ארכיון יומי: 2 באפריל 2016


Histoire des juifs de Safi-Brahim Kredya

Pour réaliser cette volonté, le sultan Sidi Mohammed signa un ensemble de conventions commerciales avec un grand nombre de pays d'Europe et d'Amérique, dont les textes autorisaient ces derniers à envoyer au Maroc leurs consuls et leurs commerçants et leur garantissaient la liberté de s'installer et de se déplacer où bon leur semblerait dans les ports du pays. Plus encore, et c'est l'objet de notre étude, ils leur donnaient la possibilité de choi­sir leurs auxiliaires parmi les Marocains (interprètes, secrétaires, courtiers, gardiens, serviteurs et autres…) et de leur attribuer le protectorat de leurs pays. Ainsi, ces derniers étaient exonérés des impôts et des charges qui frappaient leurs concitoyens ; ils ne pouvaient être jugés qu'en présence de leurs protecteurs, « et il ne leur était pas interdit de pourvoir aux besoins des consuls et des commerçants où qu'ils se trouvaient ». Par ce système de privilèges divers, le Sultan avait l'ambition de consolider les relations commerciales de son pays avec l'Europe, d'en élar­gir les horizons et d'en augmenter les revenus, sur la base d'une perspective choisie d'intérêts à long terme, et sur le respect de l'indépendance, de la puissance et de la volonté, car le déséquilibre des forces entre le Maroc et l'Europe n'était pas encore patent et l'avantage consenti aux protectorats consu­laires ne représentait aucun danger à l'époque, comme cela se produisit au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle, et plus précisément après les défaites de l'armée marocaine dans la bataille d'Isly en 1844 et dans celle de Tétouan en 1860. Cette dernière révéla clairement la faiblesse des institu­tions de l'État et de leur système archaïque et, selon l'expression de Ahmed Al-Naciri, « retira le voile d'honneur au pays du Maroc, donna la supériorité aux chrétiens et mit en déroute les musulmans comme cela ne s'était jamais fait. Les protectorats se multiplièrent provoquant un grand désastre ».

Annotation    Le sultan Sidi Mohammed contracta beaucoup d'engagements commerciaux (plus de vingt) avec les États du Danemark, d'Angleterre, de Suède, de France, d'Espagne, du Portugal, de Hollande, des États-Unis, de Gênes, de Toscane, de Venise, d'Autriche, de Hambourg, de Brème, de Prusse, de Sardaigne, et bien d'autres.

Annotation    Parmi les autres systèmes que Sidi Mohammed utilisa

pour renforcer sa politique commerciale : l'ouverture des ports

atlantiques aux négociants étrangers ; la diminution des droits de douane à l'importation et à l'exportation et l'annulation totale de ces droits après qu'il eut déplacé et centralisé le commerce maritime au port d'Essaouira ; l'abolition du « jihad » en mer et de l'esclavage des marins ; les efforts pour le rachat des prisonniers musulmans et chrétiens dans les pays européens et auprès des willayas turques en Algérie, en Tunisie et à Tripoli.

Plus encore, le Sultan fut le premier à appeler – fait sans précédent -, les puissances européennes à abolir l'esclavage par la signature d'un traité international pour l'interdire. Cela amena un journal français contemporain à en faire l'éloge, le commentant ainsi : « Les principes des droits sacrés des nations sont passés des ouvrages des philosophes aux cours des rois du Maroc. Ces principes priment dans leurs affaires. Les litiges religieux entre les peuples n'entravent plus la voie de rapprochement entre eux; et ces mêmes musulmans qui n'acceptaient des païens que la capitidation ou l'épée. Actuellement, nous n'entendons chez eux que des mots d'amitié, de compréhension et d'amour. Bref, l'Empereur du Maroc a écrit qu'il souhaitait que le mot abhorré d'esclavage disparaisse de la mémoire des hommes et que cela soit signé de son nom. »

