ארכיון יומי: 28 באוגוסט 2016


הקסידה אצל יהודי ספרד והמזרח

TEXTES

  • qsida image"al-qsida del shina" 

Cette qsida comprend vingt-trois strophes de trois vers avec toujours la même rime aba, aba etc.. L'auteur n'est pas cité mais selon la tradition il s'agit ici de Rabbi David Iflah.(14) L'éditeur est Hadida(15) de Casablanca. La même qsida (l.a dans notre collection) ne signale pas d'éditeur.

  1. 13- – La shina est un mets traditionnel chez les juifs marocains que l'on envoie au four public le vendredi et que l'on consomme chaud le samedi à midi. Voir I. Ben-Ami, Le mariage traditionnel chez les juifs marocains, Thèse de doctorat présentée à la Faculté de Philosophie de Georg-August-Universität zu Göttingen, 1967, 70 (bibliographie).
  2. 14 – Quoi qu'il en soit tous les informants interrogés affirment que cette qçida est ancienne. Une analyse linguistique sommaire renforce par ailleurs cette hypothèse.

          15 –   Joseph Lugassy de Casablanca est avec Hadida le principal éditeur des qçaïd. Il est le seul à avoir repris à Jérusalem l'édition de plusieurs qçaïd.

Les huit premières strophes décrivent les différents ingrédients qui entrent dans la préparation de ce mets. Les indications qui concernent la cuisine juive marocaine sont précieuses. La neuvième strophe décrit l'ustensile spécial dans lequel on transporte la shina au four. Cet ustensile nous dit l'auteur était joliment décoré. Les couplets suivant reprennent des louanges enthousiastes au fameux mets. L'allusion aux boissons qui accompagnent la dégustation du plat, telles que l'absynthe, le Brandy et le Cognac, la description de la marmite en émail, autant d'articles importés respectivement d'Angleterre et d'Allemagne qui étaient répandus au Maroc, surtout dans les villes côtières.

La qçida comporte une dritka (refrain chanté à une allure accélérée et figurant à la fin de la qçida) relatif au thé. Il est possible que nous soyons en présence d'une dritka qui appartient à une "qsida du thé" et non à celle de la shina.

  • "Qsida del kawi" (la qsida du souffrant)

Elle contient six couplets à rime constante aab et un refrain de même rime. L'auteur décrit sa souffrance causée par un amour violent et demande à ses auditeurs de le plaindre. La qçida est probablement ancienne. Sa fin est classique. L'auteur salue ou prie pour ses amis et exhale sa hargne à l'égard de ses ennemis.

Nous pouvons identifier l'auteur grâce à ces vers : "Mon nom est facile par les lettres.. .deux et soixante-dix et ajoute sept…" qui donnent par reconstitution le mot "Boas" qui est le nom (ou prénom) de l'auteur.

  • "Qsida delqra"' (la qsida du teigneux)

Elle est composée de quarante-huit quatrains à rime aaaB, bbbB, cccB etc. Sans nom d'auteur ni d'éditeur.

Elle relate l'histoire d'un père qui avait trois enfants. L'un était étudiant, l'autre commerçant et le troisième affligé de la teigne s'adonnait à la boisson et au Kif (poudre de chanvre indien qu'on mélange au tabac). Avant de mourrir le père partagea entre eux son bien mais leur ordonna de ne pas ouvrir une des chambres de la maison. Le teigneux dilapida très vite sa part d'héritage et ayant décidé d'ouvrir la fameuse chambre, obligea ses frères à assister à son ouverture. A sa grande surprise il ne trouva qu'une vieille "chachia", un vieux tapis et un narguilé. Il remit le chapeau et le tapis aux frères et se réserva le narguilé. Quand il commença à fumer, le narguilé lui rendit chaque fois une boule d'or. La fille du Sultan qui vit la chose réussit à le déposséder du narguilé. Il alla chez son frère qui lui remit la "chachia". Il s'aperçut qu'en mettant ce chapeau il voyait et devenait invisible pour les autres. Par ruse, la fille du Sultan s'appropria le chapeau. Il reçut du troisième frère le tapis. Quand il s'y assit, un géant apparut et se déclara prêt à remplir tous ses désirs. Cette fois ci encore, la princesse lui déroba le tapis et partant l'obéissance du géant. Sur l'ordre de la fille du Sultan le géant le jeta dans un lieu désert, bien loin de son pays. La morale de l'histoire est ici bien claire : malheureux est celui qui désobéit aux prescrip­tions des parents.

  • " Qsida di Hitler" (la qsida d'Hitler)

La qsida comprend deux feuilles dont la première page nous donne certains renseignements précieux : "cette qçida a été créée par moi, Matitiahu ben Simhon,16 sur Hitler je l'ai écrite, sur ce qu'il a fait aux juifs. Je l'ai commencée et terminée et par l'entremise du Makhzen (le gouvernement local) je l'ai publiée ; Je l'ai faite en souvenir du miracle que nous a fait le Dieu béni ainsi qu'à tout le Maroc ; Je vous prie ô lecteurs, faites attention de ne pas l'oublier". L'auteur souligne aussi, détail qui paraît dans presque toutes les qsaïd, sur quel air elle doit être chantée. Suivent ensuite quatre couplets en hébreu qui sont une louange à Dieu. La qçida proprement dite comprend trente-six quatrains à rime aaaB, bbbB, cccB etc.. Les premiers relatent l'épisode russo-allemand que l'auteur considère comme le début de la défaite des nazis. La qçida retrace la biographie d'Hitler dans des termes généraux et naïfs. Le quatrième couplet: "Son métier était seulement peintre en bâtiment, toute la journée il quémandait du travail, jusqu'à ce qu'un jour il eut l'idée de s'engager dans l'armée allemande". Ensuite suit une description assez superficielle de l'histoire de la guerre. Le trentième couplet prouve que la guerre se déroulait encore lors de la rédaction de cette qsida: "Rooswelt, Churchill et Staline, et tous leurs amis, aide les ô Dieu afin qu'ils puissent vaincre tous leurs ennemis. Un des couplets les plus intéressants a trait à la Palestine et au nationalisme juif :

Nous supplions Dieu miséricordieux

Qu'il rassemble tout Israël

Dans leur pays la Palestine

Et que nous fassions partie des affranchis.

[16] Matitiahu ben Simhon est originaire de Mogador et est actuellement en Israël. D'après le témoignage du Rabbin Meir Levy de Jérusalem, il doit être âgé de près de 65 ans.

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  1. qsida image"M'awda falhan mi kamoha 'la Hitler17 (histoire sur l'air de mi kamoha sur Hitler)

Ici aussi l'auteur qui ne donne que ses initiales Y. P. confie à ses lecteurs que son récit est de "l'histoire véridique".

L'auteur de cette qsida fait montre de connaissances plus étendues sur le sujet que celui de la précédente. Il cite plus de dates et de noms et il souligne la part de la Société des Nations ainsi que du Traité de Versailles dans le déclenchement de la guerre. La raison qui a poussé l'auteur à écrire la qsida, ainsi que d'autres sans aucun doute, fut l'apparition au Maroc de l'armée américaine le 8 Novembre 1942. Au début de la guerre certains bruits couraient que les juifs du Maroc allaient partager le sort de leurs frères de Tunisie, d'Algérie et d'Europe. Les amis du Régime de Vichy étaient nombreux au Maroc et leurs tendances antisémites n'étaient un secret pour personne.

