Laredo Abraham-les noms des juifs du Maroc-Noms d'origine

Aferiat-Hebraeo-Berbere- ethnique de la tribu d'Ephraim
Arueruer-Mauretanien-de Oueroueis, ancienne tribu maurétanienne
Les Oueroueis (var. Ouerougeis) sont, selon Ptolémée (G. IV, 1, 5, Mülier p. 585), une tribu de Maurétanie tingitane qu’il situe « sous » les Sokossii*, placés eux-mêmes au bord de la mer Ibérique et à partir du détroit [de Gibraltar], c’est-à-dire, en l’occurrence, à l’est de Ceuta. Par ailleurs (ibid., p. 586), Ptolémée place les Ouoloubiliani* « sous » les Oueroueis, c’est-à-dire apparemment au sud de ceux-ci. En ce qui concerne l’ethnonyme, les Oueroueis ne diffèrent des Ouerbikae que par l’absence d’un banal suffixe –ιϰος et par l’alternance tout aussi banale *b/u (noté ou en grec). C’est assurément la même tribu (radical WRB), peut-être divisée en deux segments. Il se pourrait que les Oueroueis aient été spatialement séparés des Ouerbikae, dans une position à la fois plus orientale et plus méridionale. Chr. Hamdoune (p. 305) cependant les situe, les uns comme les autres, dans la haute vallée de l’Ouerrha. D’une façon qui nous semble plus ingénieuse que convaincante, M. Euzennat (p. 376) a jadis proposé d’expliquer la « double mention » des Oueroueis / Ouerbikae par un phénomène de transhumance « entre le Haut-Rharb et les collines prérifaines », et même de déceler dans leur nom leur activité d’éleveurs de moutons, en le dérivant du latin ueruex/uerbex/uerbix : « mouton, bélier ».
Siscu- Mauretanien-de Sokossioi, ancienne tribu maurétanienne
Urighlan-Berbere- ville ancienne au sud du Maroc
Amsetat– Mauretanien-de Masatat Flumen, ancien nom de l'Oued Massa
L'oued Massa est un fleuve marocain, long de 120 km. Elle se jette à une dizaine de kilomètres de la commune rurale de Massa, qui porte son nom. Son bassin se situe au sud de la région Souss-Massa, composée de la région du Souss au nord et du fleuve Massa au sud.
'Allun-Ben 'Allun-Berbere- ancienne localite ayant precede la fondation de Fes
Noms dérivés d'anciennes tribus berbères:
Aznati-Eznati-Arabo-Berbere-ethnique de la tribu des Znata
Albrahnes-Elbrahnes-Arabo-Berbere– ethnique de la tribu Branes
Les Branès sont l'une des deux branches historiques qui composent le peuple berbère, l'autre étant le groupe des Botr, selon l'hypothèse généalogique de l'historien Ibn Khaldoun.
D'après Ibn Khaldoun, les Branès constituent sept grandes tribus qui sont les Azdadja (dont font partie les Ghomaras), les Masmouda, les Awerba, les Adjica, les Kutama, les Sanhadja et les Awrigha. Le généalogiste Sabec ibn Soleïman, ajoute à cette liste les Lemta (ou Lemtouna), les Heskoura et les Guezoula. Branès est le fils de Mazigh.
La langue arabe s’est aujourd’hui imposée au sein des tribus Branes mais il subsiste encore quelques clans berbérophones.
Almediuni-Elmediuni-Ben Almediuni-Ben Elmediuni-Arabo-Berbere– ethnique de la tribu Mediouna
Mediouna est une tribu berbère zénète dont le territoire se trouvait dans la plaine de la chaouïa marocaine, couvrant partiellement l’emplacement de l'actuelle Casablanca. Elle se compose de 8 fractions : les Oulâd Medjatiya, les Hâreth Ahl et les Tirs, les Oulâd Haddou (mélange de Mediouna avec les tribus Mzab et Doukkalas voisines), les Oulâd Mes'oûd, les Hefafr, Oulâd Ben 'Omar et les Amamra.
Bahlul-Berbere- ethnique de la tribu Bahloula
Bahloula est une ancienne tribu berbère marocaine.
Elle est connue actuellement sous le nom de Bhalil, dans la région de Fès-Meknès, et son toponyme est l'origine étymologique des noms des communes espagnoles de Bollullos de la Mitación, à Séville, de Bollullos Par del Condado, à Huelva et de Bollula, en Alicante.
Dharmon-Berbere-ethnique d'une fraction de la tribu des Haouara
Les Houaras (en tamazight : ⵉⵀⵓⵡⵡⴰⵔⵏ, en arabe : هوارة) sont un ensemble de populations Berbères, peut être confédéral, regroupant avant la conquête musulmane du Maghreb, les populations installées de la Tripolitaine au Fezzan. À partir de la Tripolitaine, les Houaras se sont dispersés partout au Maghreb, dans la partie orientale une partie d'entre eux se mêlèrent à la tribu arabe de Soleïm et ont adopté leurs coutumes et leur langue. Cette tribu réside toujours dans l'Aurès (actuelle Est de l'Algérie), dans le sud du Maroc, dans le nord-est du Maroc (ville de Saïdia) ainsi que dans le centre et l’ouest de la Tunisie . La Libye et une partie des Touaregs appartient à cette tribu. Les Houaras ont même des descendants en Haute-Égypte.
Laredo Abraham-les noms des juifs du Maroc-Noms d'origine
David Corcos Reflexions sur l'onomastique Judeo-Nord-Africaine-Jerusalem 1976

Chez les Juifs d’Afrique du Nord, on rencontre des noms patronymiques basés sur un prénom de femme. Il semble qu’à une époque fort reculée, il avait existé chez les habitants du Sahara, des “Ethiopiens”, des Noirs, ce qu’on appelle la filiation utérine indiquée par le nom de la mère. A l’origine, cette forme était probablement nécessaire à cause de son caractère d’évidence. Par la suite, la coutume s’en était maintenue dans les oasis sahariennes. On la trouve encore chez les Touaregs. On la trouve aussi, avons-nous dit,chez quelques Juifs originaires de l’Afrique du Nord. Dans ce cas, il faut savoir que depuis leur arrivée dans le Sahara, arrivée qu’on fait remonter à tort ou à raison au Ve siècle, et jusqu’en 1492, année de fortes persécutions dans ces régions, les Juifs avaient été très nombreux dans les oasis. Aussi peut-on dire des familles Ben-‘Allo, Ben־‘Aziza, Ben-Esther, Ben-Ijo, Ben- Maknîn, Ben-Mahfüta, Ben-Moha, Ben-Nüna, Ben-Tata etc. qu’elles sont d’origine saharienne.
Des noms de famille comme Banün (=Banon), Foïnkinos, Hakün (Hakon), Hanün (=Hanon), Masnot, Pünïn (=Fünïn) etc. semblent être réellement d’origine punique ou libyque. Ceux qui les ont portés ou qui les portent encore descendent forcément des premiers habitants juifs de la Berbérie. Mais peut-on sans preuves certaines remonter à des époques aussi lointaines? Il faut dire ici que dans l’état actuel de nos connaissances, nous en sommes réduits aux simples hypothèses. D’ailleurs, d’une manière générale et en exceptant quelques noms dont l’étymologie est évidente et l’origine bien établie, l’onomastique judéo-nord-africaine constitue encore un champ non- défriché et plein d’embûches.
Pour entreprendre l’étude des noms de famille en Afrique du Nord, nous avons un premier élément: les listes rabbiniques. Celles-ci ne sont pas nombreuses. Je n’en connais que quatre pour l’ensemble du Maroc. Ces listes sont d’ailleurs incomplètes.
Le travail vieilli du grand savant Moritz Steinschneider sur les noms de famille juifs dans les pays arabes rend malgré tout quelques services. Steinschneider avoue lui-même sa méconnaissance des “dialectes arabes”, il aurait mieux valu dire du berbère. Dans la très longue liste qu’il donne des noms judéo-arabes, il y en a un nombre fort important qui ont appartenu à des Nord-Africains. Pour la transcription espagnole moderne de beaucoup, on se rapportera à la liste des familles de la communauté de Tanger dans les années 1930, liste dressée par Isaac Larédo; pour leur transcription française, on consultera la liste d’Isaac Abbou. La plupart des noms propres des Juifs de la Tunisie ont été notés par David Cazès et ceux de l’Afrique du Nord, dans son ensemble, par André Chouraqui. Les travaux sur l’onomastique juive de l’Afrique du Nord d’Ismael Hamet et du rabbin Maurice Eisenbeth rendent également quelques services mais exigent de grandes précautions. Il ne faut les consulter qu’avec beaucoup de prudence. Enfin, on nous annonce la publication prochaine, à Madrid mais en français, d’un important ouvrage sur l’onomastique judéo-marocaine. L’auteur en est le regretté Abraham Larédo de Tanger, érudit bien connu. Espérons que ce travail d’un “homme du terroir” comblera l’importante lacune qui existe dans les études sur le Judaïsme de l'Afrique du Nord, ce Judaïsme que nous voyons disparaître sous nos yeux.
Ces listes se trouvent dans les ouvrages suivants: R. Abraham Coriat, Sefer Zekhul Avot; R. Raphaël Berdugo, Sefer Toro׳t Emet; R. Raphael-Moshé Elbaz. Sefer Keritot (Ms. David Ovadiah) et R. J. M. Tolédano, Ner ha-ma‘arav.
Cf. M. Steinschneider, “An Introduction to the Arabie Literature of the Jews". Jewish Quarterly Review IX (1896-1897), X (1897-1898), XI (1898-1899), XII (1900), XIII (1901).
Abayob, Ab-Iyob (אבאיוב)
mentionné dans la liste Coriat est orthographié de différentes manières dans les documents espagnols du XIV״ siècle: Bueno Abayu qui obtient des privilèges de Charles 11 de Navarre en 1359; de 1306 à 1363, parmi les riches notables de Valence figurent Humer Abnajub, Salamo, Jaffuda, Juceff Abnajup et Açacli Abnayub (F. Baer, Die Juden im christlichen Spanien . .. Urkunden … Berlin 1929, t. I, pp. 283, 370-379, 921). Le nom Job a eu une heureuse fortune en Afrique du Nord: comparez Juba I, roi de Numidie et son fils Juba II, le fameux roi de la Mauritanie, mort en 24 de l’ère moderne.
