ארכיון יומי: 19 באוקטובר 2019


Temoignages-Souvenirs et reflexions sur l'œuvre de L'Alliance Israelite Universelle-La Rentrée-Bob Oré Abitbol

La Rentrée

Bob Oré Abitbol

Tous les souvenirs d'enfants se ressemblent et pourtant chacun est personnel. J'ai beau vous entendre raconter vos aventures et m'apercevoir qu'effectivement elles ont un air de famille, les nôtres étaient uniques au monde, comme la rose du Petit Prince. Parce qu'il s'agissait de nous. La réalité se transforme peu à peu en souvenirs et chaque jour qui passe les rend plus vivaces et plus purs.

A cinq heures du matin, il s'était levé dans l'excitation de cette première journée pour " La Grande Ecole ". Il se lava la figure tant bien que mal, mit un peu d'eau sur ses  cheveux s'était habillé : chemise blanche à manches courtes, short gris à bretelles et, par-dessus, un tablier bleu et blanc à carreaux avec une lisière rouge qui fermait sur le côté.

Il réveilla doucement puis avec insistance sa mère qui se leva de bonne grâce, ne voulant pas gâcher par une remontrance quelconque cette journée vraiment très spéciale pour l'enfant.

Elle lui fit refaire sa toilette, rajusta ses vêtements attachés à la diable et lui prépara un bon déjeuner qu'il avala à la hâte.

" Prends ton temps, mon chéri, dit-elle, l'école commence à huit heures et demie ". Il ne voulut rien entendre; elle enfila un long peignoir fleuri, mit un ruban sur ses cheveux frisés et l'établissement ne se trouvant qu'à 500 mètres, elle accompagna l'enfant à pied.

Sur l'avenue qui menait à l'école, les arbres étaient toujours verts et les bougainvilliers fleurissaient encore malgré les premiers frissonnements de ce début du mois d'octobre.

L'aube se levait à peine et, dans cette rue de Casablanca, d'ordinaire si vive et si animée, un silence étrange régnait. L'épicier du coin n'allait cependant pas tarder à faire grincer dans un bruit de tôle son rideau, et la rue allait retrouver son visage de tous les jours et ses bruits quotidiens.

Le marchand de poissons d'abord :              " Colin, sole,

merlaaaan ", le dernier mot n'en finissait pas de finir. Le rémouleur et son sifflet, sa musique particulière est tellement jolie! Les marchands de légumes, de fruits, pittoresques et sympathiques. Le marchand de sable sur son âne : " Ha remla, Ha remla ". On racontait en riant que son âne pouvait parler, mais avait peur de le faire devant son maître, de crainte de devoir répéter sa vie durant : " Ha remla, Ha remla ",

L'enfant, connaissait bien sa rue. Pendant toutes ses jeunes années, il avait vu le va-et-vient des uns et des autres, et sa mère l'avait souvent pris dans ses bras pour un " petit marché " comme elle disait.

La rue appartenait aux femmes pendant la journée. Elles se rencontraient autour de tous ces vendeurs ambulants et tout " en marchandant " échangeait les dernières informations, lançaient les prémices d'un cancan et amplifiaient, reprenaient une rumeur ou s'indignaient des mini-scandales qui sont le " propre de toute communauté ",

Entre midi et deux heures, cependant, les maris et quelques-uns des enfants venaient prendre le déjeuner. La rue prenait alors un autre visage. Monsieur Amzallag,

avec son béret sur le côté (il racontait qu'avec le patron qu'il avait, c'est tout ce qu'il avait réussi à mettre de côté) et dans chaque bras un paquet de fruits, l'enfant ne se souvenait pas de l'avoir vu différemment leur vie commune durant.

Les voisins échangeaient leurs plats favoris, des cris fusaient de toutes parts. Le marchand de journaux passait à toute vitesse à bicyclette " Vigie, Vigie ".

