Juifs du Maroc R.Assaraf
Les conditions de vie des Juifs marocains à Jérusalem s'améliorèrent considérablement après que rabbi David Bensimon eut décidé d'installer cette communauté en dehors de l'enceinte dela Vieille Villeet de son quartier juif insalubre.
Avec les Abouchdid et les Amiel, originaires comme lui de Rabat, il fonda, à quelques centaines de mètres de la fin porte de Jaffa le quartier de Mahaneh Israël, installant les pauvres et les nouveaux immigrants dans un bâtiment abritant aujourd'hui les locaux du Centre mondial du judaïsme nord-africain.
En 1875, les originaires du Maroc constituaient un tiers des habitants juifs de Jérusalem : 1 000 sur 3 400. Jusqu'en 1909, on note une augmentation de la population (1 300 Marocains sur 6 000 Juifs en 1882), puis un déclin explicable en partie par les débuts du Protectorat français au Maroc (2 200 Marocains sur 12 000 Juifs en 1909, pas plus de 1 000 après).
À tel point qu'en 1943 l'organe des Orientaux, Ed Hamizrach, pouvait écrire : « Nous, les Orientaux, risquons de disparaître complètement de notre terre, et de ne rester dans l'histoire du Yichouv que comme un épisode passager. »
C'était là la conséquence de la transformation considérable de l'immigration juive en Palestine, désormais majoritairement, pour ne pas dire exclusivement, européenne, sous l'effet de la naissance du sionisme politique. L'immigration juive en provenance du Maroc se tarit, elle, du fait dela Première Guerremondiale, mais aussi en raison des obstacles mis par les autorités du Protectorat à l'émigration, notamment en Palestine, des Juifs marocains.
Cela ne signifie pas que ceux-ci aient été insensibles à la naissance du sionisme politique, même si son caractère laïc avait de quoi les choquer et les surprendre. D'autant plus que le sionisme politique fut introduit au Maroc par des Juifs européens ou européanisés qui vivaient dans les localités du littoral et qui n'avaient que des rapports très distants avec les masses juives des mellahs ou de l'intérieur.