‘Abbou, Benabou (בן עבו)
est le diminutif berbère de ‘Abd-Allah qui est l’équivalent de l’hébreu Obadiah. Le nom de famille Ben-Abdallah existe aussi chez les Juifs du Maroc. Je n’ai vu qu’une seule fois le patronyme Abbou dans les documents espagnols: “Cuçen Aben Abbo”, notable juif de Majorque vers 1320 (Baer, t. 1, p. 214). Abbou et Benabou sont communs ches les Juifs de toute l’Afrique du Nord et ceux qui portent actuellement ce nom patronymique ne semblent pas avoir jamais été ailleurs. Vers 1400, un Hakün ben ‘Abou était connu en Algérie (I. Epstein, The Responsu of Rahbi Simon h. Zemah Duran, London 1930, p. 23); ‘Akan ‘Abou était au début du XVI״ siècle l’homme le plus riche de la région de l’Oued Noun (Sud-Ouest marocain) et un Juif pieux (D. Corcos, Séfunot X [19661. p. 79).
Abittan, orthographe moderne de (A)bettan=Battan (בטאן),
localité ancienne dans le voisinage de Harran en Mésopotamie: Muhammad ibn Jabar ibn Sinan al-Battani (= de la ville de Battan), astronome du X״ siècle connu au Moyen Age en Europe sous le nom de Albategnius. Ce nom de famille n’a pas existé chez les Juifs d’Espagne, il n’était connu qu’au Maroc. On ne peut affirmer que ces Marocains aient été d’une origine orientale même lointaine car Bettan ou Battan est également un nom d’homme berbère: Iris ben Battan as-Sanhaji et son frère ‘Atiya ben Batían se révoltèrent contre ‘Abd al־Mumin l’Almohade, s’emparèrent du Tadla où ils résistèrent victorieusement (Lévi-Provençal, Documents Inédits d’Histoire Almohade, Paris 1928, p. 210). — Abittan = Battan = Abettan est différent de Bitton.
Abzardel, Abzardal, Abzradil, Abizradel (אבזארדיל-אבזראדיל)
\= Zardal etc. est un nom d’homme berbère, ex.: tribu des Banü Zerdal, branche des Badin Zenata (cf. Ibn Khaldün, Histoire des Berbères, Paris 1934, t. III, p. 308).
Illustre famille juive d’Espagne; elle est connue à Tolède depuis 1250. Parmi ses membres les plus célèbres: R. Moshé ben Yosef Abi-Zardiel, le savant secrétaire d’Alphonse XI entre 1330 et 1340; Abraham Abzardiel morador en Occanna” vers 1370; Samuel Abzaradiel (m. après 1488) et le médecin Isaac Abzardeil allié de la famille Almosnino. En 1492, les Almosnino s’installèrent à Fès où Isaac Abzardeil, sans doute le petit-fils du médecin, et Abraham Almosnino furent parmi les chefs des expulsés d’Espagne (cf. sevet Yehuda, éd Shohat, Jérusalem 1947, pp. 53-55, 181; Baer, t. I et II, passim; F. Cantera et J.M. Millas, Las Inscriptiones Hebraicas de España, pp. 54-58; Abraham Ancaoua, Kerem Hemed, Livorno 1869-1871)
Aflalo (אפלאלו).
C’est à tort qu'on a souvent fait dériver ce nom de celui de la province marocaine, le Tafilalet. Selon une vieille tradition, la famille Aflalo aurait été parmi les premières d’Ifran de l’Anti-Atlas, l’antique Oufran. Aflalo est le nom berbère, altéré, Afelilo dont le sens m’est inconnu. Dans la région de l’Oued Outat, aifluent de la Moulouya, région anciennement peuplée de nombreux groupements juifs, il a existé et il existe encore des rivières, des montagnes et des villages fortifiés dont il ne reste que des ruines qui portent le nom Afelilo. — Il n’y a pas eu, à ma connaissance, des Aflalo en dehors du Maroc jusqu’à la deuxième moitié du XVIIIe siècle.
David Corcos Reflexions sur l'onomastique Judeo-Nord-Africaine-Jerusalem 1976
סיפורי הנביאים-מוחמד בן עבד אללה אלכיסאאי-محمد بن عبد الله الكساءي ـ قصص الانبياء

محمد بن عبد الله الكساءي ـ قصص الانبياء
סיפורי הנביאים
מוחמד בן עבד אללה אלכיסאאי
محمد بن عبد الله الكساءي ـ قصص الانبياء
הקדמת המתרגמת
על סוגת ״סיפורי הנביאים״ בכלל ועל חיבורן של מוחמר בן עבד אללה אלכסאאי בפרט
בספרות המוסלמית הקלאסית התפתחה סוגת ״סיפורי הנביאים״ – גרסאות מוסלמיות לסיפוריהן של דמויות מרכזיות במסורות היהודית והנוצרית מעורבות במסורות ערביות על נביאים קדומים. עיבודים אלה, שראשיתם כבר בקוראן, נעשו ברוח דת האסלאם מחד גיסא, וברוח האגדה העממית הרווחת בספרויות העמים מאידך גיסא. מחבר הספר שלפניכם, מוחמר בן עבד אללה אלכסאאי, הוא דמות עלומה שפעלה על פי דעת חלק מן החוקרים במאה האחת עשרה (אחרים סבורים שהמחבר חי בתקופה מוקדמת יותר).
התרגום לחיבורו של מוחמד בן עבד אללה אלכסאאי (להלן: כסאאי) המוגש בזה לקורא הוא מעין המשך לעבודת הדוקטור שלי, העוסקת בשאלת מקומו של חיבור זה בספרות הערבית הקלסית וכן בזיקתו למקורות היהדות ובאופיו העממי. הטקסט המרתק הזה רואה אור עתה לראשונה בתרגום עברי.
שם החיבור – סיפורי הנביאים (קצץ אלאנביאא) – אינו ייחודי לכסאאי. זהו שמה של סוגה בספרות הערבית הקלסית, ורבים החיבורים הנמנים עמה וקרויים בשם זה. הסוגה עוסקת בעיקר בבריאת העולם והאדם ובבני ישראל ונביאיהם, בדומה למקרא ולאגדות חז׳׳ל, ומעט גם בישוע ובאבות הנצרות, בדומה לברית החדשה ולחיבורי אבות הכנסייה. בהמשך אתאר את הרקע להתפתחותה של הסוגה ואת אופייה הדתי והספרותי.
הערת המתרגמת : תרגום לעברית של קטע קצר מן החיבור, ובו סיפור חזרתם בתשובה של אדם וחוה אחרי גירושם מגן עדן, כבר פורסם (ראו שוסמן, אדם, עמי 98-92). התרגום השלם המובא כאן(להלן: מהדורה) וכן הקדמה זו(להלן: הקדמה), מלווים בהערות ובביבליוגרפיה נבחרת. עם המקורות המוסלמיים הכלולים בה נמנים גם מקורות אחדים המתורגמים מערבית לעברית או לשפות אירופיות. בהערותיי להקדמה ולמהדורה אני מפנה לעתים למקורות המתורגמים, זאת לנוחות הקוראים שאינם יודעים ערבית ומעוניינים לעיין במקורות. ספרות המחקר המובאת בביבליוגרפיה כוללת מבחר ספרי יסוד ומאמרים בעברית ובשפות אירופיות, לרבות ערכים מתוך האנציקלופדיה של האסלאם (לפרטים ראו הפתיח לביבליוגרפיה).
הרקע הקוראני
ראוי לציין שכבר בשירה הערבית הקדם אסלאמית יש פה ושם רמזים להיכרותם של הערבים עם סיפורי המקרא בנושאים הללו, אך המקור העיקרי לסיפורים אלה נמצא בקוראן, והוא כולל גם סיפורים על אישים מן הנצרות הקדומה ומהעולם הערבי הקדום. מטרת כל הסיפורים, כפי שניתן ללמוד מהקוראן עצמו, היא לשכנע הן את הערבים עובדי האלילים והן את ״בעלי הספר״ (אהל אלכתאב), יהודים ונוצרים כאחד, שמוחמד הוא נביא אמת ויש לנהות אחריו, מפני שבאמצעות הקוראן הוא ממשיך את דרכם של הנביאים הקדומים. המשכיות זו היא חלק מסדר עולמי, שאפשר למצותו בארבעה ביטויים מן הקוראן: הראשון, ״הלוח הגנוז״ (אללַוְח אלמַחְפוּז) – (סורה 85, 22¡ –
סיום המאמר- נינה פינטו-אבקסיס- טרנספורמציות בטקס הנוצ'ה דה פניוס- מן הרחוב אל תמונת עץ השורשים החזותי

סונטג ציינה כי הזמן מעלה את רוב התצלומים. גם החובבניים. למדרגת אמנות. בהקשר זה יש לתמונת הנשים הנתלית על הקיר ערך מוזאלי, המספק ידע, והמבהיר את סגוליותה של תרבות חומרית מסורתית. בעוד ערכה של אופנה הוא בשינויה ובהתחדשותה, הרי השמירה על אופי השמלה ולבישתה ממחישים את ייחודו של המקור. החפץ התלוי על הקיר, והפורש את ההיסטוריה המשפחתית הנשית ואת לכידותה, משמש גם לתקשורת עם העבר. התמונה הקולקטיבית מטעינה בכוח ובערך תרבותי את החפץ הקונקרטי, השמלה, והופכת לחותמת זיכרון לחפץ הבלוי שלעתים הוא משוחזר ומשופץ.