Durant l'instauration des privilèges des protecto­rats, et jusqu'au moment où ils étaient devenus un danger menaçant la sécurité et la souveraineté du pays, les juifs comptèrent parmi les sujets marocains qui y adhéraient et qui se précipitaient pour profiter de ces avantages. Cela peut s'expliquer par des raisons multiples, exposées ci-après :

1.- L'État marocain encourageait ses sujets juifs – à l'exception des musulmans -, à communiquer avec les étrangers chrétiens, à traiter avec eux en créant des relations et des affaires, pour deux motifs, à notre avis :

1.1. Les sultans du Maroc pensaient que la fréquentation des sujets musulmans avec les étran­gers « mécréants », même si elle était source de profits, pourrait nuire à leur conviction religieuse, les éloignerait des valeurs de l'islam et de ses traditions, et les conduirait à combattre avec force la puissance religieuse conservatrice. Pour cette raison, le sultan Mohammed III, à l'instar de ses prédécesseurs, limita les contacts entre les musulmans et les étrangers, et leur interdit de se rendre en Europe pour des affaires commerciales et même de débarquer sur son sol en cas de besoin, et « il réserva cela à ses sujets Ahl Eddhimma ».

L'appel vers Israël : 1945-1957

L'appel vers Israël : 1945-1957

Alors que s'il ne s'était jamais tari depuis la seconde moitié du xixesiècle, le courant de « montée » vers la Terre sainte s'était transformé en mince filet depuis l'instauration du Protectorat. Entre 1912 et 1944, seuls 1000 immigrants quittèrent le Maroc pour la Terre sainte, du fait de la rareté des certificats mis à la disposition des sionistes marocains par les responsables juifs du Yichouv ainsi qu'en raison des obstacles administratifs mis à la délivrance de visas de sortie par la Résidence générale.

Au lendemain de l'armistice de juin 1940, les relations entre le judaïsme marocain et 1'organisation sioniste mondiale furent interrompues du fait de la rupture des relations diplomatiques entre la France et la Grande-Bretagne.

Ce tarissement de la très faible immigration juive marocaine provoqua une réflexion chez les dirigeants du Yichouv. Responsable du département de l'alyah à l'Agence juive, Eliahou Dobkin notait dans un rapport rédigé en 1943 :

Je ne sais comment expliquer le phénomène bizarre du tarissement de l'alyah d'Afrique du Nord, autrefois le principal réservoir de l'alyah en Eretz Israël. Peut-être à cause du mur total d'incompréhension de la part de l'alyah européenne…

Le débarquement des Alliés en Afrique du Nord, le 8 novembre 1942, et la reprise des contacts entre la communauté juive marocaine et ses coreligionnaires du reste du monde libre virent une modification radicale du comportement des Juifs marocains à l'égard du sionisme politique.

A Jérusalem, où avait été transféré le siège de l'Organisation sioniste mondiale, les érigeants du Yichouv, avertis du massacre systématique des Juifs européens par les nazis, ne tardèrent pas à réaliser que les communautés juives du Maghreb et du Machrek constituaient désormais un potentiel humain de première importance qui avait été jusque-là injustement négligé.

Un mois à peine après le débarquement allié au Maroc et en Algérie, Eliahou Dobkin, lors d'une réunion, le 11 décembre 1942, des instances dirigeantes de l'Agence juive, déclara : « La libération de l'Afrique du Nord par les Alliés nous ouvre la possibilité d'établir des liens avec des communautés juives fortes de 400 000 âmes, dont la moitié vit au

 Maroc… C'est là un champ d'action d'une grande importance, puisqu'il s'agit des communautés les plus proches susceptibles de se joindre à nous avant même la fin de cette guerre. »

Le judaïsme marocain constituait un « domaine de mission » pour les émissaires de l'Agence juive, du fait des profonds changements intellectuels et spirituels qui le traver­saient après le traumatisme constitué par l'instauration par le régime de Vichy d'un statut des Juifs dont la rigoureuse application avait ébranlé la conviction jusque-là nourrie par les élites les plus francisées d'une intégration dans la société coloniale. Cette désillusion ne pouvait trouver une compensation dans une éventuelle adhésion au mouvement natio­naliste marocain, alors en pleine expansion. Les Juifs en étaient, si ce n'est exclus, du moins éloignés en raison de la coloration religieuse islamique de ce mouvement et de la solidarité active qu'il manifestait avec la cause nationale palestinienne.