Vers une heure trente, les hommes repartaient vers leur travail en s'arrêtant toutefois à la terrasse de leur café favori pour une rapide partie de cartes, qui n'en finissait pas et un café-verre. Les enfants reprenaient le chemin de l'école. Alors la rue se calmait.. pour quelques heures.

Pendant ce temps, l'enfant était à l'école. Sa première journée se passait bien. La maîtresse était gentille et sympathique. Elle racontait de jolies histoires et pour cette première rencontre donnait surtout des recommandations : les livres qu'ils devaient apporter, une ardoise, de la craie, une éponge, un plumier, un cahier avec des interlignes, des plumes Sergent-Major pour les pleins et les déliés.

La cloche sonna pour la récréation et l'enfant rencontra ses premiers camarades. La cour était immense; il y avait des arbres partout, le tronc peint en blanc. Près du préau, qui servait de salle de gymnastique, de théâtre, de salle de punition et que sais-je encore, se trouvait la fontaine où s'échangeaient les petits secrets.

L'école des garçons était mitoyenne avec celle des filles et l'on pouvait entendre leurs rires et leurs cris stridents pendant qu'elles jouaient à la marelle, à la corde, à la ronde.

Pendant ce temps, les maîtres se promenaient par deux ou par groupe les mains derrière le dos, l'un d'eux sifflant de temps en temps un enfant particulièrement turbulent.

Bien que déchaînés, les élèves craignaient leurs maîtres et les regardaient avec respect. Au fond de la cour, " les grands " étudiaient et les enfants qui les voyaient de loin attendaient avec impatience le jour où ils pourraient en être là. De leur côté, les grands enviaient leurs cadets et regrettaient, eux aussi, de ne pouvoir jouer comme leurs petits camarades.

L'enfant écarquillait les yeux, émerveillé. Il acheta un pain au chocolat qu'il dévora à belles dents. Puis se mit à courir avec les autres. Des clans se formaient, se défaisaient, se refaisaient rapidement.

La cloche sonna de nouveau, les rangs se formèrent devant les classes et quelques minutes plus tard, la cour retrouvait un silence relatif, troublé seulement par les oiseaux qui venaient picorer le reste de croissants des élèves.

Madame Bencheton, c'était le nom de l'institutrice, remarqua le petit visage vif et sympathique de l'enfant et le fit venir au tableau.

Comment t'appelles-tu?

L'enfant dit son nom d'une voix claire, mais son cœur battait fort. Il était intimidé par toute la classe qui le regardait et par la maîtresse qui lui demanda d'une voix douce :

Connais-tu un poème, une chanson, une petite histoire que tu aimerais nous raconter?

Oui Madame, dit l'enfant, un poème, et sans se tromper une seule fois, il dit le petit quatrain d'une voix sûre qui le surprit lui-même quand il se rassit plus tard.

L'institutrice le prit dans ses bras et le serra fort, l’embrassa avec un grand rire, lui dit " Bravo, c'est bien mon petit " et lui remit un bonbon et un bon point.

L'enfant retourna joyeux à sa place. La classe terminée, l'enfant résista pour ne pas croquer le bonbon; même quand son frère vint le chercher, il ne parla pas. Malgré son excitation du bon point et surtout du bonbon, il réservait la bonne nouvelle à sa mère.

Il retournèrent par le petit jardin du boulevard d'Anfa là où les amoureux se retrouvaient le soir, arrivèrent au boulevard Gouraud, retournèrent enfin rue Lusitania qui retentissait déjà des cris d'enfants. Cette rue Lusitana ainsi que la place de Verdun, la rue Mouret, la rue Voltaire, la rue Jean-Jacques Rousseau étaient des satellites ou plutôt des. confluents qui se jetaient tous dans la rue Lacépède qui était connue dans tout Casablanca.

