ארכיון חודשי: אוגוסט 2022


  Elie Cohen—Hadria-Les Juifs francophones dans la vie intellectuelle et politique de la Tunisie entre les deux guerres

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La publication du Petit Matin constitue un véritable événement pour le petit monde juif, car le fondateur de ce journal au lendemain de la première guerre mondiale est un juif, Simon Zana. C’était un homme d’affaires enrichi. Son but, sa raison d’être même au départ, était très simple: mener campagne pour le remboursement de l’impôt sur les bénéfices de guerre. Cet impôt institué en Tunisie en 1918, avait, à la requête de l’Espagne, été jugé contraire aux conventions internationales par la Cour de La Haye. Le décret l’instituant avait donc été abrogé, et les contribuables étrangers qui avaient commencé à payer avaient même été remboursés. Mais ni les Français, ni les Tunisiens ne l’avaient été et le Gouvernement tunisien se refusait à le faire. D’où la colère de Zana et la parution du Petit Matin. La campagne pour le remboursement aboutit à un échec, mais le journal continua à vivre et à tenir un rang honorable dans la presse tunisienne. Zana, qui était assez peu instruit, réussit à grouper autour de lui des rédacteurs convenables, certains même excellents, dont quelques — uns seulement étaient juifs.

Les deux quotidiens du soir étaient des journaux d’opinion. La Tunisie Française était de droite, Tunis Socialiste… socialiste. Mais curieusement, nous avons dit plus haut pourquoi, la Tunisie Française et son Directeur Henri Tridon n’étaient pas antisémites. Et beaucoup de ses rédacteurs étaient juifs. Citons: Maurice Meimoun, qui avait été avant 14 un gauchiste plus ou moins anarchisant et qui s’était bien assagi; Henry Hauzy, qui s’occupait de façon particulière des nouvelles du microcosme juif, et dont l’étude attentive des articles et des échos fournirait très certainement un bon éclairage de la vie de la communauté juive à l’époque; Max Zetlaoui enfin, qui passa ensuite au Petit Matin et termina sa carrière à l’Agence France-Presse à Paris.

Tunis Socialiste avait été fondé par la Fédération Socialiste SFIO, dont l’un des principaux militants, l’un des fondateurs même, avait été le Docteur Albert Cattan. Sous-titre de Tunis Socialiste, très significatif: ‘Pour la fraternité des races’. A ce journal collaborèrent longtemps, et jusqu’à sa disparition en 1956, l’auteur de ces lignes, et Serge Moati.

De moi-même et de mes activités propres, je ne dirai rien ici.renvoyant ceux que le sujet pourrait intéresser au livre que je viens de publier.

Serge Moati (1903-1957) s’était lancé très jeune dans l’activité culturelle. Ayant à peine dépassé les vingt ans, il avait écrit trois ou quatre agréables revues de style montmartrois et il aurait été un très bon chansonnier s’il avait persévéré dans cette voie. Il avait monté, pour jouer ces revues une société d’amateurs dont la plupart étaient juifs. Il avait ensuite, comme directeur d’une salle de cinéma, été le premier à faire projeter à Tunis des films sonores. Mais sa véritable vocation était le journalisme et plus particulièrement le journalisme politique, auquel il se consacra entièrement à partir des années 30. C’était un homme froidement courageux, ce qui explique que sa vie publique ait été par moments quelque peu mouvementée. Il fut avec moi-même un des quatre rédacteurs de Tunis Socialiste traduits en correctionnelle par le Résident Général Peyrouton en 1934. Le même Peyrouton l’expulsa de Tunisie en février 36. Enfin, sous l’occupation allemande, en février 43, il fut arrêté —en compagnie d’une vingtaine d’autres personnalités—et expédié en Europe par les soins des autorités allemandes, mais a la requete des autorités françaises. Longtemps détenu à Paris à la caserne des Tourelles, il fut finalement libéré, mais peu de temps après sa libération, il faillit tomber dans une souricière tendue par la Gestapo. Seule une chance assez extraordinaire lui permit d’y échapper. Cette souricière se referma malheureusement sur deux autres de ses compagnons de captivité: mon frère, le bâtonnier Victor Cohen-Hadria, et le docteur Benjamin Lévy, militant radical socialiste estimé, qui ne revinrent jamais d’Auschwitz.

En 1935, fait son apparition un autre journal qui intéresse les juifs, La Presse, fondée par Henri Smadja. Docteur en médecine, mais surtout homme d’affaires, ancien combattant de 14, d’origine algérienne, Henri Smadja fera de La Presse un journal de droite. Il s essayera également sans succès a la politique locale, nous le verrons plus loin, avant de se lancer, après la deuxième guerre, dans le journalisme parisien en devenant le directeur de Combat.

Nous avons, trop brièvement sans doute et sans autre explication, employé les termes de droite et de gauche et abordé les problèmes de la politique française en Tunisie. Il faut bien expliquer que ces problèmes se déroulent sur deux plans qui ne se superposent pas toujours exactement: le plan métropolitain où les partis locaux sont calqués sur les partis français, et le plan local où se posent diverses questions particulières, tournant essentiellement autour de la place des Tunisiens dans la vie politique du pays. Nombreux sont les juifs qui éprouvent le besoin de militer et de défendre leurs opinions en matière de politique française, et ce besoin de s’exprimer est en général favorablement accueilli dans tous les milieux, au moins en apparence. C’est ainsi qu’en 1934 pour les élections à la section française du Grand Conseil à Tunis, chacune des listes en présence comportera un juif: celle de droite, Henry Smadja; celle du centre cocardier (en réalité, gauche en France et droite en Tunisie), Paul Ghez; la liste socialiste’ enfin, 1 auteur de ces lignes. Seul Paul Ghez sera élu. Avocat de qualité, ancien combattant volontaire de la guerre de 14-18, Paul Ghez était le président très militant de l’association qui regroupait ces anciens combattants.

Mais il y a aussi les radicaux, qui disposent d’un hebdomadaire, et où nombreux sont les juifs: le Docteur Maurice Uzan, Albert Karila, Robert Scemama, le Dr. Benjamin Lévy, etc… Et nous n’aurions garde d’oublier les communistes, plus ou moins clandestins, surtout employés de banque ou clercs d’avocat, et qui exercent sur la jeunesse un certain pouvoir attractif.

Nous ne nous étendrons pas sur le mouvement sioniste, qui mériterait largement une étude séparée, pour laquelle nous ne nous sentons d ailleurs pas qualifié. Mais, en restant sur le plan étroit de la langue d usage, il nous faut signaler que la propagande sioniste s’est dans une très large mesure effectuée en français. Qu’il s’agisse du promoteur du mouvement sioniste en Tunisie, l’avocat Alfred Valensi, ou egalement de la forme philanthropique du mouvement, patronnée par les grands bourgeois et animée à l’occasion par des propagandistes venus de l’extérieur et qui se répandaient en réunions de tous ordres, publiques ou limitées à un auditoire particulier: Fernand Corcos, Nathan Halpern, Sasia Erlich, etc…, le français était la langue véhiculaire couramment employée.

Il en était de même pour la presse sioniste. Nous avons déjà signalé influence de l’hebdomadaire Le Réveil Juif.

Les mouvements de jeunesse, tout en faisant une part à l'hébreu — assez modeste m’a-t-il semblé — étaient également francophones—qu’il s’agisse des mouvements scouts, animés entre autres par Alfred Rossi et Jules Cohen-Solal, souvent calqués sur le modèle français, ou des mouvements proprement haloutsiques, relativement peu importants. Une mention doit être cependant accordée à la création, aux environs de 1930, grâce à un chaliah dynamique venu de l’extérieur, d’un mouvement Hachomer Hatsaïr. Le noyautage communiste disloqua rapidement ce mouvement. Le cas n’est d’ailleurs pas isolé, on le sait. Une fraction importante rallia le P.C. tunisien; le plus grand nombre se perdit dans la nature, tout en continuant à éprouver pour le mouvement une tendresse plus ou moins nostalgique; quelques-uns seulement, deux ou trois, restèrent fidèles au sionisme haloutsique et émigrèrent en Israël.