L'auteur suit l'ordre chronologique des événements. Il fait allusion à "Mein Kampf" et au séjour d'Hitler en prison.

[1] La qsida qui s'étend sur trois feuilles comprend un préambule de quatre quatrains en hébreu, ensuite le texte qui comprend 52 quatrains à rime aaaB, bbbB, cccB etc. . Les quatrains du préambule sont semblablement rimés. L'éditeur est Hadida de Casablanca. Dans l'avertissement au lecteur, l'auteur souligne qu'il ne s'attardera pas sur les mauvais traitements infligés aux juifs, fait qui est généralement connu, mais seulement sur l'histoire générale de la guerre. L’emploi du présent dans cet avertissement laisse supposer que la qçida est composée avant la fin de la guerre, à un moment où les atrocités nazies n'étaient pas encore connues dans toute leur horreur.

  1. "Qsida desselhat"

L'apparition des américains au Maroc a certes donné lieu à de profonds sentiments de joie et de reconnaissance mais aussi a provoqué des remous dans la vie juive. Les juifs marocains, grâce à leur connaissance des langues, ont pu nourrir les rapports les plus francs avec les américains. C'est ainsi qu'ils ont pu fournir à ces derniers une précieuse main-d'oeuvre surtout dans le domaine des services. Cette franche collaboration a du reste profité aux uns comme aux autres. C'est ainsi que bien des juives ont trouvé un mari parmi les soldat américains et ont quitté le Maroc pour les Etats-Unis d'Amérique. L'auteur de la qçida se plaint ici de la mauvaise conduite de certaines femmes originaires de l'Atlas.

Méfie toi de la femme chleuh. ..

Elle est arrivée nu-pieds de sa ville

Elle a commencé à travailler à la semaine,

Vite elle est devenue patronne,

Elle a volé à son employeuse son mari. ..

La femme chleuh mariée et avec des enfants Vite elle s'est découvert la tête Elle a mis de la poudre à son visage Du vernis à ses ongles…

Dans les hôtels elle guette l'américain,

 Elle lui cligne de l'oeil et lui dit "come on"19

Et lui fixe le prix. ..

Elle s'est vite montée une garde-robe

Et possède plus de dix robes

Qu'elle a achetées à crédit.

Elle les paye avec des enlacements et des baisers

Et même aussi par des coucheries

Tu ne comprendras pas leur français

Quand elles le parlent,

 Même si tu es savant et fqih,

Mais elles se comprennent entre elles

18            La qsida traite des femmes originaires de l'Atlas marocain. Elle comprend onze quatrains à rime aaaa,       bbbb, etc. . Ici comme partout ailleurs dans cet article nous donnons une traduction la plus littérale possible.

19             Dans l'original: "caman".

  • "Qsida delmot"20

Cette qsida lue principalement dans le mois d'Eloul et jusqu'au jour de Kippour est destinée à ramener au droit chemin les juifs. L'auteur relate les souffrances que subit le mort qui a péché. En effet, l'ange demande au mort :

… As-tu étudié la Tora?

Ou t'es-tu occupé uniquement de commerce,

Et t'es-tu empêtré dans le péché…

Ils condamneront celui qui court les femmes…

La liste des péchés cités est grande : celui qui n'étudie pas la Tora, ne fait pas la charité, celui qui ment, tue, ne respecte pas les fêtes et le chabbat, ne lie pas le "chema"' etc.. L'auteur signale à la jeunesse que le retour à la bonne voie et aux bonnes actions des fils assurera le salut des parents et les mènera au Paradis.

20            "La qsida de la mort". Pour la première fois apparaît un titre en français : la chanson de la mort est donné par l'auteur, Chlomo Meir bar Eliyahu Sabah, dont nous retrouvons le nom grâce à l'acrostiche. L'éditeur est inconnu. L'air de la qsida est: "lekha Eli techukati" qu'on lit à Kippour.

  • "Qsida delbidawyat uselhat ulfassiyat felhan del qra'"21

Cette qçida est une violente critique contre la femme juive casablancaise, fassie et originaire de l'Atlas. Elles consomment du haschich, mangent du porc… et même fument. L'auteur use de beaucoup de mots français (mode, nylon, foulard, diplôme etc..)

2[1] "La qsida des casablancaises, des chleuses et des fassies sur l'air du teigneux". L'auteur est Moché Der'i qui pousse le souci jusqu'à donner son adresse personnelle. L'éditeur est Joseph Lugassy de Casablanca.

  • " Qsida 'la srab umahya"22

L'auteur décrit les méfaits du vin et de la mahia en avertissant ses auditeurs de tous les maux que subissent ceux qui abusent de l'alcool. Avec l'aide de détails historiques Mas'ud Chabbat donne l'exemple de Noé et de sa mésa­venture avec Ham alors qu'il était ivre. Il rapelle aussi l'histoire de Loth et de ses filles dont l'union, car il était ivre, eut pour résultat de créer la branche moabite et ammonite. A part les tares physiques que provoque la boisson, l'auteur s'attarde sur les conséquences du point de vue religieux et social.

La prière de l'ivrogne n'est pas exaucée

Son témoignage n'est pas valable.

Il ne reconnaît ni ses enfants ni son épouse…

La porte de l'enfer lui ouverte. ..

22             "La qçida du vin et de la mahia". L'auteur est Mas'ud Chabbat. Elle comprend 23 quatrains à rime aaaB, bbbB, cccB etc..

  1. "Qsida di ben-chochan'23

Elle relate un crime passionnel, l'histoire de la passion violente du nommé Ben-Chochan (l'auteur de la qçida?) pour une espagnole dite Maria Molena.24 Après que la femme ait abandonné son amant, ce dernier l'assas­sina. L'histoire a du faire grand bruit dans le temps. Plus tard elle a été tellement célébré que la qsida qu'elle a inspiré, longtemps à la mode, fut enregistré sur disque. D'après les témoignages recueillis, ce drame s'est déroulé en Algérie, au dix-neuvième siècle.

23  "La qsida de Ben Chochan". Ni l'auteur ni l'éditeur ne sont cités bien qu'il soit possible que le héros de l'histoire, Ben Chochan soit l'auteur de la qsida (la qsida est contée à la première personne). Elle se compose de 23 strophes avec un nombre de vers inégal. La rime est généralement croisée (ab, ab..).

24  Dans le texte "molena" au lieu de "morena" (brune).

Qsssat sidna Yossef'25

Cette qçida qui retrace l'histoire de Joseph et ses frères existe en plusieurs versions et est une des plus populaires au Maroc. A part les faits essentiels qui sont relatés plus ou moins suivant l'ordre chronologique, l'auteur anonyme présente de nombreux nouveaux détails dont certains sont pour le moins étranges. Par exemple, les frères de Joseph le battirent quand il les rejoignit aux pâturages. De l'initiative de Reuven et de celle de Juda aucune trace. Seul Naphtali est cité come celui qui a proposé de remettre la tunique à Jacob. Les Ismaélites sont ici des Arabes. L'amour violent ressenti pour Joseph par Zuleica et les détails concernant ses efforts pour se rapprocher de lui sont décrits abondamment. L'histoire se termine avec l'explication des rêves de Pharaon. Le dernier couplet se termine par cette prière :

ô Dieu ! rassemble nous dans notre pays.

