Joseph Dadia L'Ecole de l'Alliance de Marrakech Historique

  1. M.Danon écrira plusieurs lettres au Comité central de l'A.I.U, où il décrit la misère dansALLIANCE toute son horreur de la majorité des juifs du mellah de Marrakech, loqueteux et sales. Il dénonce en même temps la ladrerie d'Y. Corcos à l'égard des établissements scolaires de l'Alliance qu'il tolère mais ne fera rien pour leur installation. « Des gens tels que Y. Corcos, écrit-il le 19 janvier 1911, millionnaire dit-on, président de la Communauté et pouvant payer au moins 20 francs pour son fils unique ne paye que la modique somme de 3 frs 60 ». Dans ce même message à l'A.I.U., Danon se lamente et vitupère contre l'autoritarisme intransigeant dans la conduite des affaires du mellah : « Ce qui est à déplorer dans notre ville, c'est la mauvaise organisation de la Communauté. Aucun contrôle n'intervient dans son administration et le maître qui est encore M. Josué Corcos fait ce que bon lui semble ».

Voici quelques détails de sa lettre : Les belles et grandes maisons du mellah, bien bâties, appartiennent à quelques notables. M. Corcos est propriétaire de toutes les maisons formant deux rues assez longues. Les autres juifs habitent dans une chambre louée de 2 à 3 frs par mois. Là s'entasse une famille le plus souvent nombreuse, avec des enfants en bas âge à peine couverts, croquant en pleurant un morceau de pain sec. Dans les rues à chaque pas, on rencontre des tas d'ordures d'où s'en dégagent des odeurs nauséabondes. Des mendiants juifs parcourent le mellah toute la journée. L'école est située dans la rue « des riches », le spectacle de cette misère est souvent offert au regard du directeur. Le vendredi, c'est une procession sans fin. Le samedi matin, des femmes en groupe de vingt à trente vont de maisons en maisons et avec des cris assourdissants réclament le « hobbs dé sebbss », le pain du samedi. La même misère règne à l'école. Par suite du retard mis à l'envoi des fonds pour l'habillement des enfants nécessiteux, il y a dans les petites classes des enfants à peine couverts d'une chemise. Ils sont autorisés à s'absenter un jour par semaine pour la faire laver parce que cette chemise est leur unique pièce d'habillement.

De nouveaux événements politiques vont troubler la marche de l'école et elle sera fermée encore une fois. Le fils du marabout Ma el-Aïnin, Ahmed el-Hiba, surnommé le sultan bleu, se fait reconnaître sultan à Tiznit. Il entre à Marrakech avec ses guerriers berbères le 18 août 1912 et s'y fait proclamer sultan. Les troupes d'el-Hiba sont dispersées par les soldats français, qui entrent à Marrakech le 7 septembre. Le colonel Mangin et sa colonne sont accueillis sur la place Djemaa el Fna par les élèves de l'école de l'Alliance qui chantent « La Marseillaise », malgré l'absence Directeur, réfugié à Tanger. En octobre 1912, le général Lyautey entre au mellah. L'école de l'Alliance est toujours fermée. Le président Corcos, accompagné des notables, ouvre l'école pour la circonstance et convoque les élèves. Le directeur n'est pas encore rentré. En son absence, c'est Mardochée Amzallag, le meilleur élève de l'école, qui reçoit les visiteurs et récite un compliment au général.

Remarque ; Louis Botte : Au cœur du Maroc, Hachette, 1913, p.199-200 : « Mais quand nous arrivons au mellah, c'est un tout autre spectacle. L'enthousiasme est délirant. Tous les juifs sont là… ils se poussent, se bousculent et s'écrasent contre les chevaux qui ruent. Les bravos crépitent. Du haut des terrasses, les femmes accrochées en grappes vivantes, et comme ivres, miaulent leurs you-you prolongés, assourdissants, énervants. Des centaines de mains s'agitent, claquent, ou font le salut militaire. Des apostrophes se croisent : « Content de te voir, monsieur ! – Monsieur, Vive la France, » Pendant tout le temps du défilé, ces juifs manifestent une joie indescriptible. Ils exagèrent. »

En 1912, un petit noyau des élèves de l'Alliance fournit un contingent de secrétaires, d’employés, de comptables et d'interprètes. Ils furent les aides précieux de la pénétration française au Maroc.

En 1913, il y avait 309 élèves à l'école, dont 100 payants.

 La guerre de 1914 éclate. En 1915, M. Danon est muté à Safi. Le nouveau Directeur de l'école est M. Isaac Soussana, originaire de Mogador. La Directrice est sa belle-sœur, Mme Wanda Soussana. En 1918, l'école ferme pour des raisons financières et les directeurs quittent Marrakech faute de maîtres suffisants. De plus, il est devenu très difficile de communiquer avec Paris en raison de la guerre.

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