Conscients de cette situation, les responsables de l'Agence juive organisèrent, dès mars 1943, les premiers cours de formation des futurs émissaires qui seraient envoyés au Machrek et au Maghreb. Comme le soulignait Eliahou Dobkin :

Il était important que nous nous manifestions au plus tôt dans ces commu­nautés, en cette période de transition et de crise, avant que ce judaïsme, qui a été confronté à une grave poussée antisémite, en particulier sous le régime de Vichy, ne s'adapte à la nouvelle situation créée par l'arrivée des armées alliées. La défaite de la France, à la lumière de laquelle ce judaïsme avait été éduqué, a suscité un grave désarroi. Nous devons forger de ce désarroi la conscience sioniste. Notre tâche ne sera pas aisée car, malgré leurs profondes racines dans la langue hébraïque et leurs relations anciennes avec Eretz Israël, leur nombre actuel dans le Yichouv ne dépasse pas les 10 000.

Epreuves et liberation. Joseph Toledano

En août 1936, un tract d'une rare violence était largement diffusé dans les médinas, appelant lesepreuves-et-liberation Musulmans à se joindre à cette croisade et puisant son inspiration dans la plus pure tradition de l'antisémitisme européen :

« Maintenant cette racaille, ralliée aux partis du désordre, s'acharne sur M. Pejrouton, notre nouveau Résident Général, dont ils demandent le départ à la juiverie de Paris. Un ignoble Juif algérien, taré et malhonnête, un avocat escroc nommé Sultan, demeurant à Casablanca, est à la tête du mouvement contre le Résident. Il faut que les juifs se souviennent du tarbouche noir crasseux, des nonades en tire-bouchon, de la djellaba et des babouches noires qu'on n'aurait jamais dû leur permettre de quitter. Il faut que le Yahoudi redevienne le juif rampant et veule qu'ont connu vos pères. Dès qu'un Juif relève la tête, il faut la lui couper. Nous devons ensemble, même par la force, faire rentrer les Juifs dans leur mellah, et les empêcher de se mêler aux partis politiques, quels qu'ils soient. A. vous frères musulmans, de parler plus haut et de vous faire entendre par ceux de Paris. Nous serons avec vous ! »

A Fès, la librairie Pleux, sur l'avenue principale de la Ville Nouvelle exposa ostensiblement, au centre de sa vitrine, un livre violemment antisémite, édité à Alger : Le Péril juif — Cri d'alarme contre les pourrisseurs du genre humain, d'un certain Charles Hagel. Malgré les protestations de la communauté juive, le libraire s'obstina jusqu'à ce qu'un commando des Jeunesses Socialistes le contraigne à le retirer de la vitrine.

Cette fois, la campagne de propagande ne se limitait plus à la presse et trouvait son prolongement sur le terrain, notamment dans le refus d’embauche des Juifs. Ainsi, à Casablanca, le chef du Bureau de Placement se plaignait, en 1936, de ne pas trouver assez de diplômés du Brevet pour répondre à toutes les offres d’emploi. Et cela, alors même qu'il refusait de placer les jeunes Israélites qualifiés, désireux de travailler à n'importe quel prix. Les commerçants et industriels français de la grande métropole leur reprochaient déjà, en temps ordinaire, " de ne pas être sûrs ". S'ajoutait maintenant le prétexte de l'arrogance subite et des prétentions nouvelles des jeunes Israélites grisés par l'avènement du Front Populaire. Certains commerçants et industriels avaient même formé une sorte de ligue secrète décidée, selon leurs propres termes à " boycotter Israël au Maroc ", comme le signalait un rapport des Services de Renseignements… Passant outre à cette agitation, le gouvernement du Front Populaire rappela Peyrouton et nomma à sa place un " vieux Marocain ", un des compagnons d'armes et des disciples du maréchal Lyautey, Charles Noguès. Mais la déception des dirigeants du mouvement nationaliste, qui avaient placé des espoirs exagérés d'émancipation dans l'arrivée au pouvoir du Front Populaire, ouvrit une nouvelle période de tension et de troubles.