 Rebâtis nous bientôt le Temple

 Et nous retrouverons notre liberté,

Nous, ainsi que tout Israël.

25  "L'histoire de notre seigneur Joseph". Dans la présente version ni l'auteur ni l'éditeur ne sont mentionnés. Le début de la qsida : bism allah (au nom de Dieu) rappelle le début de la Fatiha. Il serait intéressant de faire une étude comparée des différentes versions de cette fameuse qsida qui existe aussi en disque. Je possède personnellement deux versions orales différentes l'une de l'autre (l'une de Settat et l'autre de Boujad).

  1. " Qsida di bnat lyom 26

Elle fait partie du cycle des problèmes quotidiens qui préoccupent tant de moralistes et de censeurs de moeurs au Mellah. En effet la "vie moderne" a bouleversé les moeurs. L'auteur déplore "l'émancipation" des femmes et les met en garde contre les dangers qui les menacent.

.. . Cheveux coupés, mode européenne

Et du rouge aux lèvres et du khol…

Rendez-vous au Parc Lyautey elles ont fixé,

Là se réunissent les mauvaises filles et font des folies…

Elles ne se sont aperçues de leur grossesse Qu'après trois mois…

L'auteur s'efforce de raisonner les filles. Il termine sur une prière à Dieu pour obtenir leur retour au droit chemin.

26             "La qsida des filles d'aujourd'hui", d'auteur anonyme. Comprend 16 distiques à rime aa, bb, cc, etc. .

  • "Qsida di Agadir"27

Viens écouter cette histoire

d'Agadir que l'on n'oubliera jamais.

 Un malheur s'est abattu sur nos frères…

La terre a tremblé alors qu'ils dormaient…

Juifs, Chrétiens et Musulmans…

L'auteur décrit l'aide offerte par les Nations et insiste particulièrement sur celle des Etats Unis d'Amérique. Israël, souligne t-il, a envoyé des médicaments et des dollars aux sinistrés. L'avant dernier couplet se rapporte à la prière traditionnelle consacrée à Dieu. Le dernier couplet vante les mérites d'Israël :

En Israël nous avons la sécurité.

On y guérit l'aveugle, le boiteux et le malade.

On y prend soin de l'orphelin et du malheureux.

L'auteur de la qçida est Hanania Cohen de Tivon.

27  "La qsida d'Agadir". On se souvient du terrible tremblement de terre qui détruisit la ville d'Agadir en 1960 et qui fit plus de 10.000 victimes. C'est ce séisme qui a inspiré cette qsida à Hanania Cohen, israélien d'origine marocaine installé à Tivon, près de Haifa. Cette qsida s'est vite répandue parmi la population israélienne d'origine marocaine; 14 quatrains à rime aaaa, bbbb, cccc etc..

  • "Mdarbat Pessah u-Sukka"28

La qsida relate la dispute entre la fête de Pâque et celle des Cabanes. Pessah arrive et veut détruire la Cabane (la sukka). Celle-ci, représentée par une femme, essaye de l'amadouer : ô oncle Pessah ! frappe moi de tes mains et non avec du fer". Pessah, tout en s'accoudant sur elle, l'invite au Procès qui doit avoir lieu le 15 du mois de Tischri. Pessah vante ses avan­tages : "… des foulards de soie garnissent la table… le vin, la mahia et la viande grasse… les enfants lisent la Haggada, et formulent le voeu : l'année prochaine à Jérusalem. :. "Chavouoth (la Pentecôte), cousin de Pâque, essaye d'intervenir mais Sukka ne se laisse pas faire pour autant : "… Tu es un homme et moi une femme, crois-tu que j'aie à te craindre? .. J'ai un fils qui me défendra … "Sukka rappelle quelques inconvénients qui se rattachent à la fête de Pâque : "Une vieille et pauvre femme acheta pour Pessah une poule grasse. Après l'abattage elle trouva dans le gésier de la volaille quelques grains.29 Et elle donna la poule aux chiens. Et elle se mit à pleurer… Les gens disent : notre bouche (les dents) s'est gâtée.30 Les bébés disent : notre lait a tourné. Les enfants se plaignent d'être constipés… Et moi, ta maîtresse Sukka, mes plats ne font de tort à personne…"

La qsida se termine par la prière traditionnelle sans rapport avec le sujet :

Bientôt, avec l'aide de Dieu, le Temple sera construit. Le Messie viendra…

Et nous rassemblera dans Sion…

28             "Querelle entre Pâque et Sukkoth", d'auteur inconnu et éditée par Hadida. La qsida comprend 30 quatrains à rime aaaB, bbbB, cccB etc…

29 Les grains de blé ne sont évidemment pas "cacher".

30  Allusion aux pains azimes qui sont parfois assez durs.

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  1. qsida image Qdssat. sidna Moulay Ighi"

La qsida débute par deux vers en hébreu :

Frères, je veux conter une histoire

Ce qui est arrivée au vénéré Moulay Ighi…

L'auteur relate l'histoire légendaire du célèbre Rabbin et rapporte ainsi certains motifs très intéressants inconnus jusqu'ici :

Jeudi il (le Rabbin) arriva à Telouet…

Jeudi soir vint l'annonciateur (le Maghid) dans le rêve

Et lui annonca sa fin

Et lui annonça sa fin…

L'annonciateur l'avertit que là où s'arrêterait la "colonne de feu", c'est là qu'il serait enterré. C'est alors qu'accompagné de vingt personnes le Rabbin alla dans la montagne à la recherche de sa tombe :

Le Rabbin allair devant,

La colonne de feu le devançait

Le Rabbin se tourna vers les gens et les questionna..

Ils lui dirent : où est la colonne de feu? . .

Il leur parla amicalement.

Il leur dit : allez enterrer quelqu'un en bas. . .

Ils lui dirent : seigneur, nous voulons parler,

Il ne reste plus de temps afin de retourner. . .

Il leur dit : le soleil restera là jusqu'à votre retour

Quand ils arrivèrent le Rabbin prit un bain rituel

Le linceul descendit du ciel et il s'en revêtit avec joie. ..

Il leur demanda de creuser une tombe,

Il entra dans la tombe seul, redoutable.

Au même instant, la tombe se referma.

Ils revinrent et retrouvèrent le soleil au même endroit…

             "La qsida de Moulay Ighi", comporte 13 couplets dont la rime est aaaB, bbbB, cccB etc. . . Sur Moulay Ighi voir L. Voinot, Pèlerinages judéo-musulmans du Maroc, Paris 1948, pp. 64-65.

