Histoire des juifs de Safi-B. Kredya
PAGES DE L'HISTOIRE DES JUIFS DE SAFI
L'histoire des juifs de Safi (Maroc) est aussi ancienne que la ville elle-même. Malheureusement, peu d'écrits lui ont été consacrés. Brahim Kredya, historien amoureux passionné pour sa ville, tente de relancer la recherche dans ce domaine. Il ne cesse de piocher dans les rares manuscrits disponibles et incite les chercheurs à suivre son exemple
Le roi du Portugal, Emmanuel, consentit aux juifs de Safi d'origine iberique de ne pas les obliger a se faire chretiens, et dans le cas ou leurs agissements meriteraient leur expulsion, il leur accordait un delai de deux ans durant lesquels ils pouvaient emporter ce qu'il voulaient de leurs biens et de leur argent. II leur reconnut egalement beaucoup de leurs droits religieux et juridiques et les obligea a payer une taxe dont le montant etait precisement fixe. Cette toleranee religieuse fut sans doute dictee par deux considerations : la premiere consistait a gagner la confiance de ces juifs pour faire profiter les occupants de leurs connaissances et de leur habilete dans le commerce, les finances et le renseignement ; la seconde residait dans le renoncement du Portugal a chasser les juifs hors de leur pays, apres qu'il eut constate l'enormite des pertes economiques qui suivirent sa blamable politique de haine. Le gouvernement leur promit aussi de ne plus controler leurs pratiques religieuses.
3.- La collaboration des juifs avec les Portugais leur assurait des interets et des avantages. Parmi les faveurs que la famille Ben Zmirro recueillit aupres des Portugais, on notera :
- L'exclusivite de la production et de la vente de grandes quantites de tissages en laine (vetements, hai'ks, couvertures et burnous…) pour le roi du Portugal et pour les commcrgants portugais.
- La mainmise sur la vente de l'indigo servant a teindre les tissus, apres avoir obtenu l'accord du roi portugais pour le commercialiser, non seulement dans les Doukkala, mais dans le Maroc entier. En cette epoque, l'indigo representait une marchandise precieuse, a tel point que le roi l'utilisait parfois en guise de salaire pour ses soldats et ses fonctionnaires.
La charge donnee a cette famille pour " recolter les impdts a Safi " et le privilege accorde de recouvrer les droits des douanes au port de Safi, avec des associes portugais contre le versement d'un bail fixe en 1520 a 165.000 rials.