Elie Cohen—Hadria-Les Juifs francophones dans la vie intellectuelle et politique de la Tunisie entre les deux guerres

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  Les noms de famille juifs d'Afrique du nord des origines a nos jours – Joseph Toledano-Cazes-Castro-Caspi

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CASPI

Nom patronymique d'origine hébraïque, dont le sens est l'argentier. Selon la tradition cette famiille qui s'est illustrée en Provence aux X-XIèmes siècles, aurait pris le nom de sa ville d'origine en France, Argentières, en le traduisant en hébreu. Autre orthographe: Kespi. Au XXème siècle, nom très peu répandu porté en Algérie, (Alger, Bougie, Sétif) par les descendants de cette famille venus de France.

RAPHAEL: Rabbin originaire d'Argen­tières installé à Salonique en 1571.

  1. HAIM: Rabbin et poète connu à Oran fin du XVIIIème début XIXème siècle. Il rédigea en 1807 un grand ouvrage de com­mentaires "Tséror Hayim" qui ne fut impri­mé qu'après sa mort, à Livourne en 1889.
  2. ABRAHAM: (1893-1958). Célèbre médecin et notable de la communauté d'Alger.

JOSEPH: Secrétaire de l'Association Consistoriale Israélite d'Alger au début des années cinquante.

  1. JEAN-MARC: Fils de Abraham. Médecin, né à Alger en 1934. Président de la Société Française d'Acupuncture et auteur de "L'Acupuncture", encyclopédie de cette médecine chinoise (Paris, 1985).

ADIEL: Fils de Abraham. Conseiller financier, éditeur et homéoapathe né à Alger en 1937. Après des études d'anglais et d'économie aux universités d'Alger et de Paris, il fut conseiller financier dans deux banques d'affaires parisiennes. Il fit sa alya en 1975 et s'installa à Kiriat Araba, Hébron. Il a fondé à Jérusalem les Editions de l'Ophel qui a publié entre autres, en 1981, son propre ouvrage "Rue des Juifs", récit sur la vie du grand poète et philosophe de l'Age d'Or Espagnol, rabbi Abram Iben Ezra.

NADINE CASPI-GUEDALA: Universi­taire israélienne d'origine, née à Tunis dans une famille originaire de Rome. Professeur de pensée juive, spécialiste de la Kabbale à l'Université Hébraïque de Jérusalem. Auteur de nômbreux ouvrages

 

CASSUTO

Nom patronymique d'origine italienne, ethnique d'origine, porté par une famille illustre de Rome. Au XXème siècle, nom très peu répandu, porté uniquement dans la communauté livoumaise de Tunis.

EMILE: Célèbre médecin né à Tunis en1875. Il fut longtemps le directeur de l’hôpital israélite de Tunis et le rédacteur en chef de la "Revue Tunisienne des  Sciences Médicales entre les deux guerres.

 

 

CASTELNUEVO

Nom patronymique d'origine italienne, ethnique de la ville du même nom en Italie, Castelnuevo di Gafagnana, près de Pise, et qui a pour sens le nouveau château. Au XXème siècle, nom très peu répandu, porté en d'originaires de Livourne.

BARON GIACOMO: Célèbre médecin à Tunis au milieu du siècle dernier. Explora­teur, diplomate et homme politique. Il fut le médecin personnel d'Ahmed Bey (1837-1855) et de ses successeurs et leur conseiller personnel en matière écono­mique et diplomatique. Arrivé en 1877 à la présidence du comité local de l'Alliance Israélite Universelle, alors que jusque là il s'était peu intéressé à la vie commu­nautaire, il obtint l'accord des autorités à l'ouverture de la première école du réseau de l'Alliance qui fut effectivement inau­gurée une année plus tard, en 1878. Fervent patriote italien, son espoir de voir l'influence italienne prédominer dans la nouvelle école dont la langue d'ensei­gnement était le français, fut définiti­vement écarté après que la France, prenant de vitesse l'Italie ait établi par le traité du Bardo son protectorat sur la Régence en 1881.

 

CASTIEL

Nom patronymique d'origine espagnole, ethnique de la province de Castille. Bien que tous les expulsés d'Espagne installés du Maroc ne venaient pas uniquement de Castille, mais aussi d'Aragon et du Portugal, les Taknaot qu'ils se sont donnés s'intitulaient " Takanot de la communauté sainte des Castillans.", à la fois parce qu'ils étaient les plus nombreux et les plus instruits. David Corcos se pose la question si les porteurs de ce nom ne seraient plutôt originaires de Touzeur en Tunisie dont l'ancien nom était Castillya, une zone réputée pour son extrême ferilité et qui abritait une colonie juive depuis la période romaine – sans donner de réponse tranchante. Cette hypothèse est peu plausible, d'abord comme nous l'avons souvent souligné parce que généralement la mémoire des noms ne remonte pas si loin dans le pasée, secondo parce qu'on trouve des porteurs de ce nom parmi les expulsés d'Espagne dans l’empire ottoman qui n'avaient aucune relation avec la Tunisie. D'ailleurs ce patronyme ne s'est illustré qu'en Orient, porté par une dynastie de rabbins de Turquie installés au XVIIème en Terre Sainte, en particulier à Hébron et Jérusalem. Ce patronyme est attesté en Espagne dès le XIVème siècle, précédé de l'indicatif: Alcastiel et au Maroc dès le XVIème siècle. Au XXème siècle, nom moyennement répandu, porté uniquement au Maroc (Tanger, Tétouan, El-Ksar, Larache, Meknès, Safï, Sefrou, Fès, Marrakech, Casablanca) et par émigration à Gibraltar.

  1. YEHOUDA: Un des rabbins expulsés d'Espagne qui s'établirent à Marrakech au début du XVIème siècle.

MORDEKHAY: Notable de la commu­nauté de Tanger, un des signataires de la Haskama de 1795 par laquelle la communauté se détacha de la juridiction du tribunal rabbinique de Tétouan.

YEHOUDA: Un des dirigeants de la communauté de Larache au cours des années 1920.

MAURICE: Spécialiste de la distribution, haut fonctionnaire dans les magasins coopératifs appartenenat à la Histadrout Coop un des fondateurs de l'Association des Originaires de Meknès en Israël.

ELISE: Fille de Jacob Hadida, née à Marrakech en 1932. Secrétaire Générale depuis sa fondation de l'association des originaires de Marrakech en France et collaboratrice à l’édition de son organe, "Trait dUnion", paraissant périodiquement.

JUDAH: Militant communautaire origi­naire du Maroc à Montréal, rédacteur du mensuel de la communauté Sépharade du Quebec, "La Voix Sépharade".

CASTRO

Nom patronymique d'origine espagnole, ethnique de la localité de Castro dans la province de Tolède, porté aussi bien chez les Juifs que les chez les Chrétiens de la péninsule ibérique et d'Amérique Latine. Après l'expulsion d'Espagne on trouve essentiellement ce patronyme dans les communautés juives de l’empire ottoman, particulièrement en Turquie et en Grèce. Le nom est attesté au Maroc au XVIème siècle sur la liste Tolédano, sous cette forme et également précédé de l'indice d'origine espagnol: De Castro. Autre forme à la portugaise: Couastro. Au XXème sièce, nom très rare porté au Maroc (Tétouan Tanger, Meknès, Casablanca), et en Tunisie (Tunis).

JOSEPH: Publiciste et journaliste, il fut notamment le rédacteur en chef de l'hebdomadaire d'union et de fraternité,"L'Eveil Juif', qui parut à Tunis en 1949.

GEORGES: Homme de lettres français originaire de Tunisie. Auteur notamment du roman historique "Entr-acte à Carthage" (Tunis, 1977).

 

CATARIVAS

Nom patronymique d'origine espagnole, indicatif d'une origine. Après l'expulsion on ne trouvait des porteurs de ce nom que dans l’empire ottoman et pas au Maghreb. Au XXème siècle, le nom n'était pas porté au Maghreb.

  1. SHEMARIA: Rabbin né à Tibériade, il fut envoyé comme émissaire de la ville sainte au Maghreb et à la fin de sa mission s'installa à Tunis en 1760. Il fut nommé juge au tribunal de rabbi Messod Elfassi et y siégea jusqu'à sa mort en 1772.

