ארכיון יומי: 26 באוקטובר 2018


Impressions et souvenirs de l'Alliance-Nessim Sibony

Je l’ai retrouvé dans une photo de classe très floue et j’ai essayé aussi de mettre un nom sur chaque élève présent ce jour-là. Nous étions 42 alignés en trois rangs, selon notre âge, et je me souviens que des garçons parmi ceux qui y figurent en haut se rasaient déjà. C’est dire qu’ils étaient en âge d’être exploités par nos enseignants ; certains élèves sonnaient la cloche, d’autres remplaçaient les maîtres comme moniteurs dans les petites classes mais beaucoup étaient envoyés pendant ces heures de classe pour des courses par les enseignantes : achats de pain, de sucre, d’œufs et de farine. Un autre instituteur qui avait une papeterie les y faisait travailler bénévolement le dimanche ou les soirs après les cours.

J’avais atterri donc dans une des deux classes qui préparaient pour le certificat d’études. Notre maître s’occupait de la distribution des cahiers dans toute l’école et nous délaissait entre les mains de moniteurs. Il nous fit présenter comme candidats « non officiels », nous obligea à lui payer des cours supplémentaires les dimanches pour compenser ses carences d’enseignant pendant la semaine et nous fit redoubler pour s’assurer d’un pourcentage plus élevé de succès l’année suivante sans se soucier des élèves qui devaient occuper nos bancs. Cette année-là, heureusement, la classe s’était vidée suite aux premiers départs d’élèves pour Israël dans le cadre de l’Alyat Hanoar via les camps de France et de Norvège. La classe se passionnait pour ces problèmes de robinets décalés, ces voitures qui partaient à différentes heures et roulaient à différentes vitesses, qu’on devait résoudre par simple raisonnement. Nous avions aussi ce livre merveilleux de « leçons de choses » qui nous nous initiait aux lois de la nature comme à l’électricité et aux prévisions météorologiques. On s’entrainait aussi à mémoriser « les dates », ce qui nous avait donné l’illusion de dominer l’histoire universelle. Un effort fut réalisé alors dans les colonies françaises avec l’introduction d’un nouveau livre de lecture : « Les pages africaines ». Il faut avouer qu’on était tout aussi étrangers à ces pages qu’à celles qui les avaient précédées comme on l’était aux films qu’on nous emmenait voir tels : « La bataille du rail » quand nous étions des enfants de huit ans et les films sur la tuberculose qui n’ont jamais cessé de nous hanter.

De toutes ces années sombres et sans l’aide de l’école normale Israélite à Paris, destinée alors à la formation des enseignants et directeurs d’écoles, nous avons pu voir poindre 4 médecins, 4 ingénieurs, 2 pharmaciens, deux experts comptables, un sociologue cinéaste des directeurs et des professeurs de lycées juifs à Paris et à Strasbourg. Nous étions 15 parmi les 150 garçons que comptaient les classes de premières et deuxièmes des garçons à nous retrouver dans des universités françaises.

Ce fut l’âge de raison où nous ne cessions de rappeler et de critiquer tout le système éducatif de l’Alliance. On déplorait le manque d’encadrement, les lacunes de connaissances et l’absence de formation pédagogique de nos maîtres, les programmes d’études qui étaient déplorables et le retard pris dans l’introduction de l’enseignement dans les villages éloignés des grands centres urbains. Nous étions dans notre prime jeunesse bazardés d’une classe à l’autre sans savoir où exactement on devait aboutir. On s’efforçait de faire plaisir à nos enseignants qui eux-mêmes n’avaient pas l’air de trop savoir ce qu’on devait achever sinon leur programme, et encore ! C’était à se demander aussi si cette institution qu’était l’Alliance Israélite Universelle avait quelque dessein concret contrôlé par quelques commissions de pédagogues. La machine tournait par elle-même et sur elle-même sans s’adapter aux transformations rapides de notre situation et aux tournants de notre histoire. Ce n’était guère plus le certificat d’études qui pouvait contribuer à l’avance de notre communauté dans la société moderne. Ainsi, si l’on parlait d’un accès plus important aux études universitaires on le devait principalement non à l’Alliance israélite Universelle mais aux lycées français qui avaient permis à davantage d’élèves juifs au Maroc d’accéder aux études secondaires. Tous ces élèves devaient redoubler d’effort dans les lycées et passer les week-ends et les vacances scolaires à l’étude pour rattraper tout ce que les maîtres de l’Alliance avaient manqué de leur prodiguer.