Le réveil du nationalisme

Encore trop peu politisée, habituée à se considérer et à être considérée au Maroc comme un simple hôte dépourvu de droits politiques, la communauté juive ne pouvait être partie prenante de la naissance du mouvement nationaliste moderne. Pourtant, certains de ses premiers fondateurs, influencés par l'esprit de fraternité du Front Populaire français et en relations étroites avec le parti socialiste français et la Ligue des Droits de l'Homme, lui firent quelques timides appels du pied. Ainsi, dès sa fondation en 1934 par des intellectuels formés dans les universités françaises, le Comité d'Action Marocaine avait essayé quelque peu d'ouvrir un dialogue avec les élites juives occidentalisées. A plusieurs reprises, son organe La Volonté du Peuple les exhortait à tourner le dos, à la fois à l'illusion d'une assimilation à la France et à l'utopie sioniste : – Les animateurs du Comité d'Action Marocaine continuent à exhorter nos compatriotes juifs, dans l'intérêt de la cause marocaine, à écarter toute idée de nationalisme chauvin et à unir leurs efforts à ceux des Musulmans pour assurer à leur pays, dans une atmosphère de paix et de concorde, la destinée qui correspond le mieux à ses aspirations légitimes… » (Editorial du 2 mars 1934). « Camarades juifs, sachez une bonne fois pour toutes que vous avez une patrie (non la Terre Promise, mais la terre où vous êtes ). Ce pays vous a vus naître, vous a donné à manger, vous avez respiré son air, vécu sous son ciel admirable, les dépouilles de vos ancêtres y reposent, vous êtes les fils de cette terre généreuse… » (L'Action du Peuple, 20 mai 1937)

Mais le caractère musulman très prononcé de ce mouvement ne pouvait que dissuader les nouvelles élites formées dans les écoles françaises. Quant aux anciennes élites traditionnelles — rabbins et notables — elles pouvaient très bien se satisfaire d'une légère amélioration du statut de protégés, dans la cité islamique, sans prétendre à un statut de citoyen à part entière. Aussi, ni les uns ni les autres n'avaient compris et encore moins partagé, ni ne s'étaient sentis interpellés par ce moment fondateur du nationalisme que fut l'opposition à l'adoption, en 1930, du dahir berbère. Celui-ci soustrayait en effet les régions berbérophones à la juridiction du droit musulman, chraa. Même le moderniste L'Avenir Illustré, d'habitude si perspicace, estimait :

« que le dahir sur la justice berbère n'innovait en rien, consacrait seulement des usages existant depuis des temps immémoriaux, ne portait aucune atteinte aux lois fondamentales de l'islam et seul le parti-pris politique pouvait y trouver matière à conflit. »

La dimension panarabe et son corollaire antisioniste, dès le départ, ne furent pas étrangers à cette méprise et contribuèrent à cet éloignement du nationalisme naissant, pour ne pas parler de rejet.

Les événements antijuifs de Demnat furent-ils une exception?-David Bensoussan

Il etait une fois le Maroc

david bensoussanTemoignage du passe judeo-marocain

David Bensoussan

Accompagnés des représentants des puissances européennes, les Juifs de Safi envoyèrent une délégation au sultan une députation pour.se plaindre des assassinats multiples depuis quelque temps déjà.