  1. " Qdssat lhadem ulhurra"

"L'histoire de l'esclave et de la femme" est probablement une qsida ancienne qui relate une dispute entre une esclave et sa maîtresse. Intéressante est la façon dont l'auteur nous laisse deviner son nom : ". . . Comptez avec les lettres et tu le liras (nom) fidèlement, Aleph, u־veit u-teth doublé, Nun temman(?) fermera les portes. .." Ce qui donne Abttan (Marrakech?).

  1. "Qsida di sdt jwâr"

"La qsida des six concubines" est signée Sheikh Mekki. C'est la seule qsida dans notre collection qui soit l'oeuvre d'un Musulman célèbre par ailleurs pour ses qsaïd. Il est remarquable que cela ainsi que le fait que la qsida parle du "prophète" et des chorfa, n'ont pas gêné les auditeurs juifs.

  1. rada di 'ros Haman m'a Zerech

Le texte de la parodie est arrangé comme une vraie carte d'invitation à un mariage. Elle était lue à Purim33 ainsi que dans la période qui précède la fête. L'auteur non cité donne libre cours à sa fantaisie et le langage grivois et burlesque de la parodie se rattache à la joie traditionnelle à Purim, fête à laquelle il est prescrit de s'enivrer au point de ne plus pouvoir distinguer entre Haman et Mardochée: "Mademoiselle (en français dans le texte) Zerech, pour cause qu'elle n'a ni père ni mère qui puissent inviter, car elle fut trouvée jetée dans la rue, a l'honneur de vous inviter à assister à la honte qu'on va lui faire à l'occasion de son mariage avec Haman .. . Madame Hamidata, femme du Chef des joueurs, a la joie de vous inviter … Mardi vous assisterez à la fièvre qui va les saisir (pas de musiciens) et parce que les musiciens sont occupés on va leur réciter près de trois cents élégies. . . Les gens les accompagneront et les feront asseoir au W. C. . .  Mercredi 9 Av.

32 "Invitation au mariage de Haman et Zerech". L'éditeur, Hadida, frères.

33             Sur les parodies juives de Purim dont une marocaine, voir I. Davidson, Parody in Jewish literature, New York 1907, p. 121.

  1. "Ktouba di Haman"34

Seul le début de la qçida rappelle la ketouba en question. L'auteur relate en fait l'épisode de la chute de Haman et de son exécution dans un langage très vif et avec un usage renouvelé de mots grivois. Elle se termine par les voeux traditionnels :

Tous les juifs doivent lire tous les ans la Meguila…

Et doivent faire l'aumône aux pauvres, aux orphelins et aux veuves

Délivre-nous, ô Dieu…

Envoie-nous le Messie…

Rebâtis-nous le Temple afin que nous puissions t'offrir nos sacrifices… Ecoutez ma qçida, ô frères…

34  Après l'invitation au mariage vient le contrat de mariage dit Ketouba qui comporte 27 tiercets à rime aaa, bbb, ccc etc.. L'auteur est Mas'ud ben Itshak ben Avraham Chabbat. Voir aussi: H. Zafrani, la parodie dans la literature Judéo-arabe et le folklore de Purim au Maroc, R.E.J., 1969, pp. 377-393.

35 il est de tradition chez les juifs marocains le jour de Purim de faire des aumônes généreuses. Ce jour là, les pauvres et des membres d'institutions diverses font le t our des Synagogues pour recevoir les dons des juifs.

  1. HaSkava di Haman

Elle fait suite, en fait, à la "kétouba de Haman", et bien qu'elle ne soit guère signée, il est permis de supposer que l'auteur est le même Mes'ud Chabbat, qui se sert de la même technique. En effet, l’emploi de termes qui paraissent dans la prière originale (comme aussi dans la kétouba) et l'usage de mots grossiers sont communs aux deux qçaïd.

  La HaSkava est une prière pour le repos de l'âme des défunts.

  1. " Qessat ghder nsa,'37( l,histoire de la trahison des femmes)

Celui qui n'a pas connu la trahison des femmes ne peut comprendre. Heureux et calme

Il n'a pas souffert, n'a pas goûté aux chagrins.

Et celui qui n'a pas subi la vengeance des femmes, n'a pas goûté au malheur.

La qçida toute entière traite du thème de l'homme qui autrefois était riche et qui, ayant perdu sa fortune, se trouve abandonné, en fait, non seulement par les femmes, qui sont le symbole de la trahison, mais également par tous ses amis.

             La construction de cette qçida diffère des précédentes: Mowal: ababb, hruz: cdcdcdcdcd, mowal : cccd, etc..

  1. Bar Yohai bal 'arbiya moghrabiyà

La qçida accompagne deux Piyoutim sur Bar Yohai en hébreu. La qçida fait l'éloge du fameux rabbin et termine par une prière concernant le salut des juifs et leur rassemblement en Terre Sainte.

            "Bar Yohai en arabe marocain" comporte 15 quatrains à rime aaaa, bbbb, cccc… L'éditeur est Hadida. Cette histoire diffère de celle rapportée par H. Zafrani, Une qassa de Tingir, Hymne à Bar Yohay, in R.E.J., Vol. CXXVII Paris 1968.

  1.  Qsida min Tetuan

Cette qsida a été imprimée avant l'été 1965 en Israël.40 Elle prouve que la politique sait faire flèche de tout bois car cette qsida n'est pas autre chose qu'un texte de propagande électorale. C'est lors des élections municipales à Beit Chemech, petite ville des environs de Jérusalem et à forte proportion d'habitants originaires du Maroc qu'elle fut composée. L'auteur y dénonce avec force proverbes et force jeux de mots les défauts et la mauvaise admi­nistration du maire en place et chante les qualités du candidat auquel il voudrait concilier la faveur des électeurs. Fait remarquable et assez excep­tionnel, la qcida est accompagnée d'une traduction. Cette traduction hébraïque est probablement destinée aussi bien à faciliter la compréhension du texte original en judéo-arabe aux marocains (surtout de la jeune géné­ration) qui comprennent moins bien ce dialecte qu'à élargir le cercle des lecteurs de la qsida et en permettre la lecture aux autres habitants de la ville (polonais, roumains, etc… ).

 Le titre complet: Gozlan Abraham 'la Amram Louk. Qsida de Tetuan.

  • Sans auteur ni éditeur.

CONCLUSION

Il est incontestable que le genre de la qsida a joui d'un prestige remarquable chez les juifs marocains. Le choix présenté dans cette étude est loin d'être complet et il ne fait aucun doute qu'il existe des dizaines, sinon des centaines de qçaïd orales qu'il faudrait enregistrer d'urgence.41 L'usage de la qçida est tellement répandu que même en Israël les juifs marocains continuent à en rédiger et s'en servent pour diverses occasions. Celles que nous avons citées sur le tremblement de terre à Agadir ou la campagne électorale à Beit Chemech en 1965 ne sont que des exemples parmi d'autres. Il en existe plusieurs sur l'arrivée des juifs marocains en Israël, leurs difficultés dans le processus d'absorption dans le pays, leur joie de retrouver leur ancienne patrie, leur nostalgie pour les Saints inhumés au Maroc, etc . .. Il semble que la qsida dont les juifs étaient tous épris était un moule commode dont se servaient les poètes populaires•. La qçida est presque toujours découpée en quatrains. La rime la plus courante est aaab ou aaaa.

