II semble bien que le regne d'Hassan Ie se deroula dans une conjoncture cruciale. Quel homme etait-il?

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II semble bien que le regne d'Hassan Ie se deroula dans une conjoncture cruciale. Quel homme etait-il?

Hassan Ie etait dans sa trentaine lorsqu'il devint sultan. Ce fut un monarque pieux et bien intentionne ainsi qu'un erudit litteraire. Dans ses palais de Fes, de Meknes ou de Marrakech, des copistes s'affairaient a recopier d'anciens ouvrages. Lors de ses voyages, des copistes l'accompagnaient au cas ou un manuscrit rare tomberait entre leur main. Un harem considerable l'accompagnait egalement durant ses deplacements. Bien que 1'autorite du Makhzen ne s'etendit pas sur 1'ensemble du territoire, les recours au monarque trouvaient bonne oreille aupres du sultan Hassan Ie. Les visiteurs etrangers s’emerveillaient devant sa courtoisie et son affabilite extremes.

Hassan Ie tint a se montrer equitable envers ses sujets Juifs. II admonesta le gouvemeur de Tetouan pour 1'inciter a agir mieux envers les Juifs : « Observe une bonne conduite envers les Israelites. Conduis-toi a leur egard de la meme facon qu'avec tes administres musulmans. » Les Juifs etaient convaincus que le sultan etait anime d'un grand esprit de justice envers les demandes qui lui etaient adressees. On rapporte qu'un des fils du sultan s'etait endette outre mesure aupres de negociants juifs. Lorsque ces derniers le firent savoir au sultan, ce dernier demanda a ce qu'ils affirment sous serment a la synagogue qu'ils disaient la verite. Ce dont. II paya la dette de son fils rubis sur ongle. Dans un pays regi par la dhimma, ou le temoignage d'un Juif n'est pas considere valide, un tel comportement ne manqua pas de laisser un souvenir emu chez les Juifs du Maroc.

Hassan Ie fut un sultan actif qui realisa d’emblee que son autorite etait faible. On lui attribua la declaration: « Je serai empereur, meme si je regne sur des cadavres et des mines en flamme. » Son regne ne fut pas de tout repos. II sillonna le pays pour contenir des revoltes. D'abord dans le Rif, puis a Marrakech, puis a Oujda ou son harem fut capture. En 1878, la combinaison de la secheresse, de la famine et de l'epidemie du cholera contribua a la sedition. Dans les annees qui suivirent, le pays etait a bout de ressources. Bien que la convention de Madrid ait tente de mettre un terme aux abus de la protection consulaire, elle ne fut pas respectee. Ladite protection octroyee a un nombre croissant de personnes relativement nanties donnait droit a une exemption d'impots. Cela contribua a degamir encore plus le tresor public. L'anarchie et la peur des agents du Makhzen pousserent bien plus de citoyens a rechercher la protection consulaire. Par la suite, Hassan Ie reprima une revolte dans le Haut-Atlas, dans le Rif, puis dans diverses regions du pays. II fit deux expéditions militaires au Sous en 1882 et en 1883 afin d'y mater les rébellions sécessionnistes avec des résultats qui n'eurent pas d'effets durables. Il fonda la ville de Tiznit afin de faire concurrence à la ville dissidente d'Illigh par laquelle transitaient les caravanes commerçant avec l'Afrique noire. Puis ce fut au tour de la région du Tadla de se soulever. Sa dernière expédition dans le Tafilalet fut un désastre. L'armée souffrit de pertes énormes en raison de la chaleur torride et du manque d'eau. Plus des deux tiers du corps expéditionnaire de 40 000 hommes périrent. À son retour en 1894, il dut verser une indemnité de 650 000 livres sterling, réclamée par l'Espagne, à la suite d'incidents impliquant des Rifains.

Hassan Ie tenta, autant qu'il le put, d'éviter la modernisation du Maroc et n'accepta franchement la collaboration des Européens que lorsque celle-ci fut d'ordre militaire. Une mission militaire française fut invitée pour former des troupes aux frais du sultan. Ceci fut plus ou moins respecté en ayant recours à des équipements militaires dépassés. Cette mission militaire passa la majorité de son temps à faire des relevés topographiques et à recueillir des informations qui allaient servir à l'invasion du pays.

Hassan Ie dut maintenir l'équilibre entre les tendances à la révolte en pays berbère et celles de la pénétration des Européens. A la recherche d'appuis diplomatiques, il envoya une première délégation à Berlin en 1878 et une seconde en 1889. Il dépêcha une délégation marocaine au Saint-Siège en 1888 à l'occasion du jubilé sacerdotal du pape Léon XIII. En posant ce geste diplomatique, il pourrait avoir surestimé l'importance politique du Saint-Siège sur les pays d'Europe. Ses efforts ne parvinrent qu'à retarder la mainmise des Européens sur son pays et tant lui que son entourage demeurèrent impuissants face à cette adversité sur laquelle il n'avait que très peu d’emprise.

Il décéda en 1894. On cacha sa mort de façon à faire accepter l'héritier Abdelaziz aux notables réunis sans connaître l'objet de la rencontre. Le grand vizir Ba Ahmed agit comme régent. À sa mort en 1900, le jeune sultan Abdelaziz, alors âgé vingt ans, prit les commandes du pays.

En regard de l'instabilité au Maroc, l'historien Henri Terrasse écrivait en 1950 dans l'ouvrage Histoire du Maroc : « Le Maroc chérifien, prisonnier de son passé, ne faisait que prolonger ses traditions séculaires – sans excepter les plus nocives – et restait incapable de les dépasser. Dans ce pays divisé contre lui-même, la politique extrêmement conservatrice du Makhzen et la xénophobie des masses ne s'accordaient qu'en une volonté obstinée d'isolement. Le renouvellement ne pouvait venir que d'une force et d'une volonté étrangères au pays.»

II semble bien que le regne d'Hassan Ie se deroula dans une conjoncture cruciale. Quel homme etait-il?

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