 

CAZES

Nom patronymique probablement d'origine hispano-arabe, hispanisation du patronyme arabe Abecassis (voir Abecassis). Abraham Larédo avance une autre explication aussi convaincante, confirmée par la démographie, ce patronyme n'étant porté au Maroc que par des descendants des expulsés d'Espagne: ethnique de la bourgade de Caces, dans la province d'Oriente en Espagne. Le nom est attesté sous la forme d'Abencaces en Espagne au XlVme siècle. Après l'expulsion de 1492, on trouvait des porteurs de ce nom au Maghreb, en Italie, et dans l'ancien empire turc, de Constantinople à Salonique. Au XXème siècle, nom très peu courant, porté à Tétouan et par émigration à Tanger et Casablanca, et en Tunisie, à Tunis.

LEVY: Riche négociant et notable de la communauté de Tétouan qu'il présida au cours de la délicate période de l'occupation espagnole (1860-1862) à la suite de la défaite des troupes marocaines. Les Espagnols reçus en libérteurs par les Juifs de la ville ne l'évacuèrent que sous la pression des Anglais et après le paiement par le Maroc d'une énorme indemnité de guerre. Avant le départ des Espagnols, il avait obtenu des puissances européennes d'exercer des pressions sur les autorités marocaines afin qu'à leur retour, aucune mesure de représailles ne soit prise contre les Juifs de la ville pour leur collaboration avec les occupants. Et effectivement le retour des autorités marocaines ne fut accompagné d'aucune exaction ni contre lui-même ni contre les autres notables de la communauté.

DAVID (1851-1913): Fils de Lévy Cazes Il fut le plus doué des èlèves de la première promotion de la première école du réseau scolaire de l'Alliance Israélite Universelle, ouverte à Tétouan en décembre 1862. il fut en 1865 le premier moniteur marocain du réseau. En 1867, il fit partie de la première promotion de quatre élèves 2 ־ du Maroc, 1 de Jérusalem, 1 de Hongrie – de la nouvelle école de cadres fondée pour répondre aux besoins en maîtres de l'Alliance, l'Ecole Normale Orientale de Paris. Conformément à la doctrine pédago­gique alors en vigueur qui estimait que nul n'est prophète en son pays, il fut décidé à la fin de ses études de le nommer, non dans son pays natal, mais en Grèce, où il fonda en 1869 l'école de Volo. En 1873, il ouvrit la première école de Smyme, en Turquie. Mais son oeuvre la plus remar­quable fut l'ouverture de la première école de l'Alliance à Tunis en 1878. Bien dans la tradition pionnière de l'époque où le métier d'instituteur était un sacerdote, il ne se limita pas à la direction de l'école, mais usa largement de ses relations avec les consuls étrangers pour tenter d'améliorer la situation des Juifs du pays, à la veille du Protectorat français et après son instau­ration. il fut un partisan enthousiaste et actif de l'installation du Protectorat français sur la Tunisie par le traité du Bardo en 1881. Il se mêla activement de la vie communautaire et publia le premier traité d'histoire des Juifs en Tunisie: "Essai sur l'histoire des Juifs de Tunisie " (Paris 1889, seconde édition, Marseille, 1985). Il s'intéressa également à la vie religieuse et intellectuelle du judaïsme tunisien, publiant la première bibliographie critique des oeuvres des rabbins et érudits du pays: "Notes bibliographiques sur la littérature juive tunisienne" (Tunis, 1898, également réédité par l'association des originaires de Tunisie à Marseille sous la direction de Mairie Charles Hadad). En 1885, il revint pour une courte mission au Maroc, chargé par l'Alliance d'établir un plan pour l'extension de son réseau d'école dans l'Empire Chérifien. Il fut ensuite envoyé en 1893 diriger l'oeuvre agricole et scolaire de la Jewish Colonisation Association, fondée par le Baron Hirch pour favoriser l'immigration en Argentine des Juifs persécutés d'Europe Orientale. Il mourut en Argentine en 1913. Son frère, Abraham fut également instituteur et comme lui commença sa carrière en Orient, prenant sa succession à la tête de l'école de Volo, en Grèce.

AMRAM: Fils de Mordekhay. Homme d’affaires à Tanger à la fin du siècle dernier. Vice-consul du Brésil à Tanger. En 1912 il s'installa dans le nouveau port en essor, Casablanca, avec ses frères Joseph et Mimoun, où il fut un des grands notables de la nouvelle communauté.

 

AMRAM: Fils de Mordekhay. Homme d’affaires à Tanger à la fin du siècle dernier. Vice-consul du Brésil à Tanger. En 1912 il s'installa dans le nouveau port en essor, Casablanca, avec ses frères Joseph et Mimoun, où il fut un des grands notables de la nouvelle communauté.

ALBERT: Fils de Mimoun, juriste né à Tanger, il s'installa à New York où il enseigna des années le français, avant de venir rejoindre sa famille installée à Casablanca, où il devait mourir.

HELENE CAZES-BENATTAR: Fille d'Amram, née à Tanger en 1900. Vers l'âge de 20 ans, elle s'installa avec sa famille à Casablanca où elle épousa une des étoiles montantes de la communauté, Moses Benattar qui fut emporté à la fleur de l'âge en 1935. Première femme avocate du Maroc, elle joua un rôle de premier plan dans les oeuvres de bienfaisance de la communauté de Casablanca. Fondatrice et première présidente de la section de Casablanca de la W1ZO. Au début de la Seconde Guerre, elle fonda le comité d'Accueil des réfugiés juifs fuyant l'Europe nazie et qui avaient trouvé un hâvre provisoire au Maroc avant leur départ pour l'Amérique. Tout avait commencé en juillet 1940 lorsque les autorités s'adressèrent à la Croix Rouge Française, dont elle faisait partie, ne sachant que faire de centaines de réfugiés arrivés sans papiers au port sur un bâteau venant d'Europe. Volontaire engagée dans la Croix Rouge, elle les prit sous sa responsabilité personnelle puis fonda le Comité d'Aide aux Réfugiés étrangers qui sollicita des dons des notables de la communauté pour trouver logement, nourriture, travail pour les réfugiés et papiers pour ceux qui voulaient continuer vers l'Amérique. C'est en venant au secours de ces réfugiés, que le JOINT américain mit les pieds au Maroc et elle en fut la première représentante locale. Elue pour faire partie de la délégation marocaine à la conférence extraordinaire de guerre du Congrès Juif Mondial qui se tint à Atlantic City en novembre 1944, elle ne put s'y rendre. Elle continua à diriger le bureau de la Joint après la guerre. C'est ainsi qu'elle fut appelée fin 1947 à Alger

pour s'occuper, au nom de la HIAS du rapatriement au Maroc de 400 immigrants clandestins arrêtés par la police français alors qu'ils tentaient d’embarquer à bord du bâteau affrété par la Hagana, "Haportsim". Elle obtint en fait qu’il ne soit procédé à aucun rapatriement de force et que ceux qui le désiraient puissent transiter par la France en route pour Israël. Après l'indépendance du Maroc, elle s'installa à Paris où elle fonda au début des années soixante l'UJJM, l'Union pour la Promotion des Juifs du Maroc, pour la défense des intérêts moraux et matériels des milliers d'originaires du Maroc installés en France, qu'elle présida jusqu'à sa mort.

Les noms de famille juifs d'Afrique du nord des origines a nos jours – Joseph Toledano-Cazes-Castro-Caspi

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Joseph Dadia-Le chaudron de cuivre-le pain et le sel-Premiere partie

P R E F A C E

 

    Je publie pour la première fois deux textes écrits en mars 2001 à Bourg-la-Reine (Hauts-de- Seine) où j’ai résidé plusieurs années avec mon épouse Martine et mes deux enfants Olivier Ram et Samuel. C’est une ville pavillonnaire dans le voisinage du Parc de Sceaux et à 6 km de la Porte d’Orléans. Et une station de métro à deux pas de notre domicile pour être en peu de temps au Quartier Latin.

Ces deux textes donnent une idée de l’histoire de la famille Dadia.

C’est une autofiction, terme qui n’est plus employé de nos jours, mais que j’ai gardé dans ma mémoire.

