Joseph Dadia A l'ombre du Bani L'ecole de l'Alliance a Akka-Revue Brit 30


akkaLors de mon dernier passage à Marrakech, j'ai fait part à Monsieur Goldenberg et à Monsieur Camhy de mon souhait de m'approcher de mes parents. Ils m'ont conseillé de faire une demande de mutation qu'ils appuieront en haut lieu. C'est dans ces conditions que j'ai obtenu un poste à l'école de Monsieur Camhy.

A Akka, la fin de l'année scolaire tire à sa fin. Je prends congé de mes élèves et de mes amis, juifs et musulmans.

C'est avec beaucoup de regrets que je quitte Akka, laissant à mon successeur Simon Hazan des locaux aérés, remis à neuf, des livres bien rangés et des registres bien tenus. Et des élèves avec un bon niveau.

Alfred Goldenberg et René Camhy sont arrivés à Marrakech en 1927/1928. Ils ont guidé nos pas vers le succès et la réussite. Ils nous ont aimés, nous les avons aimés. Paraphrasant Victor Hugo, je dirai qu'ils ont été prédestinés à la mansuétude. La foi, la charité, l'espérance, ces trois vertus qui chauffent doucement l'âme, avaient élevé peu à peu cette mansuétude jusqu'à la sainteté.

Historique de la communauté juive d'Akka

Akka (Aqa) signifie dans le parler berbère kheneg. Son véritable nom est Aqa u-Sa'ib. Les plus anciens qsor d'Akka étaient habités au début du 13 e siècle. Mais l'oasis ne prend son importance qu'au 14 e siècle.

Annotation : Akka est appelé aussi Aït ou Mribet ou Imi N'Ugni, ou tout simplement Tagadirt. D'après la tradition arabe, le roi David, en tuant Goliath, a épargné la vie de ses enfants, les Ouled Jalout : Harbil, Ouaqfa, Mribet, Blal, Brahim. Chacun de ces derniers est l'ancêtre qui a donné son nom à une tribu du Sud-ouest marocain. « Saïdna Daoud, écrit le Colonel Justinard, tient une place importante dans la tradition des Berbères. Ils disent que David a inventé l'art d'utiliser les métaux ».

Akka est un groupe de palmeraies, 70 000 palmiers au total, dont 20 000 à Taourirt et 10 000 à Agadir-Ouzrou. Un groupe de 9 villages {qsor) dont les plus anciens sont : Leqsebt, Irrehalen, Taourirt et Tagadirt. Ce dernier village, autrefois le premier en importance, se trouve au milieu de la palmeraie, alors que les autres villages sont à la lisière de l'oasis pour la plupart. Jadis lieu d'arrivée des caravanes du Sud, Akka était célèbre pour ses bijoux d'or. Dans cette belle oasis, point de fruits qu'on n'y trouve : à côté des dattes « bousekri », de grosseur moyenne et sucrées, elle produit en abondance figues, raisins, grenades, abricots, pêches, noisettes, pommes et coings. D'innombrables canaux arrosent ces beaux vergers. L'eau coule en toute saison dans l'oued Akka et l'oued Kebbaba.

Tata (Tintazart) : 70 juifs en 1883/1884, 20 en 1936 et trois en 1945.Ce mellah est reconnu mort en 1950. Akka compte 12 foyers en 1883 ; en 1920, 60 juifs, 131 en 1936, 163 en janvier 1949, en 1951, 118. A la fin des années 1950, Akka : 27 familles à Tagadirt et trois à Taourirt. Le plus ancien mellah était au village Irrehalen, puis au village de Taourirt d'où ils auraient enfin émigré au village de Tagadirt. Le mellah, dans la bouche de ses juifs, s'appelle lehsérim, les maisons. Les Berbères appellent les Juifs udaïn (sing. udaï), et les Arabes, lihoud.

Sept familles sont à l'origine des Juifs installés à Tata, Akka et Tamanart ; 34 foyers en 1945 contre 46 en 1883. Ces familles – dont les deux premières représentent les plus anciens juifs d'Akka – sont : – Aït Didi (Aït veut dire fils de) ou Aït-Touati, descendants d'un aïeul venu de la Palestine touatienne ; – Aït Ya'is ou Aït Abisror ; Mardochée Abisror (Akka 1826-Alger 1886) a été à la fois rabbin, commerçant, voyageur, explorateur, ethnologue ; célèbre pour avoir été le guide de l'explorateur Charles de Foucauld ; il est l'auteur d'un texte sur les Daggatoun. – Aït Sebbat venus de Tamanart à une époque reculée ; Mas'ud ben Shabbat, surnommé Mas'ud 1- 'arz, « le boiteux », est né à Akka à la fin du 19è s. Il a composé une assez riche poétique bilingue, en hébreu et en judéo-arabe. Il est mort à Casablanca dans les années 1950. – Ait Debda, venus de Debdou ; ils sont fort anciens à Akka ; – Aït Yahya ou Aït Serraf, venus de Taroudant à la fin du 16 e s ; – Aït Elliwi, venus en 1915 de Tillin et de Tahala; – Aït Ibghi, de provenance inconnue.

Tout ce dont les anciens du mellah sont sûrs – témoignage en 1945 du cheikh Yossef Serraf, le père du cheikh Yitzhak -, c'est que les juifs occupent le village de Tagadirt depuis « six tisutiwin » ou six générations, du berbère tasut, durée de vie humaine, soit, disent-ils, 350 à 450 ans », c'est-à-dire depuis la fin du 16 e s.

Entre eux, les juifs parlent arabe et utilisent le tashelhit pour leurs relations avec les musulmans. Ils savent lire et écrire l'hébreu biblique. Pour n'être pas compris par les non-Juifs, ils emploient une sorte d'argot hébraïque, un mélange d'hébreu et de particules arabes, appelé tallasunt, de l'hébreu lashon.

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