הפנייה ליצירת שלב נוסף זה בתהליך הטקסי, שבו מונצחת הכלה החדשה בתמונת פוסטר בקרב בנוה משפחתה הלובשות את השמלה, מתרחשת בעידן שאין בו קיום לאירוע ללא הנצחתו. כפי שהעידה סונטג, ׳הצורך באישור המציאות ובחיזוק החוויה באמצעות תצלומים הוא צרכנות אסתטית שלה מכורים עתה הכל׳. התמונה מסמלת את המשמעות המובלעת כיום בטקס, משמעות שלא הייתה בו בעבר, כאשר בבתים רבים היו כמה שמלות פניוס, וטרם התקיים המעבר הצורני – המסמל גם את ההגמוניה הספרדית באזור זה – לחתונה בשמלת כלה לבנה בהשפעה אירופית. בנסיבות כיום טקס החתונה עם בן הזוג מקבל משמעות של היקשרות גם למסורת ושל התחייבות משפחתית. השמלה הופכת לדימוי חזותי המדגיש את המסורתיות בעידן
של מודרנה. הכנת התמונה המשפחתית הגדולה היא חלק מתהליך נרטיבי של הגדרה עצמית ונטילת חלק בשימור זיכרון העבר הקולקטיבי. הביוגרפיה האישית של הכלה הטיטואנית מתמזגת עם הביוגרפיה המשפחתית ועם הביוגרפיה התרבותית. הנשענות על סגירות תרבותית ועל שמירת המסורות הספרדיות. למשל חוקר הלשון אהרן ממן, שחקר את מסורת הקריאה של יהודי טיטואן במקרא ובמשנה. קבע כי בשל ההקפדה המרובה על שימור מסורת האבות מייצגת קריאת טיטואן מסורת קריאה מהימנה, המשקפת במידה רבה את מסורות הלשון שהיו נהוגות בספרד לפני הגירוש. כל המסרנים של ממן היו תמימי דעים שבקריאת המקרא אין המקפיד כמותם על קלה כחמורה, בהבחנה מדוקדקת בין הטעמת מלעיל למלרע, בין דגש לרפה וכיוצא באלה. אחד ממסרניו העיד כי ׳מלמד אשכנזי לא בא בטיטואן ותלמידי טיטואן למדו רק בישיבות טיטואן או שמסורתן כשל טיטואן׳. גם חכמים שבאו לטיטואן מקהילות אחרות לא שינו דבר במסורתה אלא נטמעו בה בנקל. קשריה של טיטואן עם בנותיה – מלייה, גיברלטר ויתר הקהילות הסובבות, קהילות שבני טיטואן הקימו – לא היה בהם כמובן כדי לשנות את מסורתה שלה.
הנצחת הכלה הלובשת את השמלה בתמונה ממחישה את הסגירות הקהילתית ואת ייחודה. בראייני נשים בנות טיטואן שבחזקת משפחתן מצויה השמלה הגדולה הן הודו בפניי כי לא היו מוכנות להשאילה למכרות ולחברות בנות מרוקו – או ממוצא אחר – שתכננו לקיים את טקס החינה וביקשו ללבוש את השמלה. כן אמרה לי אחת המידעניות הקשישות: ׳המרוקאים ובני הדרום והמרכז, עושים את זה [את הטקס] עד היום בסלון, כמה ימים לפני החופה. הם שמים קפטן ערבי, אין להם אוריגינל. להם היו מנהגים אחרים. מנקודת המבט האמיתי, של המידעניות נתינת השמלה, שהיא בעיניהן חלק בלתי נפרד מזהותן הספרדית ׳ ומגופן, למי שאינה בת המשפחה כמוה
בהתחפשות. זאת ועוד, רוב הכלות רואות בטקס הנוצ׳ה דה פניוס את שיאו של מעגל טקסי החתונה, למן קבלת טבעת האירוסים ובקשת הנישואים, דרך הטבילה במקווה ועד טקס הקידושין עצמו. לדבריהן זהו אירוע ייחודי להן, המאפיין את משפחתן ואת מסורותיהן, ואילו טקס החתונה ויתר התהליכים הטקסיים הם סטנדרטיים ומשותפים לכלל הכלות. באופן קיום הטקס, המאפשר גם להנכיח את שפתן ואת מגוון המאכלים של קהילתן, הן יוצרות רשת נשית משלהן, המלכדת אותן. בכך הן מסמנות עצמן כקבוצה שמוצאה מצפון מרוקו, ושמבדילה עצמה לא רק מבנות עדות אשכנז – שחלקן חוגגות כיום את טקס החינה – אלא גם מיתר בנות מרוקו המרכזית והדרומית, שאין להן השמלה המקורית, השמלה הגדולה. 4
ניתן לראות בתמונות המצולמות ובאיגודן, באוכל המקושט בצורת השמלה, בשירונים של השירים בחכתייה ובביצוע השירים הללו מסורות מומצאות, המאפשרות להחיות זיכרונות במטרה לחזק את תרבות העבר ואת תחושת ההמשכיות של הזיכרון הקולקטיבי. הפצת המסורות החדשות נעשית בעיקר באמצעות המדיום הצילומי: תצלומי הכלות והאוכל המקושט והשירונים נשלחים ומופצים ברשתות תקשורת סגורות ומשפחתיות וברשתות החברתיות וכך הם מגיעים לארצות התפוצה של בני טיטואן. היבט זה מחזק את דבריו של בנדיקט אנדרסון שגם אם חברי הקהילה המדומיינת אינם פוגשים זה את זה, הקיום הטקסי מחזק את הדימוי של כל חבר כשייך לאותה קהילה, שמקורה באותו מרחב גאוגרפי.
המצאת מסורת היא הגשת חדש בלבוש ישן, על מנת שייראה מחד גיסא ידוע ומוכר ומאידך גיסא יכיל בתוכו רעיונות חדשים שרוצים לקדם. מסורות מומצאות הן תגובה על מצבים חדשים, תגובה הלובשת צווה של זיקה אל העבר – עבו אמתי, מדומה או צירוף של שניהם. יתר על כן, העבר ההיסטורי שעליו נשענת מסורת מומצאת אינו חייב להיות ממושך או רציף. ייחודן של מסורות מומצאות בכך שההמשכיות ההיסטורית שבהן מלאכותית.» מסורות מומצאות מועתקות לפעמים ממסורות עתיקות, ולפעמים הן מעוצבות מחוש תוך שאילת מנהגים או סמלים מן העבר."' יהודי מרוקו הספרדית לא קטעו את רצף קיום נוהג הטקס, אלא מצאו דרכים חדשות להעשירו ולשמרו, דווקא בתקופה שבה עלולים היו לאבד את תרבותם ואת לשונם הייחודיות במסגרת גיבוש הזהות הסטראוטיפית של יהודי המזרח בכלל ושל יהודי מרוקו בפרט.'?* המצאת המסורת מתאימה לתנאי ההווה הטכנולוגי המתחדש ומעידה על השותפות של בני הדור השני להגירה בגיבוש זהותם הייחודית כבני מרוקו הספרדית ועל תחושת השתייכותם לקהילה זו.
כל תהליך של המצאת מסורות מבוסס על שני עקרונות בסיסיים, הראשון הוא עקרון הבחירה:אלו מנהגים. מסורות או אירועים היסטוריים בוחרים להאיר ולהבליט, ואילו מנהגים, מסורות או אירועים בוחרים להצליל ולהעלים. למשל את שלב טקס מריחת החינה ואת יסוד הערביות העדיפו להצניע,. ואילו את מקומה של השמלה ואת רכיב הספרדיות האדירו והבליטו. העיקרון השני הוא עקרון המתח המתמיד בין העולם המודרני לבין הניסיון לקבע חלקים מסוימים של חיי החברה כבלתי משתנים בתוך השינוי וההתחדשות, כלומר המתח בין החלק הקבוע והישן לבין הרוחות החדשות. הטקס כפי שהוא נחגג כיום שומר על רוב התהליכים הטקסיים המקוריים, גם אם במרחב אחר, ונוספו עליו שכבות חדשות היוצקות בו תוכן עכשווי, והמעידות על צעידה ברוח הזמן. המסורות המומצאות נוצרות בשעה של איום על הזיכרון הקולקטיבי. יהודי צפון מרוקו נקטו דרכים שונות לבידול, וביניהן דרכי עיצובו של טקס זה. הערביות הועלמה מהטקס, הן בהימנעות מהשמעת שירי חינה המקובלים כיום בישראל, הן בהצנעת מנהג מריחת החינה, וזאת במטרה לבדל עצמם מטקסי החינה של יהודי מרוקו בארץ ולהעצים אה מוטיב הספרדיות.
שינוי מדיום מסוג אחר מאלה שתוארו ער כה נעשה בפרויקט הגמר של מירית ארדיטי – בת לאם מטיטואן – במסגרת לימודיה ב׳שנקר, בית הספר הגבוה להנדסה ולעיצוב בישראל. ארדיטי עיצבה אסופת בגדים מגוונת בהשראת שמלת הנוצ׳ה דה פניוס, והציגה אותה כפרויקט מצולם ומומחש
בתערוכת עבודות הגמר. בבגדים שעיצבה משולבים רקמת זהב וקטיפה וכן אריגי מלמלה דומים לאריג של שרוולי השמלה ואריגים אחרים המשמשים בפריטי הלבוש השונים של הכלה. בעיצוב בא לידי ביטוי גם השפע הרב של התכשיטים שעונדת המלבישה לכלה, ומשולבות בו מסורות ספרד ומרוקו.
אם כן בציר שינויי המדיום בעידן שבו השמלה הולכת ומתכלה נעשים ניסיונות לשמר את זכרה על ידי שילוב של יסודות מומצאים המזכירים יסודות סמליים מן הטקס המקורי.
לסיכום, טקס הנוצהה דה פניוס העכשווי המתקיים בישראל ומגולם מקבע מוטיבים סמליים ויוצר מנגנונים חדשים לשימורם, בשל החשש להיעלמותה של השמלה ולמותה של שפת החכתייה. מעמדה של השמלה בטקס נובע מן החיפוש אחר אותנטיות, האופייני לתחושת האבדן בעולם המודרני ובעיקר לתרבות המצויה בסכנת הכחדה, כדבריה של בנדיקס. הטקס המבוסס על חידושים ועל המצאת מסורות פנימיות יוצר קהילה מדומיינת, והופך לסמל לקשרים משפחתיים הדוקים ולרצון טוב לשמור על המסורת, ובתוך כך מבדלת עצמה קהילת בני טיטואן מהקבוצות האתניות האחרות החוגגות את טקס החינה. מקומה של האישה בקיום המסורת בא לידי ביטוי לא רק בשימורה של השמלה ובלבישתה בערב הטקס, וכן בהכנת המאכלים המסורתיים המעוצבים, אלא במציאת דרכים יצירתיות, מקוריות וחדשות לשימור ולתיעוד. בעצם לבישת השמלה הכלה מתאחדת עם גופן והווייתן של בנות משפחתה, שחלקן כבר אינן בין החיים. נוסטלגיה לטקסים מסורתיים הביאה להתחדשות סמלית, המבוטאת באופנים יצירתיים ומגוונים. הטקס הרב שכבתי, שנוספו עליו היבטים מעולם הצילום, משמר מוטיבים סמליים ומקבע אותם בדרכים חדשות.