Tous les jeux s'y pratiquaient. A l'époque dont je vous parle, l'enfant était tout jeune et ne voyait que les joueurs de billes, les collectionneurs de noyaux d'abricots, les batailles sans pitié de toupies, où le gagnant avait le droit, avec la pointe de sa toupie, à autant de coups qu'il avait pu tenir de secondes la sienne tournant dans sa main, le kiné, une sorte de base-bail qui se jouait avec des morceaux de bois, Zorro, sans déguisements mais avec des mouchoirs, le sort déterminant les " Bons " et les " Méchants ",

Les grands jouaient de la guitare, chantaient en chœur, près de leur moto qui définissait leur statut dans les groupes. Qui n'a entendu parler de " cow-boy ", de " poupée Benouaich ", " bébé Larédo " James, Dédé dit l'oiseau, Jacques de Gouveia dit Jouiqui le pâtissier, Maurice le pigeon, Charles Tolédano. Le quartier pullulait de fortes personnalités et de fortes têtes qui ont marqué leurs camarades et le quartier de façon définitive. Que sont-ils devenus?

 

Yaacob le " nougatelier " représentait un pôle d'attraction important de la rue. On y trouvait les meilleurs nougats, le meilleur gâteau aux amandes de toute la ville, et…du crédit.

Près de lui, un mercier peu sympathique s'était installé. Il vendait des boutons douteux, parce qu'ayant servi on ne sait où, des fils, des dés à coudre, de l'élastique. Son affaire ne marchait pas. Voyant le commerce florissant de son voisin, il revint un matin en marchand de gâteau à la grande colère et au grand dam de Yaacob. Les prix se mirent à dégringoler de façon vertigineuse. C'est à cette époque que le jeune garçon comprit les bienfaits et les avantages de la concurrence et de la libre entreprise pour le consommateur.

L'enfant revint donc tout excité de sa première journée d'école, le bon point dans la poche, le bonbon dans l'autre, serrant son cartable vide contre sa poitrine. Arrivé près de la maison, il se mit à courir, grimpa les escaliers à toute vitesse et frappa frénétiquement à la porte qui s'ouvrit presque instantanément.

– Maman, Maman, regarde, regarde! Dit-il.

Ses joues étaient rouges de joie, ses yeux brillaient, il brandit le bon point et le bonbon triomphalement. Sa mère le félicita chaudement. L'enfant eut enfin le loisir de croquer son bonbon.

Cet enfant qui évoque ces souvenirs avec tant d'émotion et de nostalgie, cet enfant, c'était moi….et c'est encore moi.

Temoignages-Souvenirs et reflexions sur l'œuvre de L'Alliance Israelite Universelle-La Rentrée-Bob Oré Abitbol

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Langues et folklore des Juifs marocains-Pinhas Cohen-2014- Histoire de la mahia au mellah

Histoire de la mahia au mellah

Tout le monde buvait de la mahia au mellah, même les femmes et les enfants, même les rabbins, et cela à toutes occasions .A ce propos, je me fais un devoir de me référer à J.Tolédano qui en a retracé l’histoire avec justesse, finesse et humour, en connaisseur avisé des traditions juives de sa ville natale Meknès qu’on appelait autrefois “ la petite Jérusalem”

J’en appelle pour cela à son amabilité pour qu’il me permette de citer un extrait de l’article magistral qu’il a consacré à l’histoire de la mahia “ Plaidoyer pour la mahia, dans son ouvrage “ l’Esprit du Mellah Ce faisant, je ne ferai que rendre hommage à sa réputation d’historien et d’ethnologue de la vie juive du mellah :

“ Autant que le thé à la menthe, sinon plus, la mahia était la boisson nationale des juifs du Maroc, un élément du folklore du mellah, avec ses drames, ses bonnes histoires, ses excès, ses légendes et ses miracles. Enfermé dans son mellah, le juif trouvait sa raison de vivre dans la fidélité à la Loi et son appétit de vie terrestre dans la bonne chair et la boisson . A petites doses la mahia était une bénédiction, un euphorisant qui vous fait oublier les misères de la vie ; à doses excessives une plaie. Les raisons de boire ne manquaient pas. La mahia n’apparaissait généralement à table, que lorsqu’il y avait une Sebba c’est à dire une occasion, une raison, comme l’a si bien noté Pascale Saisset dans son livre “ Heures juives au Maroc ” :