La famille Dadia a été expulsée d’Espagne en 1492, et elle est venue avec d’autres familles s’installer dans le Haut-Atlas à Taourirt de l’Ouarzazate. Ces Juifs expulsés d’Espagne ont acheté toute la région au Sultan de l’époque. Je précise que cette immense région de montagnes n’avait pas été habitée auparavant. Ces familles n’ont pas voulu aller à Fès, à Marrakech et dans d’autres villes de la côte ou de l’intérieur.

Je ne rentre pas dans l’histoire événementielle. Ce n’est pas le thème de cette monographie

Je n’ai plus revu ces deux textes depuis mars 2001. 

Joseph DADIA

Kervenic-en-Pluvigner

14 juillet 2020

Le chaudron de cuivre

Stell dnhass

 

L’âne s’arrêta sous les branches odorantes d’u, chêne ballote, le Querçus Bellota des spécialistes, au bout d’un sommet du Haut-Atlas, surplombant un paysage bucolique. L’enfant, calé sur la croupe de l’animal, en profita pour cueillir quelques glands de l’arbre. La petite sœur, qui conduisait l’âne, caressa son frère et mit dans sa poche les fruits qu’il venait de lui tendre.

A peu de distance, suivaient le père, la mère et deux autres enfants, emboîtant le pas à trois mulets qui croulaient sous leur charge. La cadette tenait solidement dans sa main droite un chaudron de cuivre, unique souvenir ancestral.

La famille profita de cette halte impromptue pour prendre un peu de repos et se désaltérer, à l’ombre du grand chêne, d’une eau fraîche emportée dans une peau de chèvre de leur village natal, Taourirt de l’Ouarzazate.

Trésor légué de génération en génération par les descendants de Shawil Dadia el Kbir, le fondateur de la famille.

Ma famille descendrait du Roi Shaoul de la tribu de Benjamin, tribu réputée  pour ses rébellions et son bellicisme envers les autres tribus, lesquelles se liguèrent un moment contre elle pour la faire disparaître d’Israël. Mais ce ne fut pas le cas, heureusement.

Dans la famille Dadia, les aînés portent toujours le prénom Saul. Le jour de ma circoncision, mon père m’a appelé Saul et ma mère Joseph. Ma mère, née à Marrakech, en tant que farouche citadine qu’elle a toujours été, s’est opposée au prénom Saul, le considérant comme le prénom des montagnards. Mon prénom Joseph, je le dois à Rabbi Yossef Pinto Zal, qui a quitté définitivement Marrakech pour venir à Taourirt de l’Ouarzazate où il est enterré.

 Epris de leur liberté et farouches de leur   indépendance, tout comme leurs ancêtres, les Dadia ont pérégriné de pays en pays après la chute de Jérusalem par les Romains. Chassés d’Espagne, ils se seraient installés dans la vallée de l’Ouarzazate, dans la localité qui portera plus tard le nom de de Taourirt, avec dix autres familles, et y fondirent une Communauté, disparue vers la fin des années 1920.

Je dis toujours Taourirt de l’Ouarzazate car il existe un autre Taourirt dans Le Nord du Maroc.

Le terme taourirt indique un monticule.

En ma qualité d’aîné d’une fratrie de six garçons et une fille, mon père me remit ce chaudron qui a trouvé sa place dans l’âtre de notre chaumière bretonne. Martine le remplit des cendres des bûches qu’elle brûle pour chauffer la maison vers les derniers jours de l’été.

Ma grand-mère paternelle Esther Bar-Hanine, fille d’un Rabbin et sœur d’un Rabbin, m’a raconté l’histoire de ce chaudron, un jour de Chavouot, la Fête des Semaines. Nous étions chez des oncles de mon père dans leur maison de Fédala. Il y avait dans la cour carrelée de zelliges un puits. Cela leur a pris de faire des batailles d’eau mémorables. Ils étaient tous de grands gaillards, haut de taille, et formidablement musclés.

Boby, le chien du petit Babaqo, revenait d’une longue escapade, heureux de revoir son jeune maître, qui lui tendit  un morceau de friandise pour apaiser son ardeur et son impatience.

L’enfant tira de l’une des hottes de l’âne un petit joué  qu’il avait fabriqué  à  partir d’un bout de palme. Il le regarda un court instant et le déposa près de lui sur le bout d’une étoffe qui séparait les deux hottes de l’âne. Une nuée d’oiseaux passa tout près de l’âne, en frôlant de leurs ailes les épaules de l’enfant. L’enfant s’émerveilla à leur passage et essaya d’imiter leurs chants. Il suivit de son regard leur vol jusqu’à l’horizon. Revenant à lui, Babaqo prit dans la paume de sa main droite un cédrat qu’il colla à son nez et semblait heureux de sentir le parfum de cette pomme d’or. La petite sœur Biba, sortant de sa rêverie, contempla un moment son frère et l’aida à glisser le long du flanc de l’âne. Elle  lui remit dans un petit sac une poignée de glandes du fruit bellotte. L’aînée Izza et sa puinée Zhor s’activaient  autour d’un kanoun de fortune pour réchauffer de l’eau pour le thé. La mère des enfants, magnifique dans ses vêtements de juive berbère, l’allure fière, un bâton à la main, lança un regard doux empli d’une tendresse infinie vers son petit benjamin qui s’élança vers elle. Elle le rattrapa dans son giron et noya son visage angélique de caresses et de baisers dans un transport de joie. Le père Shawil suivait la scène tout en se réjouissant de ce qu’il voyait autour de lui. Tout respirait en lui la bonté, l’intelligence et le raffinement.  La qualité et la tenue de ses vêtements laissaient paraître que l’homme était d’une rare distinction. Tout  lui en respirait la noblesse et la tendresse. D’un simple geste, il fit comprendre à son épouse et ses enfants que c’était l’heure de la prière de l’après-midi, minha.

 D’une main sûre il sortit de sa djellaba son livre de prières. A l’ombre d’un arbre, il psalmodia d’une voix mélodieuse les bénédictions avec concentration et recueillement. En ces instants de ferveur et de méditation, la paix et la sérénité descendirent sur terre.

Il lit le Psaume 84 : « Au chef des chantres sur l’instrument Ghittith. Psaume pour les enfants de Korah.

« O que tes demeures sont gracieuses,

Eternel, maître de l’univers !

Mon cœur soupire, languit,

Après le parvis de ton temple ;

Là où le cœur  et l’esprit

Célèbrent le D.ieu vivant.

L’oiseau a trouvé sa demeure,

L’hirondelle un nid

Pour y placer ses petits ;

Moi, j’ai trouvé tes autels,

Eternel, mon Roi et mon D.ieu.

Heureux ceux qui habitent ton temple,

Ils Te louent sans cesse, Sélah !

Heureux ceux qui se confient à toi !

Hommes de cœur, leur sentier est droit.

Ils traversent la vallée des larmes,

La transforment en source d’eau vive ;

Et la pluie d’automne est bénie pour eux.

Ils marchent de triomphe en triomphe,

Jusqu’à ce qu’ils arrivent devant D.ieu à Sion.

Eternel ! Maître de l’univers, agrée ma prière,

De grâce écoute-moi, D.ieu de Jacob.

Veille sur notre bouclier, ô mon D. ieu !

Et protège ton Meschiach.

Mieux vaut un jour  dans ton parvis,

Que mille partout ailleurs ;

Mieux vaut le seuil de ta maison, mon D. ieu !

Que la demeure fastueuse du crime.

Car l’Eternel est notre salut, notre bouclier ;

Il donne la grâce, les honneurs,

Ne refuse rien à ceux qui suivent sa loi.

Eternel ! ô maître de l’univers,

Heureux celui qui met sa confiance en toi !

Il s’agit d’une belle et émouvante traduction, dont j’ai oublié le nom de l’auteur. Qu’il me pardonne.

Le père Shawil entame après ce psaume la prière des dix-huit bénédictions qui est récitée debout in petto : Ô Éternel, notre  D. ieu ouvre mes lèvres, et que ma bouche dira tes louanges.

L’époque était après les Fêtes de Tichri. C’est l’automne, le ciel bleu et l’air embaumé. Les cèdres de l’Atlas en fleurs et les oiseaux qui chantent.

Ceci  n’est que la maison du Seigneur et c’est ici la porte du ciel selon les mots de la Tora, Genèse 28 :17.