כשנשות הקהילה הצטלמו לאורך הדורות בשמלת הפניוס הן לא תיארו לעצמן שתצלום זה יהפוך ברבות הימים לחלק מן הטקס עצמו. התצלום של הכלה הלבושה בשמלה הגדולה, המסמל את לב הטקס, מגלם הנצחה של אירוע שנעלם, אך למעשה הטקס עצמו לא נעלם אלא עבר תמורות, וניתן להבחין בהן באמצעות ההתבוננות בתמונות.
סיום המאמר- נינה פינטו-אבקסיס– טרנספורמציות בטקס הנוצ'ה דה פניוס- מן הרחוב אל תמונת עץ השורשים החזותי
Langues et folklore des Juifs marocains-Pinhas Cohen-2014-Les proverbes El-mtail u-l-m’ani

התוספת באותיות עבריות וניקודן, לא במקור, אלא יוזמה פרטית שלי (א.פ)
La minha wala ‘arbit/kif thon l-ahrit
Ni prière de l’après midi ni prière du soir comment sera ta fin ?
לָא מִנְחָא וּאַלָא עֵרְבִּית, כְיִףְ תְכּוּן לְאַחְ'רִית
Lli ‘ta u mehtaz /‘teyato hsen m-seltan b-t-taz
Celui qui donne, alors qu’il est lui-même dans le besoin a plus de mérite qu’ un sultan avec sa couronne
אֵללִּי עְטָא וּמחְתָאזְ, עְטִיָאתוֹ חְסְן מְסֵלְטָאן בְּתָאז
Tleb-s-self b-er reghba/u reddato b-el-gedba
Pour solliciter un prêt, on se fait doucereux,
Pour le rembourser on se montre grincheux
טְּלַבּ אֵסְסְּלְףְ בְרְגְ'בָּא, וּרְדָאתוֹ בְּלְגְ'דְבָּא
Ma ‘ando bas ikhalles-el-heffaf, u ‘red ‘al-d-diaf
Il n’a pas de quoi payer le coiffeur et il a invité des hôtes
מָא עְנְדוֹ בָאס יִּכֵלֵסְ לְחְפָאףְ, וּעְרֵד עְלָא דִיָּיאףְ
Lli za bla ‘arda /yakel bla khsil l-liddin
Qui vient sans invitation, peut manger sans ablution
אֵלִּלי זָא בְּלָא עְרָאדָא, יָאכֵּלּ בְּלָא כְ'סֵל לִידִין
Kell ghiba / ka-dzid hiba
Chaque absence apporte un supplément de respect
כֵּל גִ'יבָּא, כָּא דְזִיד הִיבָּא
Ida zak d-def / ‘teh s-slam u qellt-l-klam
S’il te vient un hôte donne-lui ton salut et abrège ton propos
אִידָא זָאכּ אְדִּיףְ, עְטִיהּ סְלָאםְ וּקְּלְתְ לְכּלָאם
Rti ‘la snanek/terti ‘la mta‘ek
Ménage tes dents, tu épargneras ton bien
רְתִי עְלָא סְנֵנֵכְּ, תְרְתִי עְלָא מְתָאעֵכּ
As iqde la-ghna / lel- kers- z-zi‘ana
A quoi peut servir la musique quand le ventre crie famine
אַסְ יִקְּדִי לְגְ'נָא, לְלְכֵּרְס זִיעָאנָא
S-srab u-l-mal/ma idekhlo gher f-ras el-‘aqel
Le vin et l’argent ne siéent qu’aux gens d’esprit
שְׂרָאב וְּלמָאל, מָא יִדְכְ'לוּ גִ'יר פֵרָאס אְלְעָאקֵּל
Langues et folklore des Juifs marocains-Pinhas Cohen-2014-Les proverbes El-mtail u-l-m’ani
David Corcos Reflexions sur l'onomastique Judeo-Nord-Africaine-Jerusalem 1976

‘Aknin, voir Waknin.
Al-Fezouati, Fzuati, Faswati, Fijuati etc. (בן אל פזוואטי), ethnique de nom de lieu: Fezouata ou Fazwata, région de la haute vallée du Draa, au Nord de Mhammid dans le Qtawa. Au Moyen Age et jusqu’il y a environ deux siècles, ce fut une région prospère par où passait la “route de l’Or”, “la route juive” jalonnée de villages fortifiées où habitaient des Juifs. La capitale de Fazwata était Zegoura, grande ville disparue et dont on peut encore voir les ruines (voir le nom Zagouri). Dans ces dernières décades, quelques dizaines de familles juives ne vivaient plus que dans le village d’Amzrou.
Abraham et Maymo Fazuati, originaires de Fezouata établis à Majorque se rendaient pour leurs affaires dans le port algérien de Ténès en 1330 (cf. Ch.־E. Dufourcq, L’Espagne Catalane et le Maghrib aux XIII׳ et XIV‘ siècles, Paris 1965, p. 600).
Alocana, Cohen de (הכהן די אלוקאניא) = originaire de Al-Ocaña en Espagne. L’aljama de Al-Ocaña paya de fortes contributions à la veille de l’expulsion en 1492 (F. Cantera, Sinagogas Españolas, Madrid 1955, p. 253; L. Suarez Fernandez, Documentos acerca de la Expulsion de los Judíos, Valladolid 1964, p. 69). Juan de Ocaña, “Converso”, fut brûlé vif par l’Inquisition à la suite de l’affaire du “Saint-Enfant de la Guardia” (Baer, t. II, pp. 450 sqq.). Au début du XVIIP siècle, R. Joseph Ha-Cohen Alocaña fut dayyan dans le port marocain de Salé; dans cette dernière ville Abraham et ses fils Moise et Mayer de Alocaña eurent un procès contre le “Naguid” Shem-Tob Benatar (cf. R. Jacob Abensur, Mishpat U-Tsadaka lé-Yaacob, Alexandrie 1894, t. I, art. 17 et t. II, art. 151). La famille Alocaña a disparu du Maroc.
An-Bito (אינביטו), Enbito, ethnique de nom de lieu: “originaire de Bitou”. Bito=arabe pour Poitou en France. Ce nom de famille a existé au Maroc jusqu’à ces dernières décades. — Samuel Anbito ou Ambito reçut en 1370 des Lettres de Protection de l’Infant Juan d’Aragon; Symuel Abenbito fut un notable à Séville dans le années 1380 (Baer, t. I, pp. 235, 238).
Anfaoui (אנפוי),ethnique de nom de lieu: Anfa, ancien nom de l’actuelle Casablanca. — R. Moshé Anfaoui (1555) et R. Dinar Anfaoui (1599), notables à Fès y sont parmi les leaders des toshavim et signent des takanot en leur nom. Le nom de famille Anfaoui n’existe plus.
Arajel, ar-rajjel, Ab-Rajel (אראזיל), en arabe “l’homme” dans le sens de “l’homme fort, courageux, digne, qui tient sa parole”. En Espagne, la famille Arajel était bien connue surtout sous les formes Abrazil et Ab-Arragel: Samuel Arragel, notable à Talavera en 1432; Salomon Arraxel, riche propriétaire à Guadalajara avant 1492 (Baer, t. I, pp. 299, 434); Moses Arragel, fameux traducteur de la Bible en langue castillane: il vécut à Guadalajara dans la première moitié du XVe siècle; dans une lettre de Ferdinand et Isabelle datée de Barcelone 16 Mai 1492, on trouve la composition de la famille Arragel qui avait quitté l’Espagne et y avait laissé (région de Algete) d'immenses propriétés (Suarez Fernandez, pp. 514-516). R. David Arragel (vers 1625) fut dayyan à Sefrou; il est l’auteur d'un commentaire sur le Talmud. La famille Arajel était en Afrique du Nord il y a encore une vingtaine d’années.
Arroyo (אריוליו, ארוליו), souvent avec le ben dans le sens “originaire de”: plusieurs villages portent le nom Arroyo en Espagne; l’un d’eux, Arroyo del Puerco, était uniquement composé de Juifs. Il y avait également des Juifs à Arroyuelo (cf. Suarez Fernandez, pp. 66, 69). L’ethnique Ben-Arroyo a existé à Tolède dès la fin du XIIe siècle: Bou Ishak Ben-Arroyo et Simha fille de Moshé Ben-Arroyo; entre 1388 et 1420, don Zulema aben Arroyo était recabdador dans le royaume de Castille; don Samuel aben Arroyo était en 1467 recabdador de las alcavalos; en 1487, don Mayr aben Arroyo et sa femme semblent s’être convertis (Baer, t. I, pp. 259, 323, 384 et 518). Avant 1940, il n’y avait plus des Ben-Arroyo, originaires de Tetuan, qu’à Oran.
Ascori, as-Skouri. Haskouri. Scori, avec ou sans l’indice de filiation ben (בן אסכורי) ne pas confondre avec Azagouri. Zagouri qui sont nettement differents et mentionnés l’un et l’autre dans la liste Coriat. Les Haskoura de la race berbère des Masmüda du Grand Atlas furent une puissante confédération de tribus qui jouèrent un grand rôle dans l’avènement des Almohades et le maintien de leur Empire (cf. entre autres Ibn Khaldün, Berbères, t. II, pp. 118 sqq.). Une des fractions des Haskoura, les Banou-Sakkour. sont parmi les rares tribus qui ont survécu à leur propre triomphe. Les Banou-Sakkour ont donné leur nom à la région de Sakkoura, prononcée Skoura, dans la haute vallée du Draa, au sud de la Kasba de Telwet. Les Juifs y avait été, du XIIIe au XVIII״ siècles, très nombreux, actifs et parfois puissants. Surtout en dehors de leur pays, ils portaient, comme les Musulmans, l’ethnique Haskouri et Skouri ou as- Skouri. Ils semblent avoir été en relations permanentes avec l’Espagne, surtout au XIIIe siècle: vers 1266 des Juifs Axucri vivent à Jeres de la Fronteira, parmi eux il y avait des hommes importants tels Abrahen Axucury, Yuna su fijo et Yçaf Axucury (Baer, t. II, pp. 58 et 59). La famille Ascori ou as-Skouri des “Expulsés de Castille” était connue à Fès et à Meknès (cf. Abensur, t. I, art. 7 et 49); R. Raphaël Moshé (אסקורי) était un talmudiste de grande réputation à Fès.
Atejar, at-Tejar (אטיזאר), en arabe “les marchands”, “ceux qui s’adonnent au commerce maritime” dans le sens “l’honorable”, titre réservé au Maroc aux non-Musulmans. En 1487, Sento Atejar de l’aljama de Doleitosa près de Trujillo eut un procès pour l’énorme somme de 300.000 maravedis (Baer, t. I, p. 427).
