Mé'il Shmouel", le Manteau de Shémouel.
- ELIEZER (1711-1761): Fils de rabbi Shémouel – le plus célèbre des rabbins de la famille, surnommé par ses contemporains "la grande lumière". Né à Rabat en 1711, il hérita de son père la précocité et commença à écrire à l'âge de 16 ans, ce qui_ lui pennit malgré sa mort prématurée, à 47׳ ans à peine, en 1761, de laisser une oeuvre considérable. Les événements politiques ־ la terrible et interminable guerre de 30 ans (1727-1757) pour la succesion de l’empereur Moulay Ismael, les grandes famines et la détérioration de la situation économique, ne lui pennirent pas de réaliser ses deux grands rêves: partir en Europe faire imprimer ses oeuvres et monter à Jérusalem rejoindre son oncle maternel, rabbi Hayim Benattar, qui avait fondé en 1742 sa célèbre yéchiva "Knesset Israel" dans la ville sainte. Doctrinaire intransigeant, il lutta contre les vents nouveaux de critique de la religion prônés par les nouveaux riches dont la fortune étalée contrastait avec la paupérisation générale consécutive à l'insécurité provoquée par la guerre de succession. Esprit original et indépendant, il n’hésitait pas à remettre en cause les décisions des grands maîtres du passé. La légende raconte qu'un jour, il critiqua vivement un avis écrit par le plus grand rabbin de la génération précédente, rabbi Yéhouda Benattar, et le jeta à terre devant ses collègues stupéfaits par cette incroyable audace. Il vit alors un lion surgir prêt à se jeter sur lui. Il pria Dieu de l'épargner et quand il raconta l'incident à sa mère, elle le mit en garde de ne plus porter atteinte à l'honneur des anciens. En retournant à sa place dans la synagogue, il tomba sur un livre ouvert au passage de la Genèse: "Yéhouda est pareil à un jeune lion” et il comprit le message. C'est son beau-fils, le riche Salomon De Abila, et son petit-fils Yossef, qui imprimèrent ses principales oeuvres: " Maguen guiborim", novella en deux volumes, (Livourne, 1781-85 ); "Milhémet mitswa" (La guerre pour les commandemnst divins) – sur la Halakha (Livourne, 1806); "Beer Mayim haim" (Le puits d'eaux vives), Responsa (Livourne, 1806); "Mayan Ganim" , La Source des Jardins (Livourne, 1806). Il fonda une synagogue qui porta son nom jusqu'à sa fermeture dans les années 80. Après sa mort, il est devenu le saint patron de la ville et son tombeau un lieu de pèlerinage. Le plus grand miracle qu'on lui attribue fut d’avoir arrête la montée de la mer qui menaçait d'engloutir la ville. Le grand tremblement de terre qui détruisit totalement Lisbonne en 1755, fut ressenti également au Maroc. A Rabat, les vagues montaient dangereusement d’heure en heure menaçant d'engloutir la ville et ses habitants. Rabbi Eliezer se porta alors à leurs devants et planta au bord de l'eau sa canne, interdisant à la mer de dépasser cette limite – et les flots n'osèrent pas effectivement aller au-delà. A sa mort, le grand poète rabbi David Hassine lui a consacré trois élégies parues dans son recueil "Téhila lédavid".
- YOSSEF: Rabbin à Meknès, il fut un des disciples de rabbi Moché Berdugo, l'auteur de Roch Masbir. Il écrivit en 1717 un livre de commentaires "Vayabé Yossef qui resta manuscrit jusqu'à sa découverte et son impression par rabbi Itshak Guershon à Jérusalem en 1992.
SHELOMO: Riche marchand au port de Salé, il finança notamment l'impression des oeuvres de son proche et beau-père, rabbi Eliezer de Avila. Conseiller du sultan Sidi Mohamed ben Abdallah, il fut une victime toute désignée pour son successeur, le sanguinaire Moulay Elyazid (1790-92) qui vouait aux juifs une haine implacable. Il décida toutefois d'épargner sa vie, se contentant de le dépouiller de tous ses biens.
- YEHOSHOUA: Fils de Méir, rabbin à Sefrou au XVIIIème siècle, un des disciples de rabbi Moché Hamou. Son livre de novella, recueillant les paroles des rabbins de sa génération et ses propres commentaires ,"Sefer kiboutz Galouiot " (Le Livre du rassemblement des dispersés) a été édité par le grand rabbin de Seffou, rabbi David Obadia (Fès, 1962).
- ABRAHAM: Rabbin originaire de Salé, il fut un des fondateurs de la synagogue "Shaar Hashamayim" (La Porte du Ciel) à Lisbonne en 1853, la première construite dans la capitale portugaise depuis l'expulsion de 1497 et la levée en 1821 de l'Inquisition.
DAVID: Musicien célèbre à Mogador à la fin du siècle dernier. Il était souvent convié à jouer à la Cour du sultan Moulay Hassan, féru de musique andalouse et qui avait une grande admiration pour son talent de violoniste.
Les noms de famille juifs d'Afrique du nord des origines a nos jours – Joseph Toledano- Dabela- De Avila
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