Izza et Zhor contemplaient avec révérence chaque mouvement et chaque dandinement de leur père, et attendaient tranquillement la fin de la prière pour servir du thé  à la menthe avec des dattes en guise de sucre et quelques galettes.

La famille, dans la précipitation de son départ forcé et imposé de sa maison, de ses meubles et ses biens fonciers, a oublié de prendre dans ses bagages les pains de sucre et tout le nécessaire pour ses besoins et ses approvisionnements au quotidien. Le chef du village à l’origine de ce départ, un imposteur impitoyable et autoritaire, un individu sans foi ni loi, soi-disant pieux et croyant. Il a agi par ruse et  par convoitise, sans en référer au Conseil local al-jama’a.

Imma. Sti, entourée de ses enfants et des amis, heureuse d’être  dans son vaste et confortable demeure, a vu arriver son époux accompagné de deux moqaddem. Elle a vite compris le message. En quelques heures, tout était prêt pour le grand départ vers l’inconnu et pénible voyage, sans destination définie. L’arbitraire imposait sa loi avec tyrannie. Pour cette famille de juifs, c’était l’exil dans l’Exil. En l’espace de quelques heures, cette famille de notables se trouva expropriée, démunie, dépossédée de ses biens fonciers, sans aucun appui  ni défense. Sans jugement. Sans recours. Le père Shawil, sa sainte et vénérée épouse Imma Sti, descendante d’une lignée de Rabbins, et leurs enfants, ont pris la route du bannissement.

Les Lamentations 3 :38 : « N’est-ce pas de la bouche de l’Eternel qu’émanent les maux et les biens ?

Le tintement d’une clochette annonce l’arrivée d’un troupeau de brebis que conduisait un pâtre de dix années passées, secondé en cela par deux sloughis vigoureux et vigilants.  Shawil et sa famille sortirent de leurs préoccupations et accueillirent le jeune berger par des salutations habituelles et le convièrent à participer à leur repas improvisé.  D’autres troupeaux passèrent. Ce qui anima le coin à l’approche du crépuscule. Des jeunes filles, des cruches sur leurs épaules se hâtèrent vers la source toute proche pour puiser de l’eau fraîche et limpide. L’endroit était en activité, des chameliers et des cavaliers étaient déjà sur place en train d’abreuver leurs animaux.

Imma Sti, avec l’aide de ses filles, installa pour la nuit une nouala, une simple hutte en branchages entourée d’une zrîba, haie épineuse pour protéger le sommeil de la famille des mystères de la nuit. Le père Shawil, de son côté, entreprit la construction d’un enclos de fortune, mais sûre,  pour les mulets et l’âne, sur lesquels veillera le bon et vaillant Boby. Un feu de camp est resté allumé toute la nuit grâce à des fagots offerts par des bûcherons qui passaient par là. Le feu de bois chassait les ténèbres d’une nuit sans lune, en éclairant le petit campement. Les malheureux spoliés et leurs bêtes pouvaient dormir de leur sommeil de justes.

Tous les hameaux et douars de la palmeraie de Tifoultout savaient que Shawil et sa famille de Taourirt passaient la nuit à la belle étoile. Shawil était connu et estimé de tous les villageois et ksouriens des alentours. Ils réprouvaient tous la décision inique d’avoir éloigné Shawil et sa famille  de leurs biens meubles et immeubles.

Dans la nuit, Shawil s’était levé pour éloigner à l’aide d’un brandon encore en ignition un renard qui rôdait par là. Un hérisson avait trouvé un gîte pour la nuit dans le chaudron de cuivre. C’était d’un bon présage.

Dès le point du jour, Shawil se leva et procéda à ses ablutions rituelles. Il entama la prière du matin, shahrit : « Sois béni Eternel notre D.ieu,  Roi de l’Univers, qui délivres mes yeux du sommeil et mes paupières de l’Assoupissement. Tu es à jamais Tout-Puissant, Seigneur. Tu ressuscites les morts et tu es prêt pour nous secourir. Tu commandes les vents et tu fais tomber la pluie. Par Ta grâce, tu nourris les vivants, êtres humains et animaux ».

 Il s’enveloppa de son châle de prière et noua les phylactères sur son bras gauche au niveau du cœur et sur son front.

Il pria sous le belotta en pensant au chêne majestueux sous lequel Débora, la nourrice de Rébecca fut ensevelie et qu’on a appelé du nom de Chêne-des-Pleurs, Genèse 35 :8. La Bible hébraïque et le Talmud accordent une place de choix, considéré comme l’une des dix espèces du Cidrus libani, dont le nom vernaculaire est érez d’origine sémitique, Isaïe 41 :19.

Des connaissances et amis de la famille apportèrent pour le repas du matin des œufs durs, des olives, des dattes, du sucre, du lait, du beurre et des crêpes fines, moufléta, cuites sans lait et sans œufs. Après le petit déjeuner, la famille avait repris des forces pour reprendre la route.

Les pistes que la famille traversait n’avaient pas encore subies les premiers assauts de la pluie d’automne. Certaines cimes commençaient à blanchir d’une neige poudreuse. Dans le lointain, apparaissent hauts sommets de Drar en Deren coiffés de neige éternelle.

Le petit Babaqo, juché sur son âne sous l’œil protectrice de Biba, récoltait d’autres glands doux du chêne bellotte. Boby était près de l’âne, remuant de bonheur et poussant par saccades des aboiements étouffés, pour signaler à l’âne de ne plus bouger, tant que le jeune maître est accrochés aux branches de l’arbre.

Vers le coup de dix heures, la petite caravane s’ébranla et prit un chemin de traverse pour atteindre par un raccourci ombragé, avant le crépuscule la casbah de Tikirt, deuxième état de leur pérégrination depuis Taourirt. L’âne et les mulets cheminaient un tantinet guillerets, mais à pas sûrs, rendant ainsi agréable la traversée de cette piste de montagne, tracée par les pas de l’homme et des bêtes depuis des siècles.

Zhor tenait fermement dans sa main le chaudron et semblait parler à elle-même.

Des champs de maïs et de blé et le vert de fèves à peine sorties de terre s’étendaient à perte de vue dans les hautes vallées de la montagne, encadrant un chemin muletier, et que le vent d’automne  rebrousse et moire. L’atmosphère était limpide et  le bled offrait aux passants des paysages d’une merveilleuse grandeur, parfumés de lavande. A l’horizon, les lignes de crête sont couronnées de neige et les villages semblent s’accrocher sur le flanc de la montagne, protégée par un long et étroit ravin.

Tikirt faisait partie d’une constellation de communautés juives de l’oued Ouarzazate et de sa palmeraie : Temasla, Aït Gjeb, Tammaz, Aït Aïcha et Taourirt.

A Taourirt, vivaient au début  du 20ème siècle, parmi la population, dix familles juives, et, parmi elles, celle de Shawil, dont la présence en ces lieux remonterait à l’expulsion des Juifs d’Espagne en 1492. D’autres familles expulsées d’Espagne à la même époque se sont établis dans la vallée du Todgha, à Asfalo et à Tinghir/Tinhir. Les mellahs de Tinhir et d’Asfalo étaient proches l’un de l’autre. Le mellah de Taourirt se trouvait à 150 kilomètres au sud d’Asfalo, Tinhir étant plus au nord.

Joseph Dadia-Le chaudron de cuivre-le pain et le sel-Premiere partie

חזי כהן-תורכיה – האימפריה העות׳מאנית-הרב חזקיהו מדיני(שדי חמד)

חוכמה מקדם

תורכיה – האימפריה העות׳מאנית

הרב חזקיהו מדיני(שדי חמד)

הרב חיים חזקיהו מדיני(1905-1833), מכונה על שם ספרו ״שדי חמד". רבה של העיר קרסו־בזאר שבחצי האי קרים, ובהמשך של העיר חברון. למד אצל הרב החכם באשי הרב יצחק קובו ואצל הרב יוסף חיים בורלא, והוסמך להוראה כבר בגיל שלוש־ עשרה. מאוחר יותר התחנך בישיבות באיסטנבול שבתורכיה. ״שדי חמד״, יצירתו המונומנטלית, היא מעין אנציקלופדיה תלמודית. שמו של הרב מדיני הלך למרחוק, ורבים פנו אליו בשאלות מקהילות רחוקות. לאחר שלושים שנות רבנות עלה ב־1889 לארץ ושימש רבה של חברון.