Azeroual, déformation de Ou-Zaroual (אוזרוואל). Dans le langage populaire du Maroc “Zaroual” signifie “de plusieurs couleurs”, un plumage chiné se dit mzerwül; dans certains dialectes berbères de l’Algérie “Zaroual” veut dire “l’homme aux yeux bleus”; mais c’est aussi un nom ancien en Orient: le grand poète arabe Abu Muleika Jerwel (=Djerouel), m. après 660 de l'ère moderne. Cependant, Uzurwal est un nom assez courant et ancien chez les Berbères: la tribu des Banu Uzarwal, Sanhaja du Jebel Srif dans la région Oran-Tlemcen (Ibn Khaldün, Berbères, t. II, p. 124); les Juifs ont porté ce nom et le portent encore; il a été, comme il arrive si souvent, déformé dans les documents espagnols: “Zareyal”. Vers 1271, le Juif africain Samuel Zareyal se fixa à Borriana et don Pedro l’affranchit pendant trois ans de tous les impôts (cf. Jean Régné, “Catalogue des Actes de Jaime 1er, Padro III et Alphonse III. Rois d’Aragon, concernant les Juifs”, Extrait de la RE J, Doc. No. 509). R. ‘Ayush ben Uzarwal était dayyan à Fès vers 1698; une famille de marchands juifs, les Azeroual, vivait à Taza aux XVIP et XVIII' siècles.
Azogui (בן־אזוגי), ethnique de nom de lieu: Azoggi ou Azokki qui fut au Moyen Age un centre commercial célèbre pour le trafic de l’or africain. Cette localité était située au Sud de Sijilmassa. En 1458, nous connaissons don Abraham Abenazogue et son fils Yucef qui vivaient à Tolède (Baer, t. I, p. 431); Abraham Azogui était en 1729 à Safi (Maroc) un marchand de poudre d’or; vers 1750, les notables Jacob Azogui et Judah Azogui vivaient à Agadir et à Salé; Yamin Azogui de Salé fut assassiné en 1790 chez les Dukkala de la région de Safi.
Bacri (בקרי), en arabe “l’aîné”, comparez le géographe Abu ‘Obeid al-Bacri. La famille juive Bacri est “Cohen” (Cohen-Bacri = Cohen l’aîné). Au début du XIV° siècle, Samuel, Hayoun et Mardochée fils de Haron Bacri résident tantôt à Fès tantôt à Majorque et ils ont des biens dans les deux villes (cf. Dufourcque, p. 465, n. 4); R. David ben Samuel ha-Cohen Bacri était au XVe siècle le dayyan de la communauté de Bougie en Algérie; au XVIII8 siècle, les Bacri vivent entre Livourne, Marseille et Alger.
Bahlul (בהלול), nom d’homme arabo-berbère dont le sens est en réalité inconnu: un Bahlül fut un chef maghrébin qui soutint puis abandonna Idris II près de Fès; Bahlül ben Marzük est le chef berbère qui s’empara de Saragosse en 797; les Bahlüla, tribu de Berbères judaïsés d’après Ibn khaldün; don Salomon Bahlul fut entre 1280 et 1330 un banquier dans quelques villes d’Espagne (Baer, t. I, p. 71). Les Bahlül au Maroc se considéraient comme “castillans”. Plusieurs membres de cette famille qui était établie surtout à Meknès étaient bien connus pour leur érudition et leur piété: R. Daniel (vers 1660), R. Samuel et R. Eliezer (vers 1730) etc.
David Corcos Reflexions sur l'onomastique Judeo-Nord-Africaine-Jerusalem 1976
יהודי מרוקו בארץ ובעולם-רוברט אסרף-הגירה,תפוצה וזהות-2008-מותו של המלך מוחמד החמישי

רצה הגורל, ומוחמד החמישי לא הספיק לסיים את הפרוייקט הזה, משום שמת בעת ניתוח, ב־26 בפכרואר 1961.
ההודעה על ההיעלמות הפתאומית שלא ניתנה לצפייה מראש, של השליט שהיה בן 52 בלבד, הכריעה אפיים ארצה את העם כולו, אשר חש לפתע כיתום. רגשותיה של הקהילה היהודית היו עזים עוד יותר, אם ייתכן כדבר הזה, משום שלאבל הכללי, לכאב שהיה מנת חלקם של הכול, נוסף אצלה החשש מפני אובדן ״ביטוח החיים״ שלה. היא סבלה טראומה עקב המאורעות האחרונים בתקופת השלטון, ועקב מאות שנים של ניסיון – יותר מכל גורם אחר באוכלוסייה – חרדה מפני כל חילופי מימשל. היא ידעה מה איבדה, וחרדה מפני העתיד הבלתי-ידוע.
הן הפחד מפני העתיד והן הכאב הממשי, הכן, העניקו לאבל היהודי ביטוי עמוק עוד יותר. ההתרחשויות האחרונות, אשר העכירו במקצת את סוף תקופת שלטונו של מוחמד החמישי נשכחו, ונותר רק זכרו של האדם משנת 1941 שהגן עליהם בעת מבחן, הכאב על גלותו, זה שבישר את האמאנסיפאציה ב-1956, אשר הפך לעובדה את שוויונם של היהודים, שהעלה את קרנם כשמינה יהודי לשר, זכר הריבון המיטיב, אוהבם של בני ישראל. באופן ספונטאני, מבלי להמתין להוראה, המוני היהודים בכל הערים נתנו דרור לסנטימנטאליות הטבעית שלהם, ואבלם עטה אופי פומבי אך בנוסח הפולחן היהודי.
במקנס התארגנה תהלוכת אבל ובראשה הרבנים הראשיים, יצאה מן ״המלאח החדש״ והתקדמה לעבר ה״מדינה״, מרכז העיר, בליוויית תקיעות שופר, והמשתתפים קראו בקול פרקי תהילים, כמו בהלוויה של צדיק. ההמון המוסלמי, נדהם והלום־צער, שעדיין לא ידע כיצד להביע את כאבו, והתרוצץ ללא-מטרה לכל עבר, התרשם עמוקות מן האצילות שבתהלוכה היוצאת-דופן הזאת. מעולם לא העזו לחדור כך לסימטאותיהם; ההמון המוסלמי, שכֵנותם של האבלים נגעה ללבם, הצטרפו וצירפו את תפילותיהם לאלו של בני ארצם היהודים. בסופו של טקס ההלוויה הסמלי הזה, חזרה התהלוכה, ללא כל תקריות, למלאח', ואנשיה עצמם היו מופתעים מתעוזתם שנבעה מחששם כמו ממצוקתם הכנה.
הפרופסור אלהרר-הררי סיפר בספרו תולדות יהודי המאגרב, שברבאט: "גברים לבושי שחורים מכף וגל ועד ראש יצאו בתהלוכה ברחובות הבירה, כשהם קוראים תהילים בנגינה עצובה קורעת לב כל אדם, אפילו הקשוח ביותר. הדמעות החמות שזלגו מעיניים רבות, לא הותירו כל ספק באשר לכנות האבל על אובדנו של מגינם. הנשים והילדים שהצטרפו לתהלוכה, עוד הוסיפו לרגשנות המחזה. כשהנשים המוסלמיות שמעו את בנות ארצן מקוננות במקהלה את שבחיו של הנפטר, רבות מהן יצאו מבתיהן והצטרפו לתהלוכה, ובעקבותיהן יצאו גברים רבים שאף הם שפכו דמעות. משקיף חיצוני היה יכול לטעות ולחשוב שלפניו תהלוכת הלוויה של אחים ואחיות ממש, המבכים את מות אביהם המשותף. אבלם של היהודים היווה קינה אמיתית שיצאה מעומק הלב, ולא היה בה שום דבר מלאכותי או מאוץ…"
התגובה הרשמית לא הייתה מכובדת פחות. הערכאה הדתית העליונה. הרב הראשי. נשיא בית-הדין הרבני העליון, שאול אבן דנאן, פרסם מסר מרגש של תנחומים:
״בשם האל החומל והרחום, בשם הרבנות הראשית של הקהילה היהודית ובשמי, הנני להביע בעצב עמוק את תנחומיי לבני ארצי המוסלמים היקרים על המכה הקשה שניחתה עליהם, האבל האכזרי והבלתי-צפוי הזה. ביום המר ונמהר הזה ניחתה עלינו המכה, נלקח מאיתנו מה שלעולם לא יוחזר, חשכו עינינו, נפלה עטרת ראשינו, מקור גאוותנו בו עלזו לבותינו: שליטנו היקר מוחמר החמישי, אהוב לבנו, עלה לשמיים ברצון אדון העולמים. מי ייתן ומסירותו ללא-לאות בשירות העם המרוקני, צדקתו האדירה והקרבתו הרבה לאין־שיעור ילוו אותו במלכות השמים, שם יישב בשבת צדיקים.
אנו מעלים תפילה לכול-יכול שיעניק ניחומים למשפחה המלכותית הנעלה ולכולנו. נודה לו אשר ברוב חסדו נותר לריבוננו זכר ויורש לתפוס את מקומו ולהמשיך בדרכו; ואני מתכוון לבנו האהוב, חסן השני, ישפיע עליו אלוהים תהילה ויטה לו עזרה. אנו מייחלים יותר מכול לכך, שהוד מלכותו חסן השני יהווה ברכה משמיים עבור מולדתנו היקרה ועבור כל העם המרוקני. כמו כן, אנו מאחלים לו מעומק נשמתנו, אושר, שגשוג ואריכות ימים. אמן.״
המזכ״ל של מועצת הקהילות היהודיות, דויד עמר, פרסם מצדו הודעה ״שמית, שניסוחה הנמלץ הביע זו הפעם כנות גמורה, שלא היה לה ולא כלום עם דרישות הטכס. הנוסח נכלל בשלמותו וצוטט כלשונו, בעמוד הראשון של ביטאון הקהילות ״קול הקהילות״ בגיליון מ-6 במארס 1961 :
"האוכלוסייה המרוקנית כולה הזדעזעה עד עמקי לבה עם ההכרזה על האסון הלאומי. המלך מוחמר החמישי איננו עוד.