Si on devait aujourd’hui refaire cette opération de sauvetage entreprise par l’Alliance, il va de soi qu’on l’aurait faite sur d’autres modèles. On aurait investi davantage dans l’instruction plutôt que dans la construction d’édifices. On aurait réduit à trois ou quatre ans tout au plus la fréquentation de l’école primaire comme l’ont réalisée des enfants de mon entourage. Cette même institution n’avait pas créé des cours d’alphabétisation et de mathématiques pour adultes ; elle n’a pas organisé des ateliers pour les professionnels les soirs dans ces locaux vides comme le firent les musulmans du Maroc dès l’indépendance. Ces derniers se sont servis par contre du même établissement scolaire pour y faire dérouler deux écoles alternées quotidiennement, l’une commençant à 7 heures et l’autre à treize heures, en plus des cours d’alphabétisation le soir dans ces mêmes locaux. Ce même régime s’il avait été appliqué par l’Alliance aurait doublé l’effectif scolarisé et en moins de trente ans aurait mis toute la population juive marocaine à l’heure française en profitant de l’expérience supplémentaire des voisins juifs d’Algérie et de Tunisie comme enseignants et guides.

On peut être tous d’accord qu’une bonne marche de l’Alliance aurait permis aux juifs du Maroc de rattraper les ressortissants juifs des communautés voisines d’Afrique du Nord et comme eux, ou peut-être mieux, ils seraient allés renforcer la communauté juive française très tôt, n’est-ce pas ? Mais on ne peut qu’être surpris par le destin de la communauté juive marocaine pendant sa longue histoire qui fut marquée, de tous temps, par de grands mystères au nombre desquels, tout d’abord, la colonisation tardive du Maroc, les effets de cette même colonisation sur une société d’artisans juifs et ensuite cet impact de l’Alliance qui fut plus déterminant par ses carences et ses négligences que par ses réalisations. Ce retard inexplicable dans la scolarisation massive des juifs marocains leur avait évité d’abord d’être présents en France en ces heures des plus dramatiques de l’histoire juive contemporaine qui ont fauché les juifs de la nation française comme ceux d’Afrique du Nord déjà installés à Paris et au Sud de la France. Il leur aura aussi évité le sort de leurs voisins juifs d’Algérie et de Tunisie déversés en France. L’alliance s’est avérée qu’on le veuille ou non le principal facteur de ce clivage retrouvé au sein même de la communauté juive marocaine entre ses élèves et ceux qui ont échappé totalement ou partiellement à son enseignement. Ses élèves et leurs enfants, comme nous l’avons vu, furent dans leur majorité, happés par une seconde Galouth au Canada comme en France. Les autres, ceux qui avaient échappés aussi bien à tous les évènements cruels de l’histoire juive comme aux écoles de l’Alliance furent transplantés, avec leurs enfants éduqués par l’Alliance ou non, dans les champs de leurs ancêtres comme dans les territoires de Judah. Ils furent désignés pour la classe laborieuse israélienne et ainsi réalisèrent, amèrement certes, ce rêve deux fois millénaire du messianisme national juif, n’en déplaise à ceux de leurs « frères » que leur allure dérangeait, à leurs ennemis surpris par la réalisation foudroyante de leur rêve sioniste comme aux œuvres de l’Alliance conçues loin de l’espoir qui avait bercé leur longue Galouth.

