Pogrom de Fes-tritel-P.B.Fenton

tritel

En flagrante violation de l'accord d'Algesiras, le général Moinier ne se contenta pas de sauver du massacre la population européenne de Fès, mais repartit aussitôt pour libérer Meknès où, agissant au nom du sultan, il captura Mawlây al-Zîn, avant de procéder à l'occupation de tout le nord du Maroc. Berlin protesta énergiquement avec l'envoi de la canonnière «Panther», officiellement, pour protéger les intérêts des Allemands dans le Souss. Il fallut le soutien diplomatique de l'Angleterre pour éviter la confrontation armée et régler le contentieux colonial entre Paris et Berlin par un traité franco-allemand signé en novembre 1911. La France accorda à 1 ' Allemagne des compensations territoriales en Afrique Équatoriale, et en contrepartie

«Des juifs qui se défendent», Archives Israélites 18 (4.5.191 I), p. 1-2. Selon un rapport d'intelligence militaire en date du 26.4.1911 «Le mellâh a été épargné moyennant le paiement d'une considération de plusieurs milliers de douros» [Nantes, Archives du ministère des Affaires étrangères, Légation de France àTangen série B245

l'Allemagne reconnut le protectorat de la France sur le Maroc. Voici écarté le dernier obstacle qui se dressait sur le chemin de la politique coloniale de la France. Mais l'absence d'un traité formel avec le sultan l’empêchait de consolider son contrôle sur le Maroc.

La perspective de la fin du «cauchemar marocain» fut accueillie avec un optimisme débordant par la presse juive francophone: «Les Marocains livrés à eux mêmes n'auraient certes pas manqué d'inaugurer de nouveaux exploits par un pillage en règle et un massacre des Juifs. Tandis qu'aujourd'hui, sous l'égide tutélaire de la France, ces pauvres Juifs si odieusement traités vont pouvoir se redresser dans cette humanité d'où l'intérêt, l'intolérance et la haine ont cherché à les expulser».

Pour Lyautey, la France devait rétablir l'ordre en s'entendant avec les tribus séditieuses désireuses de se débarrasser du joug d'un pouvoir tyrannique. Convaincu que la prise de Fès, la capitale impériale, mettrait fin à «l'anarchie marocaine», il incita le gouvernement français à s'engager plus avant, avec un minimum de troupes et à instaurer le protectorat du Maroc.

Escorté par le général Moinier, Henri Regnault, ministre de France à Tanger et diplomate accrédité, arriva à Fès le 24 mars 1912, avec pour mission d'imposer au sultan le texte du traité de protectorat qui déléguerait ses pouvoirs aux autorités françaises. Lors de l'arrivée de la délégation française «la population juive nous fit un accueil enthousiaste et ses orchestres nous gratifièrent de l'air de la "Mère Michel" qui passait alors au mellah pour notre hymne national!». Au bout d'une semaine de travail le ministre français obtint le célèbre traité, le 30 mars 1912. Sous la pression de cinq mille soldats français qui campaient sous les murs de son palais, Mawlây al-Hâfid signa le traité qui consacra officiellement le protectorat français sur le royaume 'alawite, conférant toute autorité au Commissaire Résident Général. Ce dernier représentait le gouvernement français auprès du chérif.

[1] Eugène Louis Georges Regnault (1857-19??) occupa des postes diplomatiques successivement en Tunisie, en Grèce et en Suisse. En 1906, il assista comme délégué français à la conférence d'Algéciras, avant d'être nommé ministre plénipotentiaire à Tanger.

   Abraham Bouhsira, «La communauté juive de Fès», thèse de doctorat de sociologie, Université de Strasbourg, 1997.

  • Résumé

A travers l'exemple d'une communaute juive marocaine millenaire – la communaute de fes – nous avons tente d'analyser le phenomene d'evolution culturelle, sociale et politique des juifs marocains sous le protectorat francais (1912-1956). La premiere partie de cette etude consiste en une description de la societe traditionnelle du mellah de fes : la mise au ban des juifs dans un quartier separe, leur statut politique en terre d'islam, les structures communautaires, la vie familiale et sociale, les moeurs et les rites. Nous nous sommes ensuite attaches a comprendre comment s'est faite l'evolution de cette communaute au contact de la societe coloniale. Nous avons etudie, dans un premier temps, les evenements historiques et les changements pendant la periode pre-coloniale (1870-1912), de maniere a degager leur signification comme indices de changement et leur impact sur ce phenomene. Dans un second temps, nous avons analyse deux facteurs de l'evolution dans la periode du protectorat. L'un est d'ordre economique : les mutations professionnelles; l'autre est d'ordre politique : la seconde guerre mondiale. Nous avons recherche les interactions de chacun de ces evenements sur les differents aspects du processus d'evolution. Nous avons ainsi mis en evidence la complexite d'une mutation sociale de ce type qui a provoque, en l'espace de quelques decennies, l’emancipation d'une societe regie par un ensemble de lois et de coutumes forgees a travers plusieurs siecles. La documentation que nous avons utilisee pour notre etude est inedite et provient, pour l'essentiel, de fonds documentaires internes a cette communaute. Elle permet de comprendre comment a ete vecue l'evolution par les differentes couches de la societe juive de fes.

Il exercerait les pouvoirs de la République française au Maroc et veillerait à l'application du traité. La France respecterait la religion musulmane et le statut de Sa Majesté chérifienne. De son côté, le sultan acceptait le droit de la France de stationner ses troupes sur tout le territoire marocain. En outre, la France administrerait la sécurité civile et les affaires de police du Maroc sur terre et sur mer. Sur proposition du gouvernement français, le sultan ou toute personne investie de son autorité, pouvait donner les ordres nécessaires au fonctionnement de son administration.

En échange de son assentiment, le sultan, conscient du climat agité, exigea que le traité fut maintenu confidentiel jusqu'après son départ de Fès pour le refuge de Rabat.

Suite à des indiscrétions, la nouvelle s'ébruita presqu'aussitôt et parut même dans la presse française. Lorsque la population fut mise au courant de la signature du traité:

Ce fut une consternation générale. Le traité du Protectorat était considéré comme un acte de vente, et toute la ville, depuis les chorfas et les oulémas jusqu'au dernier des bakkal [marchands de légumes] réprouvait la transaction par laquelle l'imam, le Commandeur des Croyants, élevé sur le pavois quatre ans auparavant comme Sultan du djihad, avait «vendu» aux chrétiens une partie de dar al-islam. Un calme lourd de menaces pesait sur la ville, mais les signes précurseurs de l'orage n'étaient encore perceptibles parmi les Européens, que pour les rares initiés à la vie intime de la capitale.

 Dès le dimanche 31 mars 1912, Hubert Jacques avait annoncé dans Le Matin, 10260, p. I, la signature par le sultan du traité du protectorat français sur le Maroc, avant même que le gouvernement français n'en soit informé. La nouvelle est répercutée dans la presse yiddish. Le Lodzer Tageblatt du 23 avril 1912 (paru en fait le 6 mai) titre en première page: Sultan Mulei Hâfid zogt zikh ob fun tron (Mawlây al-Hafïd renonce au trône). Voir illustration 4.

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