“ La mahia n’a pas son pareil pour animer les conversations.Elle accompagne tous les évènements heureux ou malheureux de la famille. Il n’est point de pauvre qui n’ait chez lui une provision dont il fait usage pour toute réjouissance :la petite réjouissance du chabbat, la grande réjouissance d’une fête rituelle ou d’une circoncision ou d’un mariage. On en boit lorsqu’on a des coliques, on en prend une lampée lorsqu’on est fatigué, ou pour calmer une rage de dents.Mélangée avec du cumin, elle est utilisée comme médicament qu’on appliquait sur les plaies.

Autrefois la mahia se fabriquait à la maison. Depuis l’occupation française en 1912 la distillation artisanale n’était autorisée que sous le contrôle de l’Etat et à certaines conditions.Croyez-vous que les juifs se soient résignés à cette interdiction?… ”

Certaines villes du Maroc étaient autrefois réputées pour la qualité de leur mahia en raison de la qualité de leur raisin et de leurs figues comme par exemple Debdou, Demnat, Fès et Meknès.

La fabrication de la mahia a souvent été la cause de démêlés avec les autorités. Dans sa tolérance, l’Islam maghrébin a toujours permis aux juifs de fabriquer leur boisson favorite, à condition de ne pas en vendre aux Musulmans. Le Pacte de la Dhimma qui régit le statut des non-croyants en terre d’Islam, interdit de détourner les fidèles des principes de leur religion. Mais pour les professionnels de la distillation -et il ne fallait pas un grand équipement, outre un alambic rudimentaire – le musulman était le meilleur des clients .

La Chronique de Fès (Yahas F as), abonde en avertissements des autorités contre ce commerce illicite et en Takanot (ordonnances rabbiniques), interdisant formellement de fabriquer au-delà des besoins de sa propre famille, pour assécher ainsi l’approvisionnement du marché noir.

En 1736, les notables et les rabbins de la communauté de Meknès habilitèrent leur Grand Rabbin Rabbi Yaacob Tolédano, à fixer à chaque famille un quota suffisant à ses propres besoins et qu’ il était interdit de dépasser sous peine d’amendes .Il fallut toute l’autorité de ce dirigeant hors pair pour enrayer le fléau -momentanément..

L’arrivée des Français, faillit bien coûter la vie à la mahia si les Juifs s’étaient résignés. Les autorités voulurent en effet imposer comme en France le monopole des vins et alcools. Dans un premier temps, elles se contentèrent de limiter la fabrication domestique aux besoins familiaux, ensuite elles interdirent totalement la distillation artisanale à domicile.

Face à ce cruel décret la première réaction fut tout naturellement d’en appeler à la pitié et au bon sens des autorités du Protectorat comme en témoigne cette lettre adressée à l’historien Nahum Schlouz envoyé par Paris en 1914 pour enquêter sur la situation des communautés juives du Maroc :

“ Monseigneur, c’est avec de chaudes larmes et le cœur brisé que nous venons déverser notre plainte auprès de Votre Honneur et lui faire connaître une goutte de la mer de nos malheurs. Nous, les soussignés sommes pauvres et misérables…Parmi nous il y a des invalides, des orphelins et des veuves, mais nul d’entre nous ne se livre à la mendicité. Nous vivons à la sueur de notre front, de la distillation de l’eau-de-vie que nous vendons à nos coreligionnaires pour les jours de fête et de joie et nous subvenons ainsi avec peine à nos besoins. Le jour de l’arrivée des Français, nous avons pensé améliorer notre misérable vie à leur ombre, nous leur avons juré fidélité et qu’avons-nous reçu en échange ? Leur première mesure a été de nous priver de notre gagne-pain, en ordonnant que désormais, nul juif, riche ou pauvre, n’aurait plus le droit de distiller car ce commerce leur est réservé et ils ont établi des gardiens dans la ville. Tout contrevenant est sévèrement puni, et la petite source qui nous faisait vivre a été asséchée.Nous avons adressé nos suppliques aux quatre coins, nous avons essayé de parler au cœur des ministres et des juges, mais il n’y a point de sauveur. Maintenant que la lumière de Votre Seigneur est tombée sur nous, nous nous prosternons à vos pieds d’avoir pitié de nous, des familles réduites à la faim, de bien vouloir intercéder auprès des autorités pour qu’elles adoucissent la sévérité de leur décret qui nous a touché jusqu’à l’âme, et de nous laisser entrevoir une ouverture, ne serait-ce que de nous imposer une taxe mensuelle ou annuelle afin de nous permettre d’exercer notre métier que nous savons faire. ” Pour autant la distillation ne chôma pas un seul jour malgré les menaces et les perquisitions. Les amateurs de “ la goutte forte ” ne connurent jamais de manque. Il y avait dans chaque mellah quelque brave matronne à vendre ses bouteilles de mahia en cachette. ”

