Eugene Aubin-Le Maroc d’aujourd’hui Paris, 1922

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Le Maroc d’aujourd’hui Paris, 1922

La ville de Sfrou relevait, jusqu’a ces derniers temps, du gouverneur de Fez el-Djedid, qui y etait represente par un khalifa. En recompense des services rendus par le caid Omar elYoussi dans l’expedition contre Bou Hamara, le makhzen vient de lui attribuer le gouvernement de Sfrou. Omar el Youssi est maintenant le seul caid de sa tribu, qui naguere en comptait trois. II est ainsi devenu un tres puissant seigneur, chef unique de l’une des plus grandes tribus beraber, et c’est lui qui, a la tete des contingents berberes, a, cet hiver, sauve le makhzen. Les Ait-Youssi se divisent en deux fractions principals, les Ait-Halli et les Ait-Messaoud-Ouali, dont les rivalites ont ete maintes fois sanglantes. Le caid el-Hosein el-Hallioui n’avant cesse de se poser en rival du caid Omar: il y dix-huit mois, il vint s’etablir a Sfrou, et la ville se divisa aussitot en deux camps, tenant pour chacun des deux adversaires; on se fusilla, pendant trois mois, du haut des minarets et des terrasses des maisons, dont beaucoup portent encore les traces de la bataille… Omar el-Youssi sortit vainqueur de la bagarre; il poursuivit son rival dont il detruisit la kasbah et resta des lors seul maitre de toute la tribu; quant a Hossein el-Hallioui, il vit refugie a Fez dans la zaouia de Moulay Edriss.

La maison du caid el-Youssi contient un grand riadh, de construction recente, ou l'on est en train d’achever les revetements de faience et les plantations. L’un des fils du caid, qui fait fonction de khalifa, Si Mohammed ben Omar, nous y a recus a dejeuner; c’est encore un tout jeune homme, dont l’education s’est faite a la campagne, comme celle de la plupart des Beraber; aussi est-il tres timide et il reste un peu a l’ecart, entoure du petit groupe de feqihs et de tolba, habituel aupres des grands caids. Le dejeuner et la musique etaient purement arabes; mais les tapis, sur lesquels on avait place la table, etaient ornes de franges, qui s’en detachaient en lignes regulieres, selon un modele special aux Ait-Youssi, et l’on servit, comme premier plat, du lait et des dattes, ainsi qu’il est d’usage dans toute cette region de l’Atlas.

Si Mohammed nous reconduisit, avec ses cavaliers, jusque fort avant dans le Sais, la oil la route de Fez cesse d’etre menacee par les djei'ch (raids de cavalerie) des Beni-Ouarain, des Beni-M’tir, et meme des Ouled-el-Hadj, qui l’interceptent periodiquement. En revenant, nous passames par les B’halil, gros village a une heure de Sfrou, sur les dernieres pentes du djebel Kandar. Une population de 5 ou 6.000 habitants y vit dans de pauvres maisons en pierres ou dans les cavernes creusees dans un sol tres friable; ces habitations primitives epousent le relief du terrain, disparaissent dans les creux de rocher, et c’est seulement en descendant vers le Sais, au travers des Olivers, que l’on apercoit, dans son ensemble, le village remontant en amphitheatre, des deux cotes d’un vallon escarpe. Les B’halil forment, a eux seuls, un territoire distinct; ils sont Berberes arabises et proviennent d’une fraction, empruntee naguere au Zerhoun, en vue d’assurer, au-dessus de la route de Sfrou, une securite qui laisse tellement a desirer encore. Bien que ne dependant en aucune facon de la tribu, les B’halil relevent actuellement du caid el-Youssi. II n’y a plus que quatre petites heures de voyage pour descendre des B’halil a Fez.

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