Nessim Sibony

Photo panoramique de l’Ecole Alliance de Marrakech

Tous ces élèves ont constitué la jeunesse intellectuelle de Marrakech, pour le peu d’années qu’ils y sont restés, avant leur grand départ dans les quatre coins du monde. Trois sont restés sur place : deux à Marrakech et l’autre à Casablanca. Tous les trois sont des hommes d’affaires. Trois sont devenus médecins, beaucoup d’autres sont devenus ingénieurs, employés de banque et d’administration mais surtout responsables d’éducation à tous les niveaux voire inspecteur d’enseignement primaire, en Israël. C’est parmi ces filles et ces garçons que furent recrutés les enseignants, les directeurs d’écoles, les dirigeants de mouvement de jeunesse, les chefs et cheftaines scouts. Toute cette jeunesse a encadré la génération suivante où se sont distingués davantage de médecins, de pharmaciens, de psychologues, d’ingénieurs et de professeurs d’université. Ils sont tous restés engagés dans leur communauté juive. Ils sont aujourd’hui avec leurs enfants et petits-enfants au Brésil, aux Etats-Unis, au Canada, en France et en Israël

Brit-La revue des juifs du Maroc-Redacteur Asher Knafo-été 2011-no 30-page 79-82

החינוך בקהילות יהודי מרוקו משנת 1862-ברית מס' 30 בעריכת מר אשר כנפו

החינוך בקהילות יהודי מרוקו משנת 1862

במחצית המאה התשע עשרה, חלו תמורות משמעותיות בחיי קהילות יהודי מרוקו. יהודי צרפת ואנגליה, שחששו להרעת מצבם של יהודי מרוקו, נחלצו לעזרתם. בצרפת, נוסדה בפריס חברת כל ישראל חברים (כי״ח) בשנת 1860 והמקבילה לה ’אגודת אחים', נוסדה בלונדון ויחד פעלו לשיפור מצבם של היהודים המקופחים בארצות שונות ובמרוקו. מטרתם הייתה לפעול למען שיוויון זכויות וסיוע לנזקקים כדוגמת

יהודי צרפת ואנגליה'. כמו כן, ביקשו להביא את בשורת הקידמה התרבותית במיוחד בתחום החינוך.

החוקר שוראקי בספרו'קורות היהודים בצפון אפריקה', מציין שלמעשה חברת כל ישראל חברים, היתה 'קרן התקוה היחידה במחשכים האלה' ועוד מוסיף שהיא היוותה יגשר מעל לתהום הדורות', שוראקי קובע כי'המנהלים והמורים של חברת יכל ישראל חברים' יכולים היו להביא את הסיוע המוסרי והחומרי, שהיה דרוש כל כך לישוב הזה' (מרוקו א.ש).

החינוך המסורתי עבר טלטלה לא קטנה, וההתמודדות מול הרוח החדשה, שהביאה עמה כי״ח, חייב שינויים בחינוך המסורתי, עליית מדרגה, ושדרוג רמת הלמידה ורמת המלמדים. כמו כן, המוסדות שאכלסו את הלומדים, עברו אף הם בהדרגה, שינוי מהפכני, לא עוד'החדר' והא-סלא, היה צורך בבניית והתאמת בתי הספר, שיוכלו לתת מענה הולם לצד מוסדות היאליאנס' של כי״ח.

למעשה, מוסדות אליאנס הכתיבו סדר יום חדש ומשמעותי בחיי הקהילה. בית הספר הראשון של הרשת נחנך בשנת 1862 בעיר תיטואן ואט אט הרשת הלכת והתפרשה מערי החוף אל הערים שבתוך המדינה. בעיר צפרו בפס ובערים נוספות פעלו גם רשתות חינוך נוספות כמו'אם הבנים' שייסד הרב הלפרין(ב-1913) ואוצר התורה , לצד בתיה״ס של כי״ח. בעיר צפרו עצמה, נוסד ביה״ס של כי״ח בשנת 1914.

בבתי הספר של כי״ח למדו התלמידים מקצועות, שהדגישו את החינוך הצרפתי והכללי, לעיתים גם על חשבון לימודי עברית ויהדות, ובכך נוצרו עימותים ומתחים בתוך הקהילה.