A Meknès on racontait d’inombrables anecdotes à propos des amateurs invétérés de mahia dont le fameux Yousef Chriqui. “ Sa popularité à Meknès, nous dit Joseph.Tolédano, n’avait d’égale que sa bonne humeur car il avait la mahia gaie et l’humour désopilant. Au lieu d’être la victime des histoires d’ivrognes il en était bien souvent l’auteur .” En voici quelques unes à titre d’exemples :

A suivre

Langues et folklore des Juifs marocains-Pinhas Cohen-2014 Histoire de la mahia au mellah

מנהג שירת הבקשות אצל יהודי מרוקו-דוד אוחיון-הוצ' אוצרות המגרב-תשנ"ט

ה׳ יחד את העם בהבטחתו לאבות ובבחירתו במעמד הר־סיני. המשורר מוסיף וכותב ״שוב וזכור לנו ברית האבות״. ברית זו נשענת בין השאר על ״בזכות נעקד במקום איל אחד תמיד, מן הצאן״, כדברי אחד המשוררים העם התפלל במשך הדורות לבורא עולם שיגאלו מצרות הגלות. התפילה היתה סם מרפא ששיכך את מכאובי העם, תקוותיהם של כל בני הקהילות משתקפות היטב בשירת הפיוטים. כך אנו מוצאים את הזעקה הבוקעת מאחד הפיוטים:

"ה' מָתַי יָבוֹא הַגּוֹאֵל / אֶל אֻמָּה עֲנִיָּה
וְיִגְאָל עֲדַת יִשְׂרָאֵל, אֲשֶׁר הִיא שְׁבוּיָה..
שִׁשּׁוֹ צָהֲלוּ רַנְּנוּ / בָּא זְמַן הַיְּשׁוּעָה
וְקוֹלְכֶם שְׂאוּ וַעֲנוּ  / כְּשׁוֹפָר תְּרוּעָה"

(אעירה שחר פיוט 44 )

ביאת הגואל מלווה את העם במשך כל הדורות. הוא היה התקווה ואליו ערגו, קודם יבוא המבשר: ״רגלי מבשר/ חיש אל נערץ״. המבשר הוא כמובן אליהו הנביא. באחד הפיוטים שואל המשורר בשם העם:

מתי יבוא משיחי ויגאלנו?

אנא אלוקי, מהר ענני

וה׳ עונה ואומר:

"הנני אשלח מבשר לעניה

הוא התשבי אשר נקרא אליה

בזכות נעקד בהר המוריה"

אליהו הנביא המבשר זוכה לכינויים כמו ״ישר ותם״: ״כי הזמן עבר ותם, החש שלח ישר ותם״. המשורר מבקש ומתחנן כי הגאולה לא תתעכב ״ושלח נא את אליה רגלי משווה, בטרם מלאת שנה״. אחרי המבשר שהוא אליהו הנביא יבוא המשיח. במסורת חז״ל נתייחד משיח בן דוד כדמות אשר עתידה לגאול את ישראל מכל תפוצותיו ולקבצם בארץ־ישראל. הציפיות לימות המשיח היו חלק מרחשי הלב אצל יהודי מרוקו והן נסמכו על דברי חז׳׳ל שבימות המשיח אין שעבוד מלכויות. זמן הגאולה מתואר ע״י המשורר כ״עת דודים":

עֵת דּוֹדִים כַּלָּה בּוֹאִי לְגַנִּי.