לבנו שותת דם ורוחנו מקוננת עם הזכרת האבדה האכזרית של מלכנו האהוב. אין מקום לשבחים כאן, שכן הוד מלכותו היה מעל ומעבר לכל התשבחות. אין טעם במילים, והניסוחים ריקים מתוכן, כשבאים לבטא את גדולתו ואת רוחו הדגולה, את סמכותו האבהית, את גדלות רוחו הפתוחה לכל התחומים, את העקביות הראויה לציון של אופיו, אל מול כל המבחנים שעמדו בדרכו במשך קיומו קצר-הימים. נדיר הוא לראות מלוכה המוקפת בהילה של אהבה וחיבה מצד עם מכיר-תודה, כפי שהייתה מלכות זו. מוחמר החמישי, תהא נשמתו צרורה בחיק אלוהים, ויושיבו לימינו בין צדיקים, ימשיך להיות המשחרר,ואבי התחייה הלאומית המתחדשת. אם שבים לאחור בתולדות מלכותו, רחוק עד כמה שניתן בעבר, שבים ומגלים בהתרגשות את הוכחות החיבה הנלהבת והבלתי-פוסקת שהשיב הוא לעמו, ובמיוחד ליהדות מרוקו. אנו מעלים בהכרת-תודה את זכר המאבק הנמרץ וחסר-הפשרות שניהל נגר החלת חוקי האפליה במרוקו. לעולם לא נשכח שהוא זה, אשר למן שחר העצמאות הצהיר שהיהודים יהיו אזרחים מרוקנים במלוא מובן המילה, בעלי שיוויון־זכויות מוחלט כמו בני-ארצנו המוסלמים. לפני עשרה ימים בלבד אשרר באוזנינו בתוקף, שהדבר הוא אחת מאושיות הפוליטיקה המרוקנית. הוא דיבר איתנו על הצורך באחדות ובלכידות בקרב האומה, שאנו מהווים חלק בלתי-נפרר ממנה. קולו אומנם נדם לנצח, אולם בלבות נתיניו יינון לנצח זכרו המפואר, ודבריו יהדהדו באוזנינו לעד.
בשם מועצת הקהילות ובשם כל יהודי מרוקו כולם, אנו נושאים תפילה למען מנוחת נשמתו, ושוטחים תפילה לוהבת לא פחות בפני ריבון העולמים, שיעניק חיים ארוכים ומלוכה ממושכת להוד מעלתו חסן השני. מי ייתן ותקופת מלוכתו תהיה מפוארת כמו זו של אביו הנאדר והמהולל."
מוחמר החמישי שאך זה הלך לעולמו הפך לחלק מעולם האגדה,והקהילה היהודית לא הייתה האחרונה לאשר שמועות מסויימות, אשר לפיהן המלך הנפטר הופיע לפני בנו בחלום, ונתן לו הנחיה אחרונה؛ ״שמור היטב על היהודים, הם נתונים לחסותך!״
יורש העצר, מולאי חסן, סגן ראש הממשלה, עלה על כס המלוכה ב-26 בפברואר 1961. השליט החדש, שבחר בשם חסן השני, החל אז בתקופת מלוכה שעמדה להימשך שלושים ושמונה שנים וארבעה חודשים, עד לפטירתו ב-23 ביולי 1999.
עלייתו של מלך חדש על הכס, הביאה תקופה של הרווחה ליהודי מרוקו, שהיו נתונים לטראומה של פרשת ״אגוז״. בתחום מדיניות החוץ, חסן השני נקט בתחילה אותה הנטייה לעולם השלישי, שאומצה לקראת תום שלטונו של אביו, ובהמשך שינה אותה בהדרגה, כדי שלא לעורר זעזועים שלא- לצורך. וכך דחה, באופן דיפלומטי, מבלי לנקוב בתאריך, את ביקור הנימוסין במוסקבה, שלו התחייב מוחמד החמישי, אחרי ביקורו של ליאוניד ברז׳נייב ברבאט. כמו כן ביקש מן הנשיא גמאל עבדול נאצר לדחות את ביקורו שהיה מתוכנן למארס 1961.
אולם באותו החודש, מזכ״ל הליגה הערבית, עבדול קאדר חסונה, הגיע לרבאט כדי לוודא, שלא יבוא שום שינוי בעמדה המרוקנית לגבי ההגירה היהודית וישראל. הוא שב למקומו שבע-רצון, ככל הנראה. ובכל זאת, למן חודש מאי 1961, מבלי להכריז קבל עם ואומה על חנינה רשמית, חסן השני שחרר בערבות את הפעילים הציוניים הצעירים שהיו אסורים, אשר הזדרזו לעזוב את המדינה, מבלי שהמשטרה התערבה למנוע זאת מהם.
בעניין הענקת הדרכונים, שררה גמישות גדולה יותר; עד כדי כך שבקזבלאנקה, המשרד הארעי שהוקם לשם כך, היה מוצף בבקשות. באוגוסט 1961 -ייתכן שמתוך ניסיון לרסן את שטף העזיבות – ועד הקהילה המקומית הפיץ בכל בתי-הכנסת קול-קורא ובו אושר שהענקת הדרכונים אכן תימשך ללא מכשלה, ונכללה בקשה – שאלו שאינם זקוקים למיסמך זה לשימוש מיידי, מתבקשים שלא לצור על לשכות משרד הפנים, כדי לאפשר לאחרים שחייבים לנסוע בכל מחיר, לקבל שירות ראשונים.
למעשה, המועמדים לעזיבה לא ידעו דבר לגבי המגעים החשאיים שהתנהלו בין המוסד לבין חסן השני, שנועדו להגיע להסכם בקשר להגירת היהודים המרוקנים לישראל. את המו״מ ניהל אלכס גתמון (אולק גוטמן), שהתמנה אז לראש ה״מסגרת״ – אותו ארגון מחתרתי, שלוחה של המוסד, שעסק בהגנה עצמית לקהילה היהודית ובהגירה החשאית.
יהודי מרוקו בארץ ובעולם-רוברט אסרף-הגירה,תפוצה וזהות-2008-מותו של המלך מוחמד החמישי
אשר כנפו-הכינור ואני-וריאציות לכינור ולביוגרפיה

- 40. מיהו לעזאזל ביאליק?!
ערב אחד, כאשר החום שלי נסק לשיאים, נזכרתי במחברת שנתן לי מוסיה מדיוני, המורה לספרות. פתחתי אותה, ומתוך דחף יצירתי פתאומי, חיברתי בקדחתנות שיר קצרצר בצרפתית. אחרי התלבטויות של יוצר בתחילת דרכו, אזרתי עוז והראיתי אותו לדודתי רשל. זו נשקה אותי והכריזה קבל עם ועולם: ״יקירי, אתה משורר!״ ולא הסתפקה בהצהרה גרידא, אלא קמה ועשתה מעשה: באותם ימים, היא עבדה, כאמור, במברקיה של הדואר המרכזי בקזבלנקה, וכיוון ששירי כלל רק חמש שורות קצרות, היא הבריקה אותו אל הוריי. בימים ההם, כל מברק היה סיבה לבהלה. אני יכול לתאר לעצמי את אנחת הרווחה כשפתחו את המברק ומצאו בו לא הודעה על מחלתי, אותה הסתירה דודתי מהוריי, אלא שביב יצירה של בנם. מהוריי, שירי הטלגרפי עשה את דרכו לידיו של דודי המשורר. רצה המקרה – או שוב, אולי אין מקריות בעולמנו – ובאותו השבוע נסע דודי לקזבלנקה לרגל סידורים. הוריי, שכאמור, לא ידעו כלל אודות מחלתי, ביקשו ממנו לבדוק מה קורה אתי בבית הספר.
בבואו לבית סבתי, הוא מצא אותי שוכב במיטה. לאחר שהתגבר על ההפתעה, הוא התיישב לידי, הביט בי ארוכות ולבסוף פלט: ״אתה ילד מוכשר, אבל לבצע פלגיאט זה דבר רע!״ הופתעתי מנימת דיבורו הנוזפנית: ״מה זה פלגיאט?״ שאלתי. ״פלגיאט זה כאשר אמן מעתיק יצירה או חלקים ממנה מאמן אחר ומציג אותה כאילו היא שלו!״ הגדרה קולעת וממצה האופיינית לדודי שהיה אלוף בהגדרות.
עם זאת, בשום אופן לא יכולתי להבין במה כל זה קשור אליי, וכששאלתי אותו "למה אתה אומר את זה לי?״ הוא השיב בטון של ״כאילו אינך יודע״: "בגלל השיר שלך. העתקת אותו והצגת אותו לפני דודתך כאילו הוא פרי הגותך!״
״דוד,״ הגבתי מתוך תחושת עלבון, ״לא העתקתי אותו! הרגשתי צורך חזק לכתוב משהו, לא ידעתי מה יצא, ובסופו של דבר יצא השיר הקטן
"יצא השיר הקטן הזה!" חזר על דבריי בנימת לגלוג ומיד החל להרצות לפניי הלכות כתיבת שירים: "שירים אינם יוצאים סתם! כאשר אני כותב שיר, אני כותב שורה ומוחק אותה וכותב אחרת במקומה, וכותב שורה שנייה ומוחק אותה וכך הלאה עד שאני מגיע למשהו שמניח את דעתי. ואילו אתה – המוזה נוחתת עליך פתאום ואתה מוציא מתחת ידך מוצר מושלם! על כן אני אומר לך שזה פלגיאט! וממי העזת לגנוב? לא פחות מאשר מחיים נחמן ביאליק. נתלית באילן גבוה, מון שר אמי!"
״ממי? איך קראת לו?"
״חיים נחמן ביאליק, ביאליק!״
"אבל מיהו ביאליק?!״
"מיהו ביאליק? איזו מין שאלה זו? על חטא הפלגיאט אתה מוסיף את חטא הבורות, או שמא אתה מעמיד פנים? אינך יודע? ובכן, ביאליק אינו אחר מזה שממנו הייתה לך החוצפה להעתיק את שירך! ביאליק הוא גדול המשוררים העבריים בדורנו והמשורר הלאומי של היהודים. בבקשה, ראה בעצמך!״ אמר בפותחו את התיק שלו.
"אבל מעולם לא שמעתי עליו, וחוץ מזה, השיר שלי בצרפתית ולא בעברית!״ ניסיתי להתנצח.
הדוד שלף מתיקו ספר דק עליו היה כתוב Poésies de H.N. Bialik (שירי ח״ן ביאליק).
"מתי ראית את הספר הזה לאחרונה?" חקר אותי כמי שמנסה לתפוס את הגנב בקלקלתו.
"מעולם לא."
"באמת!״ הדוד עלעל בספר בקדחתנות עד שמצא את האקדח המעשן – שיר קצר של ביאליק על דמעה, שלמען האמת די הזכיר את שירי. "אולי תרצה לטעון שביאליק הוא שגנב ממך, הה, פרחח קטן?" אמר בצבטו את לחיי.
