Une nouvelle Seville en Afrique du Nord

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Une nouvelle Seville en Afrique du Nord

Rabbi Eliyahou Marciano, Nahoum Slouschz, Maurice Laquière, Moulay Abdelhamid Smaili, Albert Bensoussan. 

Histoire et genealogie de Juifs de Debdou –Maroc

La genealogie de la communaute juive de Debdou et l'ascendence de toutes les familles qui la composent a la lumiere de sources et de documents inedits

ז זְכֹר יְמוֹת עוֹלָם, בִּינוּ שְׁנוֹת דֹּר-וָדֹר;  שְׁאַל אָבִיךָ וְיַגֵּדְךָ, זְקֵנֶיךָ וְיֹאמְרוּ לָךְ.
במדבר לב, ז'

Rappelle a ton souvenir les anciens jours, medite les annees, generation par generation, interroge ton pere et il te l'apprendra, tes aieux et ils te le diront.

Deuteronome 32, 7

Le projet visant à éditer le présent volume relativement à l’Histoire des Juifs de Debdou est né des suites de mon séjour à Jérusalem. C’est en faisant des recherches iconographiques pour le Cédérom sur les Juifs du Maroc à l’Institut Ben Zvi que je me suis découvert un attrait pour cette région du Maroc… Plus extraordinaire encore! Alors même que je m’entretenais avec M. Robert Attal, bibliographe et que je menquerrais au sujet d’un volume écrit par mon grand-père Rabbi Chlomo Hacohen Scali Sabban sur cette question, fai attiré l’attention — hasard ou coquin de sort — d’un historien originaire de Debdou qui venait de publier en hébreu un livre intitulé « Yahas Debdou (i.e. Généalogies de Debdou)» et qui, quelques temps auparavant avait publié le livre intitulé «Debdou, ville des Cohanim»! Mes parents étant originaires de cette région, je ressentis un appel et un besoin impérieux de refaire vivre ce pan glorieux de l’histoire des Juifs du Maroc. Ainsi, j’ai commencé à rêver et comme l’on dit si bien «du rêve à la réalité il n’y a qu’un pas». J’ai franchi l’étape qui me séparait de la concrétisation d’une idée que je caressais subconsciemment : celle de donner le jour à un volume qui per­mettrait de révéler le monde des valeurs d’antan en éditant des extraits d’auteurs d’origines, de cultures et d’époques différentes. Trois nous sont contemporains :

  • le rabbin Eliyabou Marciano, auteur de «Yahas Debdou» (i.e. Généalogies de Debdou) et de «Debdou îr Ha Cohanim» (i.e. Debdou, ville des Cohanim), qui est natif de Debdou,
  • Albert Bensoussan, écrivain français dont les ancêtres vécurent a Debdou,
  • Moulay Abdelhamid Smaili, né tout près de Debdou, auteur de l’ouvrage «Clair de lune sur les Juifs d’Oujda et des Angads». Le lecteur aura le loisir de lire les considérations et points de vue de cet historien Musulman.

J’y joins le témoignage de deux autres voyageurs et écrivains, l’un pour sa valeur historique et l’autres pour illustrer les préjugés qui avaient cours à l’époque.

  • Naboum Slouscbz, historien juif et voyageur d'origine russe qui décrivait Debdou en 1906 dans son ouvrage intitulé : «Étude sur l’histoire des Juifs et du Judaïsme au Maroc».
  • Maurice Laquiére, écrivain français, qui publia en 1941 son roman intitulé «Fortunée la Juive» dans la France des lois anti-juives.

À la fin de ce volume, le lecteur peut retrouver la plan du nouveau cimetière. Diverses illustrations viennent compléter le tableau de ce qui fut une communauté vibrante.

Enfin, je tiens à terminer sur la citation de Nahoum Slouschz qui, à son époque déjà, déclarait en ces termes :

«Les Juifs de Debdou qui s’expatriaient jamais ne rompaient les liens avec leur petite patrie d’origine. »

Cette constatation que faisait Nahoum Slouschz en 1906 (i.e. 94 ans plus tard) reçoit sa consécration avec la publication du présent ouvrage. L’éditeur, un des descendant des nombreux Cohanim de Debdou, a désor­mais fait halte sur un nouveau rivage, celui du Québec, d’où il réveille la mémoire de la séculaire étape marocaine, si remplie de souvenirs des Juifs venus d’Andalousie après l’époque de l'Espagne de l’Age d’Or.