 פָּרְחָה הַגֶּפֶן הֵנֵץ רִמּוֹנִי:


חָלַף הַגֶּשֶׁם הַסְּתָו עָבַר.

קוֹמִי רַעְיָתִי הַחֵשֶׁק גָּבַר.

נֵצֵא הַשָּׂדֶה נָלִין בַּמִּדְבָּר.

 שָׁם אֶתֵּן דּוֹדִי לָךְ מַחְמַד עֵינִי:

בפיוט זה מתקיים דו־שיח בין ה׳ לכנסת ישראל המכונית כאן ״כלה״. בדברי נחמה אלה מתאר המשורר את זמן הגאולה ואת החזרה לארץ הקודש. ימות הגשם שהם ימים של הסתר פנים של הקב״ה מעמו חלפו, כך גם הסתו פינה את מקומו לימי האביב שבהם פריחה של הגפן והרימון משבעת הפירות שנשתבחה בהם ארץ־ישראל; ה׳ וכנסת ישראל יתחברו ויתאחדו באהבה אין קץ רק ב״שדה״ שהוא ארץ־ישראל.

מפיוט זה עולה כי הטבע משתתף בחוית הגאולה. הקשר בין הטבע הפורח לגאולה קיים גם בנבואות הנחמה. הנביא עמוס אומר כי בעת הגאולה ״והטיפו ההרים עסיס וכל הגבעות תתמוגגנה״. כאשר ישיב ה׳ את שבויי ציון גם ההרים ישאו קול רינה ועל כך אומר המשורר בתהילים ״הודיע ה׳ ישועתו, לעיני הגויים גילה צדקתו …הריעו לה׳ כל הארץ…ירעם הים ומלואו…נהרות ימחאו כף, יחד הרים ירננו״.

הערות המחבר: חז״ל ציירו ימים אלה כימים שאין שעבוד של ישראל לעמים בפרט וימים בהם יחדול שלטון האדם באדם: ״אין בין העולם הזה לימות המשיח אלא שעבוד מלכויות בלבד״ (שבת ס״ג א׳). מאמרים רבים מתארים את ימות המשיח וביניהם ניתן למנות את דברי הרמב״ם בהלכות מלכים י״ב, ד׳־ה׳: ״לא נתאוו החכמים והנביאים לימות המשיח… אלא כדי שיהיו פנויים בתורה וחכמה ולא יהיה להם נוגש ומבטל…״. עניין התורה והגאולה כרוכים זה בזה. ר׳ חיים בן עטר (1743־1696) קובע שלימוד התורה הוא תנאי לגאולה, עפ״י דבריו ״משה אינו חפץ לגאול עם בטלנים מן התורה…ותנאי הוא הדבר שיעסקו ישראל בתורה״. ראה דן מנור ״גלות וגאולה״ עמ׳ 148.

המדרש ב״שיר השירים רבה״ ב׳ מתייחס ונותן את הסברו: ״הגשם חלף הלך לו ־ זה השעבוד, כי הנה הסתו עבר ־ זו מלכות אדום, שמסיתה את העולם ומטעית אותו בכזביה…״. הסברים אלה מתיישבים עם כוונת המשורר אך להבדיל ממחבר הפיוט המזוהה כ״חיים״ שבדבריו הוא מתכוון לאומות ערב בקרבם חיים יהודי צפון אפריקה שם, כנראה, נכתב השיר. מחבר מדרש שיר השירים מכוון את דבריו לנוצרים שהם ״אדום״ שבמדרש, ששלטו בא״י והציקו ליהודים שישבו בה.

מנהג שירת הבקשות אצל יהודי מרוקו-דוד אוחיון-הוצ' אוצרות המגרב-תשנ"טעמ' 59

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