L'esprit du Mellah-J.Toledano
L'esprit du Mellah – Joseph Toledano
Humour et folklore des juifs du Maroc
A la mémoire de Rabbi Yedidia et son fils Abraham qui :
S'ils avaient pu jusqu'à ce jour vivre
Auraient mieux que moi ecrire ce livre
Ida biad el a 'bid — Si l'esclave blanchit —
khal sa'd moulah Le sort de son maitre noircit
Negre et esclave etaient des mots interchangeables dans l'arabe dialectal marocain.
L'expedition du Soudan en 1519 se solda par une grande razzia et le transfert au Maroc de milliers de negres reduits a 1'esclavage, a tel point que negre devint synonyme de a'bid, esclave. C'est d'ailleurs avec les descendants de ces esclaves que Moulay Ismael forma sa terrible Garde Noire qui existe jusqu'a nos jours, apres avoir perdu son caractere guerrier au profit de l'apparat.
Les esclaves etaient autrefois vendus sur la place publique mais les Juifs n'avaient pas part a ce commerce. En effet ces esclaves etaient convertis a l'lslam et un Juif ne peut disposer d'esclave musulman. C'est donc un proverbe tire du folklore de la Medina et qui n'etait employe au Mellah que dans son sens figure. Ce proverbe trouva une application inattendue quelques siecles apres sa creation.
QU'ELLE ETAIT BLANCHE MON INDEPENDANCE
Le Maroc avait ete un des premiers pays a envoyer un contingent au moment des emeutes du Congo dans les annees soixante. On raconte qu'un blond berbere de ce contingent montait la garde lorsqu'un citoyen de la nouvelle republique s'approcha et voulut lier conversation avec lui:
— Toi d'ou tu viens?
— Du Maroc.
— Maroc, ou ca Maroc?
—En Afrique du Nord.
Le citoyen le scruta attentivement et ajouta:
—Et vous etes independant? Depuis combien de temps?
—Dix ans! Et deja vous etes devenus blancs . . . !