Il etait une fois le Maroc Temoignage du passe judeo-marocain David Bensoussan

 

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Temoignage du passe judeo-marocain

David Bensoussan

LE SALAFISME

Comment decrire le courant salafiste?

Le terme salafisme provient d'Al-Salaf Al-Salih, signifiant les ancetres vertueux et fait reference au prophete Mahomet, a ses compagnons et a ses premiers successeurs qui, selon la tradition, furent des parangons de conduite. Le salafisme fut une ecole de pensee aspirant a un retour a la religion originelle des toutes premieres pieuses personnes qui observerent l'islam tout en faisant abstraction des innovations en matiere de preceptes ou de pratiques religieuses ulterieures. Cette ecole de pensee entendait restructurer les fondements de l'islam en en redonnant une interpretation moderne sans etre asservie par les interpretations du passe. L'idee directrice etant que ceux qui se sont inities a l'islam directement par la voix du Prophete ou ceux qui l'ont connu, ont eu une comprehension plus pure de la religion.

Cette doctrine relativement liberale s'opposa a celle du wahhabisme d'Arabie saoudite qui, bien que reposant sur les memes principes, etait egalement supremaciste et puritain. Le fondateur de cette ecole de pensee Abd Al-Wahhab 1703 – 1792 preconisait de s'en tenir a la doctrine primitive consistant a appliquer les sens externes du Coran, considerant qu'il etait inutile de s'engager dans la science du sens des mots. Le courant salafiste et le courant laic en Turquie ont represente des tendances nees pour repondre aux defis de la modernite. Au Maroc, la dynamique en fut tout autre.

Comment se positionna-t

on par rapport a l'Occident au XIXe siecle?

La societe marocaine du XIXe siecle etait encore traditionaliste et peu ouverte au monde exterieur. Mis a part une minorite de commergants installes dans les ports dont beaucoup de Juifs, les pelerinages a La Mecque, ou les rares ambassades marocaines a l'etranger, 1'ecrasante majorite de la population vivait quasiment en vase clos, sans contact avec le monde exterieur. L'enseignement des matieres generales tout comme la geographie, l'histoire ou les mathematiques etait laisse pour compte.

 L'enseignement de l'islam etait traditionnel et se resumait bien souvent a la recitation des textes sacres. II etait fort rare que l'on innovat en matiere de jurisprudence, tant les parangons du passe avaient preseance sur toute autre interpretation personnelle. II y eut des responsa contre les taxes non coraniques et contre l'usage du phonographe ou de la lithographie qui aurait pu nuire a la tradition de l'enseignement oral. Le repli sur la religion telle que pratiquee en ces temps-la inhibait toute forme d'ouverture de l'esprit de meme que d'art de la critique.

La confrontation avec l'Occident a pousse de nombreux Musulmans a aspirer a un retour a un islam politise. Elle souleva des reactions diverses, emanant des hommes de religion. Par ailleurs, le fait que certains Musulmans recherchassent la protection etrangere etait difficile a accepter pour beaucoup car, dans l'esprit des Musulmans proches de la tradition, etaient consideres comme des Infideles qui devaient etre soumis au statut de proteges ou Dhimmis.

Dans son epitre sur les meprisables detenteurs de passeports, le juriste Arbi Al-Mashrafi disait

 « La question est de savoir s'ils etaient Musulmans desobeissants ou bien des renegats qui devaient etre chaties selon les regies etablies…

 Dependre de l'lnfidele est un acte qui porte un grand prejudice a notre religion et doit etre combattu avec la derniere energie.» Mohamed Ben Al-Madani Gannoun exhorta les Musulmans a emigrer du pays des mecreants. De fagon generale, les religieux ne pouvaient supporter l'idee que l'islam soit assujetti a des lois et a des coutumes etrangeres. En 1886  il s'en trouva qui deconseillerent au sultan Hassan Ie d'autoriser la liberte d'exportation que reclamaient des pays europeens, n'envisageant avec ces derniers qu'un etat de treve temporaire.

Les hommes de religion se trouvaient aux prises avec un dilemme

 comment concilier la necessite d'entretenir des rapports avec les Europeens et ne pas contrevenir tout a la fois au verset coranique

 « Ne vous eclairez pas au feu des Infideles

 Les sultans devaient tenir compte de cette realite et edicter des lois, qui furent souvent des demi-mesures ou des mesures provisoires renouvelees regulierement.

Ali Ben Mohamed Al-Soussi Al Simlali fut un fcjih estime qui appuya les faits et gestes du sultan, que ce soit pour legitimer la levee d'impots a Fes en 1873 ou encore la vente de denrees a l'Occident. II deconseilla le djihad qui ne semerait que chaos et destruction, car de toute facon, le pays etait desuni et les montagnards agissaient comme bon leur semblait. Par contre, il fustigea vertement les Musulmans qui acqueraient un passeport etranger.

L'historien de la Cour Ahmad Ibn Khalid Al-Nagiri soutint que le djihad etait hors de question, car les Musulmans s'etaient ramollis apres bien des generations de paix. Ils ne pouvaient donc entrer en guerre et esperer en ressortir vainqueurs.

Mohamed Ben Ja'far Al-Kattani fut le representant de la tendance radicale rejetant tout contact avec l'Occident. II lanca un appel a cet effet a partir de Medine en Arabie. Dans son ouvrage Salwat Al-Anfas, il incita ses coreligionnaires a se soulever contre le principe de liberte occidentale qui representait a ses yeux la fin de la religion de Mohamed. 

II ala meme jusqu'a proposer de chatier ceux qui rendaient hommage a la justice des Infideles. II critiqua ouvertement les citadins qui s'adonnaient au commerce avec des Europeens, les officiels qu'ils fussent hommes de religion ou cherifs, voire meme le souverain s'il contreviendrait aux clauses de la Bay'a. Pour lui, seul un retour aux valeurs islamiques etait le garant que Dieu se chargeait lui-meme de punir les oppresseurs etrangers.

D'autres appelerent a la guerre sainte

Ahmad Al-'Iraqi pretendit que la treve avec les Espagnols suite a la guerre de 1860 etait illegale et preconisait le djihad constant. 

 Pour Mohamed Al

Manoun, le djihad etait a ses yeux la solution unique face a la tragedie du Maghreb. Mohamed Al-'Arbi Al-yAlawi Al-Maghari proposa une treve relative aux luttes intertribales afin de s'unir contre l'ennemi commun, la France, allant meme jusqu'a inciter a la desobeissance civile.

En 1935 L'Association des Ulama salafiya du Maroc fut fondee. Elle condamna les moussems (fetes annuelles tenues autour des tombeaux des saints). En outre, elle interdit les chants et les danses extatiques ainsi que les innovations des confreries. Allal Al-Fassi et Mohamed Ibrahim Al- Kettani firent partie de cette association.

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