La communauté Juive au Maroc. Conditions matérielles : Occupations, principales professions

La communauté Juive au Maroc.

  • Conditions matérielles :

 Occupations, principales professions

Les professions libérales n'existaient pas pour ainsi dire au Maroc, ni avocats, ni docteurs, ni ingénieurs. On trouvait bien quelques plaideurs auprès des Rabbins-juges (les tribunaux rabbiniques ne sont apparus qu'avec l'occupation française). Les guérisseurs et les petits entrepreneurs n'existaient pas encore. La profession la plus importante était le négoce.

Mogador-hiloula

Hiloula de Rabbi Chimone Bar Yohay à Mogador, 1934. (Site Mogador – Haïm Melca) On peut reconnaître : debouts de droite à gauche : (-), Pinhas Serfaty, Chimone Benhamou, Joseph Bohbot, Mimoun Besmihen et Joseph Bensmihen – le bras sur l'épaule du précédent, Méir Sebag, Samuel Levy-Corcos en chapeau gris, Joseph Reboh, Avraham Mamane (chapeau noir). Assis de droite à gauche : Mme Lévy (l'institutrice ?) Le Rabbin Yossef Melca,2Mr Lévy. Assis parterre : Aharon Elmoznino.

Les Juifs avaient acquis le monopole du commerce par la force des choses. Le Sultan et les gouverneurs avaient besoin d'eux parce qu'ils savaient entretenir des relations commerciales avec les pays étrangers, ils leur donnaient toute latitude pour exercer cette profession, presque exclusivement et librement. Ils savaient que lorsqu'ils auraient besoin d'argent, ils le trouveraient chez les Juifs.

D'un autre côté, les Européens ne pouvaient pas rivaliser car ils n'avaient pas accès au Maroc, surtout pas aux villes intérieures. Les Arabes ne pouvaient pas non plus exercer cette profession car celui qui l'exerçait était supposé être riche, et par conséquent pouvait être dépossédé par le Pacha ou le gouverneur sous un prétexte quelconque. Les Juifs, eux, étaient protégés par les nations étrangères.

Sources de gagne-pain

Les citadins

On distinguait deux genres de citoyens : les citadins et les villageois. Les citadins se divisaient également en deux catégories : ceux des villes côtières et ceux des villes intérieures. Les villes côtières abritaient les grands négociants, les commerçants et les boutiquiers, l'artisanat partiel, tel que les bijoutiers, les savetiers, les peintres en bâtiment, les ferblantiers-vitriers (cela allait de pair), les fabricants de cire d'abeille et de bougies, les tailleurs indigènes. Voilà pour les hommes. Les femmes, elles, faisaient de la couture indigène à la maison, de la fabrication de boutons, de la filature de soie et de laine, de la broderie à fils d'or et d'argent.

Toutes ces activités occupaient une grande partie de la population. Chaque corporation employait un intermédiaire entre les fournisseurs et les consommateurs.

Ainsi, chaque commerçant ou négociant était entouré de courtiers attitrés ou indépendants, dont le rôle consistait à faire l'intermédiaire entre le vendeur et l'acheteur, surtout entre Arabes et Juifs et vice-versa. Le courtier pouvait être ou acheteur ou vendeur ou remplissait les deux rôles à la fois. Les Arabes ne savaient pas acheter ou vendre une marchandise sans l'aide d'un intermédiaire juif.

Parmi ces courtiers il y en avait qui étaient riches et qui achetaient la marchandise pour leur propre compte et la revendaient de même. Ils étaient bien connus à la campagne et en ville. Parfois, eux-mêmes employaient d'autres intermédiaires. L'état de ces courtiers variait, suivant la marchandise, la clientèle, la situation sociale, depuis les gagne-petit jusqu'aux riches vivant fastueusement.

L'ensemble des portefaix formait une corporation qu'on pouvait considérer comme faisant partie du commerce.