״מעולם לא ראיתי את הספר הזה ומעולם לא קראתי את השיר הזה!״ אמרתי והדמעות שהיו חנוקות עד כה בגרוני התפרצו לבסוף.
דוד יצחק קפא במקומו. גם בעיניו עלו דמעות. לבסוף חיבק אותי בזרועותיו: ״אני מצטער שחשדתי בכשרים,״ וכדי לעודד אותי, אמר: ״כנראה נכונה האמרה Les grands esprits se rencontrent ! – גדולים ברוחם, דעותיהם נפגשות. טוב, די לבכות! זו בעצם מחמאה בשבילך שחשבתי שגנבת מביאליק. עכשיו שביררנו את העניין, יש רק דבר אחד שאתה מצֻווה לעשות – להמשיך לכתוב ולכתוב…״
כך התוודעתי לראשונה עם ביאליק, ולמען חובבי ספרות השוואתית, הרי שני השירים. תחילה קלוד כנפו, מקור ותרגום:
Quand tu me vois pleurer
אם תראה אותי בוכה
Quand mon regard scrute les nuages
ועיניי תרות בעננים
C'est que j'attends le Messie
זה מפני שלמשיח אני מחכה
Vaines sont mes illusions
שווא הן אשליותיי
II ne viendra jamais
הוא לעולם לא יבוא
והרי מביאליק – שני הבתים הראשונים:
דִּמְעָה נֶאֱמָנָה
כִּי תִּרְאֶה אוֹתִי מוֹרִיד דְּמָעוֹת,
וְלַמִּסְפֵּד אֶקְרָא הָעֲנָנִים,
עַל-חֻרְבָּן אֵיזֶה אֶרֶץ פְּלָאוֹת,
עַל-אָבְדַן אֵיזֶה גַּן עֲדָנִים;
וּמִן הַמֵּצַר אִם תִּרְאֵנִי,
כִּי-אֶשְׁאַף מֶרְחַב בַּל יָדַעְתִּי,
אַל-תָּנָד-לִי, אַל-תְּרַחֲמֵנִי –
דִּמְעָתִי דִּמְעַת שָׁוְא, מוֹדַעְתִּי!
לסיכום, ביאליק או לא ביאליק, לאחר שנפגש עם מוריי בבית הספר וגער בהם על כי לא התעניינו בגורלי במשך כל ימי מחלתי ולאחר שראה את תנאי מגוריי, המליץ דודי להוריי להחזיר אותי הביתה בתום שנת הלימודים.
אשר כנפו-הכינור ואני-וריאציות לכינור ולביוגרפיה
Les contacts entre le Maroc et les pays europeens au XIXe siecle-Ambitions de l'Espagne.

LES CONTACTS ENTRE LE MAROC ET LES PAYS EUROPÉENS AU XIXe SIÈCLE
AMBITIONS DE L'ESPAGNE
Les relations maroco-espagnoles s'envenimèrent au milieu du XIXe siècle
Avant d'aborder ce sujet, il faut mettre en perspective le fait que, suite à l'expulsion des Maures d'Espagne en 1502, l'Espagne tenta d'occuper des ports marocains de la Méditerranée : la presqu'île connue sous le nom de Penôn de Velez fut occupée en 1508 et en 1522 avant de devenir une possession espagnole en 1564. Les Marocains tentèrent de reprendre Melilla en 1565 et en 1774, mais sans succès. Les Espagnols occupèrent également Ceuta en 1640, cette enclave ayant été préalablement occupée par les Portugais depuis 1415. Enfin, la ville de Larache fut donnée en gage à l'Espagne en 1610 pour cautionner un prêt fait au sultan saadien, mais elle redevint une ville marocaine à la fin du XVIe siècle.
Revenons à notre sujet : en 1856, le Maroc refusa de dédommager l'arraisonnement d'un navire espagnol qui s'était soldé par plusieurs morts et blessés. Sept Espagnols étaient maintenus en otage. La presse madrilène rappela l'exécution par les autorités marocaines de Hayim Victor Darmon agent consulaire d'Espagne à Mazagan en 1844. A cela s'ajouta l'envie de ne pas laisser la France conquérir pour elle seule les pays du Maghreb. L'influence de l'Espagne au Maroc fut toutefois limitée, car l'Angleterre et la France développèrent d'importants marchés commerciaux avec ce pays. Mais l'Espagne du XIXe siècle, essentiellement rurale, accusait un retard industriel important et ne pouvait faire concurrence aux autres puissances de l'Europe de l'Ouest. De plus, le Makhzen décourageait les échanges avec les enclaves espagnoles du Maroc et les escarmouches avec les tribus rifaines étaient fréquentes. Dans un environnement aussi hostile, les présides de Ceuta et de Melilla ne devinrent jamais des ports du commerce marocain. Elles furent ravitaillées à partir de Malaga et servirent plutôt de pénitenciers.
Les présides de Ceuta et de Melilla furent à l'origine de nombreux accrochages
En effet. Ces enclaves furent au cœur des problèmes qui surgirent entre le Maroc et l'Espagne. En 1859, cédant à la pression de l'Espagne, le sultan permit d'agrandir les limites de la juridiction de Melilla. Par ailleurs, les redoutes bâties par les Espagnols hors de l'enceinte de Ceuta furent attaquées par la tribu limitrophe des Anjera. D'âpres négociations furent entreprises. Elles visaient à définir une nouvelle modification de la limite de la juridiction de Ceuta, mais elles n'aboutirent pas. L'Espagne déclara la guerre au Maroc. En décembre 1859, 50 000 soldats espagnols débarquèrent à Ceuta. L'écrivain Prosper Mérimée qui se trouvait alors à Madrid, décrivit la liesse des foules scandant : « Al Moro ! » et ajouta-t- il, on se serait cru au temps des Croisades. L'armée espagnole marcha de Ceuta à Tétouan qui fut prise après de six mois de combats. L'épidémie du choléra augmenta considérablement les pertes des deux parties. La transformation de la principale mosquée de Tétouan en église catholique enragea les Marocains pour qui la prise de la ville devint impérative.
Pour pouvoir récupérer la ville de Tétouan, le sultan accepta de verser 20 millions de douros (environ 5 millions de livres sterling), ce qui représentait deux années de revenus gouvernementaux. La moitié dut être versée de suite et l'autre moitié fut étalée sur 25 ans, par un prélèvement de 50% des droits de douane perçus dans les ports marocains. De plus, l'Espagne et le Maroc ratifièrent en 1961 un traité commercial sensiblement semblable à celui que l'Angleterre et le Maroc avaient entériné en 1856.
Or, le Maroc n'installa pas de service de douanes, rendant ainsi illicite toute transaction. Les affaires traînèrent d'autant que la tribu des Guélaïa refusait d'évacuer les territoires jouxtant Melilla, territoires qui avaient été concédés à l'Espagne. Le sultan dut finalement intervenir pour faire évacuer de force les Guélaïa de leur territoire et, par la suite, permettre le détournement d'un cours d'eau vers Melilla. Toutefois, cette enclave ne parvint pas à se doter d'un port commercial car les tribus environnantes empêchèrent toute tentative d'approvisionnement de la ville par voie de terre. Une nouvelle convention à propos de la frontière de Melilla fut signée en 1891. De leur côté, la tribu des Anjera rendit la vie difficile aux Espagnols de Ceuta. Ainsi, durant toutes les années qui suivirent la guerre de 1860 entre le Maroc et l'Espagne, la diplomatie marocaine ne fit que temporiser au maximum en vue de retarder l'expansion espagnole autour des enclaves de Ceuta et de Melilla.
En 1893, la garnison espagnole de Melilla subit une attaque de la part des Rifains. Aux termes du traité de Marrakech ratifié l'année suivante, le sultan s'engagea à verser une indemnité de vingt millions de francs, dont un quart comptant. Se plaignant d'un certain retard dans les paiements, l'Espagne occupa Dakhla dans le Sahara occidental.
La France songea alors à se partager avec l'Espagne le territoire marocain
En 1902, la France envisagea de partager le Maroc avec l'Espagne, la ville impériale de Fès échouant à l'Espagne. Or, les Espagnols n'étaient pas trop chauds, car ils connaissaient la difficulté de se mesurer aux Marocains au combat. La campagne de 1860 pour occuper Tétouan avait été particulièrement difficile et un écrivain espagnol déclara : « Il fait être fou pour songer au Maroc.» Il ne faut pas oublier qu'en 1904, l'Espagne avait subi une défaite cuisante contre les États-Unis à Cuba. Mais petit à petit, les Espagnols se firent à l'idée d'un Protectorat partagé avec la France au Maroc. De fait, ils allèrent jusqu'à avancer qu'une partie de la côte algérienne incluant Oran devrait être sous contrôle espagnol du fait que l'Espagne y fut maîtresse de 1535 à 1792.
Les tractations secrètes – mais vite éventées – entre Français et Espagnols aboutirent en 1904 à un partage du Maroc en zones d'influence : l'Espagne se réservait la zone du Rif délimitée par les rivières de la Moulouya à l'Est et le Loukos au Sud. L'Espagne recevait deux zones dans le Sud du Maroc dont l'enclave d'Ifni. Cet arrangement contrevenait cependant à l'unité du Maroc et à l'autorité du sultan bien que consacrées par d'autres traités antérieurs – notamment la souscription de l'Espagne à la déclaration franco-britannique du respect de l'intégralité de l'Empire du Maroc et de l'autorité de son sultan -que l'on ne désavouait toujours pas ! L'Angleterre était rassurée du fait que l'on se promettait de ne pas élever de fortifications sur la côte marocaine de façon à ne pas entraver le libre passage du détroit de Gibraltar, le Rocher demeurant le seul point stratégique fortifié. Quant à la ville de Tanger qui fait face à Gibraltar, son statut international la rendait neutre et, bien sûr, démilitarisée.
Mais ce ne fut pas partie facile pour les Espagnols…
En effet. En 1909, 220 soldats espagnols périrent dans une embuscade à Barranco del Lobo dans les environs de Melilla. On réalisa alors combien le contingent espagnol était démotivé et désorganisé. Tétouan fut occupée en 1913 avec l'accord tacite du gouvernement madrilène sans même que le consul espagnol à Tanger n'en soit informé.
