Le Mossad et les secrets du reseau juif au Maroc 1955-1964 – Michel Knafo- Les premiers Agents du Mossad au Maroc

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Au cours de l'operation "Klou", j'ai requ chaque semaine de Habib, des dizaines de faux passeports. Mon role etait de me presenter au consulat espagnol, de donner le mot de passe a un certain fonctionnaire et de recevoir les visas.

A un certain stade, il fut decide de mettre sur pied une equipe d'infirmieres dans le cadre de la Misgueret pour les cas d'urgence. Le but etait les exercices de premiers secours des blesses – pour le cas ou il s'en produirait parmi les membres de l'organisation ou de la communaute juive. L'equipe fut formee d'infirmieres et de volontaires.

J'ai participe une fois avec Habib au transfert d'armes dans une cachette. J'avais emmene avec nous notre petite fille Guili, pour donner l'impression d'une promenade familiale innocente. Dans le bagage arriere de la voiture, il y avait des revolvers, des mitraillettes et des munitions. Nous nous sommes soudain trouves face a un barrage de police. Nous avons rapidement decide de ne pas faire demi-tour, ce qui n'aurait pas manque d'eveiller des soupcons, et de continuer sans hesiter vers le barrage. J'ai mis une cassette de chants arabes joyeux et j'ai commence a chanter a haute voix. Le policier s'est approche de la voiture et s'est exclame: "quelle voiture joyeuse!" et nous a fait signe de continuer. J'etais soulagee, mais je continuai a trembler de peur en pensant au malheur s'ils avaient decouvert un tel arsenal! Ama grande joie tout s'est passe sans accros et les armes sont arrivees a bon port." 

Habib ajoute: "Les cachettes avaient ete amenagees dans des maisons ou des ateliers appartenant a des juifs. Par exemple les cachettes de la "petite menuiserie" et la cachette de la "grande menuiserie" de plusieurs etages appartenant a deux associes. Ils avaient mis a notre disposition une chambre au dernier etage. A cote de cette chambre, se trouvait le domicile de l'un d'eux. Tres peu connaissaient l'existence de cette cachette. Emile Darmon avait construit un mur dans la chambre et derriere furent entreposees les armes et les munitions. Dans le mur, il avait perce une petite porte qu'il avait masque du meme enduit que le reste du mur. Une fois tous les mois ou deux mois, nous cassions l'enduit pour sortir les armes et les nettoyer.

Un samedi soir, nous sommes arrives, Menahem Rak-Oz, Raphy Vaknine et moi- meme dans la "petite menuiserie" dont les proprietaries etaient membres de la Misgueret. Nous avons sorti les armes de la cachette et commence a les nettoyer et a les graisser. Soudain, je vois dans la fenetre qui permettait l'entree de lumiere dans la salle, un musulman qui nous observait. J'ai garde mon sang froid et j'ai demande a mes amis de continuer leur travail. Je me suis leve, me suis dirige vers le tableau d'instruments de la menuiserie, que j'ai retire de leur place et les ai pose sur les armes, et nous avons commence a les nettoyer. Nous ne savions pas si cet homme avait fait attention aux armes, mais pour plus de precaution nous avons termine vite leur nettoyage et nous les avons remis a leur place. Menahem et Raphy ont quitte l'atelier pour m'attendre dans la voiture. Quant a moi, je me suis cache dans la menuiserie dans une position d'observation, face a la cachette, pour voir si l'homme avait alerte la police. Au bout d'une heure, la police n'arrivant pas, je partais a mon tour. II est possible meme que cet homme ait vu les armes, et a decide de ne pas prevenir la police pour ne pas s'attirer des ennuis, croyant peut- etre qu'il s'agissait de militants de l'opposition marocaine. II est egalement probable qu'il n'avait rien vu. Quoi qu'il en soit, nous avons decide de ne pas transferer la cachette. L'incident s'etait bien termine et le proprietaire de la menuiserie n'a jamais ete questionne a ce sujet."

Shlomo Yehzquieli reprend: "Au debut du printemps 1956, nous avons entrepris de mettre sur pied des cellules dans les villes de provinces. Itsik Beer fut envoye a Fes et a Meknes. Nous avons etabli des liens, restes vagues, avec Marrakech. De meme, nous nous sommes lances dans le recueil de renseignements dans le domaine juif. A ce stade nous n'etions pas encore arrives a celui des non juifs.

