Le mariage trad. chez les juifs marocains
LE MARIAGE TRADITIONNEL CHEZ LES JUIFS MAROCAINS – ISSACHAR BEN-AMI
לעילוי הנשמות הטהורות אסתר וגלאוסיה וייזר ז״ל
Il semble que les centaines et milliers d'articles et publications qui concernent les Juifs d'Afrique du Nord, écrits généralement en diverses langues, sont loin de nous donner une image profonde et équilibrée de ce Judaïsme
Elle est ensuite couverte d'un drap et conduite au bain. Personne ne doit l'apercevoir en route. Les femmes de la famille du fiance l'accompagnent et prennent soin d’emporter du swaq, du 'kar (fard rouge pour les joues), du khol, du henne, un peigne et un petit miroir. En entrant au bain, on allume des bougies, qu'on depose par-terre, et qu'il est strictement interdit d'eteindre. C'est une protection contre les genies. Avant de plonger dans 1'eau froide, une tamzwara jette en offrande les divers objets que la famille du fiance avait pris. La fille est en ce moment en grand danger car son genie est present. On pense qu'etant occupe a ramasser ces offrandes, il ne lui pretera pas attention.
Note de l'auteur
La croyance populaire soutient, qu'avec l'apparition d'un nouveau-ne au monde, celui-ci s'accompagne de la naissance d'un nouveau genie.
Une tamzwara. rentre la premiere dans l'eau et est suivie de la mariee. Les autres femmes les entourent. On lui fait reciter la benediction suivante: "Baruh atta Adonay, sequidesanu bas elbent disrael tkon mkassra".
"Sois loue, Eternel, qui nous a sanctif16 pour que la fille d'Israel soit pure". Cette formule est remarquable tant pour son contenu que pour sa forme. En effet, une priere bilingue est tres rare chez les Juifs marocains.
Quatre ou sept fois, la marine doit plonger dans l'eau froide.
Apres cela, on offre aux assistantes de la confiture, des gateaux et de la mahia. La mariee est reconduite chez elle. Elle ne doit voir aucune personne en route.
Note de l'auteur
D'aprfes Addison, op. cit., p. 46, la marine, apres ce bain rituel, ne devait etre plus vue par un homme, jusqu'& ce qu'elle soit livree a son man: "and her person secluded from the eyes of all men; it being not allowed for her father or brother to look upon her, till she be delivered to her husband".
Chez les Juifs tunisiens, aprSs la "tebila" ou bain, qui a lieu mercredi, jour du mariage, la marine ne peut voir aucun homme, y compris son pfere et ses fr£res, jusqu'& la benediction nuptiale. (Information privee de Madame A., Tunis). On procede ainsi chez les Juifs de Djerba jusqu'k ce jour. E. Rhais, op. cit., p. 128: "En route la mariee evitera de voir un homme quelconque, surtout un musulman. Quand les femmes juives prennent leur bain rituel, tous les mois apres la fin de leur periode d'indisposition, elles s'arrangeaient pour qu'un petit garcon juif les attende a la sortie du bain, afin que ses yeux ne rencontrent que purete et innocence".
Le fiance prend son bain en compagnie des islan. II se baigne dans la partie reservee aux hommes, mais il ira aussi se tremper dans le mikve des femmes. Pour le jeune homme, on pousse seulement des zgarit pendant que ses amis le lavent.
Mercredi matin, les tamzwarat ou les amies de la jeune fille viennent preparer la mariee, qu'elles habillent et coiffent. On lui chante: "Ha le'rossa rayha eldarha" (La marine rejoindra sa maison). Une foule nombreuse afflue vers la maison de la fiancee des le debut de l'apres-midi. Quand le rabbin arrive, il trouve les maries debouts pres du talamon, autour duquel se placent deux gargons porteurs de cierges allumees. A un moment donne, chacun d'eux tente de s'asseoir le premier pendant que l'assistance crie
'baha 'bato II l'a prise, elle l'a pris
Ollah ma hallaha Par Dieu, il ne l'a point delaissee
'baha bsfluso II l'a prise grace a son argent
'baha baryalo II l'a prise grace a son real.
Les musiciens, presents depuis le matin, jouent sans arret. La fiancee a les yeux fermes. On lui enduit les paupieres avec de 1'eau sucree afin que les yeux demeurent fermes.
Le ,rabbin prend un verre de vin et recite trois benedictions. II en boit et fait gouter aux jeunes maries. Ensuite, le fiance s'adresse a la fiancee, en disant: "Te voila sacree pour moi par cette piece, selon la loi de Mo'ise et d'Israel". Le rabbin prend une deuxieme coupe et lit les sept benedictions. Lorsqu'il termine la lecture de la Ketouba, il fait gouter le vin au jeune couple et a toute l'assistance. Le rabbin ou le marie prend le verre, qu'il brise dans un seau, en souvenir de la destruction du Temple de Jerusalem. Le pere de la mariee, son beau-pere et des invites de marque lui font faire sept fois le tour de la maison. Les hommes chantent, pendant que les femmes l'aspergent avec du lait. Le marie, accompagne de ses amis, rejoint la maison de ses parents. Une heure apres, on transporte la mariee sur une chaise. Quand elle arrive a la maison de ses beaux-parents, elle est accueillie par sa belle-mere, qui lui offre du lait, qu'elle goute du bout des levres, du sucre et de la menthe, qu'elle deposera dans sa chambre. La maison se remplit d'invites et les musiciens jouent des airs appropries. Un grand repas est servi aux assistants. Les maries ne doivent a aucun prix manger devant les invites.
Ils prennent un repas specialement prepare pour eux et qu'on leur sert dans cinq plateaux, contenant cinq poulets, une colombe et de la langue de vache. Si la mariee est nubile, c'est sa mere qui lui donne les conseils d'usage. Ce sont les islan qui expliquent au mariece qu'il doit faire. Cette nuit-la est, d'apres la croyance populaire, la nuit la plus dure qu'eprouve une mere, car, si par malheur, les signes de la virginite n'apparaissent pas chez la mariee, c'est le deshonneur pour sa famille. Quand la mariee n'est pas nubile, le jeune homme s'engageait a ne pas l'approcher jusqu'au jour ou elle deviendrait femme. Le marie offre a sa femme une chemise de nuit a cette occasion. Une femme se tient pres de la porte et assiste discretement les maries. L'operation est particulierement difficile a cause du tqaf, qui rend l'homme impuissant ou la femme intouchable. Si la mariee est nubile, l'epoux lui offre de la mahia, qu'elle est tenue de boire.