En octobre 1872, le sultan exigea des bouchers juifs de Rabat de saler les têtes décapitées de quarante-huit rebelles le jour du Shabbat. Les Juifs refusèrent de se conformer à cet ordre. La soldatesque fut envoyée chercher les récalcitrants de leur maison. Ils furent fouettés et finirent par obéir à l'ordre royal.

En 1873, le jour du souk à Mazagan fut déplacé du lundi au samedi de façon à nuire aux marchands juifs.

Dans le bulletin de l'Alliance Israélite Universelle de 1877, le délégué de cette organisation en visite à Marrakech Joseph Halévy rapporta : « L'administrateur du ghetto ne se fait pas faute d'infliger à tout prétendu coupable une volée de coups de bâton qui le laissent inanimé sur le sol ou le rendent infirme pour la vie. J'ai vu de mes yeux un grand nombre de ces victimes, bouchers pour la plupart, se traînant misérablement par terre, ne pouvant se dresser debout, le dos horriblement haché, au point de ne former qu'une plaie béante. Des chairs noirâtres et pourries pendaient à leur cheville, leurs pieds tordus et gonflés par la violence des coups, se terminaient par une hideuse ampoule bleuâtre et purulente qui cachait les affreux débris d'orteils broyés par le bâton.»

En 1880, Jacob Dahan, un Juif de 65 ans d'Entifa près de Marrakech eut les mains clouées au sol avant d'être bastonné pour avoir recueilli chez lui une Mauresque affamée. Le Bulletin de l'Alliance Israélite Universelle rapporta une liste partielle de 249 assassinats de Juifs entre 1864 et 1880, dont les auteurs sont demeurés impunis.

La même année, un Juif naturalisé français tenta de demander justice car un Arabe maltraitait des enfants. Ce dernier appela la foule qui tenta de lapider le Juif. Un vieillard de 70 ans n'ayant pu prendre la fuite comme les autres, en mourut. Son corps fut brûlé et on retrouva le cadavre carbonisé dévoré par les chiens, un chat mort accroché autour du coup. La foule aurait chanté alors : « Donnez le pétrole, donnez le feu, voilà le Juif qui passe ! » Le sultan demanda à payer une indemnité de 1000 francs à la famille, somme qui devait être prélevée au sein de la communauté juive. La famille refusa l'argent et insista pour que les coupables soient punis. Les puissances étrangères firent une intervention à ce sujet, mais aucune suite ne fut donnée à cette affaire.

En 1884, les autorités musulmanes contraignirent les Juifs à se déchausser dans les quartiers arabes, et ce, en vertu d'un ancien édit. Un juif du Mellah de Meknès porta des babouches jaunes plutôt que des babouches noires, ce qui constituait une infraction à la tradition. En présence des autorités religieuses musulmanes, les chefs de la communauté juive durent convenir que c'était là « un signe de rébellion et de désobéissance.»

En 1885, le Mellah de Debdou fut razzié et une vingtaine de Juifs y furent assassinés lorsque les tribus de la région apprirent que les Juifs de Debdou avaient hébergé un chrétien qui n'était autre que le vicomte Charles de Foucauld. Deux ans plus tard, quatre voyageurs juifs dont l'un de nationalité française furent assassinés dans la région de Debdou.

En 1886, le Mellah de Fès fut attaqué suite à la rumeur à l'effet que  l'exportation de bétail et de céréales était désormais permise aux pays des Infidèles.

En 1887, la synagogue et le Mellah de Chéchouan près de Tétouan furent pillés. Malgré l'intervention de l'envoyé italien, les exactions continuèrent les années suivantes et le calme ne revint qu'après qu'un second édit énergique envoyé par le sultan au caïd de la région.

En 1891, 600 à 700 personnes furent expulsées de leurs villages dans le Sous et leurs habitations furent incendiées.

En 1892, le caïd de la Kasbah de Marrakech ordonna de donner 800 coups de fouet à un jeune Juif de 18 ans qui n'avait pas de quoi payer ses impôts. Pour faire cesser les exactions, le sultan Hassan Ie vint lui-même à Marrakech pour réconcilier le caïd et les Juifs.