L’éditeur J. Cohen Sabban

Preface

Tout un monde s’est volatilisé en quelque sorte au courant du siècle passé. Le judaïsme marocain a connu la francisation ou l’hispanisation alors même qu’il véhiculait une culture judéo-arabe, judéo-espagnole et judéo-berbère particulièrement riches. Les grands bouleversements sociaux qui ont accompagné la transition vers le modernisme et les diverses migrations qu’a connu la communauté ont fait que le patrimoine culturel ancestral s’en est trouvé quelque peu délaissé. Il est notoire de constater que notre génération se penche de plus en plus sur son passé et tente de reconstituer les éléments qui permirent de survivre et de s’épanouir dans un contexte qui ne fut pas toujours des plus favorables.

Des extraits des écrits de Rav Éliyahou Marciano traduits de l’hébreu pour le lecteur francophone l’introduisent à la société juive de Debdou avec ses rabbins et des éléments généalogiques importants. La ville des exilés de Séville, connue pour être la ville des cohanim (prêtres) ou ville des soferim (scribes) renaît devant nos yeux avec les grandes familles qui composèrent sa communauté dont : les Cohen Scali, les Marciano, les Benhamou, les Bensoussan, les Benguigui, les Marelli, les Sultan et bien d’autres encore…

Nous devons à Nahoum Slouschz les plus belles pages d’histoire judéo-marocaine et une description des communautés d’époque dont celle des Juifs sahariens. Dans le présent extrait de son ouvrage «Etude sur l’histoire des Juifs et du Judaïsme au Maroc», l’histoire de Debdou, de sa région de même que celle de sa communauté juive sont retracées et l’épopée du souverain juif Ibn Mechâal nous y est relatée.

Il est intéressant de noter que l’auteur français Maurice Laquière succomba à l’antisémitisme de son temps et qu’il décrit tout un groupement social de façon superficielle. On retrouve ce type d’approche dans de nombreux ouvrages où les auteurs n’ont pas fait l’effort de s’imprégner d’une culture et de traditions juives qui consti­tuèrent un patrimoine exceptionnel. De fait, peu d’auteurs français firent l’effort d’en savoir plus sur le monde richissime que fut la culture judéo-marocaine. A titre d’exemple, l’ouvrage de Roger Le Tourneau : «La vie quotidienne à Fès en 1900» fait abstraction totale de toute une génération d’érudits et du milieu des Arts au sein de la communauté juive de Fès, communauté réputée pour sa vitalité et son essor cul­turels. D’autres auteurs changèrent carrément de cap et succombèrent à la propagande antisémite peu avant et durant la Seconde guerre Mondiale. On pourra citer les frères Jean et Jérôme Tharaud, le Dr Bouveret de Mogador et bien d’autres encore. Cet épisode de l’histoire du judaïsme Nord-africain est très peu connue. L’on sait que sous le régime vichyste dont les lois racistes prévalurent en Afrique du Nord, le recensement de la communauté juive eut lieu et, n’eut été le débarque­ment des Américains à Casablanca en novembre 1942, le sort réservé par ce régime à la communauté juive d’Afrique du Nord n’aurait pas été différent de celui des communautés juives d’Europe. Les con­séquences de la propagande haineuse orchestrée par de puissants moyens médiatiques sur la condition des minorités culturelles n’ont pas fini d’être tirées d’autant plus qu’à l’ère de la mondialisation ces moyens prennent une ampleur sans précédent.

Il ne reste plus au Maroc que l’ombre de ce que fut la communauté juive. Comment se fait ressentir l'absence des Juifs de cette contrée après une présence plus que millénaire? Quels souvenirs en a-t-on gardé? Smaili Moulay Abdelhamid romance la présence juive. On y notera la retenue du Cheikh de la Kasbah de Debdou, celui-là même qui, selon Laquière, faisait rouler d’énormes quartiers de roc sur le Mellah de Debdou…

Le brillant écrivain français d’origine algérienne Albert Bensoussan, dont la famille fut autrefois installée à Debdou, nous décrit avec brio la tradition des gens de plume de cette ville.

Seule la volonté de Joseph Cohen a pu parvenir à reconstituer un tableau d’époque consignant sous forme d’anthologie ce que fut la ville des cohanim et des soferim, la ville des prêtres dont les ancêtres prove­naient de la ville de Séville en Espagne. Il y a apporté un soin et un labeur particulièrement méticuleux. Son mérite aura été d’avoir su avec justesse retranscrire pour le lecteur les éléments d’une identité fragmen­tée à une génération qui a soif de connaître et de comprendre l’histoire de son passé.

David Bensoussan

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