La qsida, comme nous l'avons souligné, est toujours chantée et le refrain est repris le plus souvent par le public. Toutes les occasions sont bonnes pour l'entendre. A l'occasion du mariage, des fêtes familiales, etc…, le chanteur chante sa qçida à la demande des auditeurs qui accompagnent leur voeu d'un don matériel. Très souvent, au cours des soirées d'été, le chanteur de la qçida arrive. Tout de suite un groupe se forme autour de lui et il commence à chanter. La qçida répond de ce fait à *des nombreux besoins tant sociaux que culturels. Les commentaires des événements politiques,42 la propagation de certaines nouvelles favorables à un certain groupe, tout autant que l'exposition des motifs merveilleux et imaginaires, des récits bibliques, etc… sont des éléments importants dans la récitation de la qçida.

L'absence d'une littérature populaire écrite chez les juifs marocains ne nous permet que difficilement de nous faire une idée sur les problèmes qui pré­occupaient le peuple.43 De par sa nature, la qçida est une oeuvre de circons­tance qui ne fait que souligner un fait qui a impressioné le peuple. L'analyse thématique de quelques qçaïd que nous avons décrites est, donc, importante en elle-même.

Un rapide coup-d'oeil sur les différents sujets et problèmes qui occupent l'esprit populaire suffit pour montrer la variété des problèmes soulevés par la qçida. Sans aucun doute, ce sont d'abord les problèmes quotidiens, les besoins journaliers qui accaparent le peuple ; mais nous voyons toutefois l'intérêt qu'il nourrit pour ses coreligionnaires éparpillés dans le monde (le sort des juifs sous le régime nazi) et aussi pour l'histoire mondiale (souhait de victoire pour les Alliés et prière pour un monde meilleur). Remarquable aussi est le voeu pathétique qui termine presque toutes les qçaïd pour la venue du Messie, la réunion des juifs dans leur pays, la reconstruction du Temple à Jérusalem.

  "Au Maroc, il ne se publie pas de journaux susceptibles d'imprimer aux foules la direction officielle . .. Dans ces conditions on jugea que la poésie serait de nature à influer sur l'opinion citadine et l'on commanda à un poète renommé, El Hadj Ahmed ei-Gherabbli, une qacida de circonstance. .. E. Aubin, Le Maroc d'aujourd'hui, Paris 1904, p. 407.

            Les contes publiés par D. Noy, Contes populaires racontés par des Juifs du Maroc, Jérusalem 1965, et notre étude "Mille et un proverbes juifs du Maroc" in Folklore Research Center Studies, Edited by D. Noy — I. Ben-Ami, Jerusalem 1970, sont loin de combler cette lacune.

La négociation de l’évacuation en masse des Juifs du Maroc Yigal Bin Nun

Le bilan du protectorat : progrès et déceptionsיגאל...הרצאה
Le processus d’occidentalisation accéléré, découlant de la scolarisation dans les écoles de l’Alliance Israélite Universelle, suscita beaucoup d’espoirs parmi les admirateurs de la civilisation française. Ils espéraient que tous les Juifs du Maroc bénéficieraient de la citoyenneté française, selon le précédent du décret Crémieux, qui avait fait des Juifs d’Algérie des citoyens français. Lorsque la guerre éclata, et avant la capitulation de la France, quelque 8 000 jeunes Juifs du Maroc demandèrent à s’engager dans l’armée française pour combattre le nazisme.

Les autorités le leur refusèrent, sous prétexte que ceci entraînerait des demandes de citoyenneté, ce qui déséquilibrerait le tissu social des relations entre Musulmans et Juifs. Très tôt, les anciens élèves de l’Alliance israélite furent déçus par la France, déception qui s’accrut avec l’entrée en vigueur des lois discriminatoires de Vichy – adoptées avec enthousiasme par la Résidence générale française au Maroc – et qui portèrent atteinte au statut des Juifs de nationalité française ou étrangère, parmi lesquels une dizaine de milliers de Juifs d’origine algérienne. Les Juifs d’Europe orientale qui avaient trouvé refuge au Maroc furent déportés dans des « camps de séjour » à Bou‘arfa et Agdiz, aux confins du Sahara . Ce triste épisode se reflète dans les chansons populaires qui faisaient l’éloge du libérateur américain, après le débarquement allié en Afrique du Nord, et exprimaient leur répugnance des Français . Un décret du 22 août 1944 contraignait les Juifs venus habiter la ville européenne, après septembre 1939, à retourner au mellah. À Fès, 40 Juifs sur 342 furent soumis à ce décret discriminatoire. À Casablanca, la situation était encore plus dure. Une dizaine de milliers de Juifs, sur les 50 000 de la ville, habitaient déjà la ville européenne. Le numerus clausus imposé aux Juifs dans les établissements d’enseignement français constitua une atteinte douloureuse qui entraîna l’interruption des études de nombreux jeunes. Cette mesure toucha aussi les Juifs exerçant certaines professions libérales .
Durant les 43 années du Protectorat, la communauté juive tira profit de la présence française pour accélérer le processus de son évolution sociale et culturelle. Ses représentants officiels devaient agir en harmonie avec les autorités françaises au Maroc. Bien que les Juifs eussent acquis avec avidité la culture et l’éducation françaises, leurs relations avec les Français du Maroc restaient plutôt distantes. Cela n’était pas seulement dû à l’attitude française sous le régime de Vichy . Leur promotion sociale, leur francisation et leur occidentalisation ostensibles ne plaisaient pas aux colons du Protectorat. Le pourcentage de Français militants de la droite raciste au Maroc et en Algérie était plus élevé qu’en métropole. Les représentants de la puissance coloniale considéraient avec mépris la population juive et entravèrent à plusieurs occasions son ascension sociale.

