? LES CONVERTIS Qu'en était-il des conversions
Des Juifs maniant les armes se trouvaient donc exclusivement dans les régions intérieures?
Curieusement, la réponse est non. À la fin du XIXe siècle, les Juifs sentaient le besoin de relever la tête. Profitant de ce que certains Juifs faisaient le commerce des armes, des Juifs en acquirent. Il faut voir en cela un schisme avec le passé, car jusque-là les Juifs attribuaient leurs malheurs aux transgressions morales de leurs ancêtres. C'est ainsi que l'on avait l'habitude d'expliquer l'exil du peuple juif de la Terre Sainte et les malheurs qui s'ensuivirent. Suite aux persécutions des Musulmans, les autorités rabbiniques décrétaient des jeunes et des prières de contrition, incitant leurs fidèles à faire des bonnes actions et à agir avec droiture, et plus encore. Revenons aux détenteurs d'armes : ceux qui en avaient n'osaient les montrer en public et encore moins les utiliser. Mais dans certaines circonstances, lorsqu'il s'agit de se protéger contre les pillards qui saccageaient la cité, leur intervention armée fut tolérée. Ainsi, en 1903, les Juifs de Meknès résistèrent par les armes aux attaques menées par les troupes du prétendant Bou Hmara. En 1910, ils disposaient de 200 fusils et de quelques milliers de cartouches avec lesquels ils résistèrent aux assaillants berbères. Ces derniers avaient pillé la ville, mis en fuite son pacha et s'étaient attaqués aux murailles du Mellah à coups de hache et de maillet. Ils furent repoussés. Lorsque l'armée française entra à Fès en 1912, elle exigea que les Juifs remettent leurs armes car la sécurité était du ressort de l'armée française. Les rebelles contre le sultan Abdelhafid attaquèrent la ville, razzièrent le Mellah et l'armée française cantonnée à l'extérieur de la ville bombarda le Mellah pour faire fuir les envahisseurs. Ce funeste épisode est connu sous le nom de Tritel (saccage).
LES CONVERTIS
Qu'en était-il des conversions?
Elles ne pouvaient se produire que dans un seul sens, car la conversion d'un Musulman à une autre religion était considérée comme une apostasie passible de mort. Beaucoup de prisonniers de guerre et de personnes visant à échapper à la justice dans leur pays s'enrôlèrent au service du sultan après s'être convertis. Dans les témoignages historiques européens, ils étaient désignés comme des renégats. Les conversions sincères à l'islam furent extrêmement rares.
Il y eut dans l'histoire des razzias qui se traduisirent par des enlèvements de jeunes filles juives. Cela est difficile à croire mais pourtant vrai : le Ministère des Affaires islamiques annonçait à la une la grande victoire de l'islam en montrant la photo de mineures juives séquestrées, prétendument converties à l'islam, sans que les parents ne puissent jamais les revoir. Cela se passait entre 1960 et 1964 !
Les grandes conversions remontaient à l'époque Almohade?
Au XIIe siècle, à l'époque des Almohades, de nombreux massacres furent commis. Le fanatisme était grand et certains, tout comme le rabbin Yehouda Ibn Shoshane de Fès, préférèrent le bûcher à la conversion. Suite aux massacres perpétrés par les Almohades, des mesures vexatoires furent instituées. Laissons la parole à Yossef Ben Aknin, disciple de Maïmonide, qui, comme son maître, avait prétendu se convertir avant de prendre la fuite pour l'Egypte : « Des persécutions et des décrets anciens ont été dirigés contre ceux demeurés fidèles à la Loi d'Israël… De sorte qu'ils pourraient même mourir au nom de leur foi.. Des grands et des petits témoignent contre nous et des jugements son: prononcés, dont le moindre rend légal de verser notre sang, la confiscation de nos biens et le déshonneur de nos épouses… Puis ils nous ont imposé des vêtements distincts… pour qu'ils puissent nous dénigrer et nous humilier… Cela permet de répandre notre sang dans l'impunité… Nous sommes secrètement assassinés la nuit ou tués en plein jour… Toute joie a cessé au Maghreb. La lumière d'Israël s'est éteinte au Maghreb.» Un chroniqueur contemporain des événements, Abraham Ibn Daoud écrivit : « Les Almohades ont traversé la mer jusqu'en Espagne, après avoir éliminé tous les rescapés juifs entre Tanger et Mahdia (en Tunisie). » Ajoutons que c'est depuis l'avènement des Almohades que la trace des Chrétiens se perd en Afrique du Nord.
Il est intéressant de noter que du temps des persécutions almohades, Jacques Ie d'Aragon avait donné des ordres pour faciliter l'émigration des réfugiés juifs de l'Afrique du Nord dans son royaume.
Joseph ben Judah ibn Aknin ( né à Barcelone (Espagne) en 1150 – mort en 1220) est un philosophe, poète et écrivain juif du 13e siècle, auteur de nombreux traités, essentiellement sur la Mishna et le Talmud. Il s'installe à Fès (Maroc) en tant que Crypto-judaïste.