המתח, שנוצר בעקבות הפעילות החינוכית במוסדות כי״ח, הביא להתנגדויות לא מעטות, מצד חסידי החינוך המסורתי, ובמיוחד בחלק לא קטן מהממסד הרבני, שדגל בחינוך המסורתי. בין היתר גם על רקע של איבוד פרנסתם של חלק מהמלמדים במסגרות החינוך המסורתיים. לכן נעשו ניסיונות לא מעטים, לשלב חלק מהמורים המסורתיים הראויים בבתי הספר של אליאנס . ההתנגדות של המימסד הרבני בקהילות למוסדות של כי״ח, הגיעה למצב של קביעת מדיניות'של הרחקת הנוער מבתי-הספר של כי״ח, כל עוד לא השלימו הנערים את חינוכם המסורתי ביתלמוד תורה' ובשל כך נמנעו נערים רבים מללמוד במסגרת כי״ח קודם התבגרותם'.

במגמה למתן את ההתנגדות למוסדות כי״ח, נעשו ניסיונות לשלב במקצועות הלימוד גם לימודי יהדות.

מצב הפשרה שאומץ על ידי רוב הקהילות היה, שהילדים נשלחו להתחנך במוסדות כי״ח במחצית הראשונה של היום ואחר הצהריים נשלחו הילדים למוסדות המסורתיים להשלמת השכלתם התורנית-המסורתית ההתנגדות הרבנית למוסדות כי״ח, לא מנעה את התפתחותם ושגשוגם של אלה, ובמרוצת הזמן ההתנגדות הלכה והתמעטה, גם בשל העובדה, שלמדיניות של המימסד המסורתי, לא היתה חלופה -הולמת לרוח החדשה שהביאה ההתחנכות במוסדות כי״ח, וגם לאור העובדה שנעשו רפורמות בחינוך ושינויים בתפיסתם של מנהיגי כי״ח, שניסו 'לפייס חוגים שונים בקהילות בנושא זהי.

בנוסף, פעילותה של כי״ח באה לידי ביטוי גם בתחומים נוספים של חיי הקהילה, אשר הפכה אט אט מחברה לא מפותחת, לחברה מודרנית עם תפיסה שונה ומשמעותית לגבי הצרכים הנדרשים להתמודדות עם הקדמה. החשיפה לתרבות הצרפתית והאנגלית, הביאה לשינויים גם בחיי היום־יום. כמו שינוי בתפיסת העולם, שיטות לימוד ותחומי דעת (כולל למידת מקצוע ומלאכה), שינוי במעמד האישה. אפילו באורחות הלבוש, החליפה האירופאית בתוספת העניבה, תפסה את מקומה של הגלאביה המסורתית. גם ההשתלבות של הצעירים המשכילים, בעמדות כלכליות ובהנהגה, הביאו לשינוי בדפוסי החשיבה של המימסד המסורתי, אשר נתבע אף הוא לשינויים בתפיסתם להנהגת הקהילה, דבר שהיווה אתגר לצד איום.

בחינת יחסם של המימסד הרבני לפעילות של כי״ח, מצביעה על תמונה מורכבת ואמביוולנטית. ההתמודדות רבת האתגרים בכל תחומי החיים, תפסה את המימסד המסורתי במצב שמחייב התמודדות מיידית עם שאלות בכל תחומי החיים: חינוך הבנות, לימוד מקצוע ומלאכה, לימוד שפות, שנוי מלבוש, כהנה וכהנה, ובת בבת למצוא את התייחסות ההלכה לשינויים הנדרשים.

מעטים היו הרבנים אשר העזו, להביע את דעתם החיובית לגבי פעילותה של כי״ח במרוקו. נדיר היה למצוא בתקופת התבססותה של כי״ח עד לשנת עד ל-1900 לערך, רבנים שייצאו בגלוי ויתמכו בפעילות בחיי הקהילה ובמוסדות החינוכיים שהעמידה כי״ח. בתקופה שבה חי ופעל ר' משה רפאל אלבאז, מעטים היו אם בכלל, רבנים שהביעו את דעתם החיובית בגלוי ואף נתנו לכך ביטוי בכתב, כדוגמת הרמ״א, שכאמור כותב שיר הלל ושבח בשם 'אעורר זמרת רנני' המובא להלן, לטובת הפעילות של כי״ח, ולדמויות מרכזיים המזוהים עם פעילותה.

ברית כתב העת של יהודי מרוק קיץ תשע"א מס' 30- אשר כנפו –עמ' 102-100

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