Au lieu d’encourager et de favoriser l’élément démographique qui avait fait la preuve de son aptitude à l’assimilation à la langue et à la culture française, les autorités du Protectorat s’efforcèrent de préserver un hypothétique équilibre traditionnel entre Juifs et Musulmans, afin de préserver le statu quo de la « politique indigène » instaurée par le premier Résident général, le maréchal Lyautey. De là découlent les efforts des autorités de ne point permettre aux Juifs, durant un certain temps, de fonder de nouvelles écoles et des hôpitaux, tant qu’il n’y en avait pas chez les Musulmans. Il en fut de même de la création d’un mouvement scout juif qui fut interdit. Le moindre signe de progrès éducatif chez les Musulmans était perçu par les fonctionnaires de la Résidence comme une menace potentielle pour la présence française en Afrique du Nord . Cette situation eut des conséquences. Nombre d’étudiants juifs qui à la veille de l’indépendance étudiaient dans les universités françaises, préférèrent retourner au Maroc pour prendre part à son édification au lieu de s’installer en France, alors que nombre d’entre eux avaient la nationalité française. Les élèves juifs scolarisés avec des jeunes Français se sentaient discriminés et préféraient la compagnie des Marocains. La société française était composée de petits fonctionnaires aux opinions xénophobes et de colons aisés qui affichaient leur mépris pour les Juifs autant que pour les Musulmans. Par conséquent, le départ des Français fut souvent ressenti comme un soulagement. Les Juifs aimaient la France et sa culture mais haïssaient ses colons xénophobes .
Il ne faut pourtant pas minimiser l’évolution qui s’opéra dans le statut des Juifs sous le Protectorat, notamment après 1934, par rapport à l’époque précoloniale. Bien que le statut de la dhimma ne fût pas officiellement aboli, les Juifs se sentirent émancipés, ce qui annulait de facto le statut discriminatoire de la dhimma . Ils pouvaient depuis circuler librement dans les quartiers musulmans, portant des vêtements européens, sans craindre de s’approcher des mosquées et des lieux saints musulmans. Certes, des tentatives furent entreprises en mars 1935 pour restreindre la résidence des Juifs dans les quartiers européens de Casablanca. Le Glaoui de Marrakech, qui collabora avec les autorités françaises, tenta lui aussi en 1937 d’empêcher le travail de jeunes filles musulmanes dans les maisons juives, mais en vain. Ce n’était plus que les dernières convulsions d’un temps révolu, effacé par la modernité salvatrice . En peu de temps, les Juifs passèrent d’un statut d’infériorité à celui de classe sociale privilégiée par rapport aux Musulmans. L’éducation française reçue par les Juifs dans les écoles de l’Alliance et l’assimilation rapide dans la modernité creusa un fossé d’une génération entière entre eux et la majorité des Musulmans. En dépit des craintes des Français, les Juifs n’utilisèrent pas l’éducation et la culture française contre l’occupant étranger, ni en sa faveur, en tout cas pas de manière ostentatoire. La modernisation chez les Juifs transforma de fond en comble leurs relations avec les Musulmans et leur conféra un avantage dorénavant irréversible, qui subsista même lorsque les Marocains devinrent maîtres du pays. À vrai dire, sous le Protectorat, les Juifs ne recherchaient pas l’égalité des droits mais souhaitaient obtenir les mêmes avantages accordés aux Français, qui leur donnaient la priorité sur la majorité musulmane. Jusqu’à la pénétration française au Maroc, l’identité des Juifs était claire et simple, mais le bouleversement culturel déclenché par la puissance coloniale rendit la situation plus complexe, en créant de nouveaux pôles d’attraction et de nouvelles identifications. Grâce à l’effervescence culturelle française, les Juifs du Maroc purent – théoriquement tout au moins – choisir selon leur inclination, le nationalisme marocain, la patrie israélienne ou l’option française.

Jean-Louis Miège – LA BOURGEOISIE JUIVE DU MAROC AU XIXE SIECLE Rupture ou continuité

Jean-Louis Miège

 LA BOURGEOISIE JUIVE DU MAROC AU XIXE SIECLE ..Rupture ou continuité

Le rôle historique des négociants juifs dans le commerce extérieur du Maroc, maritime ou transsaharien, dans ses relations diplomatiques et jusque dans les conseils des Sultans est bien connu. Faut-il rappeler une fois encore les noms de Pallache, Maymaran, Chriqui ou Benatar ?

Le docteur Abitbol vient d'évoquer, avec précision et talent, l'ancienneté et l'importance de ces Tager es Soltan investis de la confiance du Souverain, traitant de ses affaires, jouissant d'une considération refusée à leurs coreligionnaires les plus fortunés.

Mais cette situation n'est-elle pas si fortement soulignée par les textes que parce qu'exceptionelle? Ces personnages ne sont-ils pas individualités, en marge de la législation et des usages et, partant, nullement représentatifs d'un groupe social, encore moins constitutifs d'une classe sociale. Il me semble ainsi, lorsque j'étudiais, voici vingt ans, les transformations apportées par l'impact européen sur le Maroc du XIXe siècle, que la bourgeoisie juive, en tant que force sociale, ne s'était vraiment affirmée que par une rupture avec sa situation antérieure. Par une rapide évolution à la fois qualitative et quantitative, le groupe élargi et renforcé devint un des ferments des transformations du nouveau Maroc qu'il préfigure d'ailleurs dans sa propre évolution. Continuité de certaines familles sans doute, mais dans un nouveau destin collectif.

Une amicale controverse, voici une décennie opposa à cette vue de l'évolution juive l'opinion du regretté David Corcos, descendant d'une de ces plus illustres et anciennes familles de Juifs du Maroc. Se fondant sur ses propres recherches, notamment pour l'époque mérinide, s'appuyant sur les traditions et les riches archives familiales, il mettait l'accent sur la continuité, là où j'insistais sur la rupture. Depuis le Moyen Age jusqu'à l'époque contemporaine des Juifs n'avaient-ils pas contrôlé le grand commerce saharien du Maroc, une partie des échanges de ses ports et de la redistribution intérieure? Ce rôle n'impliquait-il pas une forme de capitalisme marchand? et celui-ci ne s'inscrivait-il pas pendant des générations dans ces familles qui s'illustreront au XIXe siècle? L'ensemble de la lignée des Corcos l'affirmait hautement, suivie au Maroc depuis le XVe siècle (depuis la signature par Yeshoua Corcos, de la première Taqqana promulguée à Fès en 1494) avec ses marchands établis à Safi (Salomon à la fin du XVIe siècle) à Marrakech (Abraham ben Daoud au XVIe siècle) avec ses liaisons familiales (Levy Bensoussan, Delavante, Benezra, Coriat…) etc…

Le réseau des relations commerciales, jeté sur l'espace économique du grand négoce marocain se constate ainsi à travers les siècles. Les Archives de Bevis Mark, la synagogue hispano-portugaise de Londres, recueillent des dizaines de noms de Juifs marocains et de leur enfants établis à Londres pour affaires depuis 1670. Et de rappeler un Corcos, marié à Esther Barzilay à Londres en 1699; un Reuben Corcos, représentant la famille à Amsterdam en 1666, tant d'autres noms de commerçants, tous plus ou moins liés, d'affaires ou de sang, et repérés de siècle en siècle et de port en port.

David Corcos, insistait également sur l'insertion dans la com­munauté marocaine de cette 'classe', sur ses liens avec les Musulmans nombreux, suivis et souvent empreints d'estime et d'amitié. Des rapports séculaires ne peuvent être de constant mépris et de persistante inimitié. Les récits des voyageurs, notamment au XIXe siècle ont trop insisté sur l'extérieur des rapports sociaux, ont généralisé à partir de cas individuels, ont été enfin les témoins de relations altérées par la crise — les crises — du vieux Maroc, à la veille de disparaître.

Ainsi le dialogue entre l'historien et le praticien portait aux remises en question. Il ouvrait un débat essentiel de l'histoire du Maroc et de la communauté juive: celui de son rôle séculaire au milieu de la société marocaine, celui des racines des transformations si profondes et rapides, qu'elle allait enregistrer dans les premières décennies du XXe siècle. C'est à ce débat—alors que s'est tue l'amicale voix de David Corcos — que je voudrais apporter quelques éléments nouveaux et quelques réflexions. Les éléments ? Ce sont d'abord les lettres mêmes que m'avait adressées David Corcos (quatre notamment, du 12 août 1964,5 janvier 1965, 10 juin 1965,21 juin 1967), formant quelques cinquante pages en tout et riches en détails venant de ses archives familiales: ce sont des travaux récents — en particulier ceux si importants du Professeur Zafrani — enfin de nouvelles recherches personnelles, poursuivies dans les dossiers consulaires (hoiries et tribunaux) et dans les archives de l'immatriculation foncière du Maroc. Il s'agit aussi, à partir de ces éléments nouveaux, d'une relecture des documents anciens.

