Benshim'on- Une histoire de familles- Joseph Toledano

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BENSHIM'ON

Nom patronymique d'origine hébraïque, formé de l'indice de filiation Ben et du prénom biblique Shim'on, en latin Siméon, qui signifie entendre, écouter, donné par Léa au second fils qu'elle eut avec le patriarche Jacob, pour remercier Dieu d'avoir écouté sa prière; "Parce que, le Seigneur a entendu que j'étais dédaignée, il m'a accordée aussi celui-ci." (La Genèse, 29, 33). Lorsque Sichem Ben Hamor abusa de leur soeur Dina, Siméon et Lévy se vengèrent en massacrant tous les mâles de Naplouse. Le patriarche Jacob ne leur pardonna pas cet acte de cruauté et dans sa bénédiction avant sa mort, il leur dit; "Siméon et Lévy digne couple de frères: leurs armes sont des instruments de violence. Ne t'associe pas à leurs desseins, oh mon âme ! Mon honneur ne sois pas complice de leur alliance ! Car dans leur colère ils ont immolé des hommes, et pour leur passion ils ont frappé des taureaux. Maudite soit leur colère, car elle fut malfaisante, et leur indigniation, car elle a été funeste ! Je veux les séparer dans Jacob, les disperser en Israël". La bénédiction de Jacob s'accomplit car la tribu de Siméon, qui était la plus populeuse lors du partage de la Terre Promise et avait reçu en héritage le nord du Neguev et la région de Beerchéba, ne tarda pas à disparaître en se fondant dans la tribu de Judah ou en s'assimilant aux Cananéens. Malgré cet héritage chargé, le prénom de Siméon, Shimoun, était resté populaire dans les communautés maghrébines devenant même nom patronomymique sous la forme de Benshimon et de Shimoni. Ce patronyme existait déjà en Espagne avant l'expulsion et il figure sur la liste Tolédano des noms usuels au Maroc au début du XVIème siècle. Au XXème siècle, nom moyennement répandu, porté au Maroc (Rabat, Sefrou, Fès, Meknès, Casablanca) et en Algérie (Alger, Constantine, Bône, Guelma, Philippeville, Tebessa, Souk-Akhras) et en Tunisie.

