Ma mère, la bienfaitrice Fulgurances colorées-Joseph DADIA

« Les mariages mixtes »

La Tora nous a enseigné de ne pas avoir des liens de famille avec les membres des sept peuplades cananéennes : « … Tu les voueras à l’anathème, tu ne concluras pas d’alliance avec elles, tu n’en auras point pitié. Tu ne t’allieras point par mariage avec elles : tu ne donneras pas ta fille à leur fils, et tu ne prendras pas leur fille pour ton fils, car cela écarterait ton fils de derrière moi et il servirait d’autres dieux ; alors s’enflammerait contre vous la colère de Yahvé et Il t’anéantirait bien vite », cf. Deutéronome 7 : 2-4  et Exode 34 : 14-16.

Les peuplades cananéennes étaient des idolâtres, et l’idolâtrie était considérée comme une « prostitution » parce qu’elle s’adresse à un dieu autre que Yahvé, cf. bible Osty page 212 et page 385.

La Tora prévoit le cas particulier du mariage d’un juif avec une belle païenne qui se convertit soit volontairement soit par contrainte au Judaïsme, cf. Deutéronome 21 : 10-14. Il s’agit d’une captive en cas de guerre volontaire par Israël contre des peuples non cananéens. Rachi nous enseigne que ladite captive peut être une descendante de l’une des anciennes peuplades cananéennes. Il est question ici d’une femme bien faite de corps dont le guerrier juif s’éprend. Le chanoine Osty explique que « la prescription sur le mariage avec une captive, propre au Deutéronome, se rattache à celles sur la conduite de la guerre, cf. ch. 2) et se remarque par son esprit de tolérance et de modération. […] Les prescriptions des versets 12-13  symbolisent l’abandon total du milieu d’origine et le changement de condition de cette femme qui d’esclave devient épouse », cf. bible Osty, page 410. Cf. Babli Hullin 109b : l’avis donné sur ce point par Yalta l’épouse de Rab Nahman Bar Ya’aqob. Yalta, fille de Raba Bar Abhou, appartenait à une famille riche très renommée. Yalta connaissait les principes de la Tora et savait les commenter en donnant son avis. Ainsi, à titre d’exemple, elle disait que Dieu nous a interdit d’épouser une non-juive, mais Il nous a autorisés  à épouser une non-juive qui est belle. Un autre exemple : elle savait que l’on ne pouvait pas manger de la viande d’un quadrupède avec du lait. Elle avait envie de manger de la viande avec du lait. Son mari lui indiqua qu’elle pouvait manger le pis de la vache une fois la mamelle grillée.

Rab Nahman Bar Ya’aqob a été le disciple de son futur beau-père.

Il s’agit de deux amoraim en Babylonie, dans les années 250-290 de l’ère courante. Cf. Babli Baba Batra 46b ; Babli Yebamot 80b.

La Tora, par le texte susvisé du Deutéronome, nous inculque les principes qui gouvernent la conversion à la religion juive. La personne qui se convertit au Judaïsme est considérée comme un petit enfant qui vient de naître.

Il serait intéressant de lire et de méditer ce que dit sur ce point Rabbi Moché ben Nahman, Ramban, (1194-1270).  Il n’est pas demandé à la captive si elle entend se séparer d’elle-même de son culte et de se convertir au Judaïsme comme les prosélytes, mais le mari l’oblige d’observer scrupuleusement les prescriptions du Judaïsme. Il déduit cet enseignement de ce qui est écrit dans Deutéronome 21 : 12-13 : « Alors tu l’amèneras dans l’intérieur de ta maison. Elle se rasera la tête et se fera les ongles. Elle quittera son vêtement de captive, elle habitera dans ta maison et pleurera son père et sa mère pendant un mois. Après cela, tu iras vers elle, tu l’épouseras et elle sera ta femme ».  

« Elle pleurera son père et sa mère », c'est-à-dire qu’elle quitte son peuple et ses idoles. Elle est endeuillée car elle quitte son culte en s’intégrant à un autre peuple. Cf. Babli Yebamot 48b ; Sifré péricope Ki Tétsé 213.