En 1893, l'Alliance Israélite Universelle intervint pour libérer une femme et ses enfants saisis par les soldats du Makhzen car le mari et père s'était converti à l'islam.

En 1896, le Mellah de Demnat fut pillé. Des jeunes filles et des enfants furent enlevés et rendus après paiement de rançons par la communauté israélite.

En 1899, la bastonnade fut administrée à un colporteur juif de Mazagan qui réclamait aux autorités locales le paiement d'une paire de babouches livrées à un client arabe.

En 1900, un Juif naturalisé américain et portant le nom de Marcus Azzagui fut tué par la foule à Fès après qu'il ait tiré en l'air suite à une altercation due au fait que son cheval avait frôlé la mule que montait un Arabe. Il fut frappé, percé de coups de poignard, couvert de paille et brûlé vif.

LES DÉBUTS DE L'HISTOIRE – LE MAGHREB EXTRÊME AVANT ROME


histoire-du-maroc LES DÉBUTS DE L'HISTOIRE

LE MAGHREB EXTRÊME AVANT ROME

  1. PHÉNICIENS ET PUNIQUES -1
    1. ORIGINES DE LA COLONISATION PHÉNICIENNE.
    2. LA COLONISATION CARTHAGINOISE.
  2. 2- LA CIVILISATION MAURÉTANIENNE : UNE CIVILISATION NÉO-PUNIQUE
    1. LE ROYAUME DE MAURÉTANIE.
    2. UNE CIVILISATION URBAINE. C. UN PAYS RICHE.

C'est avec l'écriture que commence l'Histoire. Inventée et perfectionnée dans le Proche-Orient, elle est répandue dans le bassin méditerranéen notamment par les marchands phéniciens qui la simplifient en mettant au point un alphabet.

Les premiers textes que nous possédons sur le Maroc émanent d'auteurs étrangers, des Grecs, qui ne sont pas des témoins directs. Il est gênant de ne pas connaître un pays de l'intérieur, mais uniquement par des témoignages de compilateurs étrangers. Mais nous avons vu qu'on ne peut rien tirer des inscriptions libyques. Il en résulte que nous sommes conduits à écrire non pas l'histoire du pays, mais celle des établissements étrangers.

Notre vision est faussée, et fragmentaire. Quel crédit peut-on faire aux textes que nous possédons?

Le plus souvent ils sont brefs, d'interprétation très difficile: inexactitudes, légendes, mensonges calculés se mêlant à la vérité, mais dans quelle proportion ?

Il est absolument indispensable de confirmer et compléter les sources écrites étrangères par l'archéologie.

C'est elle qui nous permet de dire du nouveau grâce aux découvertes récentes, et d'échapper aux querelles d'interprétation des quelques textes rebattus.

La vision du Maghreb que nous avons est celle d'une immensité obscure d'où émergent quelques foyers, qui attirent notre regard au détriment du reste qui demeure dans l'ano­nymat. Ces foyers sont marginaux. Leur civilisation est à rattacher au monde méditer­ranéen dont elle est importée. Il y a un décalage entre eux, centres d'une culture évoluée, et la civilisation libyco-berbère voisine.

Cependant, tout en déplorant notre ignorance de cette dernière, et en regrettant de ne devoir considérer que des établissements phéniciens et puniques, nous pouvons tout de même nous dire qu'ils ont joué un rôle de premier plan et que l'état de notre documen­tation et de nos connaissances ne fait qu'accentuer un contraste réel entre un pays qui évolue très lentement et quelques points qui vivent au rythme de la civilisation brillante qui domine le bassin occidental de la Méditerranée.