Les moyens de locomotion et de transport n'étaient pas développés, même jusqu'à la veille de la première guerre mondiale. On transportait donc les marchandises à dos de chameaux (dromadaires plutôt), de mulets, d'ânes et surtout à dos d'hommes pour les petites distances comme du magasin au port.

Avec les portefaix il faut compter aussi les emballeurs de la petite industrie, c'est-à-dire pratiquant le conditionnement des marchandises, telles que les peaux de chèvres, de moutons, de bœufs.

Le marché des peaux de chèvres occupait au moins cinquante pour cent de la population. Pour vous faire une idée du nombre d'ouvriers spécialisés dans ce commerce, prenez l'itinéraire du bétail depuis sa sortie de la bergerie jusqu'au moment ou pour finir, la peau devenait cuir et voyez le nombre de personnes nécessaire pour arriver au produit final. Suivez sa route vers l'abattage. Aussitôt l'animal égorgé, on lui enlevait la peau, qu'on soumettait ensuite à une préparation spéciale qui permettait de la préserver. Ajoutez à cela toutes les manipulations qu'il fallait faire pour la transporter en ville, puis sur le marché, la faire ramasser par les petits acheteurs, la vendre aux marchands en gros, la revendre aux petits acheteurs et les nouvelles préparations pour la livrer sur place à l'industrie locale ou pour l'expédier en Europe. Puis toutes les manipulations nécessaires pour la porter sur les bateaux.

L’emballage des peaux en lui-même occupait un grand nombre d’employés spécialisés. Le conditionnement des marchandises nécessitait l’emploi de travailleurs divers.

Le Maroc étant riche en produits très rares et le fait que les machines n'étaient pas encore utilisées, permettaient à un grand nombre de Juifs de vivre et de travailler sans spécialisation comme dans la vente d'amandes douces et amères, d'amandes de noyaux de divers fruits, prunes, abricot, pêches, de graines de cumin, de gommes de plusieurs sortes, dont la gomme sandaraque très particulière au sud marocain et surtout à Mogador. La gomme sandaraque nécessitait des soins très méticuleux et avait plusieurs qualités, très utiles dans la haute industrie depuis les vernis et même jusqu'aux gaz asphyxiants. Une autre occupation des Juifs non qualifiés était la vente de céréales qui demandait des soins très importants également. La liste de tous ces produits serait très longue.

La corporation des comptables était également très active et enviable. La comptabilité ne s'apprenait pas à l'école, je crois qu'elle a été importée au Maroc par les Juifs européens ou par les fils de familles qui allaient faire des stages dans des maisons de commerce en Europe, à Londres, Hambourg et Amsterdam.

Un comptable dans une grande maison vivait sur le même pied que son employeur si ce n'était plus haut. La comptabilité en Judéo – Arabe était plus compliquée qu'en Europe.

Chaque marchandise se traitait dans des conditions variables, l'une de l'autre. L'unité de poids et mesures changeait pour chaque produit. Un petit exemple : le quintal se convertissait en Kentar. 

quintaln. quintal (unité de mesure – masse de 100 kg)

Le Kentar n'était pas le même pour chaque marchandise, le cumin se vendait par sac de cinquante kilogrammes, celui de sucre par sac de cinquante-quatre kilogrammes, le thé par le Kentar anglais, la cire d'abeille par quatre-vingt kilogrammes, la sandaraque par cent soixante-seize kilogrammes etc.,… Comme on faisait le commerce avec les pays européens, le change occasionnait des opérations de calculs compliquées. Il fallait compter avec le hassani (monnaie locale), le franc, la livre, la peseta etc. De sorte que le comptable devait faire face à de vrais problèmes rapidement en faisant attention à ne pas se tromper, car il était difficile de donner l'argent à l'indigène et de le lui reprendre ensuite, même si l'erreur était flagrante. Le rôle donc du comptable était assez délicat et il avait une grande responsabilité. Après l'arrivée des Européens et surtout des Français, le rôle de comptable était devenu encore plus important, comme je l'expliquerai plus loin. Voilà pour les citadins.

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