Juifs au Maroc et leurs Mellahs-David Corcos

Les juifs au Maroc et leurs Mellahs – David Corcos

Les quartiers speciaux ou etaient relegues les juifs n'ont d'abord existe qu'en Europe. Leur etablissement fut sanctionne par une loi canonique du Troisieme concile de Latran en 1179. 

          Ces "nominations" donnaient aussi des droits sur certaines marchandises d'impor tation. Un logement, vaste et particulierement confortable pour l'epoque, etait mis a la disposition des personnes designees et de leur famille. Elles pouvaient soit en regler le prix au Tresor et devenir proprietaires de la maison, mais non du terrain sur lequel elle etait batie, soit la louer a un prix d'ailleurs modique. Ces maisons comportaicnt, au rez-de-chaussee, des bureaux et de grands entrepots. Elles etaient, en principe, inalienables. On mettait a la disposition de chacune de ces families une garde de deux soldats dont l'entretien etait assure par elle et un couple d'esclaves noirs qui devenait leur propriete. Ces csclaves devaient etre de nouvelles acquisitions du sultan.ct non encore convertis a l'lslam. Le chef de famille prenait alors le titre de "Tajer as-Soultan"  qui lui etait confere par dahir special. Ce titre lui procurait l'enorme avantage.

De n'etre justiciable que du souvcrain lui-meme. .Sa maison etait inviolable.Enfin, il beneficiait du statut de certains etrangers favorises par Sidi Mohammed ben Abdallah, comme, par exemple, les Juifs hollandais etablis dans les ports: il etait dispense du paiement de la Jeziya et de toutes autres contributions regulierement ou occasionnellement versees par les Juifs, sujets du sultan, et dont chaque communaute etait responsable a titre collectif .

Note de l'auteur         

Les "Toujar as-Soultan", commercants du sultan: ce fut au Maroc une veritable institution dont l'origine remonte au moins a l'epoque des premiers saadiens. L'habitude de donner ce tilre officiel a quelques personnes choisies dans le monde du haut commerce est peut-etre venue d'Angleterre: Sir Thomas Gresham fut nomme, a Londres, en 1552  a l'importante charge de "marchand du roi'"; il etait charge de negocier des emprunts et des achats pour la couronne, d'approvisionner l'Etat anglais de tous les produits etrangers, notamment d'articles militaires, tout en tenant le gou vernement au courant des evenements d'importance qui avaient lieu sur le continent (cf. SIHM, Angleterre I. pp. 200 note note 2 ) Les textes europeens relatifs au Maroc du XVI« et XVIIs siecles appellent les Juifs "toujar as־Soultan" de ces epoques "trafiquants du roi", "marchands de Sa Majeste", aumoniers du roi" ou orfevres du roi" etc. (cf. STHM, Pays- Bas T, p. 343, note 3). Quelques families juives au Maroc ont ainsi forme de veritables petites dynasties, car un ',tajer as-soultan"' etait a sa mort remplace par un ou deux de ses fils qui recevaient un nouveau dahir et le titre, avec les privileges qu'il procurait, restait pendant des generations dans ces memes families, Sur ces negotiants privilegies au milieu du XIX« siecle, Voir Miege, ouvrage cite II, pp. 230-233. 

Les beneficaires de tels avantages devaient, en premier lieu, presenter des garanties morales et materielles sures, basees sur l'anciennete de leurs families, leur reputation sans tache et leur fortune. Chaque famille etait, pendant dix ans, responsable du parent qu'elle envoyait a Mogador. En second lieu, la personne designee et sa famille devaient obligatoirement avoir des relations tres etendues a l'etranger et meme avoir des parents etablis dans un ou plusieurs centres importants de l'Europe. Ces personnes etaient a 1'entiere disposition du souverain: elles ne pouvaient se deplacer qu'avec son autorisation. Elles etaient tenues de lui fournir rdgulierement des informations politiques tant sur les pays europeens que sur les tribus berberes et arabes de l'interieur avec lesquelles elles commergaient par l'entremise de dizaines d'agents, Musulmans et Juifs. Elles devaient etre toujours pretes a partir pour des missions economiques ou politiques en Europe . ״

Note de l'auteur

Sur ccs questions voir dans les Responsa de R. Eliezer de Avila, le cas longuement debattu d'un negotiant juif d'Agadir, sujet marocain dont le nom est Abraham ben Reuben Pinto, qui, de 1751  a 1753  avait vecu en Hollande et a qui la communaute reclame a son retour dans sa ville natale sa part de la gharama (taxe annuelle imposee a l'ensemble d'unק communaute). Les plaignants appuient leur reclamation en contestant l'appartenance au haut commerce de ce negociant qui n'affrete pas, pour son usage exclusif, des navires, rejettent le fait, juge insuffisant parce qu'il etait ne au Maroc, qu'il portait des vetements europeens et nient qu'il soit en possession d'une lettre (dahir) du sultan, c'est-a-dire qu'il ne faisait pas partie des "toujar as־soultan". Les plaignants ajoutent que, meme ceux qui jouissaient de ces privileges, contribuaient volontairement  la gharama. Abraham Pinto obtint gain de cause car il disposait reellement d'une "lettre" du sultan Moulay Abdallah pour qui, d'ailleurs, il semble etre alle en mission en Europe.

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