לא תיקום ולא תיטור

כשהיה הרב חזקיהו מדיני בחור צעיר התבלט כשקדן עצום בתורה. התקנא בו אחד מן האברכים על גאוניותו ושקדנותו וטפל עליו האשמה כאילו את שעות הלימוד הליליות הוא מבלה בחברת גויה אחת שהיתה מנקה את הבית. הרב חזקיהו מדיני הכחיש את הדברים מכול וכול וזכה לתמיכה מרבו, ולאחר זמן־מה שככה המהומה. לאחר כמה שנים, אותה גויה שפותתה להעיד נגדו נפגעה במכות קשות: ביתה נשרף, אחד מבניה מת ומשפחתה ירדה מנכסיה. הבינה האישה כי מן השמים עושים עמה חשבון על מעשיה ופנתה לרב מדיני שכבר היה גדול בתורה, ביקשה את סליחתו, והציעה לחשוף את העלילה שנרקמה נגדו. הרב חזקיהו הסכים למחול לה בתנאי שתנצור בלבה את כל אשר אירע. לימים, הסביר שאם היה מבקש ממנה לספר את האמת, הפרשה היתה מתעוררת שוב ולעז היה יוצא על כך שאחד מתלמידי החכמים נכשל בחטא חמור של הדחת עד. עוד אמר שברגע שביקש זאת מן המנקה חש שמעיינות של חוכמת ה׳ יורדים אליו.

יבוא השלישי ויכריע ביניהם

פעם אחת הביא הסנדלר לרבי חזקיהו מדיני נעליים שתיקן עבורו. הסנדלר נקב בשכרו שהגיע לכדי עשר אגורות, אך לרב מדיני היה רק רובל שלם. הסנדלר סירב לקבל את הרובל משום שלא היה בידו להחזיר עודף לרב והציע שיבוא למחרת לקבל את שכרו. הרב מדיני דחה את הצעתו משום שלא רצה להלין את שכרו של הסנדלר ודרש שייקח הרובל וישיב לו העודף מחר. הם התווכחו זה עם זה דקות ארוכות, עד שבמקרה נכנס למקום אחד מקרובי הרב אשר היה בידו הסכום הנדרש ושילם בעבורו.

מוחל על כבודו

בכל יום שישי נהג בעל ״שדי חמד״ לטבול במקווה לכבוד שבת. כשהיה הולך אל המקווה נהגו בעלי המלאכה וכל הציבור לעמוד לפניו אך הרב מדיני ביקש להימנע מכך, ולפיכך החל ללכת בדרך צדדית. סנדלר אחד עבד בחנות הסמוכה למקווה. בכל פעם שהרב מדיני היה עובר על פניו, היה מפסיק ממלאכתו, עומד לכבודו ומברכו. פנה אליו הרב חזקיהו מדיני ואמר, ״הלכה פסוקה היא שפועל שכיר אסור לו להפסיק מלאכתו כדי לדרוש בשלום העוברים והשבים. ואתה שכיר יום הנך לבני ביתך. לכן אבקש ממך שלא להתבטל ולא לעמוד לכבודי.״ כעבור שבוע בא הרב לטבול והסנדלר שוב עמד לכבודו…

מתרחק מן הכבוד

הרב חזקיהו מדיני היה נוהג להיכנס לבית הכנסת בשעה שהציבור עומד ממילא על רגליו כגון בברכת ״ברוך שאמר״ או ״ה׳ מלך״, כדי שלא יצטרך הקהל לעמוד לכבודו.

ביקור חולים

פעם אחת ראו את הרב חזקיהו מדיני הולך בחום היום ברחובות העיר. שאלוהו להיכן הולך ביום חם שכזה והשיב להם כי הוא בדרכו לקיים מצוות ביקור חולים. שאלוהו מיהו החולה והרב ציין את שמו של אחד מגדולי הרשעים שבעיר. תמהו האנשים, ״הן עבריין הוא, ואל ירבו כמותו בישראל. ומדוע הולך הוא לבקרו ועוד ביום חם שכזה?!״ השיב להם הרב, ״ראשית, נאמר ׳אפילו חוטא שבישראל מלא זכויות כרימון׳; ושנית, לא את החולה בלבד אנו מבקרים אלא גם את השכינה המרחפת מעל מיטתו.״ הצטרפו אליו האנשים והלכו אל החולה הרשע. כשנכנסו הופתע החולה למראה מבקריו ובראשם הרב החשוב, והתיישב על המיטה מפני הכבוד. לימים קם על רגליו והחלים ואף תיקן את מעשיו הרעים.

חזי כהן-תורכיה – האימפריה העות׳מאנית-הרב חזקיהו מדיני(שדי חמד)

עמוד 92

חכמי המערב בירושלים-שלמה דיין-תשנ"ב- הרה״ג רבי נחמן בטיטו זצ״ל

חכמי המערב בירושלים

 

הרה״ג רבי נחמן בטיטו זצ״ל

ראב״ד לעדת המערבים הראשון לציון ומ״מ החכם באשי

 

רבי נחמן בטיטו זצ״ל, נולד בשנת תר״ו(1846) בעיר הגדולה לאלקים עוב״י מאראקש שבמרוקו.

עודו נער עלה עם הוריו לירושלים וקבל את חינוכו בישיבותיה. שמו נודע בשערים בשל הצטיינותו וגדולתו בתורה. היה ״תלמודי” מובהק ומעמיק בסוגיות הש״ס כדרכם של חכמי מאראקש. בנוסף לכשרונותיו המצויינים בתורה, בעיונו הזך והמעמיק, ובסגנון למודו החד והחלק, היה בעל זכרון נפלא ובלתי שכיח. כן היה בקי גדול בארבעה טורים, וכל רז לא אניס ליה. אלה שהכירוהו העידו כי כל דין קטן וגדול לא נעלם ממנו וידעם על ראשי אצבעותיו ממש.

נועם הליכותיו וצדקותו היה לשם דבר. מטבעו היה רך המזג, מן הנעלבים ואינם עולבים שומעים חרפתם ואינם משיבים. האמת והצדק היה אזור מותניו, ושנא את השקר, את המרמה, ואת החנף. דיבורו היה בנחת עם הבריות ובעל נפש רכה ונדיבה חוט של חן וחסד היו נסוכים על פניו ועל כל דבור מדבוריו. ענותנותו היתה גדולה וגם עם הקטנים ממנו בחכמה ובמנין, התנהג בחבה ובענוה יתירה, ומעולם לא ראוהו כועס. הוא התהלך במישור ובכבוד עם חבריו ומעולם לא התכבד בקלונם. צדיק תמים בכל דרכיו וחסיד בכל מעשיו.

 

רבי נחמן בטיטו זצ״ל נחשב לאחד מגדולי התורה שבדור וכל העדות בירושלים כבדוהו והעריצוהו.

בשנת תרל״ב שימש כדיין בביה״ד של הרב צוף דב״ש. עם פטירתו של זה האחרון בשנת תר״מ, נבחר רבי נחמן לאחד ממנהיגי העדה. בשנים תרמ״ד־תרמ״ו (6־1884) הוציא יחד עם חברו רבי חזקיה שבתי זצ״ל (ראב״ד בירושלים) ספר שמות ״מעם לועז״ בלאדינו. חידושי תורתו פורסמו בקבצים ״תורה מציון״ חוברת ב׳ ס׳ כ״ה ירושלים תרמ״ז. כן חיבר קונטרס ״דין ומשפט״ בדבר קידושי רות הגרוזית, ירושלים תר״ע. ראה הספדו על הרב אלעזר בן טובו זצ״ל בס׳ ״פקודת אלעזר״ ח״א. כמו׳׳כ חתם ראשון בכתב האחוד בין עדת הספרדים והאשכנזים בשנת תר׳׳ע. (ראה יהודי המזרח בא״י ח״א דף 137). בשנת תרנ״ט נבחר לראב״ד של עדת המערבים. בהתגלע הריב הגדול בין הרבנים לשאלת הרבנות הראשית בשנת תרס״ט. רבי נחמן בטיטו זצ״ל נתמנה ע״י הממשלה המרכזית למשרת ״הראשון לציון״ ולמ״מ ״החכם באשי״, ובמשרה זו כהן עד שנת תרע׳יב. (מיום כ״ה שבט תרס״ט, עד יום ה, חשון תרע״ב). לאחר סבל, ויסורי נפש וגוף, השיב את נשמתו לבוראו ונתבקש בישיבה של מעלה ב־ט״ו אלול שנת תרע״ה (1915), ועל מצבתו נחקקו מלים אלו:

 

״ציון במר תבכה וירושלים תתן קולה, על האי שופרא דבלי בארעא, דרופתקא דאורייתא, צדיק וענו מדוכא ביסורין, עומד בפרץ ירושלים, ראש רבני בני מערבא, וראש״ל הרב הג. המפורסם כמוה״ר נחמן בטיטו זצ״ל. מ״ק ביום ט״ו אלול ש. תרע״ה ת.נ.צ.ב.ה.

