La négociation de l’évacuation en masse des Juifs du Maroc Yigal Bin Nun

יגאל בן נוןL’éducation dispensée dans les écoles de l’Alliance israélite universelle offrit à l’élite juive une option parallèle d’identification. Elle conféra aux Juifs un statut spécifique, et même privilégié, par rapport aux Musulmans. À la différence des communautés juives d’Europe occidentale, le processus d’émancipation des Juifs du Maroc ne s’est pas accompli par le biais de l’assimilation au sein de la société majoritaire. L’assimilation socioculturelle était plutôt orientée vers la puissance coloniale et non vers la société arabo-musulmane. L’éducation française n’eut certes pas pour effet de créer une reconnaissance envers le Protectorat, mais engendra une attache culturelle avec la France et une soif vitale de la langue française. Ainsi surgirent les conditions d’une identification non seulement double, cas habituel dans les communautés juives en Occident, mais aussi triple, similaire, dans une certaine mesure, à la situation de certaines communautés juives d’Europe orientale, dont les membres cultivés portaient leur regard vers l’Occident.
Le Protectorat français au Maroc prit fin le 2 mars 1956. Sur une population de près de dix millions de personnes au moment de l’indépendance, la communauté juive comptait quelque 230 000 âmes dont la plupart habitaient les grandes villes, surtout à Casablanca. Au début du Protectorat, peu de Juifs quittèrent le Maroc à destination de la France, de l’Espagne ou de l’Amérique du sud. Je divise habituellement l’émigration juive en dehors marocaine en trois périodes : la période de Qadimah , qui s’étend de la création de l’État d’Israël à l’indépendance du Maroc (1948-1956) ; la période de la Misgeret, où l’émigration s’effectua clandestinement (entre 1956 et novembre 1961) ; et la période de l’Opération Yakhin durant laquelle l’émigration se fit au moyen de passeports collectifs après un accord avec les autorités marocaines (1961-1966). Dans les années 1948-1949, près de 22 900 Juifs partirent en Israël. Entre l’indépendance d’Israël et l’indépendance du Maroc, les Juifs émigrèrent vers le jeune État d’Israël au rythme de 3 000 personnes environ chaque mois. Pendant toutes les années d’activité de l’organisation Qadimah (1949-1957), près de 110 000 Juifs quittèrent le Maroc, et quelque 120 000 y demeurèrent jusqu’en 1961 . Entre 1957 et novembre 1961 l’émigration organisée par la branche du Mossad devint clandestine : elle réussit tant bien que mal à faire sortir 29 472 Juifs. De novembre 1961 à la fin 1964, 83 707 Juifs quittèrent légalement, bien que discrètement, le pays. En 1965, y vivaient encore près de 55 000 Juifs. En 1972 il n’en restait pas plus de 30 000 et en 2003 moins de 5 000 . Entre 1948 et 1967 un total de 237 813 Juifs arrivèrent du Maroc en Israël . Ainsi s’effectua l’évacuation quasi totale d’une communauté juive enracinée en Afrique du Nord depuis l’époque romaine.

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