LE STATUT DU POETE DANS LA COMMUNAUTE
LE STATUT DU POETE DANS LA COMMUNAUTE
Dans la communauté juive de Meknès, David Ben Hassine jouit d'une position sociale respectable, par suite de son érudition, et de son mariage. De commerce agréable, il aime ceux qui l'entourent. De son côté, il est entouré d'amis, dont, à Meknès, le dayyan Moshé Tolédano, Ya'aqov Delouya et Elisha' 'Atiya, "un homme selon mon coeur, … le confident de mes secrets", et, à Tétouan, le dayyan Yéhouda Aboudarham.
Une légende rapporte que l'un de ses amis, Rabbi Hayyim Pinto, le saddiq de Mogador, aimait chanter en sa compagnie. Aussi, tous les vendredis soir, David Ben Hassine se retrouvait miraculeusement dans la ville de Mogador, à six cents kilomètres de Meknès, et les deux chanteurs "passaient la nuit à louer l'Eternel". Rabbi Hayyim Pinto assurait à son ami que son épouse ne s'apercevrait pas de ces absences mystérieuses!
- Légende imprimée au Maroc sur une feuille volante, sans indication de date (Collection André Elbaz). Une amitié entre Rabbi Hayyim Pinto, mort en 1845, et David Ben Hassine, né en 1727, semble peu plausible.
David Ben Hassine compte également, parmi les amis qu'il affectionne particulièrement, les rabbins Zikhri Ben Messas et 'Amram Diwan, l'éminent émissaire de Hébron, auquel il consacre un piyyout, puis une élégie, dans lesquels il brosse un portrait émouvant de ce rabbin de Hébron, bien avant que la vénération des pèlerins juifs marocains ne l'ait transformé en un saddiq légendaire.
- אערוך שיר מהללי״" et אזיל דמעה״". Peu de temps après, Shélomo Halewa, poète meknassi disciple de David Ben Hassine, parle des pèlerinages sur la tombe de Rabbi 'Amram Diwan, qui a déjà acquis le statut de saddiq (Ms. J.T.S. 8578, 134a).
Le poète s'attache à 'Amram Diwan entre 1773 et 1781 lorsque ce dernier est forcé de séjourner à Meknès, par suite des guerres de tribus incessantes qui sévissent autour de la ville. Zikhri Ben Messas organise alors dans sa propre maison une yéshiva où les trois amis étudient avec d'autres rabbins, parmi lesquels Mordekhay, le fils de Zikhri Ben Messas, et Mordekhay Asaban, sous la conduite du savant rabbin-émissaire de Hébron.
״נתעוררו מלחמות גדולות בין שבטי הפלשתים, אודות שר גדול שנמצה הרוג הוא ושני עבדיו, בפרשת דרכים, ואז נסגרו כל הדרכים, אין יוצא ואין בא, ונשאר הרב [עמרם דיוואן] מתאכסן בבית מרז [מורי זקני זכרי בן משאש], משך שמנה שנים, כל ימי משך המלחמה, ומרז קבע לו ישיבה בביתו, ויום יום היו רבני העיר וחכמיה באים ללמוד עמו, והקבועים תמיד היו מרז, ובנו מוהר"ר [מורנו ורבנו הרב רבי] מרדכי הצדיק, והרב המשורר המפורסם כמוהר׳ר [כבוד מורנו ורבנו הרב רבי] דוד בן חסין זצ׳ל [זכר צדיק לברכה], והרה׳ג [והרב הגדול] מוהריר מרדכי אצבאן זצ׳ל. ונמשך הדבר עד חדש אביר [אב רחמן] שנת התקמ׳א, שאז שקטה הארץ, והתחילו השיירות לנסוע ממקום למקום, ואז מרז הניז [הנזכר] עמד ומכר כל נכסיו, ונסע הוא וביתו עם רב עמרם הנ׳ז לפאס, ומשם יעלו אל הארץ על דרך אלגיריין.״ אוצר המכתבים רבי יוסף משאש זצ"ל
Par suite de son grand prestige, Rabbi 'Amram Diwan contresigne, pendant son séjour à Meknès, les décisions halakhiques des dayyanim de la ville.
Ainsi, pour ses contemporains, David Ben Hassine n'est pas seulement un poète. C'est aussi un hakham, un sage, qui consacre une partie de son temps à l'étude. Le poète trouve ses joies les plus grandes dans l'étude de la Thora, à laquelle il consacre toute une série de piyyoutim Son voeu le plus ardent, c'est que ses "enfants chéris … observent les misvot de Dieu", et que son fils Aharon "étudie la Thora d'une manière désintéressée". C'est à cette époque qu'il rédige les exégèses, aujourd'hui disparues, auxquelles il fait lui-même allusion, et que mentionnent également diverses autorités rabbiniques.