Nous avons etabli les premiers liens avec des personnalites juives, dont Alphonso Sabah, banquier et assureur, et Calamero, qui etait le president de la Federation Sioniste."

Un Specialiste du sabotage recrute des Agents au Maroc

Itshak (Itsik) Beer

Itshak Beer est ne a Jerusalem en 1926, quatrieme generation par sa mere dans le pays. A16 ans il s'engageait dans la Hagana et dans ses rangs, il participa a la Guerre d'Independance. Il fit ensuite une carriere militaire.

Dans le cours de preparation d'Agents Candidats a la mission en Afrique du Nord, Itsik fut, a la fois eleve et instructeur en matiere de sabotage – sa specialite a la Hagana et a Tsahal. Apres le cours qui dura plusieurs mois, il subit avec Yehouda Grinberg, un entrainement supplemental de deux mois dans la construction de cachettes fixes – pour les armes – et mobiles – pour les transferts de fonds, documents, passeports et armes legeres. Les portes de ces cachettes devaient etre si bien maquillees quelles devaient resister a toutes les recherches, y compris les detecteurs de metaux. Itshak est arrive a Casablanca en octobre 1955.

Mon premier contact fut avec le commandant de la Misgueret au Maroc, Shlomo Yehezquieli, qui me trouva un logement dans la maison d'une vieille juive, originaire de Russie, installee au Maroc depuis de nombreuses annees. A mon arrivee au Maroc, l'Agence Juive appliquait la politique de selection des olim. Pour la contoumer, les candidats a la Alyah tentaient "d'adapter" leurs documents a ces criteres stricts et severes. De ce fait, l'ambiance etait malsaine, malgre la bonne volonte des emissaries de la Alyah, qui tentaient de trouver des breches dans la procedure qui leur etait imposee. De Casablanca, les olim etaient diriges sur Marseille, au camp du Grand Arenas. Ce camp avait tres mauvaise reputation chez tous les olim d'Afrique du Nord. Il suffisait d'y passer 48 heures pour se rendre compte a quel point cette reputation etait justifiee. Apres l'independance, le dictateur egyptien le colonel Abdoul Nasser est arrive au Maroc. Je me souviens, comment mon ami Shlomo Menuhin et moi etions presents devant la grande Poste parmi des milliers de musulmans impatients de voir de pres le heros de la revolution egyptienne. J'etais comme dans un reve. C'est ainsi que j'ai commence ma mission dans le pays du Maghreb.

Ma premiere mission a mon arrivee fut de m'installer a Fes et de commencer a y recruter des jeunes pour la Misgueret. On m'avait dit que le plus important reservoir se trouvait parmi les membres du D.E.J.J.. Je me suis installe dans les bureaux du departement de la Alyah, au mellah de Fes, qui etait dirige par M. Ilouz, un juif de nationalite francaise qui auparavant etait dans le negoce des huiles. Ilouz etait un sioniste fervent et devoue qui avait aide les jeunes, avant la creation de l'Etat d'Israel a passer clandestinement la frontiere algerienne pour se rendre en Palestine.

Un soir, je me suis rendu au local du DEJJ et j'ai discute avec les jeunes. L'un d'eux, Jacques Hamou, fut particulierement attentif a mes paroles et devait etre le premier a se declarer pret a faire tout ce qu'on lui demanderait. Jacques Hamou, recrute par la Misgueret, etait membre d'une grande famille respectee. Son oncle Albert (qui vit aujourd'hui a Paris) etait juriste et faisait partie de la delegation marocaine qui avait negocie avec les autorites francaises le retour du roi Mohammed V. Eminent juriste, il devait etre le redacteur de l'accord de separation entre la France et le Maroc et servir pendant des annees de conseiller juridique du gouvernement marocain. Mon plan etait de mettre sur pied trois cellules, et pour cela j'ai demande le soutien du chef du DEJJ a Fes qui nous l'a accorde et a agi de son mieux. Peu a peu le nombre de candidats a se joindre a nos rangs grandit ce qui permit l'implantation de la Misgueret dans la ville. Malheureusement je n'ai pas reussi a en faire de meme dans la ville voisine de Meknes, faute d'avoir etabli comme a Fes un premier contact fructueux.

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