Un recueil de textes historiques Judeo-Marocains- Georges Vajda

פאס וחכמיה
פאס וחכמיה

TEXTE n° III (fol. 15v°) [en judéo-arabe].

Année : 5321 (1561).

Auteur : ? (voir ci-après).

« En 5321 (1561) Mülây 'Abdallah modifia le taux de [s pièces d’]or et des darham-s en vigueur sous le règne de son père Mülây Muhammad as- Sayh. [Les pièces d’]or qui pesaient 7 qïrât-s dont chacun valait 2 darham-s et un mauzüna passèrent à 3 darham-s par qîrâl (1). Les darham-s qui étaient carrés, il les fit faire ronds, sans toutefois en augmenter ni diminuer le poids. Que Dieu fasse [de cette réforme] une bénédiction pour son peuple Israël  ».

TEXTE n° IV (fol. 15v°) [en judéo-arabe].

Année 5330 (1570).

Auteur : voir ci-après.

« En l’an 5330 (1570) Mülây Hamd al-Marinî modifia la frappe des monnaies d’argent et les fit faire à deux tiers d’argent fin et un tiers de cuivre. C’est ce que j’ai trouvé dans le manuscrit de mon père Sa'dya Ibn Danân, signé de son nom».

Le compilateur ajoute ici la remarque :

« Il me semble que ce maître est le même que celui dont j’ai parlé ci-dessus et qu’il est le père de R. Samuel. Celui-ci a porté le nom de son père qui mourut laissant sa femme enceinte de lui. Je me souviens qu’étant enfant J ai entendu une vieille femme raconter à ma mère !׳événement qui s'était produit. Le rabbin en question était jeune marié et ayant passé la nuit du bam rituel qu’on appelle tornaboda () avec sa jeune femme, il sortit le matin pour se rendre à Fès-la-Vieille ; à la suite de cette sortie, il mourut.

J'ignore s’il a ete assassiné ou s’il est mort dans son lit à la suite de quelque maladie En tout cas, depuis cette nuit-là, il n’eut pas de rapports avec sa femme, [mais] celle-ci conçut [alors] et le rabbin en question, né de cette union, reçut le nom de son père ».

(Samuel Ibn Danàn, note datée de 1724.)

 

TEXTE n° V (ff. 15v°-16).

La campagne de Sébastien.

Années 5336/8 (1576/8).

Auteur : Samuel b. Sa'dya Ibn Danàn

« En l’an 5336 (1576) Mülây 'Abdalmalik vint d’Alger, accompagné d’une petite armee turque. Mülây Muhammad b. Abdallah lui livra bataille et fut vaincu, bien que son armée fût forte d’environ 100.000 tireurs Par un decret de la Providence, cette défaite fut causée par la défection du chef des tireurs andalous, nommé le Dajjâl maudit (). Là-dessus Mülây Muham­mad s’enfuit [de Fes] complètement désemparé, dans la nuit du second jour de Paque et nous demeurâmes comme un troupeau sans berger .

Abdalmalik fit alors son entrée et Mülây Muhammad se réfugia a Marrakech. Les communautés de Fès, avec leur chef Abraham Rôti payèrent une lourde contribution de 140.000 onces.

Abdalmalik marcha ensuite sur Marrakech et il y eut un sévère combat entre lui et Mülây Muhammad près de Salé  où périrent un grand nombre d’hommes et d’officiers. Mülây Abdalmalik fit son entrée à Marrakech en grande pompe. Il fit venir les rabbins, afin de restituer à la communauté 60.000 [onces] qu’elle lui avait données, et il les restitua effectivement. Cela se passa Joseph Almusnï étant Nâgïd. Puis, le sultan fut informé que Mülây Muhammad battait les montagnes et il alla encore le combattre. Pendant qu’il suivait un autre chemin, Mülây Muhammad pénétra dans la ville et se livra à des sévices sur les Juifs de cette ville et sur les rouleaux de la Loi. Puisse Dieu les venger. N’était la miséricorde divine qui empêcha les ennemis d’entrer dans la casbah, ce qui fit qu’ils ne purent s’emparer de nous, rien pour ainsi dire n’eût subsisté du reste d’Israël. Par la suite, on nous  écrivit de Marrakech que ce bannisse­ment  avait duré onze jours ; il avait eu lieu au mois d’Âdàr (mars) et lors de l’entrée de Mülây Muhammad les 60.000 [onces payées par la] communauté furent définitivement perdues. A la réception de cette nouvelle, tout le monde fut pris d’un profond découragement, dans la nuit même de la Pâque. Les rabbins firent proclamer l’interdiction de préparer aucun plat au miel ou du riz. Et j’ai vu mon défunt père pleurer amèrement dans la nuit de la Pâque comme dans la nuit de Neuf Âb  sur la catas­trophe arrivée à Marrakech. Après la Pâque, les rabbins ordonnèrent aux communautés la récitation de plusieurs complaintes liturgiques. Durant la même année, plusieurs communautés du Maroc eurent également à souffrir de Mülây Muhammad.

Ensuite, en l’an 5338 (1577 /8), dans les premiers jours de Kislêw (décem­bre), Mülây Muhammad passa [dans la région de Fès ?] et Dieu nous sauva de sa main. Il continua à battre les montagnes, sans arrêt ni repos, et finit par se rendre en pays chrétien, dans la grande ville de Lisbonne et persuada les Chrétiens d’aller combattre Mülây ,Abdalmalik avec lui. Celui-ci sortit de Marrakech à la tête d’une grande armée et on proclama dans tout le royaume la guerre sainte contre les Chrétiens. Une grande bataille eut lieu près d’el-Qsor. Mülây Abdalmalik y mourut, mais nous ignorâmes sa mort, car certains de ses serviteurs la tinrent secrète. En ce jour moururent trois rois : Mülây Abdalmalik, que l'on amena ici pour l’ensevelir, Mülày Muhammad, qu’on traita ignominieusement, en empaillant la peau écorchée de son cadavre qu’on envoya dans toutes les villes du Maroc pour convain­cre de visu ceux qui le prétendaient encore vivant, enfin Sébastien, roi de Lisbonne, et Dieu nous sauva de sa main. Cette grande bataille eut lieu le second jour de la néoménie d’Elül. Pour cette raison, les rabbins prirent engagement pour eux et leur postérité, jusqu’à l’avènement du Messie, de célébrer ce jour comme Pürïm en donnant des aumônes aux pauvres. Moi, Samuel, ai mis tout cela par écrit, pour obéir à la volonté de mon père, qui m’avait demandé plusieurs fois d’écrire ce [s événements] où se manifestent bien des merveilles du Seigneur ».

Un recueil de textes historiques Judeo-Marocains- Georges Vajda

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