Agadir-Joseph Dadia

Agadir-Joseph Dadia

Les vrais hommes de progrès sont ceux qui ont pour point de départ un profond respect du passé.

Ernest Renan

La vie est une succession de cycles …Et de temps en temps, on revient à la case départ. Patrick Modiano 

AVANT-PROPOS

Tous les récits du monde ne suffiront pas à raconter mon histoire.

J’évoque peu dans mes textes le souvenir de la famille de maman. Il n’y a aucune explication à ce silence. Le moment viendra. J’écris sous l’inspiration. Seule l’inspiration me guide. Je ne choisis pas mes souvenirs. Ils s’imposent à moi.

Quand je pense à la famille de maman, je revois des hommes et des femmes de qualité, d’un rang social élevé, d’une bonne réputation. Dès ces premières lignes, leurs visages apparaissent devant moi. Ils me regardent tels que je les ai connus. Plusieurs images d’eux se présentent à moi, toutes en même temps.

Ce que l’œil peut capter instantanément, la main de l’homme ne peut le transcrire d’un seul geste.

Ces mages me renvoient à Agadir et aussi à Marrakech. C’était avant octobre 1956, date à laquelle je suis parti en Angleterre.

Je me souviens. Ma famille d’Agadir venait voir maman à Marrakech.

Un jour de juillet, je me rappelle, profitant de la fraîcheur du matin, je révisais tranquillement le chapitre deux des « Lois d’Ethique et de Morale » de Maimonide : « Lorsque ceux qui souffrent de maladies physiques goûtent ce qui est amer, ils disent que c’est doux, et pour ce qui est doux, ils disent que c’est amer … Et ceux qui souffrent de maladies mentales s’écartent de la bonne voie, car leur mal altère leur volonté … ».

Soudain, j’entends des éclats de rires joyeux du côté de l’escalier. Levant les yeux de mon livre, je vois arriver vers moi mes cousins et mes cousines d’Agadir. Je n’en croyais pas mes yeux. Ils sont tous là devant moi. Je saute sur eux, les embrassant et les serrant dans mes bras. Il y a une heure à peine qu’ils sont arrivés d’Agadir à Marrakech. Leur première visite est toujours pour maman. Je leur dis que Lalla, c’est ainsi qu’ils appellent maman, se trouvait à Casablanca chez sa sœur Rahel, et aussi pour voir son frère David. Je ne tardais pas à lire sur leur visage une profonde déception. Ils ne sont à Marrakech, avec mon oncle et ma tante, que pour quarante-huit heures. Les grandes filles avaient des copains à voir au mellah.

Se détache nettement dans ma mémoire ma petite cousine Marie, douce et bonne, et d’une grande candeur. Comme elle était sensible, éveillée et intelligente. Malgré son très jeune âge, elle veillait sur moi quand je passais mes vacances à Agadir. Toujours affectueuse et câline.

Je garde de pieux souvenirs d’elle. Je me souviens, comme si c’était hier. C’était un samedi après-midi.

Elle proposa de me conduire à la plage pour jouer au foot avec mes amis gadiris. Nous empruntons un raccourci par une rue qui descend en pente à l’aplomb de la plage. Beaucoup de voitures circulaient dans les deux sens dans cette rue, d’ordinaire calme. Marie prit fermement ma main et me fit traverser la rue d’un trottoir à l’autre, faisant attention aux voitures qui arrivaient sur nous. Tout au long de notre promenade je l’écoutais me raconter des historiettes avec charme et naïveté, comme un petit frère avec sa sœur qu’elle protège. Je revois encore son regard. Une vision qui revient. Tout cela je le garde en moi comme un précieux et rare trésor qu’aucun pesant d’or ne parviendrait jamais à équivaloir.

Relisant mon texte, je constate des répétitions.

Josué Jéhouda, un grand écrivain juif de Genève, tombé dans l’oubli depuis des années, m’a appris au cours d’une rencontre chez lui qu’il faut garder les répétitions dans la mesure du possible.

Joseph Dadia

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