Bien que l'Espagne fut officiellement neutre durant la Première Guerre mondiale, les autorités espagnoles au Maroc ne firent rien pour empêcher des agents allemands de se lancer dans des activités de subversion contre la France, en armant les tribus marocaines et en les incitant à prendre les armes contre la France. Ceci contribua à affaiblir l'Espagne, mais on ne le réalisa pas immédiatement. En 1921, des milliers de militaires espagnols périrent à Annual sous les coups des tribus rifaines. Le contingent de 70 000 soldats n'arriva pas à contenir les Rifains. La débâcle espagnole au Maroc fut une des raisons invoquées pour justifier le coup d'état du Général Primo de Rivera.
C'est alors que le Rifain Abd El-Krim déclara l'indépendance du Rif.
Les contacts entre le Maroc et les pays europeens au XIXe siecle–Ambitions de l'Espagne.
Une nouvelle Seville en Afrique du Nord-Debdou-Une miniature de Jérusalem

L’établissement du hameau de Debdou à proximité de son cours d eau, est lié au débarquement de nos ancêtres.
Quand sont arrivés les premiers Juifs à Debdou?
Le chef Mohamed III, qui a gouverné à Debdou entre 1485 et 1513, est celui qui a le mieux contribué au développement de Debdou. Il a fortifié le quartier d’El Kasbah et, de surcroît, convié les Juifs à peupler les lieux. Voici ce qu’écrit l’historien français H. Terrasse : «Le troisième gouverneur de la dynastie des Mohamed a construit la Kasbah et la grande mosquée. Il a invité des étrangers [à venir la peupler], pour la plupart des Juifs andalous.» Il y a fort à parier que le gouverneur a réquisitionné des Juifs andalous installés depuis quelques décennies à Fès, Tlemcen et ses environs, donc familiers avec le mode de vie de l’Afrique du Nord. Ces Juifs auraient été expulsés d’Espagne après les événements de 1391 et ledit gouverneur Mohamed (dont le règne s’étend de 1485 à 1513) se serait probablement adressé à la seconde ou troisième génération.
Il faut se rappeler que beaucoup de Juifs expulsés de Séville avaient choisi de se réfugier à Tlemcen et ses environs. Ceux qui se sont finalement enracinés en terre d’accueil et se sont adaptés à la vie en Afrique du Nord, sont ceux-là même qui ont souscrit à l’appel du gouverneur de Debdou, vers la fin du XVe siècle. Ils sont venus, ils ont construit les premières habitations de la région, ils ont érigé la charpente du futur centre d’habitation de Debdou. Autour de ce noyau se sont établis les quartiers locaux, le long de la rivière Bourwed, en amont et en aval.
Le grand Sage Rabbi David Hacohen Scali de mémoire bénie, évoque dans son ouvrage de Responsa les origines des Juifs de Debdou : «C’est un fait connu, que la population de Debdou s’est formée à partir d’expulsés d’Espagne.»
Dans des circonstances assez désagréables, un autre embryon, originaire lui aussi de Tlemcen, se joint malgré lui au groupe convié par le gouverneur. Le livre de Yossef Hacohen (un expulsé d'Espagne qui a suivi le mouvement migratoire en France) en fait état : «En 1545, Kheïr-ed-Dine [Barberousse] a envoyé une expédition… Au cours de son règne, il a rassemble des guerriers pour attaquer et envahir Tilimcyn [Tlcmcen]. Le caïd Mansour et son neveu le roi Ahmed, ainsi que les fils du notable et les Juifs qui vivaient près d eux, se sont enfuis pour éviter la mort. Ils ont suivi le chemin de Debdou où Moulay Omar les a arretés et incarcérés. Ils sont restés très longtemps à Debdou.. .»
C’est bien le comble du malheur que des réfugiés juifs espagnols, obligés de fuir une intrusion turque qui a causé le plus grand bouleversement et la plus grande commotion, trouvent à Debdou, non pas un asile, mais une prison! Autrement dit, ils ont habité à Debdou par «la force» des choses. Leur mésaventure est un peu celle que décrivent nos Sages dans le Yalkout Chimoni: «À cet instant, Israël ressemblait à la colombe fuyant l’épervier et se dissimulant dans un rocher où un serpent la guettait…»
Les habitants qui vivent encore à la Kasbah (de Debdou) nous ont montré les vestiges d’une construction souterraine, qui servait de prison «à l’époque des Mérinides».
Le premier document juif «debdoubi» à témoigner d’une présence juive à Debdou, remonte au tout début du XVIII siècle. Il s’agit d’une lettre que les dirigeants communautaires ont adressée aux Sages de Fès : «Pour votre gouverne, près d’un siècle après que nos aïeux ont quitté Debdou (…) nous y sommes retournés en 5450 (1690 de l’ère chrétienne) sur l’ordre de son excellence le roi (…) Maintenant, laissez-moi vous conter les événements de cette synagogue. Ses doyens nous ont dit que nos prédécesseurs y priaient; à cette époque, Debdou était pleine de Juifs.» (La lettre est reproduite intégralement en judéo-arabe dans l’ouvrage de responsa ).
Cet extrait révèle que nos ancêtres de mémoire bénie ont dû quitter Debdou aux environs de 1600. Un décret émanant des autorités les aura contraint à dissoudre la communauté locale et à passer au hameau Dar Ben Mechâal. Mais ils retournent à Debdou en 1690, sur l’ordre du roi de Fès. On aura pris soin de remarquer que «Debdou avait une population importante de Juifs» en 1600, et que les pionniers juifs, «nos prédécesseurs», sy trouvaient déjà. Ce document atteste de la présence d’habitants juifs à Debdou depuis au moins le XVIe siècle, c’est-à-dire bien avant 1600. Il convient de noter que tous les membres de la communauté n’ont pas déserté le village après 1600. Quelques familles sont restées sur les lieux, parmi lesquelles l’éloquent exégète, mon premier ancêtre, Rabbi Itshac Marciano, que son âme repose en paix.
Ces familles formaient la «Communauté sévillane», un titre dont use le grand érudit Rabbi Yéhouda ben Attar. «La sainte congrégation sévillane de Debdou, écrit-il, adopte les coutumes des expulsés».
Rassemblée et unie, la communauté de Debdou était de toute grâce et de toute beauté. Au sommet de la hiérarchie se dressait incontestablement la dynastie des Cohanim. À leur fierté d’être un maillon de la longue chaîne qui descend d’Aharon le grand Cohen, s’ajoute celle de leurs origines sévillanes.
Non moins altière était la dynastie des Bensoussan, dont la noble ascendance remonte jusqu’à Binyamin, l’enfant choyé de Yaâkov notre patriarche. Ils viennent d'une ville espagnole distinguée et renommée : Tolède.
Quant aux Marciano (les ressortissants de Murcie, au sud de l’Espagne), ils ont gardé jalousement à Debdou le souvenir de leur origine tribale : Yéhouda. Selon la lettre du Michpat Outsedaka Béyaâkov citée plus haut (vol. I ch. 70), ils se sont installés d'abord au village de Tedliset (Ain Tedeles), situé au Nord-ouest de l’Algérie, entre Mostaganem et Oujda.
Une anecdote, qui n’en est pas moins fondée, atteste des racines séfarades de la communauté de Debdou. J’ai ouï-dire, de source sûre, que les membres de la famille Bensoussan dite Legritat {Lejritat, Eljarat?} se sont longtemps transmis de père en fils un trousseau de clés d’une maison d’Espagne et qu’ils ont successivement accroché ce trousseau derrière la porte d’entrée. Cette tradition, qui s’est perpétuée jusqu’au début du XIXe siècle, traduit un espoir ardent de retourner au patrimoine espagnol donc séfarade.
Autre témoignage : dans les synagogues des familles Bensoussan et Marciano, les Séfer-Torah possédaient des pommeaux qui provenaient de l’Espagne andalouse. Ces pommeaux ont été conservés jusqu’au XIXe siècle.
Au cœur de Debdou, une synagogue sacrée nommée Dougham abritait un Séfer-Torah, petit et antique, que les connaisseurs appelaient le «Séfer-Torah de Zabaro». Il semble que ce soit un des rouleaux de la Torah écrit par le saint Rabbi Moché Zabaro de Fès, de mémoire bénie. Les Juifs du village avaient recours à ce Séfer en cas de litige financier ou autre. Et il n’était pas rare que certains plaignants préférassent un serment sur le «Sefer-Torah de Zabaro» à un procès au tribunal.
Ce rouleau sacré se trouvait encore dans la synagogue Dougham en 5708, lors de la vague d’émigration en Israël.
D’autre part, Itshac Rabin a reçu en 1974 un magnifique présent, un Sefer-Torah rarissime de Debdou, écrit sur un parchemin en peau de biche. Le premier ministre l’a confié au musée d'Israël.
En 5468 (1708 de l’ère chrétienne), un émissaire de Hebron-Rabbi Chmouel Halévi a rendu visite aux Juifs de Debdou. Le percepteur de fonds a obtenu de la communauté pourtant restreinte une aumône très substantielle. Cette information indique que la situation économique des habitants de Debdou était plutôt bonne, voire prospère, si l'on exclut bien sûr les très nombreuses fois où ils ont quitté temporairement les lieux pour survivre à la famine sévère ou échapper à l’ennemi féroce. On se souvient tout particulièrement des famines de 5539 (1779) et de 5567 (1807) qui ont quasiment dépeuplé Debdou de ses habitants juifs.
«Le mois d'Av (5567), note Rabbi Chlomo Hacohen Sabban dans son opuscule Yahas Debdou, marque la fin de cette terrible année de famine où la majeure partie des Juifs de Debdou a trouvé asile ailleurs.»
Il ne faut pas nier que les Juifs de Debdou ont connu des moments difficiles, parfois tragiques, entre les années 1830 et 1910. Car les Musulmans qui s’opposaient à la colonisation de l'Algérie par la France, se réfugiaient à l’Est du Maroc, notamment à Debdou. En outre, les Juifs étaient soupçonnés en Algérie de soutenir la mainmise du gouvernement français au détriment des autorités musulmanes. Aussi les rapports entre Juifs et Musulmans n’étaient pas des plus cordiaux et, des deux côtés de la frontière, nos frères ont fait les frais de l’Occupation française en Algérie, et payé de leur sang un lourd tribut ׳.
J'avoue que j’affectionne tout particulièrement les origines de ma sainte communauté. Je ne puis oublier mon village, ses petites ruelles où je me suis nourri d’un Judaïsme authentique et intègre, naturel et spontané.
Une nouvelle Seville en Afrique du Nord-Debdou–Une miniature de Jérusalem.