  1. PHÉNICIENS ET PUNIQUES
  2. Les origines de la colonisation phénicienne.

Des traditions rapportées par des auteurs antiques faisaient remonter au xiie siècle avant J.-C. la fondation de Gadès (Cadix) et de Lix ou Lixus près de Larache. Cette tradition paraissait déjà suspecte, invraisemblable. Au mieux les Phéniciens de Tyr ont-ils, dans leurs explorations, atteint ces points mais sans doute pas fondé de colonie. Les fouilles faites actuellement à Lixus ne confirment pas cette tradition. Les constructions les plus anciennes et les traces d'occupation ne remontent pas au delà du vii siècle. Des restes de murs de fondation, quelques céramiques et sépultures ont seuls pu être retrouvés; aucun édifice n'est identifiable.

Il est à noter que les fouilles faites dans l' îlot d'Essaouira (Mogador) ont permis de démontrer la présence en ce lieu des navigateurs phéniciens également au viie siècle. Mais les seules preuves sont des débris de poteries provenant du bassin oriental de la Méditerranée; il n'y a aucune construction en dur. On a trouvé des hameçons, des foyers, deux tessons sur lesquels on lit en caractères phéniciens M.G.N. (Magon), écrit de droite à gauche.

Ces établissements datent donc d'une époque où Carthage était déjà fondée. On ne sait si Lixus a été à ce moment une grande ville de l'importance de Gadès ou de Carthage. Mais il est bien certain que Carthage ne domine pas encore le bassin occidental de la Méditerranée par ses comptoirs échelonnés sur les côtes d'Afrique du Nord et d'Espagne. On peut même se demander si les Grecs n'ont pas fréquenté les côtes du Maghreb occidental.

Entre Lixus et l'îlot d'Essaouira, les conditions de la navigation antique rendent nécessaire l'existence de plusieurs stations : certains sites semblent plus favorables que d'autres; mais il reste à y découvrir la preuve archéologique d'une occupation phéni­cienne comme à Sala.

  1. La colonisation carthaginoise.

L'ancienne colonie de Tyr devient une grande puissance à son tour à partir du moment où sa métropole est occupée par les Assyriens au vie siècle. Elle lutte contre les Grecs de Sicile, de Massilia, multiplie ses comptoirs.

Que sait-on sur le Maroc à l'époque punique? Selon Hécatée de Milet, auteur grec du vie siècle avant J.-C., on trouve une ville du nom de Trinké, près des colonnes d'Hercule (Détroit de Gibraltar). On ne peut pas l'identifier. Il cite aussi Thingé, qui est peut-être Tanger et Mélissa dont on ne sait rien non plus, niais qui est peut-être la même que la Mélitta du périple d'Hannon. Il ne dit rien de Lixus : c'est peut-être Trinké.

Hérodote décrit, vers le milieu du ve siècle, dans un texte fameux le commerce de l'or par la troque muette, (Texte 3) au delà des colonnes d'Hercule, en Libye, c'est-à-dire au pays habité par les Libyco-berbères. Les mêmes pratiques commerciales sont rapportées du Xe au xixe siècle par des voyageurs arabes ou européens pour l'Afrique Noire.

Le récit connu sous le nom de périple d'Hannon n'est toujours pas élucidé. L'expédition conduite par Hannon aurait eu lieu entre 475 et 450 avant J.-C. sur l'ordre du Sénat de Carthage. Mais le texte est obscur et contient des invraisemblances : peut-on croire que 30 000 hommes et femmes se soient entassés sur 60 navires à 50 rameurs avec tout un matériel et des vivres ? Les noms de lieux ne peuvent être identifiés. Pour M. Carcopino, le Maroc est le marché punique de l'or, et l'expédition d'Hannon a pour but de substituer la domination de Carthage à celle de Lixus. Il pense que cet or vient du Soudan et que des caravanes l'apportent jusqu'à l'île de Cerné. Selon lui l'île de Cerné serait celle de Hern non loin de Villa Cisneros. Hannon aurait ensuite poursuivi son voyage d'explo­ration jusqu'au golfe de Guinée. Il pense d'ailleurs qu'il y a non pas une, mais toute une série d'expéditions à partir de bases successives (Texte 1).

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