סידני ש. קורקוס – ישועה קורקום ובני המשפחה במראכש

 

קורקוס ישועה

המאמר לקוח מחוברת " ברית " מספר 27 בעריכת מר אשר כנפו

בני משפחת קורקוס הגיעו מהעיר פז אליה גורשו מספרד למראכש, כדי לעסוק ולפתח בה את מסחר. באותה תקופה סוחרים היו גם אנשי רוח, על כן נמצא ביניהם אנשי תורה ואנשי רוח ידועים ששרתו נאמנה את הקהילה היהודית במשך כמה דורות.

אחד מראשוני המשפחה,ששמעו הגיע אלינו, התבלט כסוחר גדול. זה היה מימון(נפטר 1799) בנו של יצחק אשר נשלח על ידי המשפחה על פי קריאתו של הסולטאן סידי מוחמר בן עבדללה, כנציגה בעיר מוגאדור (אצאויירא) על מנת לפתח בה את המסחר והנמל החדש בעיר. קרובו סלומון קורקוס היה סוחר גדול וידוע במראכש. ב-1846 הסולטאן מעניק לו את התואר 'טאג'ר אל סולטאן' – סוחר המלך ומצווה עליו להעביר את עסקיו למוגאדור. מאוחר יותר הוא מתמנה לקונסול בריטניה בעיר. בנו יעקב ממשיך לפתח את עסקיו במראכש. לימים גם יעקב יעבור למוגאדור וישאיר בידי בן דודו חיים (נפטר ב-1878) את ניהול ענייני המשפחה והעסקים במראכש. הקשרים המשפחתיים האלה הדקו במשך דורות רבים את הקשרים בין ענף בני קורקוס של מראכש לבין זה של מוגדור.

במחצית השנייה של המאה ה-19 בנו של יצחק, דוד-חיים (נפטר במראכש ב-1884), היה הדמות הבולטת של המשפחה במראכש. הוא היה הראשון שפתח בנק מודרני והיה ליועצם הפיננסי של מספר סולטנים תוך שהוא מנהל את עסקיו הענפים. הוא היה המנהיג הבולט וראש הקהילה היהודית במראכש במשך כמחצית המאה. היה בן חסותו של הסולטאן מולאי עבד-אלרחמן שהעניק לו את התואר "סוחר המלך" ואמר עליו: "אחד מהסוחרים המכובדים ביותר מבני חסותנו… ועבור שרותו הבולט לאוצר המדינה". הוא זכה להגנתו של הסולטאן סידי מוחמד בן-עבד-רחמן וניצל את מעמדו לטובתה ולשגשוגה של הקהילה היהודית במראכש.

תעודות הנמצאות בארכיון משפ' קורקוס מצביעות על הקשר בין בני משפחות קורקום של מוגאדור ושל מראכש. תעודות אחרות מראות את מגוון תפקידיו של דוד חיים ואת פעילותו הפילנטרופית של משה מונטיפיורי. באחת התעודות שעליה חתום בין היתר דוד חיים קורקוס (ראה תעודה 1), מודים אנשי קהילת מראכש לאברהם קורקוס (1810-1883) איש מוגאדור שנולד במראכש על כך שהעביר כספים מעזבונו של אברהם סמבל מהמבורג לישיבה שהקים במראכש, באמצעות משה מונטיפיורי. אברהם, שהיה 'טוג'אר אל סולטן' ואחד מעשירי מרוקו, היה אז ראש קהילת מוגדור המקורב לחצר המלכות וחברו הקרוב של משה מונטיפיורי.

על תרומתו של משה מונטיפיורי לקהילת מראכש באמצעות אברהם קורקוס ניתן ללמוד מתעודה 2 משנת 1870, בה הוא שולח 60 לירות סטרלינג לחכמי מראכש עבור עניי הישיבה שיסד אברהם סמבל, והוא מבקש אישור על קבלת התרומה.

בנו של דוד היים, ישועה קורקוס -1832 )  1929), ירש את אביו בתפקיד ראש הקהילה. העיתון L'Avenir Illustré שהקדיש לישועה, מאמר גדול, מתאר כיצד דוד-חיים שבא עם בנו ישועה, להיפרד מהסולטאן מולאי חסאן לפני יציאתו לביקור מלכותי (בסביבות שנת 1880) מתלונן בפניו על כך שהוא מרגיש זקן מכדי להמשיך ולשרתו ומבקשו לתת את חסותו והגנתו לבנו ־ ממשיך דרכו. בו במקום כיסה הסולטאן את ישועה בכנף בגדו, כאות לכך שהוא נותן לו את חסותו והגנתו.

באחת מהחלטותיו החשובות מ-1898 צידד ישועה קורקוס בצורה החלטית, בפתיחת בית ספר של כי״ח במראכש וזאת למרות התנגדותם של רבנים רבים. קורקוס עמד על דעתו ובית הספר נפתח, דבר שהביא להתקדמות משמעותית ולמהפכה בתחום החינוך כפי שקרה בשאר ערי מרוקו.

תקופת תחילת המאה העשרים, ערב ההשתלטות הצרפתית על מרוקו והחלת הפרוטקטוראט, הייתה תקופת משבר למרוקו בכלל ולקהילת יהודי מראכש בפרט. שנות בצורת רצופות יצרו משבר כלכלי.חמור שהרי כלכלת דרום מרוקו התבססה ברובה על חקלאות. בנוסף לכך, הממלכה סבלה מחוסר יציבות ואף מאנרכיה שנוצרה על ידי השבטים הערביים הבדלניים שאיימו לפלוש לעיר ולהתנכל ליהודים.

תופעת נהירת תושבים ובעיקר יהודים מפנים הארץ לערי החוף, מוגאדור, סאפי, אגאדיר ומאוחר יותר קזבלנקה, ובכלל בכל צפון אפריקה, לא פסחה על מראכש. יהודים רבים מהסביבה התנקזו אליה, למלאח הצפוף בלוא הכי, בתקווה למצוא פרנסה או הגנה.

