Il etait une fois le Maroc Temoignage du passe judeo-marocain David Bensoussan

Comment toutes ces instances intracommunautaires collaboraient entre elles?david bensoussan

Les sages rabbiniques etaient ferus de Talmud et d'arretes juridiques du passe en vertu desquels ils portaient des jugements. Bien des rabbins appartenaient a des lignees familiales celebres mais d'autres emergeaient. Les ouvrages du rabbin David Ovadia Qehilat Sefrou et Fas vakhameha rendent compte de la complexite des problemes auxquels les rabbins durent s'adresser, tant au plan des conflits entre individus qu' au plan de !'organisation communautaire. A ce titre, la personnalite et la renommee du rabbin ou du Nagid pouvait faire pencher la balance en cas de manque d'accord entre eux relativement a des questions d'interet public. Bien que les debats fussent frequents et souvent ardus, il n'en demeure pas moins que l'interet public a ete au coeur des preoccupations  de rersonnes devouees a sa cause.

L'entraide communautaire fut admirable et la repartition des fonds de charite fut scrupuleuse: de nombreuses associations de charite repondaient aux besoins des necessiteux : La confrerie du dernier devoir ( hevra Kadisha et Hevrat Hakovrim), l'habillement (Malbish 'Aroumim), le rachat de captifs ( Pidyone Shevouyim), le soutien aux malades (Meshiv nefech), l'impression d'ouvrages de sages (Ahavat Kedmonim) et ainsi de suite. Dans l'ouvrage Histoire des Juifs, Theodore Reinach vit dans la vie religieuse et communautaire un ciment puissant qui permit aux Juifs de traverser les ages: « La communaute religieuse tient lieu aux Juifs de tout ce qu'on leur refusait: patrie, liberte, organisation politique… _L'erique fidelite a la foi des ancetres ne fut pas seulement l'honneur des juifs apres leur dispersion: c'est encore elle qui constitue l'unite et comme la charpente de leur histoire.

Qu'en etait-il de la taxation?

Il arrivait que les autorites frappent la conununaute juive d'impots speciaux qui devaient etre percus seance tenante. Deja au XVe siecle, le voyageur flamand Nicholas Clenardus notait : plus le sultan a besoin  d'argent, plus ils (les Juifs) doivent payer.» La hantise des dirigeants de la communaute juive etait de ne pas surimposer les pauvres de peur qu'ils ne preferent renier leur religion pour eviter de tels impots. Ces derniers etaient bases sur une taxe de capitation. Pour ce qui est des besoins internes, tout un systeme de levee de fonds direct ou indirect etait mis en place pour les besoins internes de la communaute, ainsi que pour des collectes de fonds pour des rabbins venus de Terre Sainte ou parfois meme d'Europe.

Les Juifs offraient au souverain de riches presents les jours de fete ou lors d'evenements speciaux tout comme la naissance d'un enfant au_ palais (pour la petite histoire, le sultan Moulay Ismail aurait eu 900  garבons et 300  filles et 1200   eunuques auraient ete en service a son palais de Meknes). Ils etaient regulierement sollicites par les pachas et les ca'ids : pour les depenses d'equipement des troupes du sultan, pour Le paiement d'indemnites a des locaux ou a des puissances etrangeres, par exemple. Ajoutons que le sens de la justice n'etait pas toujours l'apanage des cai'ds et des pachas. Sous pretexte de fausses accusations telles que celle de langage irrespectueux envers les autorites, la bastonnade l’emprisonnement et la mise a l'amende etaient de rigueur. Certaines de ces amendes furent imposees le jour du shabbat sachant pertinemment que pour des religions religieuses, les Juifs s'abstenaient de toucher a de l'argent en ce jour. Au cours de l'histoire, il arriva egalement que des sultans paient leurs soldats en leur offrant de piller le Mellah. II y eu: meme un traite de paix avec le royaume algerien de Tlemcen aux termes duquel on permettait a ce dernier de piller les quartiers juifs pendant trois jours. Lorsque le sultan Mohamed Ben Abdallah ordonna a son fils Ali de lever de nouveaux impots dans les communautes juives, ce dernier repondit: « Les Juifs sont si pauvres qu'ils ne sont pas en etat de supporter les impots ordinaires, et je suis dans l'impossibilite d'en exiger de nouveaux.»

Au XVIIe siecle, un erudit musulman du nom de Cheikh Elyoussi auteur des Mohadarat demanda au sultan de ne s'attribuer comme argent que ce a quoi il avait droit et de consulter les Oulemas sur ce qu'il avait a prendre et a dormer. Mais ce type d'appel a la moderation envers les dhimmis n'etait pas courant. II y eut aussi des souverains qui se porterent a la defense des Juifs attaques. Mais dans l'ensemble, les Juifs constituaient une proie facile aux personnes sans scrupules.

Ajoutons que certaines decisions communautaires pouvaient etre contestees, mais il etait admis que quiconque devait de l'argent a la communaute devait etre mis sous les verrous sans meme comparaitre devant le tribunal rabbinique, pour qu'il soit juge par les anciens de la ville, conformement a leur coutume.

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