L'ecole de l'alliance a Akka-Joseph Dadia

Autrefois, les juifs d'Akka étaient surtout orfèvres, et aussi commerçants. En 1945, il n'y a plus que quatre orfèvres akkajuifs. Quant au commerce, la tradition ne semble pas s'en être perdue.

La fabrication traditionnelle de l'eau de vie de dattes, mahya, en argot shtiya – de l'hébreu shato, boire, boisson -, a lieu à chaque année en septembre au mellah à l'aide d'un alambic fait d'une jarre en poterie – ikhabia di mahya -, reliée au fourneau par un roseau creux.

Naguère, des femmes juives de Tagadirt dansaient une sorte d'ahouach, appelé ahéibbar, réunion, – de l'hébreu habber, s'unir, unir -, danse très ancienne et spéciale à Akka inconnue des autres juifs du Maroc. Sur un rang, vêtues de blanc, les cheveux pris dans le foulard de soie rouge, mais celui-ci recouvert par un voile blanc découvrant entièrement le visage et la racine des cheveux. Ceinture rouge. Certaines assez belles, les traits fins, le teint d'une blancheur surprenante. Debout, parmi elles, deux ou trois vieilles battent le tambourin. Toutes chantent en arabe. De temps à autre, deux ou trois femmes sortent du rang et font quelques pas, en tournant l'une autour de l'autre : le corps penché en arrière, les bras tendus, elles frappent dans leurs mains aux doigts allongés, tout en dansant une sorte de pas assez vifs, dont le piétinement n'est pas sans rappeler celui du ballet soussi.

Des rabbins-quêteurs sont enterrés à Akka : rabbi Yéhudah ben Hobab et rabbi Mordekhay ; rabbi Issachar Yisraël est enterré près du qsar Irrehalen. On lui prête d'avoir, de son vivant, fait jaillir la source de Talgest, une source d'eau miraculeuse au pied du Bani à huit kilomètres au Sud- ouest d'Akka. Les juifs l'appellent Ba'âl Hama'yan, « Le maître de la source ».

Jadis il existait un foyer considérable et fécond de kabbalistes, méqoubalim, dans le Sud du Maroc, dans le Sous, le Drâ et les confins sahariens : Taroudant, Tamgrout, Akka, Tafilalet, etc. Rabbi Moïse ben Mimun Elbaz a quitté Taroudant, avec quelques compagnons, et est arrivé à Akka pour terminer son Hekhal ha-Qodesh « Le Palais de Sainteté », en 1598. Son disciple, rabbi Jacob ben Isaac Bu-Ifergan, a composé à Akka son Minhah hadasha « Offrande Nouvelle » en 1619.

Les caravanes venant de Taroudant par Tiznit ou Ifrane de l'Anti Atlas, et celles qui partent des oasis d'Akka et de Tata, servaient de relais intermédiaire aux commerçants du Dra' et du Tafilalet. ; Illigh, Oufrane, Akka, Tata, Beni Sbih, El Gozlan M'Hamid participent aux foires, qui jalonnent les passages des caravanes. Au 18è siècle, Goulimine supplante définitivement Akka dans le commerce transsaharien. Ce explique le déclin de l'artisanat juif dans cette dernière localité.

Au début du 17è siècle, les juifs d'Akka ont souffert d'une terrible sécheresse, en même temps que des persécutions de la part de leurs voisins qui ont littéralement assiégé leur quartier. Les juifs n'ont dû leur salut qu'après avoir payé à leurs agresseurs de fortes sommes d'argent.

Mardochée Abisror a été l'homme à tout faire et le compagnon de tous les instants de Charles de Foucauld lors de son exploration du Maroc, déguisé en rabbin. Le vicomte, avec son guide, arriva à Akka le 28 novembre 1883. Un témoin de l'époque, Esther Assaraf née Abisror, évoquant les souvenirs d'enfance du voyageur, a raconté en 1955 à Elias Harrus que de Foucauld montait « sur le toit pour vérifier si sa fiancée, à Paris, lui était restée fidèle ».

En 1492, le fanatique et agitateur al-Maghilli, chassé de Fès et devenu Cheikh de Tlemcen, a soulevé la population du Gourara et du Touat contre les juifs. Le même sort allait être réservé, quelques années plus tard, aux centres juifs du Dra, toujours à l'instigation d'al-Maghilli. Akka et Tata accueillirent probablement les rescapés de ce massacre. Ce qui explique pourquoi Vincent Monteil fait remonter au 16è siècle seulement l'origine de ces deux communautés. Ce fait d'histoire mérite d'être revu pour savoir si elles ne datent pas d'avant le 16è siècle.

D'autres faits d'histoire méritent d'être approfondis : – Des métallurgistes juifs ont exploité les mines de cuivre, de fer et d'argent du Sous et du Dra. -Tamdult, au sud du pays d'Akka, était riche en mines d'or, d'argent et de cuivre. Une communauté juive est venue s'établir ici après la destruction du Premier Temple de Jérusalem, et travailler le minerai. – Des juifs yéménites, experts en traitement des métaux, ont accompagné en 705 Musa Ibn Nusair dans son expédition marocaine.\

« En janvier 1963, raconte Simon Hazan, un soir, en une seule nuit, tous les juifs d'Akka ont été embarqués dans des cars. Ils n'avaient même pas vendu leurs maigres biens. Quelques ballots de vêtements et en route

pour la Terre promise ! Hélas, le Président de la Communauté venait de decéder et n'a pas pu faire le voyage. Il fallu, je crois, six cars pour le transport de toute cette population … Le lendemain matin, il ne restait plus un seul juif dans les deux mellahs. Ils étaient tous partis dans la nuit à

Inezgane. Je crois que de là, ils ont pris le train pour Tanger, puis le bateau pour Israël. J'étais le seul juif à 500 kilomètres à la ronde. »

Kervenic en Pluvigner, Mercredi 2 février 2011

Joseph Dadia

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