 

ביתו של רבי נחמן בטיטו זצ״ל, הרבנית מרים נישאה להרב הגאון רבי נסים בנימין אוחנה זצ׳׳ל ששימש בשנים תרצ״ה־תש״ז ראב״ד בקאהיר וסגן ראש רבני מצרים, ובעלותו לא׳יי משאת נפשו, נבחר לרב ראשי בחיפה עד כ׳׳ז אדר בי תשכ״ב שנפטר לבית עולמו.

מצאתי לנכון להביא מדבריו של הסופר ר׳ אברהם אלמאליח ז״ל, נשיא ועד העדה המערבית ומאישיה הדגולים של ירושלים. אשר הכיר והוקיר את זכרו של הגאון רבי נחמן בטיטו זצ״ל, וכך כתב באחד ממאמריו.

 

את הרה׳יג נחמן בטיטו הכרתי עוד בהיותי ילד קטן.

זכורני כד הוינא טליא, כשהיה ״הוא,, בא להתפלל בבית־הכנסת הגדול של המערבים היו כל המתפללים עומדים ביראת הכבוד וזה היה עושה עלי, אני הפעוט, שאמנם גדול מאד הוא האיש הזה, ומכובד מאד בעיני כל מכיריו ויודעיו.

שנים אחדות אח״כ כשגדלתי ונהייתי לתלמיד הישיבה הספרדית הגדולה ״תפארת ירושלם״. היו גדולי הרבנים בירושלים באים יום יום לבחון אותנו בש״ס ופוסקים. הבוחן של כל יום רביעי בשבוע היה ״אלחכם רבי נחמן״ (החכם ח״ר נחמן בטיטו, ככה נקרא המנוח בפי רבני הספרדים).

ואל יהא הדבר הזה קל בעיניך!.

 

כל מי שהכיר את תכונות רבני הספרדים לפנים, כל מי שידע איך היו היחסים לכל העדות שאינן ״ספרדיות טהורות׳׳ (שאינן מדברות אישפניולית), כל מי שזוכר איך הביטו מגבוה על ״המוגראבים״ (מרוקנים) על ה״יימינים״(תימנים) ועל יתר העדות שאינן ספרדיות, הוא יוכל לתאר לעצמו כמה גדולה היתה ״זכותו״ של הרה״ג נחמן בטיטו ״המרוקני״ שזכה להיות בוחן בישיבה הגדולה ״הספרדית״, לולא כשרונותיו המצוינים, לולא גדולתו בתורה ובתלמוד ונושאי־כליו בודאי ובודאי שלא היה חולם לעלות ל״מעלה״ רמה כזו.

הרה״ג נחמן בטיטו היה ידוע בירושלם גם בתור עסקן צבורי, משולח בשם כוללים ומוסדות חסד וצדקה, חבר בי״ד, ראב״ד, רב לעדת המערבים ושנים אחדות שמש גם בתור מ״מ חכם באשי וראש״ל (מיום כ׳׳ה שבט תרס״ט עד ה׳ חשון תרע״ב).

 

לדברי ימיו של רבי נחמן בטיטו, יש לציין את אחת ההסכמות, ובהם תקנות וסדרים חדשים, שאותם יש לקיים בועד העדה, ההסכמה שלפנינו נעשתה בראשית כהונתו כרב העדה:

 

בעה״י

אנחנו אנשי הועד החו״מ (החותמים מטה) הנבחרים עם מעלת הרב המופלא כמוהרר״ן הי״ו(כבוד מורינו הרב רבי נחמן, ה׳ ישמרהו ויחייהו), החותם ראשון, דהסכמנו הסכמה גמורה להתנהג עפ׳׳י הסעיפים אשר נבאר להלן. והנה אנחנו מקיימים אותם בכל תוקף וחוזק ככל ההסכמות הנעשות מימות יהושע בן נון עד היום הזה, ומהם לא נזוע כל ימי אשר תהיה המשרה הזאת על שכמנו, ויה״ר(ויהי רצון) שחפץ ה׳ בידינו יצליח מעתה ועד עולם אכי״ר (אמן כן יהי רצון), ואלה הם:

 

א-כל מין הכנסה שתבוא לכוללנו בין מהארץ בין מחו׳׳ל אפי׳ שתבוא לשם הת״ח (התלמידי חכמים) דוקא או לשם עניים, או למס הגולגולת וכדומה, או אפי׳ לשם לימוד, הכל יבוא לידי הסוכן אשר נסכים עליו, ואז יתחלק כל הבא ליד הסוכן לחמשה חלקים, דהיינו חלק א׳ לת״ח, וחלק ב׳ לעניים,

ושלשה חלקים יהיו למס הגולגולת וכל הוצאות כוללינו, כגון דמי שכר הרבנות ושכר אנשי הועד והסופרים ושמשים ופוסטאס (דואר) ובקו׳׳ח (וביקור חולים) והבראות וצד״ל (וצדקה לעניים) ופרעון החובות, רק בסך אשר יבוא לשם לימוד כנ״ל חיובא רמיא על גבאי הת״ח לעשות רצון המתנדב לעשות לימוד ולפרוע מחלק הת״ח שבידו, והסוכן יקח קבלה מכל אחד ואחד, ובכל ששה חדשים ימסרו חשבון הכנסה והוצאה בפרטות לאנשי הועד מכל הנכנס והיוצא תחת ידם.

 

ב-ועד יהיה מיוחד להנהיג את כל עניני הקהילה, ולא יהיה פחות משבעה.

ג-השלוחיות אשר ינתנו מהיום והלאה יהיה דוקא במעמד כל אנשי הועד ויוחלט על פי רוב דעות אנשי הועד.

ד-מע׳ הרב הר״ן בטיטו הי׳׳ו חותם ראשון ואב״ד וברישיונו להושיב עמו שני ת״ח אשר יבחר בהם לדון ולהורות את הדרך ילכו בה ושכר הת״ח יהיה כפי ראות עיני אנשי הועד הי״ו.

ה-פנקסי הועד והכולל והחותמות יונחו בבית הועד דוקא.

ו-בענין החתימות מי יחתום שני ומי יחתום שלישי הבחירה בידי אנשי הועד הי״ו.

ז-הועד הנז׳ מחויב לסדר הכנסה והוצאה בכל ששה חדשים.

ח-כתבים הבאים מקר׳׳ח הן בשם הרב נר״ו הנז', הן בשם אנשי הועד, אין רשות לפתוח אותם כי אם הרב חותם ראשון ושנים מאנשי הועד.

ט-קבלה או כתב פרטי או כללי הנוגעים לכולל אם לא יהיו חתומים כל הועד אזי הקבלה והכתבים לא יועילו לכלום אם לא יהיה שום אחד מהם אנוס.

יו״ד. הועד מחוייב להשגיח על כל בתי כנסיות דכוללינו, לסדר בו סדרים נאותים לטובת הכלל.

י״א. הועד מחויב לפקח על עניני כוללינו לא פחות משני ימים בשבוע.

