Moulay Er-Rachid étendit son autorité sur les Arabes Makhil et les Béni Snassen. À cette nouvelle, Moulay Mohammed accourut avec une armée pour combattre son frère rebelle. La rencontre eut lieu dans l’Angad en août 1664 et prit fin par la mort de Moulay Mohammed qui tomba frappé d’une balle. Son frère l’enterra dans le Dar Mechâal. Cette indication nous permettra d’établir où se trouvait le Dar Mechâal, qui ne pourrait être très éloigné des régions de l’Angad et des Béni Snassen
Nous n’avons pas à faire ici l’histoire du règne de Moulay Er- Rachid. Disons seulement qu’avant de se rendre à Fès pour se faire proclamer sultan dans cette ville, le Chérif eut à combattre la longue résistance armée de Taza dont il finit par s’emparer en 1666
Son successeur, Moulay Ismaïl (1679), passa la première partie de son règne à combattre les Turcs qui menaçaient le Maroc et qui semaient des divisions entre les tribus des confins. Finalement il se décida à traiter avec les Turcs et put ainsi dompter les tribus rebelles des régions de la Moulouya. Comme les Mérinides, il éleva, sur le parcours, des Kasbahs occupées par des garnisons. Mais pour des raisons encore ignorées il expulsa, vers 1690, les Juifs qui habitaient toujours
Dar Mechâal et finit par détruire cette place forte qui disparait alors des annales de l’empire marocain
Quant aux Juifs expulsés, nous les retrouvons par la suite à Debdou.
Un siècle plus tard, un auteur français, André Chénier, très versé dans l’histoire récente du Maroc, relata ces événements de la façon suivante״) :
«Moulay Er-Rachid alla ensuite dans un canton appelé la Montagne du Juif, parce qu’un Juif y commandait et que les Berbères qu’il avait subordonnés à ses lois le respectaient comme leur souverain; ayant répandu le trouble dans cette contrée, il fit périr le Juif comme indigne de commander à des Mahométans, s’empara de ses richesses et en récompensa des troupes.»
Il n’est pas inutile de rappeler ici qu’il existe encore, chez les Béni Zekkara, près de Tiznit, une montagne portant le nom de «Montagne du Juif» à côté d’une source et d’un ancien cimetière auquel on attribue le même nom. Cette indication encore permet de situer le Dar Mechâal entre Taourirt et l’Angad.
Du côté juif, un document contemporain, ignoré jusqu’ici, qui a trait à cet épisode, m’a été signalé par le rabbin Hassarfaty de Fès, d’après une chronique manuscrite se trouvant encore aujourd’hui à Fès. Un extrait de cette chronique, que l’éditeur admet être incomplète, a été récemment publilé dans l’ouvrage du rabbin Chlomo Tolédano de Tibériade. L’auteur de la chronique est Samuel Ibn Danan, rabbin à Fès au dix-septième siècle.
«Dans l’année 5425 (‘1664-1666) (״), Moulay Ali Ech-Chérif se rendit du Tafilalet au Sous. Il prétendait à la royauté. Mais il fut jeté en prison par Admimi, le gouverneur du Sous. Celui-ci lui donna pour compagne une servante noire. De leur union naquit Moulay Ismaïl qui devait régner plus tard. Antérieurement déjà, Moulay Er-Rachid, le fils aîné de Moulay Ech-Chérif s’était rendu du Tafilalet à Taza où il massacra, par traîtrise, au moment du Chabbat, le juif Aaron ben Mechâal qui gouvernait en roi. Puis il se rendit à Fès et on ouvrit devant lui la porte Bab el- Bouzet : cette nuit-là, il coucha dans le Mellah. Le lendemain, on ouvrit devant lui la Bab es-Samrin de Fès el-Djedid.»
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Debdou-Histoire de la ville
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