דוחות מוסדות "כל ישראל חברים" של אותם השנים מלאים בתיאורים קשים על התנכלויות ליהודים מצד שכניהם הערביים או מצד שליטים מקומיים. בדו״ח מ- 1892 מתוארים מעשיו האכזריים של הקאיד החדש של אזור מראכש חאז' מוחמד אויידה. שגזר בכמה מקרים להצליף או להלקות יהודים על עניינים פעוטים. הקונסולים של צרפת, אנגליה ואיטליה התערבו אצל הסולטאן, שהעמיד את הקאיד על מקומו בביקורו במראכש. ב-1894 מת הסולטאן מולא׳ חסן ואת מקומו תפס בנו שהיה עדיין ילד. כל מעבר שלטוני במרוקו הביא בעקבותיו חוסר שקט וערעור היציבות בקרב השבטים וכתוצאה מכך סכנה ליהודי מראכש והאזור. מספר היהודים שהתגוררו במלח באותה תקופה נע בין שמונת אלפים לעשרת אלפים. ב-1903 עומד מספר זה על 15,000-14,000 נפשות. בדו״ח קשה מה-18 למרס 1906 שהוגש ע״י פלקון מנהל בית הספר של כי״ח במראכש מתואר מצבו הקטסטרופאלי של המלאח במראכש עקב שלוש שנות הבצורת. הרעב כבד, אומר הדו״ח; וכל יום מתים כ-40 יהודים. הורים עוזבים את ילדיהם בפתחי בתי המשפחות המבוססות בתקווה שאלה יאכילו אותם. מחלת הטיפוס משתוללת בעיר ומפילה בה חללים. אלה רק חלק מהתיאורים הקשים.

במציאות קשה זו היה צריך ישועה קורקוס לתפקד כראש הקהילה. משימתו הראשונה הייתה לדאוג לאלפי הרעבים והחולים בד בבד עם פעילות שתדלנית הן אצל השלטונות והן אצל ראשי השבטים המקומיים ובראשם שבט החזאוז כדי להניא אותם מלפלוש לתוך המלאח על מנת לבזוז ולפגוע פיזית ביהודים.

במאמר על הנושא מתארת דר׳ אלישבע שיטרית את התמודדות ההנהגה במראכש אל מול המשבר של תקופה זו.

אהרן אמוזיג מקורות וקורות, תולדות ותולדות של בני אמוזיג במרוקו, שם המשפחה וגלגוליו

ראשית דבר – קצת היסטוריהברית מספר 23

ראשית התיישבות של ישראל במרוקו – מבוסס על הרצאות באוניברסיטת בר אילן של הרב ד"ר ( בינתיים הפך פרופסור ) משה עמר בתולדות יהודי מרוקו סתיו תשס"ה

שאלתי את המונח ״ישראל׳ (ולא ״היהודים״) מכותרת ספרו של הרב טולידנו ״נר המערב״, ואכן התיישבות היהודים במרוקו מתחילה עוד בהיותם ״בני ישראל׳ כלומר בתקופת בית ראשון. לגבי תחילת התיישבותם במגרב אין תיעוד מוקדם וקיימות הערכות שונות: קיימת סבירות רבה שהגיעו בימי בית ראשון בתקופת הקשרים ההדוקים של דוד ושלמה עם הפניקים (אנשי צור וצידון), שבני ישראל הפליגו עמם במרחבי הים התיכון לצורך מסחר והגיעו אתם למרוקו. אבל, כאמור אין על כך תיעוד.

התיישבות יהודית מתועדת בצפון אפריקה מוצאים החל מ- 300 לפני הספירה (תקופת בית שני, התקופה היוונית). מופיע גם בתלמוד, וכן נמצאו ממצאים ארכיאולוגים.

אנשי המגרב ומקורם:

התושבים המקוריים הם הברברים – עם קשה־עורף. התרבויות השונות שעברו על האזור לא השאירו במגרב כל עקבות. אין זכר לנצרות ואין עקבות של הפיניקים. הם שמרו על מנהגיהם לאורך הדורות, וההמרה לדת החדשה (ההלניזם, הנצרות, האיסלם) שהגיעה עם הכובשים, לא תמיד הייתה שלמה. היום, על אף גלי הכיבוש הרבים במשך 3000-2000 שנה רוב יושבי המגרב (60%-50) הינם ברברים, התושבים המקוריים של האזור, היות והכובשים השונים יישבו את האזור בעיקר ע״י חיילים שהיוו מיעוט יחסית לאוכלוסיה המקומית. 30% מתושבי צפ״א אינם דוברים ערבית והאמונה שלהם שונה מן האיסלם. אנשי ההרים והכפרים המרוחקים הרחוקים ממרכזי השלטון והדת אפילו לא מקיימים את צום הרמדאן.

הבֶּרְבֶּרִים לא שייכים לגזע האפריקאי (כושים) ואינם ערבים. מסקנת החוקרים היא שמקורם בשבט שנדד מאזור הים התיכון, ולכך יש אסמכתא בספרות חז״ל ובספרות הרומית. לגבי מקורם קיימות מספר הערכות:

א.   שהינם פלישתים במקורם , וכך הם מכונים ע״י שמואל הנגיד, שר צבאו של מלך ספרד.

ב.   שהם צאצאי הגרגשי המוזכר בין שבעת העממים תושבי ארץ ישראל שיש לנחול אותם. היות אינם מוזכרים בספר יהושוע, חז״ל אומרים כי לא רצו להלחם ביהושוע וברחו(..עד לצפון אפריקה). יש אגדות לפיהן ״גורשו ע״י יהושוע השודד׳ וכן כי ״ברחו מפני יואב בן צרויה״. אבל לא נמצאו סימוכין.

ג.   אחת הטענות היא שהם יהודים במקורם, והיא מסתמכת על מבנה גוף דומה לזה של יהודי מרוקו. אזי, או שהברברים התייהדו או שהיהודים התברברו…

מארץ ישראל להרי האטלס

על ראשיתה של המשפחה במרוקו קיימות שתי תיאוריות עיקריות: האחת – יהודים ארץ-ישראלים ש״עלו״ למרוקו בתקופת בית שני(וייתכן בית ראשון) ביחד עם סוחרים צידונים, פלשתים ועממים כנענים, והתמזגו עם תושבים ברברים שקבלו על עצמם את היהדות.

והשנייה – שהמשפחה הגיעה למרוקו עם גירוש ספרד.

רוב הכתובים מצביעים על האפשרות הראשונה, כלומר, שראשית המשפחה במרוקו בתקופות עתיקות. אביא כאן ציטוטים התומכים בשתי הגישות:

היהודים הבֶּ רְבֶּ רִים.

המקור לתיאוריה הבאה נמצא בספרו של אברהם לרדו (LAREDO-Les Noms), והיא מופיעה גם בספרו של יוסף טולידנו La Saga, המצטט את LAREDO. יהודים שבאו מארץ ישראל הגיעו לאזור האגמים שבהרי האטלס, מקום מושבם של הברברים (Berbères). ראו היהודים את המקום כי טוב והתיישבו בו, וראו הברברים את היהדות כי טובה היא והתגיירו. השבט המאוחד נקרא "אמזיג״ (Amazigh)  מן השורש ״מזג" (מיזוג). עד היום נוהגים הברברים ככלל לכנות את עצמם בשם Amazigh, שבשפה הברברית, משמעותו היא אציל, איש כבוד. בבוא המוסלמים למרוקו התאסלם רוב השבט בלחץ הכובשים והמעטים שנשארו נאמנים לדתם ירדו מן ההרים לעיר פאס, ושם מתחילה ההיסטוריה של המשפחה.

אבל, חלק מאלה שהתאסלמו המשיכו לשאת את שם המשפחה. בן דודי אבי (Albert) אמוזיג היושב בפריס פגש שם זמר ערבי אלג׳יראי בשם אמוזיג.

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