 

אלו הם סדר כוללינו יכב״ץ אשר תקננו במעמד כולל החו״מ ובטחנו בה׳ כי ע״י הסעיפים הללו תהיה הנהגת כוללינו הנהגה ישרה ויהיה לשם ולתהילה בארץ, יה״ר חפץ ה׳ בידינו יצלח ויעזרנו על דבר כבוד שמו כיר״א, כל זה נעשה ונגמר ביום כ״ה לחו׳ אב רחמן שנת התרס׳׳ב ליצירה בא סי׳ והקימותי לך ברית עולם לפ״ק, והשו״ב (והכל שריר ובריר) וקיים.

הצעיר נחמן בטיטו ס״ט — הצעיר שמעון אשריקי הי״ו ס״ט — הצעיר אליהו יעקב לעג׳ימי ס״ט — הצעיר שמואל קורקוס ס״ט — ע״ה שמואל בוחבוט ס״ט — ע״ה אברהם ארואץ הי״ו — ע״ה ראובן בואינום הי״ו — הצעיר הח״י יקותיאל חיים בן שמעון הי״ו ס״ט.

 

חכמי המערב בירושלים-שלמה דיין-תשנ"ב– הרה״ג רבי נחמן בטיטו זצ״ל

Joseph Dadia-Le chaudron de cuivre-le pain et le sel-Deuxieme partie




Taourirt occupa « une cuvette hérissée de blocs de lave et de gara, où le vent galope en rond », écrit François Bonjean. Le grand historien du Maroc, Henri Terrasse, note : « Ouarzazate, au point de vue architectural, forme transition entre le Dra des ksours et le Dadès des tirhemt. Pas d’enceinte proprement dite, les hautes façades servant  de rempart.

Le site de l’Ouarzazate est à la fois l’oued et la montagne. J’ajouterai, surtout, la superbe palmeraie, dans la vallée, enserrée  entre l’oued et la montagne. Le lit de l’oued Ouarzazate est large de plus  d’un kilomètre. Il ne se remplit que tous les six à sept ans. Il n’est jamais tout à fait à sec. Ce qui est une bénédiction du Ciel pour se laver et se purifier. La présence de l’oued permet les mariages entre Juifs et la rédaction de l’acte de mariage, la Kétouba.

L’oued Ouarzazate est appelé encore oued Idermi, en raison de la réunion à Tikirt du cours d’eau nommé Mellah et du cours d’eau nommé Imini, descendus de l’Atlas, et de l’Irhiri, lequel vient de l’énorme massif volcanique du Siroua. Son confluent avec le Dadès, à vingt kilomètres d’ici, forme le Drâ.

L’oasis Ouarzazate s’étend sur cinq kilomètres et elle est partagée entre onze douars, dont le principal est la Casbah de Taourirt, dont les dattes produisent des variétés dites feggous, khelt, et quelques rares bousekri.

Henri Bordeaux de l’Académie française a visité Taourirt et évoque dans « Un printemps au Maroc » que la vue de l’Ouarzazate, une vue panoramique qui lui rappelle celle de Turin d’où l’on distingue toute la chaîne des Alpes : « L’Atlas, de loin, reprend sa beauté et ses neiges étincelant au soleil revenu ».

     L’oasis suit  le cours de l’Oued avec ses hauts palmiers, ses thuyas, ses tamaris. Les oliviers sont rares. L’amandier, non greffé, donne de petits fruits. Quelques bovins et moutons sont confiés par les ksouriens à des bergers dont la rétribution est le plus souvent en nature.

Là s’arrête mes notes sur 17 pages de mon cahier de notes.

     Une page d’histoire : « Une famille Perez, qui se fixe au Maroc vers le 15ème siècle, se réclame d’une lointaine ascendance jérusalémite ; elle répugne à vivre au milieu des coreligionnaires indigènes. Aussi son chef achète-t-il au mérinide de Marrakech une place de Dadès, où se forme un centre exclusivement juif, qui demeure autonome jusqu’à la fin du 17ème siècle. En ce qui concerne l’attitude des sultans à l’égard de la société juive, Abou Saïd interdit à ses membres, vers 1470, de circuler en ville avec des chaussures ou sur une monture ; l’obligation de porter la lévite et la calotte noires doit également remonter  à cette époque. Cf. Louis Voinot : Pèlerinages Judéo-Musulmans au Maroc, Editions Larose, 1948, page 116 et page 117.

Rabbi Yehudah ben Yossef Pérets et son livre d’homélies

Perah’ Levanon « Fleur du Liban ». C’est un recueil d’homélies publié à Berlin, en 1712. Professeur Haïm Zafrani  nous explique que cet ouvrage raconte « Le périple de Yéhudah Peres, rabbin des vallées du Todgha (Haut-Atlas marocain, au 17ème siècle ». Je résume en me basant sur le texte du Professeur. C’est un texte autobiographique où l’auteur raconte l’expulsion d’Espagne de ses ancêtres venus s’établir dans le Dadès et dans les riantes vallées du Haut-Atlas, dont le territoire a été acheté par la famille. Ils  acquirent aussi  au roi à un prix très élevé le domaine de Tillit, devenu  leur Capitale, (à ne pas confondre avec Tiillit dans le Sud du Maroc). Ils ont fait sortir d’Espagne de grandes richesses. Cf. Professeur Haïm Zafrani : Le monde de la légende – Littérature de prédication juive en occident musulman, Les éditions du Nadir, de l’Alliance Israélite universelle et Maisonneuve & Larose, Paris, 2003, page 49 à page 53.

    Professeur Haïm Zafrani a écrit sur Taourirt. Je ne citerai qu’un autre texte de lui : « Le Todgha est situé au-delà des montagnes de l’Atlas. Les Juifs  de cette région, dont le nombre atteignait à peine mille deux-cents aux environs de 1920, étaient établis dans trois localités : Asfalo comptait alors six-cents âmes, Tinhir quatre cents, Taourirt 200. A la fin de 1920, Taourirt fut détruite par la guerre et ses habitants juifs allèrent habiter dans les deux autres localités ». Cf. Professeur Haïm Zafrani : Pédagogie juive en terre d’Islam, Librairie d’Amérique et d’Orient  – Adrien Maisonneuve, Paris, 1969, page 34 et note 42 : Il s’agit d’une incursion des tribus filaliennes au cours de laquelle furent ravagés les mellahs juifs de cette région. Cette contrée n’a été pacifiée par les troupes françaises que bien plus tard (vers 1930) ».

     Je ferme cette parenthèse historique, très intéressante, et je poursuis mon récit.

     La famille de Shawil Dadia arriva à un croisement : aller à Marrakech ou aller à Casablanca. Shawil connaissait bien Casablanca, alors en cours de construction. Il y est allé plusieurs fois sur son âne pour gagner sa vie et nourrir les siens. Il a préféré Marrakech où il existait une communauté organisée et plusieurs synagogues. A Marrakech, Shawil  a retrouvé des connaissances, des amis, et  des membres proches de sa famille. Shawil et son épouse ont été adoptés par la famille Ellouk, qui habitait Derb Scouella, qu’une traboule séparait de Derb Tajer : Joseph Ellouk et son épouse Messody Meloul, et leurs enfants : Jean (Yéhuda), Edmond, Jacob dit Coco, Maurice, Albert dit Bébert, et David.

    Je dois  ces précieux renseignements à mon cher et estimé ami Maurice, ancien footballeur au Mellah de Marrakech dans l’équipe ASDM (Alliance Sports de Marrakech), sur laquelle je consacre deux textes. Le premier texte est terminé et le second est en cours d’écriture pour l’essentiel.

     Maurice m’a parlé de ma grand’mère paternelle Esther Bar Hanine que nous appelions par affection Mama Sti. Il se rappelle qu’il a été blessé à son œil et qu’elle l’avait soigné.

    Les frères Ellouk avaient un frère par leur mère, Jacques Zafrany, un homme d’une grande valeur, ancien de la première promotion de la Section Agricole. J’ai eu l’occasion de le rencontrer chez lui à Montréal en octobre 1985. Il m’a dit, et cela m’avait grandement ému, que son meilleur souvenir de Marrakech est ma grand’mère paternelle.

    L’important est ceci, et cela m’émeut : J’ai toujours considéré mes amis Ellouk comme mes propres frères et réciproquement.

     Je considère ce soir, 18 novembre 2021, que mon texte est terminé, alors qu’il a été écrit depuis plusieurs mois.

Joseph Dadia-Le chaudron de cuivre-le pain et le sel-Deuxieme partie

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