Elle pleure parce qu’elle peut penser que ses parents sont morts dans la guerre. Le fait de pleurer va lui permettre de retrouver son calme,  une tranquillité  d’esprit, en se départant  de son chagrin (Maïmonide). La Tora recommande au mari de ne pas l’empêcher de pleurer son père et sa mère et d’être en deuil pour eux (Eben Ezra).

En général, il arrive qu’un juif rompt  avec les commandements de Yahvé, pour une raison ou une autre, sans pour autant s’assimiler à la société dans laquelle il vit ou contracter un mariage mixte.

Il arrive aussi à un juif de ne plus pratiquer les commandements de la Tora, de s’assimiler à la société dans laquelle il vit, allant jusqu’à épouser un conjoint non-juif.

Ce conjoint non-juif épousé par un juif peut être le meilleur du monde par sa gentillesse, par son intelligence, par son comportement irréprochable, ses valeurs, sa morale, ne sera jamais considéré comme juif à défaut de conversion. La pratique du judaïsme par le juif finira par s’émousser, voire par s’éteindre. Et le garçon qui naîtra d’une union entre un non-juif et une juive portera un nom qui n’est pas juif. Mais l’enfant est juif. Va-t-il être circoncis ? Etudier la Tora ? Faire sa Bar-mitsva ? Et la chaîne ascendante jusqu’aux trois patriarches et les quatre matriarches, via le Mont Sinaï, va disparaître pour toujours. C’est bien de cela qu’il s’agit. Et les enfants assimilés  se rendent compte de cette situation vers la fin de leurs jours. Et là, regrets et regrets. Mais, c’est peut-être  trop tard.

 Personnellement, relativement à mes enfants, je ne peux ni me résigner ni accepter le fait accompli. Je peux crier et hurler, seul le vent me répondra. Dommage, mile fois dommage. Mais espérons. L’espoir relève de la foi et de l’espérance. L’avenir, seul maître en la matière, nous fixera. Nos Sages nous ont inculqué de revenir dans la bonne voie un jour avant notre mort. Mais personne ne sait exactement le jour de sa mort. En d’autres termes, ce retour un jour aura lieu chaque jour pour ne pas être surpris par la mort.

A tout cela y a-t-il une explication à donner, une raison à avancer, une cause à pointer ? Quand je regarde sur l’écran de ma mémoire mon itinéraire personnel, la chronique de ma vie, je peux isoler deux dates importantes, dans la mesure où je peux les considérer comme la genèse, voire mon anamnèse, de mon histoire personnelle. Le premier fait remonte  à octobre 1956, date de mon départ de Marrakech en Angleterre à Ramsgate dans le Kent pour y étudier au Collège de Moïse et Judith Montefiore. Le deuxième fait, et de loin le plus déterminant, est le départ définitif de mes parents de Marrakech pour Israël, en avril 1962, soit trois mois avant mon départ pour la France pour y étudier le Droit et devenir Avocat à la Cour. Dans mon esprit, une fois terminées à Paris les études en Droit, je pensais rejoindre mes parents en Israël et vivre à leur côté. Les circonstances et les vicissitudes de la vie ont décidé autrement. Je me suis inscrit à l’Agence juive à Paris pour faire ma ‘aliya, j’ai passé les examens médicaux. Une personnalité de l’Agence juive qui me connaissait me dit : « Joseph, nous avons besoin de toi en France ». Il parlait alors au militant que j’ai été, hyper actif dans différentes associations, en particulier, à cette époque, le Mouvement Oded. Il se trouve que depuis mon arrivée en France en juillet 1962, je n’ai jamais quitté ce pays. Il y a certainement d’autres évènements qui ont compliqué ma vie en France, évènements dont je ne me souviens pas. A ce jour, je n’ai jamais accepté la situation,  mais le fait est là.

Ma mère, la bienfaitrice Fulgurances colorées-Joseph DADIA

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