  1. DAVID (1822-1880): Fils de rabbi Moché. Plus connu sous ses initiales hébraïques "Dvash", le miel (cet appelatif est par la suite et jusqu'à nos jours devenu le nom patronymique de ses descendants à Jérusalem). Incontestablement la figure dominante de la vague de Alya du Maroc au milieu du siècle dernier. Né à Rabat dans une famille de négociants aisés, il fut le disciple préféré du grand maître rabbi Saadia Maraché. Après son intronisation comme rabbin, il continua à enseigner dans la yéchiba de son maître. Mais son amour brûlant pour la Terre Sainte l’empêcha de continuer dans sa torpeur et avec un grand groupe de ses élèves et de ses amis négociants de Rabat, il décida en 1854 de transférer sa yéchiba en Terre Sainte. Il pensa d'abord s'installer à Jaffa où les originaires du Maroc étaient majoritaires, mais à la demande pressante des Maghrébins de la capitale dont la situation était catstrophique et qui avaient besoin d'un guide de sa trempe, il monta à Jérusalem. Il fut révolté par la misère dans laquelle vivaient les quelques centaines d'originaires du Maghreb qui avaient bien essayé de s'organiser, mais s'étaient heurtés jusque là au veto de la communauté sépaharde plus nombreuse et plus anciennement installée. Il prit leur tête et commença à organiser les institutions pour accueillir les nouveaux immigrants de plus en plus nombreux, malgré l'opposition de la communauté sépharade. La somme exorbitante demandée par la communauté sépaharde pour enterrer un originaire du Maroc, Yossef Elmaleh (voir détails dans Elmaleh) fut la goutte qui fit déborder le vase et désormais rabbi Shimon décida d'obtenir à tout prix l'indépendance de sa sa communauté et grâce à sa personnalité, il réussit là où ses prédécesseurs avaient échoué. Il signa en 1860 un accord en ce sens avec la communauté sépharade, l'autorisant à dépêcher en diaspora des émissaires pour les oeuvres de sa communauté. Les fonds ainsi recueillis devaient permettre la construction de synagogues, yéchibot, maisons d'accueil pour les pauvres, écoles, mikvé, faisant au bout de quelques années de la communauté maghrébine grandissante, la communauté la mieux organisée de la ville sainte. Ses membres furent les premiers à prendre l'initiative de construire un nouveau quartier en dehors des murailles de la Vielle Ville, Mahané Isarel. Il fut le seul rabbin à encourager les membres de sa communauté à ne plus dépendre pour vivre des dons de la diaspora et à subvenir à leurs besoins par leur travail productif dans le commerce, l'artisanat et l'agriculture, apportant son soutien aux projets de colonisation agricole de Sir Moses Montefiori. En excellentes relations avec la communauté achkénaze et ouvert au monde moderne, il innova en ouvrant au grand public les comptes internes de la communauté, y compris les comptes- rendus des dons recueillis à l'étranger, publiés chaque année dans le journal "Hahavatselet" – la seule communauté à le faire. Après avoir porté seul le poids de la direction de la communauté, il choisit pour l'assister, en 1866 un Comité Directeur de 7 membres, dont la composition fut entérinée par le consul de France à Jérusalem qui étendait sa protection sur tous les originaires du Maghreb et comprenant Abraham Haroch, Shélomo Lévy, Istshak Raphaël Betito, David Cohen, Yaacob Elamaleh, Shélomo Aboujdid et Lévy Iflah. Malgré son inlassable dévouement à sa communauté, il ne négligea pas pour autant les études, laissant un grand nombre d'ouvrages qui ont en commun la volonté de diffuser le patrimoine d'Eretz Israël. Le premier, paru en 1862, "Shaar Hahaser" est un hommage à Jérusalem et à la Terre Sainte. Le second, "Shaar hamatara" est un recueil des prescriptions religieuses spécifiques à la Terre Sainte. Le troisième "Shaar Haniifkad" porte sur les coutumes religieuses de Jérusalem, ne fut imprimé qu'après sa mort par son fils rabbi Raphaël (Alexandrie 1909), qui publia également son recueil de Responsa, en 1912. Son cinquième livre sur les règles du divorce en Terre Sainte, "Mizkéret Guitin", le fut par son second fils, rabbi Messod en même temps que son propre ouvrage sous le titre de "Shem Hadach" (Jérusalem, 1917). Epuisé par l'effort, il mourut à 58 ans, en 1880.
  2. RAPHAËL AHARON (1847-1929): Fils de rabbi David. Né à Rabat, il arriva à Jérusalem à l'âge de 7 ans et se joignit à la yéchiba de rabbi Shalom Bohbot où il se distingua rapidement par son intelligence et sa piété. A 15 ans, son père le maria à la fille de l'un des rabbins montés avec lui de Rabat, rabbi Itshak Benwalid, tout en continuant à assurer l'entretien du jeune couple pour lui permette de poursuivre ses études et lui succéder à la tête de la communauté. Mais la mort prématurée de son père jeta le trouble et la division dans la communauté maghrébine qui mit des années à se remettre de cette perte irréparable. Alors qu'il s'était tenu à l'écart des deux clans qui s'étaient formés, il accepta en 1884 de faire partie du nouveau Comité réunifié qui contribua à rétablir un peu de "la gloire d'antan". Dans ce cadre, il effectua en 1888 une première mission pour recueillir des fonds pour les oeuvres de la communauté au Maghreb. A Fès, il s'enthousiasma de la découverte de la liturgie particulière de la synagogue dite des Fassis, Slat Elfassyin, pour désigner les vieux habitants de la capitale, ceux qui y étaient avant l'arrivée des Expulsés de 1492. Il prit avec lui le manuscrit de ce rituel qu'il fit imprimer pour la première fois à Jérusalem en 1889 sous le tire de "Ahabat Hakadmonim", l'Amour des Anciens. Au cours d'une seconde mission au Maroc, en 1889, il réussit à convaincre, à la suite du miracle de son sauvetage et de celui du fils du grand rabbin Raphaël Abensour (voir Abensour) des inondations de Sefrou, les chefs de la communauté de fonder une association pour la publication des chefs-d'oeuvre des rabbins du passé, "Dobébé shifté yéchénim", Ceux qui font parler les lèvres des endormis. A son retour à Jérusalem, il fut sollicité pour le poste de Grand Rabbin d'Egypte. C'est à Alexandrie donc qu'il fit imprimer pour le compte de l'association les chefs-d'oeuvres de rabbi Yaacob Abensour "Et lekol hefetz" et "Michapt outsédaka beyacob". En Egypte, il s'attira l'estime de toutes les communautés au cours des trente années qu'il exerça son magistère avec majesté et intransigeance. Les Takanot qu'il introduisit dans la vie communautaire furent réunies dans un recueil qu'il publia sous le titre de "Nahar Mitsrai'm", le fleuve d'Egypte (Alexandrie, 1908). II publia également un dictionnaire biographique des grands rabbins d'Egypte "Tob Mitsraïm" (Alexandrie, 1909), ainsi qu'un recueil des coutumes de Jérusalem, "Nahar Paquod." La lutte épuisante contre la laïcisation et l'abandon progressif de la pratique religieuse dans une Egypte en voie d'occidentalisation eut raison de ses forces et en 1921 il décida de démissionner et de revenir à Jérusalem. Ses dernières années furent attristées par la mort des deux frères plus jeunes que lui. Il mourut à son tour en 1929, à l'âge de 82 ans.
  3. YEKOUTIEL HAIM: Fils cadet de rabbi David. Né à Jérusalem en 1859, il fut envoyé comme émissaire de Jérusalem en Egypte en 1912 et au Maroc en 1914. Il mourut au cours de cette mission à Meknès, en 1914.
  4. MESSOD HAYIM: Le plus jeune des fils de rabbi David. Né à
  5. Jérusalem en 1869. Rabbin, il épousa sa nièce, la fille de son frère aîné rabbi Raphaël qu'il seconda au cours de sa mission en Egypא comme secrétaire du Haut Tribunal Rabbinique. A ce titre, il fut l'auteur d'un ouvrage d'une grande originalité: le premier recueil des règles de la Halakha écrit en arabe. Le gouvernement égyptien avait en effet décidé de ne maintenir et de ne faire appliquer les sentences que des tribunaux religieux disposant d'un code écrit. Face à cette exigence, il s'attela à la rédaction des règles de la Halakha applicables à son époque. Il publia les deux premiers tomes avant la Grande Guerre et le troisième en 1920. Il succéda à son frère Raphaël à la tête du Grand Rabbinat d'Egpte après sa démission en 1921, mais il ne resta à son poste que quatre ans, la mort l'ayant fauché prématurément en 1925.

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